Je dois avouer d’emblée que je ne me suis jamais vraiment penché sur TÝR, le fier représentant Metal des Îles Féroé que tout le monde connaît bien maintenant (15 ans d’existence, 7 albums dont celui-ci, 4 chroniques sur VS avant celle-ci). Bon, après un bref rattrapage sur deezer, je ne pense pas avoir loupé des chefs-d’œuvre. A vrai dire, la première période du groupe qui était très « progressive » me laisse totalement de marbre, je trouve ça d’un poussif rarement atteint. En revanche, le virage plus pêchu entamé avec By The Light Of The Northern Star (2009) me semble beaucoup plus intéressant, même si le groupe a pas mal perdu de sa personnalité finalement. Mais il a gagné en efficacité dans un Viking-Metal plutôt couillu et peu avare en rythmiques accrocheuses. Cela nous donne désormais des albums fortement sympathiques à défaut d’être exceptionnels.

Après The Lay Of Thrym (2011) qui était dans la lignée de By The Light Of The Northern Star, TÝR ne va pas changer de drakkar et poursuivre sa route sur le chenal d’un Viking-Metal direct et sans fioritures. Ça ne ressentait pas forcément sur ses deux prédécesseurs, mais je trouve que Valkyrja, premier album pour le port Metal Blade, est finalement très mélodeath. Les mélodies et même les rythmiques sonnent à fond comme n’importe quel groupe typé Gothenburg. Le drakkar de TÝR, après avoir tourné autour des Îles Féroé sans chercher à s’en éloigner, a fini par aller de l’avant et a atteint la Suède. Leur aspect toujours Heavy n’a pas été perdu en pleine mer, toujours assuré par leur chanteur Heri Joensen. Pour moi il s’agit vraiment de l’homme fort de TÝR, présentant une excellente voix, que personnellement je situe quelque part entre Marco Hietala (NIGHTWISH) et ICS Vortex (DIMMU BORGIR, ARCTURUS, BORKNAGAR, etc). Cela bonifie Valkyrja qui reste finalement un album assez convenu. Le groupe a évolué mais il faut bien avouer qu’il a cédé à la facilité.

Mais dans l’ensemble, Valkyrja est un album très agréable, le drakkar ne sert plus à l’abordage mais a été transformé en navire touristique. Les morceaux accrocheurs aux riffs efficaces et aux mélodies très plaisantes s’enchaînent, et on se laisse bien vite charmer par les lignes vocales parfaites de Heri Joensen (celles du morceau-titre prennent aux tripes de par leur maîtrise) ainsi que par les solos parfois très démonstratifs. Aucun morceau ne se démarque vraiment d’un autre, hormis l’épuré "The Lay of Our Love" qui bénéficie de l’apparition de Liv Kristine (LEAVES’ EYES) et le plus mid-tempo "Grindavísan", mais il n’y a pas grand-chose à jeter par-dessus bord pour autant. Un album frais et léger qui se laisse admirablement bien écouter et qui, pour les amateurs, se clôt par deux reprises en bonus ("Where Eagles Dare" de MAIDEN et "Cemetery Gates" de PANTERA). Un album léger, c’est le mot car on en fait bien vite le tour et TÝR ne s’est tout de même pas fatigué à la tâche, même si Valkyrja atteint quand même l’heure de musique Viking (reprises comprises). Je pense que le groupe peut faire mieux, mais semble ici s’être contenté de faire un Viking-Metal mélodique qui va droit au but. Ça fonctionne tout de même, et Valkyrja est un album hautement sympathique. Mais ça ne va pas chercher plus loin et le drakkar féroïen est bien trop clinquant et coloré pour être signe d’un peuple conquérant.


Rédigé par : ZeSnake | 14/20 | Nb de lectures : 13454