Track by track interview pour la sortie de "Lazarus"

Titre de l'album :
La grande partie de "Lazarus" a été écrit entre 4h00 et 10h00 du matin, j'ai pris un rythme d'enfer pour composer cet album et du coup je trouve que les morceaux ont été touchés par ce rythme de vie. C'est l'album le plus sombre que nous ayons fait, le plus pesant et en même temps j'y retrouve une certaine sérénité, c'est assez contradictoire des fois...
A partir de la matière musicale que j'ai posée nous avons essayé avec Sam de suivre l'évolution des morceaux et d'y retranscrire une histoire qui se découpe en chapitre.
Lazarus vient du ''syndrome de Lazare'' (cas de mort clinique qui ''revient'' à la vie avec une perception biaisé de la réalité), et nous avons utilisé cette métaphore pour décrire pas à pas un personnage qui cherche l'éveil (awakening), les morceaux correspondent aux différents états que notre personnage connaît lors du déroulement de cette histoire.
Lazarus correspond donc à l'état d'esprit de la musique ainsi qu'aux paroles, c'est pour cela que l'on parle de concept album.

Artwork :
Alex a juste écouté les pré-maquettes qu'on lui a envoyées, c'est tout...
Nous ne l'avons pas aiguillé, il a fait ce qu'il lui semblait le plus coller à l'esprit de la musique et je trouve que c'est très réussi!
Comme l'album décrit les différentes phases émotionnelles, intellectuelles et psychologiques d'un personnage, je trouve l'aspect anatomique de l'artwork parfait pour imager tout ça. Comme si nous rentrions dans la tête d'une personne pour voir ce qui s'y passe (rires). C'est Ben qui a trouvé ce mec bourré de talent, allez voir ce qu'il fait en parallèle c'est monstrueux, son lien est sur notre page myspace.

Production / Studio :
Encore une fois nous avons pris Franck Hueso avec nous pour l'aventure. On ne s'est pas trop posé la question c'est la personne qui connaît le mieux notre son et nos envies et comme c'est un pote, on sait qu'on peut le pousser à bout (rires), ce qui était le cas pour cet album. Nous recherchions un son particulier, qui sorte un peu du chemin ''trig-compression démesurée'' qui commence à être fatiguant à force. On en a parlé avec Franck qui était évidemment à fond dans le trip ''naturel'' et c'est pour cela que nous sommes partis au Loko studio avec Franck et Marco Casanova qui l'a secondé, nous voulions la batterie la plus naturelle possible, une vraie batterie quoi!!
Tout c'est super bien passé jusqu'au moment où la direction du son est vraiment partie sur une vision ''à la Tool'', nous étions un peu paumés à vrai dire (rires), il fallait trouver l'équilibre entre un son rock naturel et un son métallisant qui envoie ce qu'il faut quand il faut, avec le plus de dynamique possible. Je crois qu'on y est arrivés, en tout cas je trouve le son de "Lazarus" super agréable, on est assez fier de cette autre prise de risque.

Musique, Cinema/DVD, livres, jeux ?
Je ne sais pas ce qu'écoutaient les autres mais personnellement rien du tout, surtout pas d'ailleurs (rires) je pense qu'il faut être le plus objectif possible quand tu produis un album, le moindre son que t'écoutes t'influence forcément, donc pas de musique.
Je ne joue à aucun jeux, et je ne crois avoir beaucoup regardé la télé ou avoir vu des films pendant cette période, c'était assez intense!! du point de vue lecture pas grand-chose excepté des journaux d'actualité pour éviter d'être complètement déconnecté de la réalité (rires), mais rien d'autres a priori...
Quand t'es en studio et que tu fais du 8h00/1h00 du matin, tu ne penses qu'à l'album, le reste passe à côté pendant ce moment-là.

Track by track
1. TO WALK AMOG THEM
Notre prologue à "Lazarus", une introduction en clavecin faite par notre ami Antoine Souchaud, un morceau de 15 minutes qui affiche la couleur, ou plutôt les différentes couleurs de l'album.
C'est le premier morceau que j'ai composé, il a été écrit comme une musique de film, comme la totalité de l'album d'ailleurs. Ce morceau d'entrée est une grosse prise de risque, c'est d'ailleurs pour cela que nous l'avons mis en premier, nous voulions rompre avec une mentalité qui vise à tout prix les structures basiques de la musique. On voulait un album progressif, peut-être moins tape à l'oeil que les précédents mais beaucoup plus riche et intelligent du point de vue de la gestion des émotions, et je trouve ce premier morceau très organique et très honnête. Sam a réussi à retranscrire cette sincérité au chant.

2.ACT OF GOD
Peut-être notre morceau le plus ''rentre-dedans'', il existe une atmosphère très ''blacky'' tout du long associée à un tempo très pesant qui écrase un peu l'auditeur. C'est le premier morceau où est intervenu Antoine Delavaud au piano. Il débute avec une série de riffs bien efficace et commence à se perdre vers le milieu de la structure dans des ambiances prog et un peu arythmiques.
Comme c'est le morceau le plus violent, il correspond au chapitre de la ''fuite'' du personnage, on a essayé de renforcer ce côté massif avec des samples très dissonants de manières à bien imager cette peur et cette course du personnage.

3. LAZARUS
Le chapitre de la paranoïa. C'est un passage clef de l'album du point de vue de l'histoire, il ferme la première partie de la narration, après la fuite physique c'est la fuite psychologique. Le personnage commence à s'apercevoir tout au long du morceau que c'est lui qui a changé et non pas les gens autour de lui. La structure suit cette logique, un tempo assez soutenu pour le début, imageant une sorte d'écrasement du monde extérieur et puis une phase de flou total avec une partie très ''Pink Floyd'' où on ne discerne plus très bien ce qu'il faut suivre. Cette partie du milieu fut totalement improvisée en studio par Olive (batterie). Le morceau finit par une coda très pesante avec des samples de voix que l'on ne comprend à peine, comme une sorte de délire psycho-paranoïaque.

4. PHENOMENON
Ce morceau fait figure de passerelle entre deux mondes, celui de l'essoufflement et de la fuite à celui de la résignation et de l'éveil. C'est une sorte de pause avec un tempo très lent, une mélodie de guitare très calme. Il est totalement instrumental, avec un son bien rock et bien massif. Certaines personnes diront qu'il existe des influences Isis ou Neurosis....
N'étant pas auditeur de ce genre de musique , je dirai que ce morceau s'inscrit plus dans la lignée d'un ''Ultima necat'' d'"Amoeba", mais en beaucoup plus sombre avec une atmosphère un peu plus macabre qu'à l'habitude.


5. A WORLD OF LIES
J'aime beaucoup l'atmosphère qui se dégage de ce morceau, très personnelle.
C'est un titre encore assez noir du point de vue des mélodies et en même temps il paraît très ''serein'', c'est assez particulier comme sensation en fait. Comme tous les morceaux de "Lazarus", ce morceau n'est pas à prendre indépendamment des autres. Chaque chapitre dépend des autres et inversement. C'était aussi le cas pour "Amoeba", mais nous avons vraiment forcé le trait pour cet album.
Toutes les atmosphères de cet album sont très intimistes, c'est peut-être pour ça que "Lazarus" est atypique, je pense qu'il divisera...

6. AWAKENING
Le chapitre du réveil du personnage, de l'éveil psychologique.
C'est très certainement notre morceau le plus progressif de l'album, il sonne très 70's, même l'aspect moderne est toujours très présent. Ce morceau est une bonne prise de risque, les atmosphères peuvent passer d'un Radiohead à un King Crimson en passant par un métal plus moderne et sombre. Je crois que beaucoup de personnes seront étonnées par ce morceau, c'est assez ''inhabituel'' pour nous d'évoluer dans ce genre de musicalité un peu plus ''pop''!

7. MY ENEMY
Notre final, notre titre le plus massif de l'album et celui qui était et qui est en écoute sur VS. Je laisse les auditeurs et les lecteurs de VS se faire une idée sur ce morceau.
Tout comme les autres titres de "Lazarus", ''My Enemy'' fait partie d'un tout, "Lazarus" a été composé comme une musique de film, il est donc difficile d'extraire une partie de cet album et comprendre tout ce que nous avons voulu transmettre tout au long de "Lazarus".
J'ai vu que les commentaires sur ''My Enemy'' étaient mitigés... je pense que c'est un album que tu adores ou que tu détestes, soit tu rentres dans le trip, soit tu décroches complètement. Nous n'imaginions pas un "Amoeba 2"!
Notre mot d'ordre est ''étonnons-nous nous-mêmes'' même si le prix à payer est la division de notre public. Nous continuerons dans cette lignée quoi qu'il arrive, c'est pour cela qu'aucun de nos albums ne se ressembleront et que nous donnerons tout ce qui est possible pour nous renouveler musicalement.