Troisième album pour Sarke et troisième tentative – réussie – pour mêler au sein d’une même mixture gros rock 70’ (beaucoup) et black metal (un peu).

Le premier titre ("Jaunt of the Obsessed") part sur les chapeaux de roue et donne de suite ce qui sera le ton global de l’album : son rock n’ roll ultra soyeux, voix travaillée au whisky frelaté pour Nocturno Culto, mid-tempo classieux, belles mélodies, ponts heavy… et groove à tous les étages.

Dès "Jodau Aura", le second titre, l’ambiance doom prend le dessus mais les mélodies classieuses conservent la part belle. La coloration rock n’ roll vintage imbibe littéralement ce titre (comme le troisième et le quatrième : "Ugly" et "Strange Pungent Odyssey"), qui ne cherche jamais la vitesse, la brutalité ou la noirceur du black mais plutôt son côté dynamique (par exemple sur l’accélération sur le pont central à 2’30 ou le démarrage de "Ugly"). Les solis heavy occupent l’espace, qui offrent un joli contraste avec la lourdeur et le groove général du morceau. Et toujours ces belles mélodies qui fixent l’attention (les refrains sur "Skeleton Sand" également).

Car, de fait, les morceaux sont vraiment travaillés. Que l’on apprécie ou non ce type de black très n’ roll (genre Darkthrone nouvelle époque), il faut reconnaître la qualité globale des compositions et le groove qui s’en dégage (par exemple, toute la construction de "Strange Pungent Odyssey"). Le son contribue largement au dynamisme de l’ensemble ; son côté ultra organique renforce la vélocité des morceaux et met en valeur le côté incisif des solis heavy. Le format plutôt ramassé des titres (entre 3 et 4 minutes en général) évite d’ailleurs tout ennui et permet de jouer sur cette dynamique.

Ce n’est pas tant la technique qui ressort ici mais plutôt cette science des mélanges réussis entre des influences différentes – parfois antinomiques – mais souvent complémentaires. Car de black, Sarke n’en a guère que le nom. Si certaines ambiances peuvent rappeler de loin une noirceur que l’on s’attend à trouver dans ce type d’album, la couleur générale de l’album est plutôt ambrée… ou maltée selon les goûts. Le son est certes organique, sale, relativement lourd ; en aucun cas, il ne traduit un quelconque malaise. Les mélodies évoquent bien plus souvent la nostalgie d’un temps perdu (comme sur le beau "Walls of Ru" ou encore sur l’intro de "Skeleton Sand") que les abysses d’un enfer proche. Certains passages quasi bluesy s’y prêtent bien et évoquent ces mêmes images (par exemple sur "Salvation" ou encore sur "Rabid Hunger", titre agressif avec solo bluesy inside !). La voix de Nocturno Culto, qui semble toujours débiter ses textes dans l’urgence, également.

Cet album pourra dérouter les moins ouverts d’esprit mais je pense qu’il peut ravir tous les autres. Travaillées, très bien produites et dotées d’un son extrêmement approprié, les compositions de Aruagint méritent amplement vos oreilles attentives. D’autant que, une fois n’est pas coutume chez Sarke, l’artwork est agréable, le digi glacé offrant un bel écrin à ce disque solide et racé.


Rédigé par : raziel | 15/20 | Nb de lectures : 12819