Il paraît qu’en France, on n’a pas de pétrole mais des idées. Et puis on a aussi comme tout le monde une scène death-metal old-school qui bande aussi dur que ses voisins mais sur laquelle on semble vouloir à tout prix jeter un voile pudique, ambiance ‘cachez ce sein que je ne saurais voir’. Demandez à AFFLICTION GATE ou NECROWRETCH ce qu’ils en pensent d’ailleurs… Quant à TORTURE THRONE, lorsqu’on en parle, c’est pour ergoter sur son étiquette (assumée) de ‘french old-school Swedish death-metal’ qui a le mérite de la franchise et de les placer directement sur l’échiquier.

Bah oui, on tient là a priori des Normands qui font le genre de métal-de-la-mort qui aurait pu largement sortir des studios Sunlight il y a vingt ans. D’ailleurs, même la lettrine de leur logo n’est pas sans rappeler celle d’un groupe commençant par un ‘ENTOM’ et finissant par ‘BED’. Et alors ? Ce ne sont ni les premiers ni les derniers à le faire et ils le font (très) bien. Et surtout, lorsque l’on découvre ce deuxième MCD – qui fait suite à ‘Thy Serpent’s Cult’ sorti il y a trois ans – on se rend compte très rapidement que l’équation n’est ni au final pas si facile à résoudre que ça. Oui, les guitares en option ‘barquettes à frites’ sont bien toujours de sortie, tout comme la voix (pitchée ?) traînant dans les pires bas-fonds à la Jörgen Sandström désormais assurée par leur guitariste Damien suite au départ de l’ex-TALES OF BLOOD, Guillaume Eloy. Mais en ajoutant une lampée d’ASPHYX et surtout en simplifiant un chouia son propos pour bien appuyer ses moments les plus doomesques (cf l’intro sournoise du morceau-titre, digne de ‘Embrace the Death’), TORTURE THRONE a gagné ici ses galons en terme d’atmosphère poisseuse, se rapprochant ainsi de FUNEBRARUM et autres suppôts d’INCANTATION nous prouvant qu’il n’est pas forcément nécessaire d’aller à toute berzingue ou de faire compliqué pour faire peur. Cela ne les empêche de continuer à taper fort et vite mais au final, c’est bien en alternant caresse morbide et gros bastos dans la gueule que ces cinq nouveaux morceaux (plus un instrumental d’ouverture) réussissent leur forfait. Au point que l’on se dit que sur une galette longue durée, si ces gars là se lâchent alors un petit peu plus et décident de se la jouer épique à la finlandaise, cela pourrait faire encore plus de dégâts…

Manque plus qu’un chouia de personnalité propre parce que sinon, pour le reste, le propos ici a le tranchant et la vigueur assurés du serial-killer qui s’avance tranquillement vers sa victime hurlante en sachant très bien comment tout cela va se finir. Donc si c’est ça le ‘french old-school death-metal’, je signe illico !




Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 15/20 | Nb de lectures : 12462