Le nouveau cri de douleur des Allemands nous montre un DISBELIEF plus déchiré que jamais, même si musicalement on reste un peu sur notre faim. C'est dans les textes de Karsten Jäger qu'il faudra aller chercher cette souffrance dont le groupe a fait sa marque de fabrique, et c'est justement ce dernier qui répond à nos questions...

VS : Hello! Quand j’ai interviewé Jochen il y a deux ans, je lui ai demandé d’ajouter VS à la liste des magazines en liens sur votre site Internet, il m’a promis de le faire et il l’a FAIT. Donc, une nouvelle fois, merci!
Ma première question est celle-ci : deux ans après sa sortie, peut-on parler de « Navigator » comme d'un succès, financièrement parlant?
Karsten : Pour « Navigator », tout ne s'est pas vraiment passé comme il faut pour nous : on a eu des problèmes avec l'agence de booking, avec le clip, avec la promo, avec la tournée. Donc on ne peut pas dire que « Navigator » ait été un succès financièrement parlant mais ça va bien depuis.

Nous avions laissé DISBELIEF au beau milieu d’une mer déchaînée, et il semble que votre voyage vous ait mené au plus profond de cette mer… en enfer ? Ne verrez-vous donc jamais le moindre rayon de lumière dans votre existence ?
Parfois il semble que le monde va de mal en pis. Toutes ces mauvaises nouvelles qu'on peut entendre ou lire chaque jour dans les infos, et je ne parle pas des guerres qui font rage chaque jour. Ce sont les personnes qui vivent dans ce monde qui le transforment en un véritable enfer.

Une fois encore, la symbiose entre la musique et les paroles est très forte, mais cette fois, on dirait que tu souffres plus que jamais, comme on peut le constater dans tes paroles très tourmentées,
et que la musique répond à cette souffrance par plus de brutalité au lieu d'être également torturée, comme auparavant.
Oui, c'est vrai. Les paroles et la musique sont de plus en plus en communion. Peut-être qu'une des raisons pour cette souffrance exprimée dans les vocaux est que j'ai passé plus de temps que d'habitude sur les textes. Je me suis beaucoup informé sur Internet à propos de thèmes que j'utilise dans mes paroles. Quand je hurle à propos de mauvaises personnes, je suis toujours très en colère et ces recherches m'aident à transcrire ça de la meilleure façon possible dans les chansons. C'est toujours une revanche pour moi de pouvoir me servir de ces histoires tordues.

Tout l’album ressemble à un appel à l’aide, des premiers vers que tu hurles (« I’ve Searched for a place to hide ») à quasiment les derniers.
Quelques textes donnent même l'impression d'avoir été écrits par quelqu'un qui n'a plus toute sa raison (« The Dark Soundscapes » par exemple)… Te sens-tu plus mal qu'avant ? Quelles sont les raisons d'une souffrance aussi intense?
Mes propres expériences ou celles d'autres personnes qui me les racontent m'inspirent ou m'impressionnent. Parfois elles me font si mal que je dois me servir de mes textes pour les digérer.
Par exemple, les paroles de « The Dark Soundscapes » dans lesquelles je dis que des gens parfaitement normaux vivent dans une sorte d'enfer parce qu'ils se battent tous les jours contre les mêmes paroles qu'ils entendent dans leurs rêves ou dans la réalité. Ils sont toujours emprisonnés avec leur passé et ce qui leur est arrivé.

Jochen m’a dit il y a deux ans que vous alliez développer le chant clair dans le futur, mais on ne trouve qu’une seule chanson au chant clair sur l’album. Est-ce que ça ne convenait pas aux nouvelles compos ?
En ce qui me concerne je trouve qu'on l'a pas mal développé, parce que j'ai utilisé sur 70% des chansons deux pistes de chant clair sous ma voix « hurlée » et je suis très satisfait du résultat. Ça donne à ma voix une autre dimension et ça rend les mots plus distincts, ce qui était une exigence de ma part concernant l'enregistrement. Je voulais que les paroles que je prononce soient parfaitement articulées, c'était très important pour moi

Quelle est la signification d’une chanson comme « One Nation’s Son »? Plus précisément, qu’est-ce-qu’un « enfant de la nation » ?
Quelqu'un qui décide de devenir soldat, voilà ce qu'est un enfant de la nation. Chaque soldat peut être une victime de la guerre et parfois les soldats meurent dans une embuscade ou à cause d'ordres insensés qui les condamnent dès le début. Dans cette situation, quand tu es étendu à terre, que tu vas rendre ton dernier soupir, peut-être penses-tu mourir pour un pays ou un président, mais ils s'en tapent et te chieront dessus. Ils te laissent crever sans aucune raison. De tous temps être soldat a pu faire rêver, mais au final je pense qu'il serait préférable de rester chez toi avec ta famille plutôt que d'aller sur un champ de bataille où tu pourrais te faire tuer.

Vous avez récemment trouvé un nouveau guitariste, Alejandro Varela, qui vient d’Espagne. Comme vous l’avez écrit dans votre blog MySpace, ça lui fait une belle trotte pour venir répéter !
N'y avait-il aucun guitariste plus proche de l'Allemagne ???
Nous avons reçu beaucoup d'autres réponses intéressantes émanant de guitaristes intéressés par le poste. Alex a été choisi parce qu'il a la même attitude professionnelle que nous. Je ne sais pas pourquoi, mais je pense que beaucoup de musiciens allemands ne sont pas prêts à faire de sacrifices pour la musique alors qu'Alex les fait. Et pour ça, il a gagné tout mon respect.

Désirez-vous en faire un membre permanent de DISBELIEF? Sur quels critères sélectionnez-vous un musicien ?
Actuellement tout se passe vraiment bien avec lui dans le groupe, donc je pense que nous formons une bonne équipe qui, je l'espère, le restera longtemps, sans aucun changement.
Nous cherchions un guitariste qui voudrait également être un membre à part entière du groupe et s'y impliquer.
Un caractère facile est également très important, de longs cheveux si j'ai le choix et bien sûr qu'il sache jouer parfaitement de son instrument.

En cherchant des infos avec les mots clés “Alejandro Varela” sur Internet, j’ai trouvé qu’il avait été nommé directeur d’EMI Argentine en 1992…
Mais je suppose que ce n'était pas VOTRE Alejandro :o) Donc, quelle est sont histoire ? Avait-il un groupe en Espagne ?
Alex a joué pendant 15 ans dans un groupe de reprises en Espagne pour gagner de l'argent. Après ça, son plus grand souhait était de jouer dans un vrai groupe et il a donc répondu à nos annonces. Il joue également dans un groupe qui s'appelle DARK EMBRACE, dans lequel il a acquis pas mal d'expérience aux côtés de groupes comme SEPULTURA ou AMON AMARTH.

Tu as chanté sur un des morceaux du nouveau GRAVEWORM. Chantes-tu sur toute la chanson ? Est-ce que c’est le groupe qui t’a contacté ou est-ce Massacre, votre label commun, qui a arrangé le coup ?
Ce truc avec GRAVEWORM est basé sur les bonnes relations que nous entretenons avec eux. Nous avons tourné ensemble l'année dernière à travers l'Europe et mon pote Eric, le guitariste de GRAVEWORM, m'a appelé en début d'année pour me demander si j'étais partant pour écrire les paroles d'une de ses nouvelles chansons.
Il m'a dit que cette chanson lui rappelait un peu DISBELIEF et qu'il voulait que je sois le chanteur principal, avec Fiori, le chanteur de GRAVEWORM, pour les backings. Après avoir écouté le morceau, j'ai eu beaucoup de bonnes idées pour les vocaux et les paroles, donc j'ai commence à bosser dessus.
J'ai ensuite rendu visite au groupe en studio pour enregistrer le morceau et je l'aime beaucoup. Il s'appelle « Forlorn Hope ». Au fait, on en a profité pour enregistrer une reprise de POLICE, « Message in a bottle », qui déchire !

Avez-vous déjà pensé à enregistrer un album de reprises ? Vous avez déjà repris SLAYER et KILLING JOKE il y a quelques années, mais quels autres groupes aimeriez-vous reprendre ?
Hey, tu risques de voir ça bientôt! Nous prévoyons de sortir un album de reprises en fin d'année ou en début d'année prochaine pour les 20 ans de DISBELIEF. En ce moment nous rassemblons des morceaux de groupes que nous aimons, comme VOIVOD, KILLING JOKE, THE BEATLES, DARK ANGEL, MORGOTH. Je pense que nous aurons un beau panel de chansons quand ce sera terminé. On les testera dans notre local de répétition, et on verra ce que ça donnera.

Merci pour tes réponses ! As-tu quelque chose à dire à vos fans francophones ?
Bien sûr, salut les métalleux français, on espère vous revoir bientôt ! Eclatez-vous et prenez du bon temps avec PROTECTED HELL, à plus !!!

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