Alors qu’une flopée de petits jeunots prétendent vouloir et pouvoir réinventer le thrash ou au contraire conserver les racines du genre (avec plus ou moins de talent il faut bien le dire), voilà que les vétérans danois nous reviennent avec une formation certes renouvelée mais toujours calée dans son époque bien qu’incorporant un peu de modernité bienvenue.

Il faut dire que le batteur historique Carsten Nielsen a mis les voiles, remplacé par Josua Madsen, et surtout Soren Adamsen qui tenait le micro depuis la nouvelle reformation en 2007 a laissé sa place à Michael Bastholm Dahl qui fait figure de jeunot avec ses 34 ans, puisque les frères Stützer et derniers membres de la formation d'origine ont désormais la cinquantaine.

Le groupe a certes sorti des disques de qualité mais n'a jamais réussi à obtenir la promotion en première division de la scène thrash mondiale, et même si l'on a pu penser que la donne changerait avec "When death comes" qui marquait leur nouveau retour en 2009 et qui avait reçu un très bon accueil. Malheureusement l'album suivant "Fear of tomorrow" bien en deçà des espérances bouchait à nouveau l'avenir du quintet qui cependant ne renonce pas et revient aujourd'hui avec "Legions".

Comme toujours l'album est long, avec 10 titres et 2 en supplément pour l'édition digipack, pour un total de 64 minutes, et c'est un peu récurrent comme défaut chez eux, celui de vouloir allonger au maximum les compositions qui du coup perdent en intensité et en accroche. La production est excellente, puissante mais elle réussit à garder un côté old-school, les morceaux sont eux toujours carrés, précis et accrocheurs, les deux frangins sont toujours aussi bons et tranchants dans leurs riffs et leurs solos, le nouveau batteur fait un très bon boulot... par contre pour moi le gros souci de cette nouvelle livraison est le chant.

Il n'est pas mauvais en soi, car leur vocaliste vient d'un cover-band de Mercyful Fate et King Diamond, ce qui montre qu'il a du talent mais je ne suis pas convaincu qu'il soit le bon choix car son timbre plutôt heavy-metal à l'ancienne (ou à l'allemande, c'est selon) ne colle pas tellement au style pratiqué même si le groupe a voulu faire un album plus mélodique et plus ancré dans les 80's que ses précédentes réalisations.

Il comprend d'excellents titres dans le plus pur style du groupe tel les terribles "Chill my bones (Burn my flesh)", "God Feather" et "Anno Requiem". D'autres compositions sont thrash également mais dans des relents plus modernes avec "Wardrum heartbeat", "Doctor Evil" et "Ethos of wrath" pas mauvais en soi mais où l'arrivée de nappes de synthés et de chœurs pas forcément inspirés font un peu retomber la bonne impression générale, et de plus je le redis mais la voix gâche aussi pas mal alors que sur les mélodiques "Global Flatline" (rien à voir avec le dernier Aborted) et "Enslaved to the neither" celle-ci correspond beaucoup mieux et on accroche de bien meilleure manière.

Comme pour leur précédente sortie on a droit à des nouvelles versions réenregistrées de vieux morceaux, cette fois-ci elles proviennent de "Fear of tomorrow", leur tout premier album sorti en 1985, et elles sont particulièrement réussies, il s'agit de "Eternal war" et "The Almighty". Cette dernière avait déjà eu droit à ce lifting en 2011 pour la version japonaise de "My blood", et là les danois l'ont carrément refaite à nouveau avec ce line-up, ils auraient tort de s'en priver vu l'énergie qu'elle envoie.

Au final on a un disque qui a le cul entre deux chaises et qui a du mal à trouver le genre qui lui correspond le mieux. Un album de plus dans la discographie des danois mais qui ne sera pas le meilleur loin de là, et tout en cas le moins passionnant depuis leur re-reformation, car même s'il contient des bons titres il lui manque ce petit plus qui fait toute la différence.


Rédigé par : GabinEastwood | 14/20 | Nb de lectures : 13204