Johan (chant) et Guillaume (guitare) - CELESTE par CROWN_ME - 2335 lectures
Fraîchement rentrés de leur campagne russe, les lyonnais de CELESTE nous ont accordés une interview faisant suite à la mandale "Misanthrope(s)". Album dont la version CD est enfin disponible chez Denovali et Trendkill, tandis que la version LP (ainsi que celle de "Nihiliste(s)") sera repressée dans les prochains mois.


Hormis toi et Guillaume qui proveniez de Mihai Edrisch, vos compagnons d'infortune ont des backgrounds encore plus éloignés du son de Celeste. Qu'est-ce qui vous a réunis autour de ce projet?
Guillaume (guitare) : Personnellement avant de jouer dans Mihai Edrisch je jouais avec Antoine et Royer, et nous avions déjà commencé « CELESTE » même si la formation n'avait pas de nom et que l'orientation musicale était encore lointaine de ce que nous composons actuellement. Au départ nos principales influences étaient Refused, At The Drive In et quelques trucs screamo comme Kaospilot (et Mihai Edrisch aussi)! Puis de l'eau a coulé sous les ponts. Peu à peu on a découvert plein de nouvelles choses notamment grâce à Johan quand il nous a rejoints. Mais on a vraiment tous évolué en même temps. C'est pas comme si on avait commencé Celeste pile après la fin de Mihai Edrisch avec des musiciens venant d'autres horizons !
Et si on remonte encore quelques années avant je partageais également un groupe de punk rock avec Antoine dans lequel je jouais de la batterie.
Comme quoi nos backgrounds sont loin d'être éloignés !
Le truc plus surprenant est le fait que Royer, jusqu'il y a moins d'un mois jouait dans Flashfalcon, un groupe influencé par du hard des années 80 et donc un univers assez éloigné de Celeste pour le coup ! Enfin la grosse différence qu'il y a entre Antoine et Royer par rapport à Johan et moi c'est qu'ils sont tout aussi fans de groupe de rock'n'roll tels que New Bomb Turks, Gluecifer, Hellacopters, Led Zeppelin que de metal ou de hardcore !


Entre la sortie de "Nihiliste(s)" et "Misanthrope(s)", il s'est écoulé un peu plus d'un an, soit pas vraiment le temps de glander... Qu'est-ce qui vous a poussés à remettre le couvert aussi vite?
Guillaume (Guitare) : Ce laps de temps assez court est à moitié volontaire. On ne s'est pas dit qu'il fallait absolument sortir un album un peu moins d'un an plus tard pour en foutre plein la gueule à ceux qui écoutent Celeste. Mais il est vrai qu'on n'aime pas spécialement que les choses traînent parce qu'on a tendance à se lasser assez vite de ce qu'on compose jusqu'à ce que ce soit enregistré. Enfin lassé n'est pas vraiment le bon terme. En fait nous sommes dans l'ensemble assez exigent dans notre mode de composition. Et par conséquent on a tendance à tout le temps remettre en question ce que l'on fait. Le seul moment où on apprécie enfin notre travail c'est une fois l'album enregistré, mixé et masterisé. Et encore on trouve des choses à redire comme tous les groupes je pense.
Voilà enfin tout ça pour dire que même si on prenait 2 ans de plus je pense qu'on enregistrerait un album mais qu'on en aurait composé 2 !
Et puis comme tu auras pu le remarquer notre musique est assez brute de décoffrage et on ne s'attarde pas sur des petits détails d'arrangements. On veut que ça file droit d'un point A à un point B avec une ligne de conduite cohérente tout au long de l'album et au sein même des morceaux. Mais qui sait peut-être que pour le prochain nous passerons plus de temps à travailler sur quelques arrangements supplémentaires ! Ou que nous prendrons une année supplémentaire pour l'écrire...

Johan: Et puis nous n'avons du temps libre tous ensemble qu'au mois d'août, donc on cale toujours un studio à cette période parce qu'on n'a pas envie d'attendre 2 ans pour faire un disque. Pour le prochain, on verra bien.


Ce laps de temps aussi réduit est-il volontaire pour appuyer l'effet "bloc" de vos albums?
Johan: Malheureusement, il n'y a rien de conceptuel là-dedans, après c'est sûr que ça a un impact sur les gens et leur façon d'appréhender nos disques. Je ne pense pas que ce soit en notre faveur, ça enlève le côté « attente » et frustration des gens qui nous suivent. Mais bon, on ne va pas se forcer à attendre juste pour ça.


Quels étaient vos objectifs lors de l'écriture de "Misanthrope(s)"? Y a-t-il des groupes à l'origine des nouveaux éléments que l'on retrouve dans votre dernier album?
Guillaume (guitare) : Quand j'ai commencé à travailler sur les mélodies de "Misanthrope(s)" je savais que je voulais composer un album encore plus sombre, plus violent, plus massif que "Nihiliste(s)" sans pour autant perdre la folie de ce dernier. Après les choses se sont faites naturellement, puisque chaque morceau composé dépend du moment auquel ça se fait, des idées des uns et des autres, de l'environnement dans lequel tu évolues et puis effectivement de la musique que tu vas écouter. Je ne vais pas te cacher que même si c'était déjà un peu le cas sur "Nihiliste(s)" j'ai approfondi ma « culture » Black Metal et que forcément ça peut se ressentir davantage sur ce dernier opus. Mais très honnêtement même si ce courant musical m'inspire sur certains points, notamment dans le travail des mélodies, je ne me sens pas pleinement inspiré par ces groupes. J'écoute très peu de musique à part de temps en temps Cult Of Luna, Shora, Time To Burn, Wolves In The Throne Room, quelques Dark Funeral et puis c'est tout en fait. Même les grands classiques comme Breach, Neurosis ou encore Isis je ne les écoute pas hormis quand on est dans le van tous ensemble !

Johan (chant): Le but, c'était de faire un truc plus noir et plus extrême que "Nihiliste(s)". Je pense qu'on y est arrivé sur pas mal de points, mais d'un autre côté je me dis qu'il y a trop de pauses dans le disque pour qu'il soit vraiment plus extrême. Après c'est compliqué de sortir des riffs où ça balance tout le temps, mais faudrait qu'on s'améliore sur ce point. Et non, il n'y a vraiment pas de groupes qui nous aient influencés dans la composition de ce nouveau disque.


Que ce soit au niveau de la musique ou du "decorum" (artworks, imagerie et cie), vos racines hardcore s'estompent grandement avec le temps et viennent empiéter sur le terrain des chevelus... Faut-il voir ça comme une sorte de "majeur tendu" à ces scènes?
Johan (chant): En partie oui, parce que je ne me sens pas appartenir à une scène. Mais il n'y a rien de vindicatif. Il y a des choses qui me saoulent dans le hardcore comme dans le metal (pour le peu que j'en connais). En tous cas, on essaye de faire preuve d'ouverture, et c'est un réel plaisir de s'ouvrir à de nouvelles scène (metal, black-metal...) même si ça reste encore assez léger. Par contre, ce n'est pas calculé, on ne s'est pas dit on va faire des artworks qui vont faire plus metal. Par exemple pour le dernier, je n'avais pas capté que ça faisait black-metal avant de lire certains commentaires à ce sujet. Ce sont juste nos goûts du moment qui évoluent dans ce sens. Ce qui est assez étonnant car je n'écoute pas pour autant plus de métal qu'à une époque. En tous cas, une chose assez drôle, c'est de voir comme ce « decorum » est pris au sérieux par beaucoup, nous donnant une image de mecs qui conceptualisent tout, ou de gros méchants, alors qu'on n'est qu'une belle bande de branleurs qui ne se prennent pas au sérieux.


Bon, parlons business... A l'heure des blogspots et cie, prendre les devants en mettant l'album en libre DL avec en parallèle précommandes, système de donations et artworks bichonnés, est-il un procédé plus valable qu'une promotion "classique"?
Même si les retours sont difficilement mesurables, pensez-vous avoir pu toucher plus d'auditeurs qui passeront à la caisse via cette démarche?
Johan: J'en sais fichtrement rien. Tout ce que je sais, c'est que les choses marchent plus que bien pour nous. De là à savoir si ça vient de notre démarche de diffusion... On ne le saura certainement jamais. De toute façon, il ne faut pas se leurrer. Autant ça pouvait paraître novateur quand avec Mihai Edrisch on l'avait fait; on était d'ailleurs peut-être même les premiers (ou pas loin). Maintenant, avec le développement des sites de download direct; si t'es un minimum connu ton disque est en quelques jours sur une cinquantaine de blogs gratuitement. La seule différence peut-être, et qui n'est pas des moindres, c'est qu'on le met en ligne bien avant qu'il sorte en version physique (pour celui-ci, plus de 3 mois à l'avance). Pour le coup, je me trompe peut-être, mais j'ai l'impression que ça favorise le vinyle pour les pre-orders et que ça casse un peu le CD, mais ce n'est qu'une impression. Enfin, il faut que les gens comprennent que ce n'est à l'origine qu'une façon de faire découvrir notre musique, on attend des gens qui nous écoutent vraiment au final, qu'ils nous soutiennent financièrement d'une manière ou d'une autre. C'est d'ailleurs pour ça qu'on a donné la possibilité aux gens qui se contentent de mp3s de faire une donation. Mais autant te dire que ça ne rencontre pas un franc succès, c'est bien dommage.


Pour un groupe aussi "jeune", imposer un son immédiatement identifiable aussi est l'apanage des grands, on le sait. Mais derrière, avez-vous des pistes quant à la manière de le faire évoluer à l'avenir?
Johan: Jeune toi-même ! J'ai 27ans et demi !
Merci de nous mettre dans la catégorie des grands alors. Mais fais gaffe, avec ce genre de phrase, tu risques de te faire lapider. On est un groupe français, ne l'oublie pas. Des pistes oui, vu qu'on a bien avancé sur le prochain. Mais lesquelles, sincèrement je ne pourrais pas te dire. A chacun des disques que j'ai faits, il y a eu un gouffre entre la façon dont je l'imaginais sonner avant d'entrer en studio et le résultat final. Je ne préfère donc pas m'avancer, on verra bien dans quelques mois si tout se passe bien.


Au niveau de l'écriture des textes, d'où viennent tes influences, que ce soit littéraires, musicales ou autre?
Johan: Strictement aucune influence, je ne lis rien, à part des conneries sur Internet. Sincèrement j'en ai aucune idée. Ça vient comme ça (certains diraient: comme une envie de chier).


Puisque musicalement ce sera tendu à dégotter, dans le fond, quels groupes partagent selon vous votre état d'esprit?
Johan: Des groupes comme Pantera pour le côté beuverie, gros beaufs en tournée. Et pour la musique, j'en sais rien. Je ne pense pas qu'on ait vraiment d'influences. Notre bassiste aime tout, notre batteur, après avoir écouté les Beatles s'est mis au Metalcore qui tache. Notre gratteux n'écoute rien, et moi j'écoute que des trucs zarbs qu'aucun des 3 autres n'aime. Je crois que c'est ça qui nous permet d'avoir un son à nous.


Quels sont vos projets à court/moyen/long terme?
Johan: A court terme: repartir en studio pour le prochain disque. Sinon, on part pour une tournée en Russie dans 2 semaines (ça sera peut-être du passé, le temps que l'interview soit publiée), puis on a quelques dates à droite et à gauche et 4 ou 5 Fests.
A moyen terme: arriver à faire 5 albums et que certaines personnes disent que c'est 5 fois le même.
A long terme: arriver à faire 10 albums et que certaines personnes disent que c'est 10 fois le même.


Merci encore pour votre musique, et pour avoir pris le temps de répondre à mes questions. Si vous avez quelque chose à ajouter, ça se passe ici...
Johan: De rien, merci à toi ! Rien à ajouter.


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