Stephen Bessac - KICKBACK par SEB ON FIRE/CROWN_ME - 12547 lectures
C’est quelques heures avant leur concert au Hellfest que nous avons pu rencontrer Stephen Bessac, leader et chanteur des infamous Kickback. Le gaillard nous attend avec bouteille de Jack et bière posées devant lui. Après quelques formules de politesses d’usage, la glace est rompue, la conversation débute et Stephen nous semble posé, réfléchi et ouvert à la discussion. Bref, bien loin de l’image sulfureuse qu’on veut bien lui prêter.

"Vous avez vu Mötley Crüe ? C'est des vrais gars, hein? Si tu lis la bio, y'a de quoi en faire pâlir plus d'un qui se la raconte... Sex drugs and rock n’roll!"



Vous avez entamé une petite série de concerts pour promouvoir et défendre "No Surrender"? Comment se passe cette mini tournée ?


On est en pleine période de rodage, là. On va pas faire les mythos parce qu'on a fait "Older Colder Stronger" mais la blague du tour c'était "Older Colder Weaker" tu vois... En fait je suis en train de me rendre compte que j'ai un certain âge (38 piges) et que ce que je faisais plus jeune genre "je m'en bats les couilles, j'arrive, je suis foncedé, je monte sur scène je fais le concert", maintenant c'est plus la même chose... Je comprends quand je vois John Joseph, il a peut-être dix ans de plus que moi mais bon. C'est physique un concert donc on se dérouille. Les nouveaux morceaux on ne les avait jamais joués sur scène, donc on les teste, on voit comment fonctionne la setlist. L'album vient juste de sortir et dans certaines salles t'as déjà des gars qui connaissent les paroles. Pour nous c'est super agréable de jouer les nouveaux morceaux, on les avait jamais faits live et franchement c'était vraiment bien.


Surtout qu'en Belgique et en Hollande, c'est des super publics…
Eh bah non, le meilleur concert qu'on ait fait, c'était en Allemagne. La Hollande c'était d'une mollesse sans nom, la Belgique, ça va, c'est toujours bien mais l'Allemagne... au top quoi! Y'a pas de compétition, mais les Allemands ont mis le level trèèèès haut. On a fait le premier concert à Maastricht, en semaine, y'avait pas grand monde, c'était assez calme. Anvers, c'était bien y'avait du monde mais c'était pour la sortie de l'album de THE SETUP donc on a joué face à un public un peu différent du nôtre. Le lendemain on était à Duisburg dans une toute petite salle, super ghetto, en sous-sol, pas de fenêtres, le squat, on a commencé avec l'intro d'"Irreversible" on leur a mis la musique du Rectum et quand c'est parti, les mecs étaient fous, ils mettaient des coups de poings dans les murs... c'était ultra violent. De bonnes réactions en général, quoi.


Ca fait maintenant 10 ans depuis "Les 150 Passions Meurtrières". Vous avez foutu quoi pendant tout ce temps ?
Oh, plein de choses... Qui peuvent pas être racontables haha. Mais musicalement... pas grand-chose finalement. On a surtout essayé de trouver des musiciens en fait, puisque tout a un peu changé au moment où Irvin a quitté le groupe, c'était quand même une pièce assez importante donc il a fallu retrouver un guitariste et là on a galéré. On en a essayé plein, mais la plupart n'étaient pas du tout au niveau, ils faisaient pas l'affaire. On a ensuite essayé tant bien que mal de trouver un line-up stable mais bon c'était pas ça. On a pu faire quelques concerts parce que les musiciens qu'on trouvait étaient plus ou moins efficaces sur scène, je dis bien plus ou moins, par contre pour composer ils étaient pas du tout au niveau. Après y'a Damien (Toxic) qui est venu se greffer à l'histoire. On se connaissait mais on avait jamais pensé à l'impliquer dans KICKBACK alors que c'était évident. Mais sur le coup... Donc il est venu se greffer, discrètement, en tant que guitariste de scène, pour après carrément trouver sa place et intégrer le groupe. On s'est alors dit que c'était une évidence, qu'on l'avait sous le nez, alors qu'est-ce qu'on va se faire chier à essayer de trouver des golios qui, sous prétexte qu'ils connaissent le hardcore, pensent être capable de jouer avec nous. Mais au final c'est des mecs avec qui on a pas envie de traîner, à qui on a rien à raconter et qui musicalement sont nazes alors qu'on a ce gars sous la main. Damien a relevé le challenge et en fait ça a fait clac, ça a collé direct. On lui a donné quelques petites lignes directrices mais ça n'a même pas servi à grand-chose vu qu'il comprenait et faisait tout de lui-même... Enfin on est suffisamment intelligents pour pas se dire "on va essayer de faire ce que font ALL OUT WAR" que j'aime bien hein, mais qui copient, qui font du sous-SLAYER. On s'est pas dit qu'on allait faire un "Forever War" bis. Et en fait ça s'est fait tout seul, c'est-à-dire que Damien amène ses riffs, plus tout ce qui est batterie, puis viennent les beats, créés par Pascal, le bassiste, qui fait un peu office de chef d'orchestre, qui met tout en place, et finalement on a ma voix qui vient se greffer là-dessus et tout ça donne un truc super cohérent. Je le dis tout le temps, mais c'est parce que c'est la vérité, on a d'abord besoin que ce qu'on fait nous plaise à nous avant tout, on est pas à se dire "ah enlève ça, ça va pas plaire aux fans". Avec le recul il est devenu évident que Damien était vraiment le mec qu'il nous fallait.



Comment s’est faite la connexion avec Damien, qui vient de la scène black metal, un univers finalement assez éloigné du vôtre et du milieu hardcore ?
C'est même pas une question de scène, c'est une question d'individu. La meuf dans l'autre interview (NDR : Stephen sortait d'une autre interview qu'il a jugé « inintéressante  », dirons-nous) elle me demande qu'est-ce que je pense de la scène metal, mais moi j'en ai rien à foutre, tu vois, je m'en bats les couilles de la scène metal... Ce qui commence à arriver avec KICKBACK, c'est qu'on trouve des gens qui nous aiment et qui ne nous aiment pas dans toutes les scènes. Aussi bien dans le black, que dans le hardcore traditionnel, le beatdown, le hardcore moderne, tout ça. Nous, on parle aux individus avant tout et pas aux scènes. Damien, je pense que lui, dans la scène black metal, il avait la même attitude que celle qui était la nôtre dans la scène hardcore. C'est une connaissance commune qui nous a présenté en nous disant un truc genre "entre sales cons, les sales mecs de service, les connards, les casse-couilles, les relous, vous allez bien vous entendre !". On s'est donc rencontré à un concert, et puis on a tout de suite sympathisé... (Mike Williams d'EYEHATEGOD passe la tête et nous alpague « Wassup man ? ») Je sais plus où on était… Oui voilà. On a commencé à faire chier les gens avec Damien, on a un peu déliré, il m'a payé une ligne de speed et voilà... Au niveau de la création, c'était un vrai challenge pour lui, mais comme c'est un pur guitariste…
Après l'avoir rencontré ,j'ai découvert DIAPSIQUIR, son projet perso, et je suis devenu super fan… Ce gars a vraiment son univers à lui.


Il a eu une grosse importance sur la composition de l’album ?
Damien ? Sur « No Surrender », c'est lui qui a tout fait, c'est créé par Damien du début à la fin. Il écoute énormément de choses, le réduire au milieu black metal c'est comme réduire KICKBACK au milieu hardcore, c'est très réducteur. C'est un gars qui va aller écouter du TARANTULA HAWK puis du BOOBA en passant par du RENAUD. De toute façon, on aurait pas pu s'entendre avec quelqu'un qui n'a pas les mêmes goûts que nous de toute façon. On est deux personnes super éclectiques quoi, lui comme moi.


Musicalement, vous devez vous retrouver sur certaines choses… je pense notamment à la scène de Cleveland et le Holy Terror. 

Il aime très, très peu de groupes de hardcore. INTEGRITY, ouais il aime pas mal, GEHENNA, il aime assez aussi, pas autant que moi ceci dit. En même temps c'est aussi un gars qui vient du metal, tu vas lui faire écouter des groupes comme ALL OUT WAR, il va te faire "Ah ça c'est du OBITUARY", c'est du vieux death et donc il reconnaît les riffs. En hardcore, il aime les trucs du genre 25 TA LIFE ou les trucs assez metal, mais sinon, très peu. On se retrouve surtout sur INTEGRITY ouais, mais c'est presque tout niveau hardcore.


Dans le livret de l’album, on remarque que l’album a été enregistré en juillet 2008 mais il sort seulement aujourd’hui, presqu’un an plus tard. Il s’est passé quoi durant cette année ? 

On devait signer avec Theo (de GSR Music) dès le départ, mais nous, on a la flemme de démarcher, on est pas du tout dans ce concept d'épicerie où il faut se vendre, ça nous on ne sait pas faire. Donc, comme on s'entendait bien avec Theo, il nous a proposé de nous signer… puis je sais pas ce qu'il a fait, y'a eu une période de flottement donc on a envoyé l'album à quelques labels qui nous intéressaient genre Deathwish. Puis Theo est revenu vers nous et ça s'est finalement fait avec lui. On a eu une ou deux propositions en suspens mais bon, y'a un moment où ça nous a fait chier toutes ces démarches. Moi je considère que j'ai fait mon travail, après on va pas aller faire "Wouhou regardez c'est génial, on a fait un super album, vous voulez nous signer?" KICKBACK, c'est t'aime, t'aime, t'aime pas, t'aime pas et puis voilà.


"No Surrender" est disponible chez GSR avec deux jaquettes différentes dont une édition dite « extrême edition ». Le contenu est différent sur les deux éditions ?
A la base on avait un deal avec un label français qui voulait sortir l'album, donc on a dit à Theo "Tu t'occupes de l'Europe, pour la France, on aura un autre label.". Et comme c'est moi et Pascal qui bossons sur les pochettes, on s'est dit qu'on allait faire une autre pochette pour la France, histoire de marquer une petite différence. Puis on a tellement bossé dessus que c'est devenu évident, elle était notre préférée. Du coup quand le truc a capoté avec le Français, Theo a tout récupéré mais on lui a fait savoir "Faut garder la pochette française, elle tue !" Ca fait un autre packaging, c'est bien...
Avec KICKBACK, je dois dire qu'on est assez avares, des interviews y'en a pas 10000, des infos sur le net non plus… donc ça donne un peu plus de matière pour comprendre le concept général. Entre les deux versions y'a aucune différence niveau son, pas de bonus à l'intérieur, on a pas eu le temps sinon on aurait pu s'amuser, mettre un titre en plus, ce genre de choses, à ce niveau-là par contre on est pas avares du tout. Au niveau du livret par contre tout est différent, y'a autant de pages dans le booklet, mais l'édition avec les machettes est beaucoup plus extrême, y'a pas mal de photos… Tandis que celui avec la France est plus « mystique ». Les deux concepts sont complètement différents, ouais.



Tous les textes ne sont pas insérés dans le booklet, seuls ceux de quatre morceaux sont présents… 

Non, j'avais pas envie. Limite à un moment je me suis demandé est-ce que je les mets, est-ce que je les mets pas, ou d'une façon moins lisible ? C'était un choix. Sur "No Surrender", il y a des morceaux plus anciens et d'autres qui le sont moins. Niveau textes, j'ai mis les plus récents, ceux qui tournaient un peu plus autour du cul.


D’ailleurs au niveau des textes et du livret, on peut voir une fascination pour la Thaïlande…
La Thaïlande ou ailleurs hein! Je parle d'Asie parce que ça fait deux ans que je fais des allers-retours permanents en Thaïlande, j'ai pris une bonne claque là-bas… Le fait que la drogue, les putes, tout ça, se mélangent, ce sont des influences qui se ressentent dans mes textes. La Thaïlande, comme le Cambodge ou comme d'autre pays d'ailleurs, ça aurait pu être l'Amérique Latine aussi par exemple. Mais un texte comme celui de "Still On The Prowl" parle d'expériences que j'ai eues dans d'autres endroits, d'autres lieux où je suis allé. Y'a forcément une thématique qui tourne autour de ça mais c'est pas propre à la Thaïlande, y'a plein d'autres choses, d'autres pays, d'autres concepts...


Une question un peu plus cinéphile, pour le morceau "Woods Are Wet", c'est le titre d'un film de Tatsumi Kumashiro…
Ah ouais, c'est un de mes films préférés! Tu connais ? T'es fan de pinkus? Moi, je suis bien, bien fan aussi. En fait c'est la scène du début, quand il récupère la jeune fille, elle arrive dans la baraque et c'est tout le dialogue de la femme "Je suis avec un mari très, très sadique, ma vie est très dure, il me torture, il abuse de moi...", toute la complainte de la femme... Tout ce qui s'y passe, c'est assez poussé, je vois des gens qui se branlent sur des films "Ah ça, c'est extrême et cie" , ça me fait rigoler. Mais là y'a des scènes dans "Woods Are Wet" où, je sais pas si tu te rappelle, quand il encule le mec et lui tire une balle dans la tête au moment où il éjacule et lui dit "Le sexe… la mort." Ca tourne autour de thématiques qui sont super présentes dans le nouvel album. Eros et Thanatos.

Moi je vois plein de gens qui parlent de KICKBACK en disant « Ouais la haine, la violence…" mais c'est pas que ça, c'est super réducteur. La thématique de l'album c'est pas du tout ça. On parle de misanthropie et de nihilisme, mais justement, les textes les plus ancrés là-dedans je les ai pas mis. C'est beaucoup plus sexe et mort, Eros et Thanatos, que violence et compagnie. Ca fait un peu concours de bite quand on nous dit qu'on est super haineux, super violent, c'est pas ça, quoi, on est pas dans cette démarche... Bon, la musique est violente, je ne peux pas le nier, on est pas des humanistes non plus. C'est clair que tout ce qui est respect de la race humaine et compagnie, voilà quoi... La photo de Bataille, c'est plus dans des concepts de dépassement, liés aux sectes et plein d'autres choses. Je te le redis, on est pas des humanistes, mais moi personnellement les misanthropes me font chier, les nihilistes qui restent chez eux "Rhaaa je hais tout le monde, black metalleux!" ça m'intéresse pas. Moi, je suis un bon vivant de nature. Après on est tous différents dans le groupe. Je parle de moi parce que j'amène le concept et les textes, y'a plein de trucs que j'écris dans lesquels les mecs du groupes ne se retrouvent pas. Mais bon la haine, même si elle est présente, KICKBACK c'est pas que ça. j'ai pas la haine après tout le monde, on est juste très aigris mais les gens on s'en fout, on les calcule pas. On est pas en guerre. Dans "Sideshow" on parle de ça, de croisade, "Forever War" c'était y'a longtemps… Mais c'est vrai qu'on ressent un dégoût pour l'humain assez poussé.


KICKBACK forme un tout, les textes, les visuels, la philosophie du groupe sont aussi importante, voire plus que la musique en elle-même.
Moi, le truc c'est que je suis pas musicien pour un sou, je ne sais jouer d'aucun instrument, je suis vraiment une merde parce que j'aurais bien aimé apprendre. Donc c'est vrai que souvent, la bio du groupe et tout ça parle souvent du concept de l'album. Des fois mon bassiste me le reproche, "Ah non, ça c'est pas très musical !", mais bon, comme c'est moi qui fait les trucs, je peux parler que de ce que j'amène. Vous auriez pu faire une interview avec Damien et Pascal plus orientée musique, mais moi ce que je peux te dire c'est qu'on se retrouve tous sur certains groupes. BURZUM par exemple... Y'a le black metal qui est là, on a une influence New York Hardcore qui est encore un petit peu là... En fait, je crois même pas que ce soit une influence NYHC, c'est qu'on essaye de rester KICKBACK et qu'on est lié à MERAUDER, ALL OUT WAR… Mais après ce que les gars écoutent dans le groupe c'est THE MARS VOLTA, tu vois, c'est vraiment très éloigné. Au niveau de la création pure, là c'était spécial parce qu'au départ Damien avait ce challenge de pas trop dénaturer le groupe, mais maintenant il a compris. T'as certains morceaux sur l'album où tu sens que ce sont les premiers qui ont été faits. Et de l'autre côté, t'as "Sideshow", qui est un peu l'aboutissement de notre collaboration alors qu'au final c'était très spontané.


On a la nette impression qu’avec Toxic, la forme a vraiment rejoint le fond, le groupe semble plus épanoui, plus fort musicalement.


Ouais, on peut dire ça…
Quand j'ai commencé à écouter du NYHC, les mecs en France étaient encore en train de découvrir AGNOSTIC FRONT, SICK OF IT ALL… moi j'étais déjà dans une frange plus BREAKDOWN, DEMISE, RAW DEAL, des trucs un peu plus pointus, quoi. Quand les mecs ont commencé à se mettre dans ces trucs-là, moi, je commençais à découvrir le Holy Terror, je disais "Je voudrais bien faire du BLOODLET, du MAYDAY…" mais les mecs étaient encore en train de faire du SICK OF IT ALL, tu vois… Bref y'a toujours eu un pan de retard. Même avec Irvin, il écoutait beaucoup MERAUDER, ALL OUT WAR, ça s'entend vachement dans "Forever War" d'ailleurs, mais moi j'écoutais CATHARSIS, ça créait une sorte de décalage. Quand j'étais avec des mecs qui faisaient des riffs à la BIOHAZARD, je leur faisais écouter du CATHARSIS et ils me disaient « Non, c'est trop fou, on peut pas faire ça ». Alors que là avec Damien, y'a pas de limite quoi. Musicalement et intellectuellement, à tous les niveaux. Après la limite, c'est qu'on fait quand même KICKBACK, on fait pas un projet parallèle avec des morceaux de 40 minutes. Avec KICKBACK, on essaye de garder une petite cohérence mais sans se mettre de limite pour autant, on fait encore ce qu'on veut.



A l’écoute de "No Surrender", on remarque immédiatement que le groupe un groupe à évolué. C’est toujours "Kickback" mais arrivé à maturité, à un niveau bien plus élevé.
Si j'avais été guitariste dans le groupe, je pense vraiment que ça aurait évolué plus vite, on aurait pris un autre tournant plus rapidement. Même au niveau des textes, je les fais assez rapidement. Autant le premier album, il est quand même assez cliché mais ensuite dès "Forever War", ça a commencé. Même si musicalement c'était assez classique, j'aurais très bien pu continuer à faire des trucs classiques mais j'ai amené une autre ambiance, j'ai mis des trucs indus… Mes influences je les ai toujours amenées et c'est peut-être ça qui a fait dire les gens "C'est un peu différent". J'ai toujours écouté des trucs à la INTEGRITY, de la musique industrielle, du Black Metal et j'ai jamais hésité à en intégrer dans le groupe. Mais ça s'est plus vu dans l'ambiance, dans les concepts ou les paroles que dans la musique en elle-même. Là avec Toxic, on est complets, avec ce noyau dur, ça laisse vraiment la place à plus de liberté.


A l’époque de "Forever War", la musique et l’attitude de KICKBACK rappelaient, sur certains aspects, Congress, Liar et tous les groupes belges du H8000.


Exact, exact. Pourtant, personne n'aimait. Moi, j'étais le seul à aimer les grouper du H8000, Pascal et Irvin n'ont jamais aimé, ils aimaient vraiment pas ça. J'aimais bien le premier CONGRESS, le premier LIAR, RANCOR surtout. Mais à l'époque, on était très sectaires, tout ce qui venait de Belgique, d'Europe c'était « Ahahaha… ». Au début, ça m'intéressait parce que je me sentais sur la même longueur d'onde, après musicalement, c'était pas forcément l'osmose..


A l’époque en France, il y avait Seekers Of The Truth, Right 4 Life… Puis débarque Kickback avec un son qui n’avait rien avoir avec tout ça.
Ouais mais bon, les Français, ils sont toujours loin derrière. Après je dis j'écoute pas beaucoup de hardcore mais même les groupes belges ou allemands qui officient pourtant dans des styles que je n'aime pas, genre modern hardcore ou beatdown, je trouve qu'ils ont une présence scénique, qu'ils sont plus au niveau que les groupes français. Mais de toute façon la Belgique a toujours été en avance à ce niveau-là. On a joué avec NASTY là. Ca me parle pas, mais tu sens que c'est efficace, que ça tourne bien. Moi, j'ai vu des groupes français vouloir faire ça mais ils se foirent. Tu vois NASTY, moi, j'aime pas, c'est un style qui me parle pas mais le chanteur il est là, il a une bonne présence…

(Première interruption du manager promo de Kickback qui vient nous demander si on en a encore pour longtemps… Stephen lui fait comprendre avec ses mots à lui qu'il prendra le temps qu'il faudra pour bien faire le boulot et terminer l'interview dans les règles. S'en suit une courte discussion avec Stephen sur la pertinence de cette interview et la façon dont nous avons perçu et chroniqué « No Surrender »)



Pour continuer un peu sur le cinéma après Tatsumi Kumashiro ; l’écoute de l’album me rappelle par certains aspects les films de Andy Milligan ou Sean Costello, ainsi que d’autres issus de l’underground New Yorkais.
Mouais, c'est bien cheap quand même... Enfin Andy Milligan, ça dépend quelles périodes. Il a fait un truc qui s'appelle "Vapors", tu sais que c'est un pédé Milligan, hein ? Il a fait « Vapors » donc qui se passe dans un massage, sauna, avec un petit jeune et tout… J'aime bien, tu vois, j'ai grandi avec ça, tout ce qui est cinéma bis, le Z, mais je suis très seventies, les films d'exploitation italiens et européens surtout... Je suis très italien… J'ai beaucoup aimé ça mais maintenant je suis beaucoup plus documentaires, des choses comme ça.



Il a été longtemps question d’une collaboration avec Gaspar Noé, où en sont les choses à ce niveau-là ?
Ce qui se passe c'est que Gaspar est un très bon ami à moi, je le vois vraiment très souvent mais c'est quelqu'un qui est très, très pointilleux par rapport à son boulot, et même si je suis son pote...


L’album a été enregistré par Francis Caste, à Paris. Vous avez du merchandising qui détourne le logo du PSG, des samples en français sur l’album, etc, etc. C’est une volonté de réaffirmer votre identité française voire même parisienne ?
Non, pas du tout, pour Francis Caste c'est venu du fait qu'avant on était sur une major qui, à défaut de bien bosser sur le groupe, avait le budget. Là, on avait vraiment super envie de bosser avec un Américain, on a toujours rêvé d'enregistrer avec des Steve Austin, des Steve Albini… des gens avec qui ont voulait vraiment travailler quoi, mais on s'est retrouvé sans thunes, sans label, sans rien… L'album on l'a payé de notre poche, hein. Damien nous a finalement amené vers Francis Caste vu qu'il a travaillé avec lui sur ARKHON INFAUSTUS. Finalement, ça s'est super bien passé avec Francis, il a produit, il a fait un véritable travail de producteur. Sur l'album, y'a pas mal d'éléments amenés par lui, certaines voix claires, les cuivres, plein de choses. Au final, ça s'est révélé très agréable de travailler avec lui. Après pour le son, on s'est vraiment pris la tête pour arriver à ce mix-là. Le truc, c'est qu'on avait une idée précise sans être précise. On voulait un truc puissant mais crade, un peu crust, comme SLAYER arrive à le faire. Parfois c'était trop sale ou trop propre, trop puissant, pas assez puissant… On a essayé pas mal de mix avant de se décider sur le résultat final qui nous satisfait complètement.

Sinon le PSG c'est surtout pour le concept hooligan. Déjà on est français puis j'ai pas mal de potes fans de foot mais pour nous tout ça a plus un rapport avec le concept général Paris/hooligan... Après on est parisiens, on peut pas le nier et ça nous influence quelque part. Rien que sur l'album y'a pas mal de samples et de citations en français. Même si je chante en anglais, j'aime bien jouer avec le français comme sur les "150 Passions Meurtrières", ça ne nous a jamais gêné, on avait déjà des samples en français y'a dix ans donc tu vois… Pour revenir au PSG c'est surtout pour l'attitude qu'on a de temps en temps, scéniquement et autres, les fouteurs de bordel à mauvaise réputation. Être les « hooligans du hardcore » on aime bien ça, jeter des conneries sur les gens, le côté hooligan, un peu « fuck you », ça va au-delà de l'équipe, c'est plus pour le foutage de bordel. Mais on en a fait un t-shirt, c'est juste un clin d'oeil, c'est pas une théorie, hein.



Y a eu le fameux concert au Pulp qui a été filmé par Noé...
Ce qu'il s'est passé au Pulp, c'est qu'il a eu une couille avec sa caméra, il avait une sorte de lumière, de nightshot et il trouvait pas ça beau du tout. Gaspar a un tel souci de l'esthétique... Il sait très bien que s'il nous file un truc, ce sera estampillé Gaspar Noé et il ne peut pas se permettre de ne pas être satisfait à 100%. Pareil pour le clip, il était d'accord (c'était avant "Irréversible"), on avait même le budget, ça allait se faire et puis le plan d'" Irreversible" s'est accéléré donc il s'est focalisé sur ça. A un moment il m'a dit "Si tu veux, réalise le clip, moi je t'aide, je tiens la caméra, je fais tout, mais je mets pas mon nom. Même si je fais le clip avec vous je sais que je pourrais pas le monter, et si je peux pas, je mettrais pas mon nom." Je sais que si demain je veux réaliser un clip pour KICKBACK, il viendra m'aider sans problème mais pour que ce soit un truc estampillé Gaspar Noé, il faut qu'il ait le temps de tout contrôler à fond. De temps en temps, je le relance sur ça, je le tanne un peu. Il est pas contre, c'est juste une histoire de timing, d'argent et puis il y a pas vraiment d'idée. Je sais que si je lui en amène une bonne, ça pourrait l'emballer, je sais pas. Mais par contre, personnellement, ça fait super longtemps que je veux faire un clip, c'est une vraie frustration pour moi car on en a jamais fait. Donc on va en faire un pour "No Surrender", c'est sûr. Je sais pas qui, comment, mais on le fera, c'est sûr.



Il y a toujours eu une sorte d’incompréhension autour du groupe, avec pas mal de gens qui vous détestent et qui ont une vision assez réduite de KICKBACK. Comment t’expliques ça ?

Bah c'est très simple en fait… Mais c'est marrant que tu me parles de ça parce qu'on en parlait justement dans le van. Je vois aussi ça personnellement dans mes rapports avec les gens, y'en a plein qui m'aiment pas, etc, etc. Je pense que c'est un problème d'étiquettes. Les gens sont perdus quand ils ne peuvent pas te coller une étiquette sur le dos genre « T'écoutes ça, t'es ça… tu fais ça, t'es ça… tu manges ça, t'es ça… » si tu fais plusieurs choses à des niveaux différents tu sèmes la confusion chez ces personnes-là. Y'a "Le Manifeste du Terrorisme Culturel" qui t'explique que "L'arme c'est la confusion" et c'est vrai parce que quand les gens ne savent pas où s'accrocher, ils sont perdus. Avec KICKBACK, 99,99% des étiquettes qu'on nous colle, même moi personnellement, sont fausses. Méchants, machins trucs, tout ça, quoi. Je vais pas te les dire, tu les connais aussi bien que moi. Tu vas sur n'importe quel forum, on ramasse de tous les côtés, on a lu tout et n'importe quoi, t'en as tout un panel, hein, t'inquiète, et c'est toujours à côté de la plaque. C'est juste que les gens n'arrivent pas à comprendre, à saisir le truc, et au lieu de le prendre comme il vient en disant "j'aime ou j'aime pas", non ça finit toujours par déclencher autre chose. C'est juste que les gens n'arrivent pas à saisir KICKBACK. Je comprends qu'on ne nous aime pas, on fait tout pour ne pas être aimés, tout ça, mais la critique constructive est très rare. Tu viens me voir et tu me dis « OK, j'aime pas KICKBACK parce que ça, ça et ça… » là, d'accord parce que t'as travaillé le truc, tu l'as compris, tu le rejettes, c'est normal. C'est compréhensible parce qu'on utilise des thématiques, des concepts particuliers. Ou ne serait-ce que par ce côté « pas de limites » qu'on adopte, les gens peuvent être choqués par ça, je le comprends, mais bien souvent c'est même pas là-dessus qu'on est attaqués, c'est juste que les gens ne prennent pas la peine de faire l'effort, ils ne parviennent pas à nous épingler et voilà. KICKBACK, moi-même si je devais nous définir… On est indéfendables, on pense en tant que personnes. Pour tous les pseudo-libertaires qui sont au final super intégristes, c'est déstabilisant. Nous, avec KICKBACK, on prône la force, hein, c'est juste ça. L'important c'est d'être fort peu importe où tu la trouves. Toi, tu la trouves via une diététique et un mode de vie et si ça te permet d'être plus fort, plus intelligent, de lutter et d'y arriver, pour moi c'est bon, mais chacun utilise des choses différentes à sa façon, tu vois ce que je veux dire ? Vous me dites que parfois c'est mal vu ou que vous deviez vous justifier du simple fait d'être fan de KICKBACK, je vais te dire que vu le niveau aseptisé, j'allais dire de la musique, mais en fait de tout et de rien, de tout ce qui se passe autour, ben c'est tant mieux quoi, au moins ça provoque un peu de réactions.


Le fait que vous ayez une sale réputation, ça joue aussi contre vous…
Mais quelle réputation ? Laquelle…?


En fait avec cette interview, on se rend compte que finalement t’es un mec beaucoup plus réfléchi que ce que tu laisses voir…
Ouais, mais après ça m'empêche pas d'avoir une attitude de connard dans certaines situations et c'est pour ça que les gens parlent. Mais après, c'est un truc je peux pas te répondre, je sais pas vraiment comment les gens me perçoivent…


Ben avec ce qui s’est passé ici en 2007, beaucoup ne basent leur perception du groupe que sur ça…
Tu sais que moi j'ai fait ça sans calculer ? Puis les mecs, ils se sont branlés derrière, et moi ça me fatigue ces trucs parce que maintenant les gens qui viennent nous voir, ils attendent un show alors que nous dans le fond, on s'en fout. Rien que comment je chante, comment je parle, il suffit que j'ai bu et voilà, tu vois comment les gens te regardent et tout… C'est instinctif, c'est animal.


En fait la phrase qui résume KICKBACK, c’est « This is for us this is not for you. »
Mais c'est for you aussi, hein, ahah… la preuve. "Us" c'est nous mais "Us" c'est tout ça, quoi… C'est ça.


Vous avez fait un sticker « Que Le Hardcore français repose en paix », dans la scène française y’a vraiment rien qui vous intéresse ? 

Ahah, non, le sticker, c'était juste un clin d'œil à BOOBA, hein, oui parce qu'on aime BOOBA dans KICKBACK, ça va encore tordre le cou aux clichés. En même temps tu me diras, BOOBA, il est bien considéré comme un connard dans le hip hop, il est détesté par beaucoup donc bon une fois de plus…



Donc tu vas balancer la bouteille de Jack, ce soir?

Ouais, mais moi, j'attendrai qu'elle soit vide. Mais sinon, c'était un petit clin d'œil à BOOBA, ça fait longtemps que j'avais envie de le faire. Donc non, ça vise personne en particulier.


Il y a un groupe français, OUT FOR THE COUNT, qui est parfois considéré comme le nouveau KICKBACK. T'en penses quoi ? 

Bah je sais pas, y'a certains membres d'OUT FOR THE COUNT avec qui je m'entends très bien et qui ont vraiment une bonne attitude comme Aurélien, le batteur, ou Ken. Donc ouais, ils aiment bien KICKBACK mais je pense que ce sont des mecs qui aiment pas grand monde, donc vu que nous non plus on aime pas grand monde… Et vu que dans le hardcore, c'est quand même tous des suces-bites, dès que t'as une attitude un peu négative, ça va être « à la Kickback », ce qui est fou quand on y pense parce que c'est ça le hardcore justement. Nous à la base, on vient du punk et du hardcore qui était fait par des mecs qui étaient en marge de la société, hyper antisociaux, que ce soit BLACK FLAG ou NEGATIVE APPROACH. C'est des mecs qui étaient un petit peu vénères, un petit peu saoulés de vivre. Est-ce que tu retrouves ça aujourd'hui ? Moi, je te pose la question vu que tu écoutes du hardcore français, est-ce que tu vois des gens qui sont énervés, aujourd'hui? Ils crient, mais est-ce qu'ils sont énervés? Est-ce que tu sens le mec qui est mal dans sa peau, qui est antisocial, saoulé de la vie, qui est vénère, qui prend son micro et qui crache sa haine? Vous me parliez de NEGATIVE APPROACH et GEHENNA voilà, ça ce sont de bons exemples, des groupes que j'adore. D'ailleurs NEGATIVE ils se sont reformés là…


J’ai un peu l’impression que parfois en France le hardcore se résume à New York... même si personnellement y’a beaucoup de groupe français que j’apprécie comme ONESTA, DANFORTH, PROVIDENCE…
Après ils font ce qu'ils veulent, mais si c'est pour faire du pseudo je sais pas quoi, ils font ce qu'ils veulent, juste moi, ça me parle pas. J'aime la rage.
Après je sais ce qu'ils disent, comme quoi KICKBACK, c'est pas du hardcore. Mais moi, je suis d'accord, je me réclame pas du hardcore. Je vous le donne le hardcore. Voilà, c'est cadeau avec grand plaisir ! Allez oublie, c'est vous le hardcore, remballe, cadeau. On vous le laisse votre truc-là. Nous, on vient, on vous fait un caca sur la moquette, tu vois, on dépose. Ca s'appelle "No Surrender" et même si on part demain, on en aura fini avec KICKBACK mais au moins on aura laissé un petit cadeau, une trace sur la moquette.
Ca fait un beau mot de la fin, non?


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