Nom qui fait référence à un épisode de la Bible, pochette hideuse et musique jouée par trois jeunes anglois abominatifs. Ma main à couper que ça va encore tourner autour de deathcore c't'histoire. Puis en fait non, pas vraiment. Ca va être difficile de rédiger cette chronique avec une seule main mais bon, ce qui est dit, cochon qui s'en dédit.

"Hamartia" est donc le premier album de ce jeune groupe anglais qui a été enregistré en Italie. Et on peut dire qu'il impressionne pas mal par sa maîtrise, son sens de la composition et sa technique jamais démonstrative. En un mot comme en cent, on tient là un parfait album de metalcore moderne, velu et un chouille prog'. Le premier morceau, qui donne d'ailleurs son titre au disque, met tout de suite dans l'ambiance. On entre progressivement dans le disque via un titre court porté par une belle section rythmique. Efficace mais pas transcendant. C'est sur le morceau suivant que le groupe se lâche enfin. Gros travail sur les guitares, composition riche, son très propre, avec une batterie qui sonne plus naturellement que chez le tout venant metalcore. Le morceau est à la fois complexe et technique tout en restant abordable, catchy et vraiment core. En effet on trouve des similitudes dans l'esprit et l'atmosphère surtout avec l'écurie Bridge Nine et la scène "modern hardcore americaine". Et puis quel travail sur les voix ! Doublées, voire triplées, elles envoient le refrain chanté/screamé/hurlé flirter avec les étoiles dans une sarabande de violence, de désespoir et de colère. Tout cela en même temps. Un titre qui réconcilie avec le metalcore que l'on croyait à jamais perdu. Difficile d’enchaîner avec une telle entrée en matière mais les quatre anglais ne se laissent pas démonter, se remontent les manches et mettent les mains dans le cambouis.

BOOK OF JOB fait preuve d'ambition et d'humilité en essayant de créer une musique personnelle bien que prise dans un carcan très serré. Et ça fonctionne. "Hamartia" bien que pétri d'influences identifiables, ne marche que dans ses propres traces et ne suit que la voie qu'il s'est tracée. Dans un genre hyper classique, la musique de BOOK OF JOB n'a rien de fondamentalement révolutionnaire mais ils la jouent à leur manière, plus personnelle. Les Anglais ont le chic pour enquiller riffs efficaces toujours à mi-chemin entre mélodie et violence, aux confins du hardcore, du metal et du djent. La voix se permet aussi quelques petits apartés mélodiques ou clairs, ce qui permet de varier les plaisirs même si la majorité du chant possède plus de similitude avec toute l'écurie modern hardcore qu'avec la scène metalcore qui passe d'habitude plus en force. Ici, la voix de Kaya Tarsus dégage vraiment de l'émotion, quelque chose de différent qui fait la différence et emmène le groupe ailleurs. Le son de basse est lui aussi d'excellente facture, une basse slappée, très énergique, bondissante, qui renforce la touche hardcore du groupe.

BOOK OF JOB construit un album solide, bâti sur des titres allant de deux à plus de cinq minutes. Les titres les plus longs s'ils font preuve d'ambition ne se perdent jamais dans la technicité démonstrative ou la branlette de manche. Les mecs sont là pour jouer avant tout, pas pour vendre des guitares. Les tempos sont variés, les morceaux aussi. Des titres comme '3 hours', 'Thoughts of a king' ou 'Feeding the universe' se détachent de par leur maîtrise et la palette d'émotions variées qu'ils dégagent. Un album de metalcore de qualité c'est encore possible ? BOOK OF JOB répond par l'affirmative, cet album s'appelle "Hamartia".


Rédigé par : Seb On Fire | 15/20 | Nb de lectures : 11725