Quand tu es un "ex" et qui plus est réduit à capitaliser sur ton nom pour essayer de vendre ton bousin, c'est que tu as réalisé que de signer des autographes sur les skeuds de ton ancien groupe ne met pas de beurre dans les épinards ou que ton stock de royalties commence à s'amenuiser compte tenu du train de vie auquel tu t'étais habitué. J'ai toujours vu Jason "Newkid" comme un bourreau de travail, un véritable touche à touche à tout dont l'incommensurable passion pour la musique le poussa à quitter la poule aux œufs d'or en 2001, comme un symbole de majeur tendu à la face de l'infernal duo composé par le redneck devenu straight edge et l'apprenti batteur danois. Et il fallait avoir du courage, non pas pour se la mettre dans le cul, mais tout simplement pour dire "fuck" à une carrière au sein du plus grand groupe de metal jamais créé.

Ceci étant fait, Jason laissa exprimer son talent dans divers combos sans jamais atteindre, ni même effleurer, le succès connu chez ses anciens compères de la bay area. On passera rapidement sur ECHOBRAIN et ce même si dans le documentaire putassier, "Some Kind Of Monster", un certain Lars U. nous déclarait que ce groupe était le "futur". Non, le turfu (© Booba) de Jasonic ne passait définitivement par ECHOBRAIN mais plutôt par VOIVOD, groupe dont je n'ai pas le droit de dire du mal sous peine de me faire évincer de la rédaction. Donc trois albums en tant que bassiste avec le deuxième meilleur groupe de metal jamais créé et puis… plus rien. Du moins en apparence, car s'il y a bel et bien un projet de Newsted qui aurait mérité que l'on s'y attarde, c'est sans nul doute PAPA WHEELIE. Pourquoi ? Tout simplement car Jason y laissait exprimer pleinement sa créativité pour la première fois. Un Jason guitariste aux riffs grassement punkoïdes et véritablement efficaces. La reformation et les concerts de 2011 ne présageaient que du bon, mais encore une fois le projet retomba dans l'oubli.

2013, NEWSTED, le groupe, débarque au Hellfest et quelques semaines plus tard dans nos platines. Retour patronymique sous l'éternel gimmick du bassiste rageur avec ce premier album, "Heavy Metal Music". Calibré ? Aseptisé ? Ou tout simplement quelconque ? On a du mal à imaginer Newsted nous servir de la soupe pour son grand come back sur le devant de la scène, et pourtant.

Difficile d'assimiler "Heavy Metal Music" à un bon album si l'on omet le nom inscrit en lettres majuscules sur sa cover. Simili thrash, simili power, simili stoner, à dire vrai cet album mange un peu à tous les râteliers. Point de cohérence certes, mais une certaine diversité d'où se dégagent deux titres, à savoir "Futureality" et surtout l'excellent "Nocturnus", deux morceaux aux rythmiques bien lourdes baignant dans une atmosphère assez dense. Avec en sus un Jason faisant l'effort de suivre une ligne de chant en lieu et place de ses habituels beuglements. Quel dommage de ne pas avoir suivi cette ligne directrice sur le reste de l'album et de sombrer dans un metal plutôt poussif et inconsistant.

"Heavy Metal Music" n'est pas l'album que l'on était en droit d'attendre de la part d'un mec aussi talentueux que Jason Newsted, mais dans l'immédiat avoir un groupe, un label et un album lui permettant de remonter sur scène et de renouer le lien avec ses fans est peu être tout ce que le bonhomme désirait. Le problème restera cependant que ses groupies viendront indubitablement pour le voir jouer "Whiplash" et pas "Soldierhead", c'est tout aussi triste que lucratif.


Rédigé par : wasted | 13,5/20 | Nb de lectures : 13551