Frank Hueso - HACRIDE par VSGREG - 2162 lectures
Le nouvel album d'HACRIDE "Lazarus" fait partie des sorties françaises les plus attendues pour 2009. Rentrons dans le vif du sujet avec une interview de Frank Hueso qui s'est occupé de tourner boutons et manettes... et bien d'autres choses avec le groupe en studio.


Peux-tu tout d'abord nous en dire plus sur l'enregistrement en lui-même, sur les différentes étapes chronologiques qui ont permis d'aboutir à la réalisation de "Lazarus" ?
D'abord Adrien a composé les titres chez lui, enregistré les prémaquettes puis les a soumises à tout le monde. Et c'est à partir de là que les premières questions apparaissent (et qui seront nombreuses jusqu'à la fin d'ailleurs). Une fois que la couleur du disque et l'orientation prise par les compos s'est dessinée, on a commencé à réfléchir à ce qui serait le mieux pour le son de l'album. Du coup, je leur ai proposé d'enregistrer les batteries au Loko Studio en Normandie, qui bénéficie d'une bonne room pour avoir une batterie qui sonne. En plus il y a une grosse console de mix SSL, du bon matos, une bonne acoustique et le lieu est vraiment classe. C'était la première fois qu'on allait bosser dans un studio vraiment pro. Mais qui dit "pro" dit tarif en conséquence. Du coup le planning était serré et j'ai préféré que Marco Casanova (entre autres guitariste et gourou du groupe Cellule X, qui s'est occupé des samples sur l'album) vienne m'aider pour tout ce qui était Pro Tools et compagnie, il gère ça beaucoup mieux que moi, et on perdait ainsi moins de temps à chercher pourquoi ça ne marchait pas.
Avant d'aller au Loko, Adrien et Ben ont enregistré les guitares et basse en DI, branchées directement dans l'ordi, qu'on a ensuite reampé (c'est-à-dire que l'on a renvoyé les guitares enregistrées en son clair dans les têtes d'amplis et on a enregistré le résultat) après les prises batteries au Loko. On s'était dit qu'on ferait ça si Olive finissait à temps. Et comme il a assuré comme un chef, on a eu deux - trois jours supplémentaires pour boucler les reamp.

Après le Loko, Marco a bossé de son côté sur les sessions pour nettoyer les prises, faire le tri entre ce qui allait et n'allait pas et moi je bossais en parallèle chez moi sur les mises à plat pour commencer à trouver le son qui collerait. Une fois tout ça fait, on a enregistré avec Sam les chants chez Lionel, le boss du Studio 4, à côté de chez nous, pendant une dizaine de jours. Et de leur côté Adrien et Marco bossaient sur les samples de l'album. Quand j'ai tout récupéré, j'ai bossé pendant 15 jours sur le mix final. Ensuite nous sommes partis au mastering pour boucler tout ça. Finalement rien d'extraordinaire là-dedans, c'est à peu près ce qui se passe pour tous les groupes en général.


Comment as-tu abordé cette nouvelle expérience en studio avec Hacride avec qui tu collabores depuis leurs débuts ?
Comme la suite logique de tout ce qu'on a fait jusque-là. On était à la fois excités comme des gamins qui vont au Space Mountain, mais aussi flippés comme ces mêmes gamins une fois devant. L'album était encore plus ambitieux qu'"Amoeba". Le groupe voulait se détacher du côté Meshuggah ou Strapping et plutôt tendre vers un côté plus progressif et "rock". Du coup cette optique m'intéressait beaucoup plus, parce qu'à part Meshuggah tout le reste (ou presque) en métal me saoule. "Amoeba" était plus pour moi un défi technique, ou comment faire sonner un album metal. Celui-là c'était vraiment "comment faire pour que ça soit pas métal", héhé. Et le fait d'aller dans un gros studio me branchait carrément, j'allais tâter de la SSL comme on dit...


Quel type de relation entretiens-tu avec les membres d'Hacride ? Te sens-tu dans la peau du 5ème membre du groupe ?
C'est marrant comme relation parce qu'on est potes depuis un moment maintenant, donc du coup on trouve à la fois une relation amicale dans le boulot et une relation de travail dans l'amitié. Les deux se mélangent mais que dans leurs bons côtés. Ça m'est arrivé une fois en live de me rendre compte que j'avais pas mis la basse en façade pendant les 3/4 du concert. Ça nous a bien fait marrer, voilà, Ben m'en a pas voulu. J'ai juste changé les quatre pneus de ma caisse une fois rentré, héhéhé. On essaie de faire au mieux à chaque fois dans tout ce qu'on fait. De pousser au maximum pour arriver au meilleur résultat qui soit. Et même si c'est pas le cas à chaque fois, au moins on part de ce principe, tout en se laissant une marge d'erreur primordiale dans ce genre de relation. Donc pour répondre à ta question, oui j'ai un peu l'impression d'être le cinquième membre du groupe, mais je sais pas trop dans le fond ce que ça veut dire...


Quel a été ton rôle et ton apport au niveau de ce nouvel album ? Dans le même ordre d'idée qu'attend Hacride de ta part ?
Mis à part que c'est moi qui enregistre l'album et le mixe, mon rôle n'est pas plus défini que ça. J'interviens dès le début des maquettes pour donner mon avis. Je laisse toujours le choix au groupe de décider ce qu'il entend au final, mais j'essaie d'être le plus persuasif possible, héhé. Pour "Lazarus" j'ai vraiment insisté sur pas mal de choses, particulièrement sur la couleur du son. J'ai demandé des trucs précis à Adrien et Marco concernant les samples sans leur dire ce qu'ils avaient à jouer. Mais je leur ai demandé de pas trop la jouer pompeux dans les chœurs et violons par exemple, et de plus chercher dans le côté granuleux des sons. Ne pas faire de trucs trop cheap genre son de synthé à 3 euros typés Cyber-Metal. Par contre ils ont fait les notes qu'ils voulaient là où ils le souhaitaient. Et on a tout gardé à 99%. Je ne suis pas intervenu dans les compos des morceaux, mais plus sur le côté structurel des morceaux. Virer une partie par exemple. Mais ce boulot là a été fait une fois le disque fini. Je préfère enlever des riffs une fois qu'ils sont dans la boîte, ça permet de revenir dessus et de ne pas se priver d'un truc qui avec le recul aurait été excellent.
Du coup je ne sais pas trop ce qu'Hacride attend de moi. Du moins je ne me pose pas la question vu que tout se fait naturellement.


Quel est ton sentiment sur ce nouvel album ? On a parlé d'un approche beaucoup plus progressive ... d'un album qui commence par un titre de 15 minutes ...
Ouais alors là c'est très compliqué de répondre à ça pour la simple et bonne raison que j'ai eu le nez dedans pendant trois mois non stop et qu'il m'a (et nous a) rendu complètement dingue. Plusieurs fois j'ai voulu tout balancer par la fenêtre tellement je ne comprenais rien à ce qui se passait.
Ce qui est sûr c'est que c'est un album que tu adores ou que tu détestes. On peut pas le prendre juste sur un morceau. D'ailleurs c'est compliqué de choisir un titre pour les magazines, et encore plus dur de l'éditer pour qu'il ne dure que cinq minutes. Tout forme un bloc, une entité. Je pense même que c'est encore plus réussi à ce niveau-là que sur "Amoeba". Tout coule de source, mais rien n'est facile. Et clairement l'approche est plus progressive. Beaucoup plus cinématographique aussi, et d'ailleurs j'ai essayé de mixer ça comme une bande son de film, avec beaucoup de dynamique, jouant entre les passages forts et moins forts que les compos proposaient.


Quel a été le moment le plus difficile lors de cet enregistrement ?
Tout. Absolument tout a été difficile.
Ca n'a jamais été une partie de plaisir. Pas parce qu'on n'arrivait pas à faire sonner les instruments, ou bien parce qu'un des gars serait tombé malade. A ce niveau-là, tout a roulé. Mais c'est surtout qu'on s'est posé soixante mille questions sur tout et tout le temps. En fait le problème à la base est que l'on n'avait aucun point de comparaison par rapport à ce qu'on était en train de faire. Rien auquel se raccrocher pour voir si on était dans le faux ou pas et si ce qu'on faisait ressemblait à quelque chose. De plus comme on travaille en "famille", on reste en famille. Du coup pratiquement personne n'a écouté le disque ou les prémaquettes. C'est resté entre 6 ou 7 personnes jusqu'au bout. Cela évite de se faire influencer sur nos choix, mais du coup on a plus de mal à les assumer. Et puis jusqu'au moment où on s'est dit "allez merde on fera comme ça". Et tout s'est déclenché pendant les 15 derniers jours, où j'ai pris cette direction-là dans le mix, dans le son, etc, mais avant d'en arriver là, j'ai dû faire 40 mixes différents d'un même morceau, mais ça ne marchait jamais. Au final on a préféré choisir un son qui existait par lui-même, qui sonne comme il sonne, et qui n'essaie pas de singer les clichés dans le genre. C'est vrai que tout n'est pas parfait techniquement, il y aura forcement quelque chose à redire, que c'est pas le plus gros son de la Terre, que la grosse caisse n'est pas assez triggée ou que les grattes sont pas assez ceci cela. Mais qu'importe, on a le sentiment que le disque sonne vrai et respire.

On a même refait faire le mastering qui était trop compressé, la course au volume encore une fois, pour un truc beaucoup plus soft, plus respectueux de la dynamique et qui au final sonne moins fort que n'importe quelle prod surboostée qui te met une claque sur un sampler mais une migraine si t'écoutes tout l'album.


As-tu quelques anecdotes à nous confier vis-à-vis de cet enregistrement ?
Pas vraiment en fait. On était assez concentré pendant toute la période de l'enregistrement donc on n'a pas fait les cons. C'est pas pour autant que nous étions des cadavres, mais je n'ai pas souvenir de trucs super poilants à raconter qui feront aussi marrer ceux qui n'étaient pas là. Je me souviendrai quand même d'Oliv en train de finir sa china à la perceuse...


Quel producteur recommanderais-tu à Hacride s'ils avaient un budget illimité pour enregistrer leur prochain album ?
Eh bien si le budget est illimité je dirais... moi ! héhéhé... Sinon je serais curieux de voir ce qu'un Joe Baresi ou David Bottril ferait. Ca serait forcement classe.


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