HATE MEDITATION - Scars (Indie/Season of Mist) - 18/11/2013 @ 07h42
Ah, le ‘cas’ Blake Judd. L’une des figures les plus controversées de la scène black-metal américaine actuelle, connu autant pour ses moments de fulgurance artistique, ses prises de risque assez connues que pour sa consommation de stupéfiants d’un niveau olympique (le gaillard n’était pas connu sous le sobriquet de ‘l’aspirateur’ dans le milieu pour rien) ou les multiples accusations de rip-off à son encontre. Le cirque a d’ailleurs atteint son point culminant à la rentrée dernière lorsque sa photo d’identité judiciaire suite à son arrestation pour vol a commencé à tourner sur le web, suivie peu après par une longue missive postée sur sa page fessebouc en forme de mea culpa où il annonçait son intention de se ‘mettre au vert’ pendant quelques temps, histoire de faire un peu le ménage. Tout ça pour dire qu’il est dur de faire abstraction de tout ce contexte lorsque l’on aborde l’écoute de ‘Scars’. Surtout qu’en ce qui me concerne vis-à-vis de son groupe principal NACHTMYSTIUM, j’alterne personnellement entre l’admiration pour ses choix artistiques parfois casse-gueule ou encore cette incroyable performance pleine de haine donnée au ROADBURN festival en 2011 et l’agacement à cause d’une attitude goguenarde et d’un sens du business parfois un peu trop encombrant. Et puis le coup de ‘nan mais en fait, j’avais sorti une démo dès 2003 avec HATE MEDITATION mais je n’ai réactivé ce projet cru de chez cru que maintenant’ pue la manipulation à plein nez, histoire de se donner une crédibilité. Surtout lorsqu’on sait qu’avant d’atterrir sur INDIE, ce triste sire a fait la cour à tous les labels de la terre avec ce disque avant de se faire remercier doucement mais sûrement à cause de ses prétentions financières trop élevées…

Tout cela tient du potin mal dégrossi et n’a rien à voir avec la choucroute ? Oui et non, tant à partir du moment où l’on décide de faire une musique aussi jusqu’au-boutiste, une conviction entière et totale est indispensable à mes yeux à sa réussite. Or mon gros problème, ce que je n’arrive pas à savoir si, justement, ce HATE MEDITATION se tient du bon coup de la barrière ou pas.

Ce véritable projet solo de Judd (que l’on retrouve ici sous le pseudonyme d’Azentrius) le voir revenir presque aux sources de son art, voire au delà. Oui, à ma grande surprise, ‘Scars’ est un disque de trve BM à la sauce américaine comme on en a plus entendu depuis le début des années 2000 et le regretté JUDAS ISCARIOT. Produit à la maison par Judd lui-même assisté ici de son frère Scott (qui joue de la basse sur un titre), voici un disque qui ne cherche même pas à cacher ne serait-ce qu’une seule seconde son affiliation. Même si l’on a pas droit à un panda triste essayant d’attraper des oranges invisibles au milieu de la neige en guise de pochette, tout le reste affiche une panoplie impeccable : le son minimaliste où la masse grouillante de guitares et d’une batterie souvent réduite à sa seule grosse caisse tente vaguement de se faire entendre sous une voix de corbeau pleine de réverb’, le tapis informe de blast où traversé par quelques fugaces arpèges morbides et les quelques plages épiques (les dix minutes BURZUMiennes du morceau-titre) jouent la carte du classicisme à fonds les ballots. Et à part un très vague chorus de gratte mélodique presque mélancolique à la fin de « End Times » ou l’intro très thrashy de « The Genocide March », la faim transylvanienne n’est jamais très loin, même lorsque quelques (très) discrètes nappes de synthés s’invitent au festin. Et ça marche parce qu’aussi volontairement rétrograde que le tout soit, il s’en dégage une indéniable atmosphère suffocante et crépusculaire qui ne peut pas être calculée.

Alors certes, certains pourraient croire que la présence de Wrest de LEVIATHAN, ici à la basse sur la moitié de l’album, y est pour quelque chose mais ce qui défrise le plus avec ‘Scars’, c’est qu’on sent bien que l’on a affaire à une œuvre très personnelle issue du seul esprit (torturé) de Blake Judd. Et même si l’on n’arrive toujours pas à savoir vraiment si ce voyage au pays des studios quatre-pistes et de la glauquitude tient plus de l’exercice de style cynique ou d’une réelle démarche visant, après des années à tenter diverses expérimentations, à retrouver la saveur originelle du fruit défendu, le fait est qu’en tant que disque de black-metal US cru, ‘Scars’ est sûrement l’un des meilleurs du genre cette année, même si cela me fait presque mal au cul de l’avouer…

PS: à noter pour nos amis collectionneurs (ou bien pourvus en fonds monétaires) que l'édition LP affiche une pochette différente de la version CD.


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 16/20 | Nb de lectures : 12246




Auteur
Commentaire
Bernard
Membre enregistré
Posté le: 18/11/2013 à 08h19 - (109940)
"..un panda triste essayant d’attraper des oranges invisibles au milieu de la neige en guise de pochette.."

La citation de la journée! :D

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