- MY OWN PRIVATE ALASKA par PAMALACH 77 - 3235 lectures
MY OWN PRIVATE ALASKA va se retrouver sous les feux des projecteurs dans peu de temps en assurant la première partie de METALLICA lors de son prochain concert français à Nîmes.

Mais comment se sont-ils retrouvés là ? Et puis d'abord c'est quoi ce groupe ?



Salut Milka ! Avant toute chose, est-ce que tu peux nous expliquer quelles sont les raisons de ton départ de Psykup ? Est-ce que My Own Private Alaska est à l’origine de cette séparation ?
Non. Ce ne sont pas des vases communicants. Je ne me voyais plus assez en phase avec la direction artistique de PSYKUP. Après 14 ans de parcours, les choses évoluent, et j'avais besoin d'autre chose. Je n'allais pas être assez à 100% sur un 4ème album. Je préfère partir avant de sentir un quelconque problème. Je voulais me mettre plus en danger artistiquement, aller rencontrer d'autres univers.


Ca faisait de nombreuses années que tu jouais avec Psykup. Comment gères-tu le fait de ne plus te retrouver entouré de tes collègues ?
Je le serai de toute façon. On est aussi et surtout amis à la base. Je fais le booking et les lights de MANIMAL. Je joue dans AGORA FIDELIO. Mes collègues ne seront pas loin. Je leur souhaite le meilleur.


Comment est né MOPA ?
Tristan, le pianiste, et moi, avions en tête un projet étrange avec ces compositions classiques, salies par ma voix, la plus criée et extrême possible. Faire cohabiter des trucs qui n'ont jamais cohabité. Jeter du coup un pavé dans la mare des musiques actuelles type metal HxC et cie. Moi, j'étais convaincu qu'avec le côté foncièrement triste et même dramatique du piano de Tristan + le côté décharné et minimaliste de la musique, sans apparat de murs de guitare + une batterie violente et efficace + des cris, tout cela pouvait conférer à MOPA un potentiel émotionnel, une violence, une force vraiment à part. Quand on a trouvé Yohan, dès la 1ère répét, on a su que ça fonctionnait. On a ressenti des choses très neuves et très puissantes. Puis tout s'est enchaîné très vite. On a commencé à jouer dans toute la France, et même l'Europe, pour seulement 66,60E ! (véridique...) On a investi dedans en gros.


Comment interpréter le nom du groupe ? Quel est le lien entre les images de désert de glace et la musique de MOPA ?
On adorait le titre du film de Gus Van Sant : "My Own Private Idaho". On voulait le détourner, avec un autre état. On voulait un lieu qui évoque quelque chose de rude, de froid, de vide. Il fallait qu'à côté l'Écosse, ce soit la Côte d'Azur. On a choisi l'Alaska. Le bout de tout. La fin de quelque chose.


Vous êtes un trio plutôt atypique. Le piano dicte à lui seul les mélodies des chansons alors que la batterie et ta voix sont des vecteurs très bruts. Est-ce que cette formule ne risque pas de limiter votre champ d’expression ?
Est-ce que tu demanderais à SIMON & GARFUNKEL si leur formule uniquement guitares sèches - voix est limitée ? Est-ce que quelqu'un a un jour posé la question à HELMET, à savoir si basse-batterie-guitare, c'était pas un peu limité ? Notre musique intrigue parce qu'elle est nouvelle, et certains essaient de lui conférer des limites, des problématiques, mais c'est une évidence que de dire qu'un même instrument peut libérer plusieurs émotions... Je ressens des choses différentes quand j'écoute diverses chansons de SIMON ou HELMET.


La musique de MOPA est à la fois lourde et chargée d’émotion. Tu y chantes d’une manière très différente de celle qu’on te connaissait habituellement.
Est-ce que c'est ton chant qui s'adapte à cette nouvelle aventure ou avais-tu envie de t'exprimer comme ça depuis quelques temps ?

Ca s'est fait en 2 temps. Avant Ross, et après Ross. Avant, les règles étaient claires : uniquement du cri. C'était un concept. Un projet. En se fixant des règles de composition, on repousse du coup souvent ses limites artistiques. C'était le but. Extrême. Violent. Agressif. En travaillant avec Ross, j'ai appris à exprimer plus de choses sans rentrer dans la peau d'un personnage. Je suis plus entier. Il n'y a plus de règles. Il n'y a plus de concept prépensé. C'est maintenant plus sauvage, plus viscéral. Il n'y a que nous. Nous, au plus profond. Je pense aujourd'hui savoir exprimer une même détresse, une même violence, sans obligatoirement crier. Ou à l'inverse, évoquer autre chose que de la violence avec un cri, même plus, une libération, une force, une source. Rien à voir avec le fait de policer le propos avec de la voix claire, car le résultat est au final expérimental quelque part, et très extrême dans les cris. Des passages sont excessivement violents et malsains. Juste qu'aujourd'hui le champ est possibles est encore plus vaste qu'avant. Le fait de découvrir une voix qui est le résultat de quelque chose de strictement personnel, affranchi de toute influence prégnante, de toute imitation inconsciente, tout cela est assez déstabilisant au début. Mais c'est peut-être la plus grosse avancée artistique que j'ai fait niveau chant en 14 ans.


A peine MOPA commençait-il à buzzer qu’on apprenait que vous alliez enregistrer aux Etats-Unis avec le légendaire Ross Robinson (Korn, Sepultura, Slipknot). Comment avez-vous été mis en relation avec lui ?
On l'a addé sur MySpace, comme 12000 personnes. Le lendemain, il nous envoyait un message. Il nous demandait comment il "pouvait nous aider" car il trouvait notre musique "magnifique". Après les messages myspace, les mails, puis les coups de téléphone. On a cherché des financements partout. Tous les labels européens nous ont refusé des financements pour aller là-bas. Seul KERTONE PRODUCTION, des producteurs français, ont eu les couilles de financer le projet. Le 1er juillet 2008, on atterrissait à Los Angeles pour enregistrer le premier album de MOPA.


Sur votre page Myspace il y a plusieurs extraits de votre périple aux USA. Comment avez-vous vécu ce qui s’apparente à un « American Dream » ?
C'était fou. Deux mois dans un grand loft au bord de l'Océan Pacifique à Venice Beach. Avec le producteur qui a modelé des icônes que tu respectes depuis que tu es minot : KORN, SEPULTURA, THE CURE, AT-THE-DRIVE-IN, GLASSJAW...
Quand on sortait, c'était sur les mêmes lieu que dans « The Big Lebowski », « American History X », « Romeo et Juliette », « The Doors »... Tu es dans un film. Mais c'est toi dedans. Je pense que si tu n'es pas armé, stable dans ta tête, avec des garde-fous, tu peux vite dérailler psychologiquement. C'est tellement fou et extrême.
On se dit qu'on est très chanceux mais en même temps, on s'est battu pour avoir ça. On a cravaché. Et dans la musique ça fait 14 ans qu'on mange du taboulé. Donc si un jour, au bout d'un moment, on peut récolter quelques fruits sympathiques par rapport à toutes les graines qu'on a tous semées, ce n'est pas volé non plus. C'est ce que tous les Ricains nous ont répété là-bas. Notre musique n'est pas un coup, un one-shot. C'est un processus longuement réfléchi. C'est du boulot, de l'écriture, de la répét, de la compo, de la remise en question, de la mise en danger...


Les musiciens qui ont enregistré avec Robinson ont parfois souligné le caractère spécial de ses méthodes. Robb Flynn disait qu’il le trouvait un peu cinglé et Jonhatan Davis racontait qu’un jour il l’avait griffé.
Sur les vidéos, on a pourtant l'impression que Robinson est très calme. Comment as-tu trouvé le personnage ?
Il est calme et violent à la fois. En enregistrant avec lui, je me suis parfois dit : "je comprends maintenant pourquoi certains ne veulent plus enregistrer avec lui"... Pourquoi certains le trouvent cinglé, pourquoi il en effraie carrément d'autres. Moi, il ne m'a jamais effrayé. Il a des méthodes extrêmes mais qui sont basés sur la psychologie, pas du tout sur la technique. C'est en cela que lui et moi, ça a bien fonctionné en terme de travail. Il te pousse dans tes retranchements. Il va te faire penser à des choses étranges. Il va rentrer dans ton texte, il va te demander d'y rentrer, jusqu'au cou, de le défendre à 800%, de ne jamais tricher, d'être, plus que de simplement chanter. J'ai adoré cette vision entière, à la fois sensible et violente, de la musique. Je la partage beaucoup. Il ne te gueule pas dessus pour te gueuler dessus. Il te gueule dessus pour que tu ne mentes pas, quelque part pour "être" quelqu'un de meilleur. C'est en cela que ça ne m'a jamais dérangé. Ça m'a toujours fait avancer. Me dépasser. Me retrouver.


J’ai vu Psykup à plusieurs reprises sur scène et j’ai pu constater que tu étais quelqu’un qui ne mâchait pas ses mots et qui n’avait pas sa langue dans sa poche.
Tu as écrit avec Psykup des textes un peu polémique comme « Rock n'roll assitance » par exemple.
Vous avez eu aussi à l'époque des problèmes avec Enhancer qui voulait vous « péter la gueule » à cause de votre morceau « l'ombre et la proie ». Arrives-tu à trouver dans l'univers de MOPA cet esprit un peu provocateur qui semble t'avoir toujours habité dans ta vie de compositeur ?

Le fait de virer toutes les guitares et toutes les basses dans un milieu très sclérosé comme celui du métal ou du HxC, appelle ça comme tu veux... C'est déjà un bras d'honneur pour certains. La provocation, elle est déjà là. Plus ça va, plus cette provocation, j'ai pas envie de la faire de manière frontale et explicite.
Parler de ENHANCER était avec du recul une grande perte de temps. Parler avec eux encore plus. Aujourd'hui, je n'ai pas envie de tout ça, j'ai envie de parler de l'art, le vrai. J'ai envie de faire de la musique, et la manière dont je la fais sera elle-même polémique tant je veux qu'elle soit personnelle, et du coup, par définition et sans aucune prétention, unique. Unique parce qu'il n'y a pas 2 "moi" sur Terre, et c'est valable pour tout le monde ! Pas de mégalomanie là-dedans ! Mais il est sûr que le message est inclus dans notre musique, plein de choses nous cassent les couilles dans le monde de la musique... c'est pour ça qu'on fait différemment !


Tu sembles être quelqu’un qui a le sens de l’humour. Etant donné que MOPA ne prête pas forcément à rire as-tu fait le deuil de l’humour en musique ?
Héhé ! Bonne question... Louis De Funès était quelqu'un de très austère au final, là où Winston Churchill était apparemment quelqu'un de très drôle et très ouvert. On peut être quelqu'un de plutôt "positif", comme ce que j'espère être, et exprimer de la tristesse, de la souffrance, du mal-être... car j'ai toutes ces fêlures-là en moi. Les chanter m'aide à les combattre. Et si ça peut peut-être aider d'autres gens en même temps, c'est excellent... Après, sur scène, c'est sûr que je serai peut-être frustré au bout d'un moment, entre MOPA et AGORA FIDELIO, de ne pas pouvoir sortir des grosses vannes débiles... mais bon, je monterai un groupe de punk rock d'ici 3 ans. On reprendra que du NOFX et je ferai que des chansons sur les chaussettes du batteur qui puent, sur les kebabs, sur les parties de foot entre quatre blousons...


Vous allez bientôt jouer en première partie de Metallica aux arènes de Nîmes. Jouer en première partie des « patrons » ne te fait pas un peu flipper ?
Pas encore. Je flipperai sûrement quand j'entendrai "Enter Sandman" aux balances. Mais j'aborde ce concert avec sérénité et philosophie. On n'a pas acheté notre première partie. On sait pourquoi on est à cette place. On ne l'a pas volé. A personne. La présence de LAMB OF GOD et MASTODON n'ont pas été validés auprès du management de METALLICA. La présence de MOPA l'a été. Je ne sais pas les tenants et les aboutissants, mais je me dis que je suis juste heureux de jouer d'abord dans un lieu aussi beau, et chargé d'histoire, ancienne ou récente, que les Arènes de Nîmes, et d'autre part de jouer avec les "patrons" comme tu dis... On est à 2/3 fans dans le groupe ! Moi, le premier, j'ai eu le "Nothing Else Matters" en single, le "And justice For All…" en cassette... Yohan a même un vieux T-shirt qui date de 1515... C'est un honneur. Qu'on aime ou qu'on n'aime pas METALLICA, c'est un honneur. C'est un groupe respectable, un groupe à respecter.


Une dernière question un peu plus fun :
Sur le dernier DVD de Psykup « En vivre est un problème » on t'entend dire « le monde se divise en deux parties : Les uns écoutent Metallica… et les autres écoutent Metallica ». Sachant que tu es assez fan de cinéma j'avais l'impression que c'était un clin d'œil aux phrases de Tuco dans « Le bon, la brute et le truand ». Aurais-tu imaginé à ce moment-là que tu jouerais un jour en première partie de Hetfield and Co ?
Haha ! Je suis pas si fan de ciné que ça... En tout cas, pas si connaisseur que ça. Mais oui, c'était en effet une référence western, parce que ces phrases-là respirent la philosophie machiste du fumeur de tabac brun imbibé de whisky... Des fois c'est sensé. Des fois, faut chercher le sens... Et je dois l'avouer aujourd'hui, bien sûr je ne me projetais pas dans un tel cadre, quelques années plus tard, et non, il n'y a aucun sens caché profond dans ma phrase. C'est juste de la pure merde ! A part que, au final, oui, tout le monde écoute METALLICA, qu'on le subisse ou qu'on le décide !


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