ANAGNORISIS - Beyond All Light (Autoproduction) - 17/12/2013 @ 08h05
Quand les américains font du Black, en général ça fait un peu peur. La scène trve a ses qualités, ses groupes/projets de référence, ses défenseurs et ses haters. Pour ce qui est du Black moins trve c’est tout autre chose et en particulier le Black mélo/sympho. Il est difficile de citer des noms probants, pour ma part j’attirerai l’attention sur CEREMONIAL CASTINGS, un groupe qui a fait de très bonnes choses et notamment au début de sa carrière. Maintenant on retiendra peut-être ANAGNORISIS grâce à son second full-length, Beyond All Light. Originaire du Kentucky et formé en 2003, le groupe a notamment comporté en ses rangs le batteur Adam Pierce (ALL SHALL PERISH) ainsi que Austin Lunn de PANOPTICON. Il est aujourd’hui un quintet articulé autour de Zachary Kerr, ex-bassiste passé au chant, et du guitariste Zak Denham. Je parle de Sympho mais ANAGNORISIS a commencé par faire du Black/Death à chant Death pour Overton Trees (2007). C’est dès l’EP Alpha And Omega (2009) que le groupe a basculé dans le mélo/sympho ou dans l’« atmo », tempérant sa brutalité pour développer des atmosphères épiques. Rien d’exceptionnel jusque-là mais leur second EP sorti en 2012, Ghosts Of Our Fathers, était prometteur et proposait des compositions solides. Un potentiel qui ne demande que d’exploser pour Beyond All Light.

J’évacue d’emblée ce qui sera le défaut principal de cet album : la production est très faiblarde, en 2013 et surtout pour le genre il aurait fallu avoir un son bien plus puissant pour se démarquer. Mais, parce qu’il y a un mais, ce son faible est assumé par le groupe qui dit que « Beyond All Light was intentionally mastered "softer" to preserve our natural dynamic range ». C’est un peu dommage mais soit, dommage car la qualité musicale est au rendez-vous et avec un son un peu plus gros (sans partir dans les excès) cet album aurait franchement pu casser la barack. ANAGNORISIS livre en effet un album de Black mélodique parfaitement ficelé, avec des compositions très convaincantes et des arrangements entraînants. La production ne met pas trop en valeur les claviers, qui sont surtout là pour poser une ambiance épique, accompagnés en cela par les nombreux trémolos et leads mélodiques, donnant rapidement un véritable souffle glacial à l’album. On pensera aisément à ce qui s’est fait en termes de Black mélodique européen dans les années 90, EMPEROR et LIMBONIC ART en tête, en moins chiadé et moins strictement sympho mais l’« esprit » est là et on sent que quelque part et même s’il n’en fait pas mention, ANAGNORISIS a voulu retrouver une atmosphère et un son typiques de cette époque. Voilà de quoi convaincre les amateurs de Black mélo/sympho « non moderne », et ANAGNORISIS joue un peu dans la même cour que les autrichiens de LOCUS NEMINIS qui avaient sorti un excellent Weltenwanderung en 2012.

Beyond All Light dure 46 minutes et est décomposé en deux parties, de trois morceaux chacune. Les morceaux sont donc longs (de près de 6 à plus de 9 minutes) et prennent le temps de poser leurs ambiances. Mais si les breaks se font remarquer par leur classe, ANAGNORISIS n’oublie pas le Black à grand renfort de blasts ravageurs appuyant encore le côté épique -malgré un son de batterie toujours desservi par cette production faiblarde-, et aussi grâce aux vocaux de Zachary Kerr qui donne tout, semblant complètement habité par sa prestation faite de vocaux déchirants. "Eulerian Path" débute par une intro d’obédience grégorienne qui me fait pas mal penser à celle de Priviligevim de SECRETS OF THE MOON, et les trémolos parfaitement amenés se font déjà entendre, avant que le Black épique d’ANAGNORISIS ne prenne ses droits, grâce à des rythmiques et structures simples mais accrocheuses. "Cursed Blood" est le morceau le plus rentre-dedans de Beyond All Light et s’avère jouissif par moments, surtout lorsqu’il commence à être un brin chaotique, notamment de par le chant et par l’utilisation d’un saxo déglingué (!), ce qui est assez réussi et bluffant. D’une durée de 9 minutes trente, "Death Mimics Life" sera logiquement plus posé et résolument épique, mais prend le temps de nous balancer des rythmiques efficaces et des superbes mélodies. La mélodie est ensuite au centre de "Abyss", un morceau plus atmosphérique tout simplement magnifique et somptueux, je crois bien n’avoir rien entendu de plus épique que ça cette année. "Bountiful Godless Life" retrouve de l’agressivité, et les synthés se font enfin entendre dans un morceau de Black mélo/sympho plus classique mais rondement mené, servi par un long break acoustique central et par un final à nouveau très mélodique et surprenant grâce au saxophone. Beyond All Light va se clore par un autre pavé, "Forever Night" (plus de 9 minutes) : un générique de fin à nouveau très épique et varié mais tout était dit sur les 5 précédents morceaux, et ici le mastering « light » montre ses limites car on commence à un peu avoir mal aux oreilles à force de les tendre pour analyser au mieux ce qui se passe.

C’est un peu frustrant car malgré son manque d’originalité, Beyond All Light est tout de même un excellent album de Black mélo/sympho/atmo/épique (oui, un peu tout ça à la fois). Mais ce choix de production est discutable, pour les « pros » il donne un côté « authentique » à l’album qui ne choquera pas les habitués à certaines productions Black des années 90, pour les « cons » il ne met hélas pas en valeur le travail du groupe qui est tout de même assez fignolé et au minimum très intéressant. Ce cas particulier me rappelle d’ailleurs The Ultimate Death Worship (2002) de LIMBONIC ART, album conspué à cause de sa production mais proposant des morceaux mortels. On retiendra donc des compositions accrocheuses et surtout un souffle épique souvent saisissant assuré par les mélodies, les quelques synthés et le chant qui appuie la plupart des envolées avec brio. De ce côté ANAGNORISIS a les moyens d’être dans le haut du panier de la frange vntrve de l’USBM, se plaçant bien au-dessus de formations sans intérêt qui essaient de copier les européens ou au contraire, de vouloir sonner trop « américain ». Un groupe à part dans l’échiquier qui a pris des risques au niveau de l’environnement sonore, risques qui ne payent pas forcément mais au niveau du fond, Beyond All Light est un disque de qualité et est une des surprises de l’année en termes de Black mélo/sympho.

http://anagnorisis.com - 136 visite(s)

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Rédigé par : ZeSnake | 15/20 | Nb de lectures : 11993




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