himself - STEVEN WILSON par KARADOK - 2163 lectures
Conditions de l’interview : vendredi 23 janvier 16 h 30 par téléphone. Steven Wilson est de passage à Paris pour la promo d’"Insurgentes", son premier album solo. A 16h30, le téléphone sonne et Flo me prévient que l’interview va être décalé de 20 minutes car Steven n’a pas mangé et il souhaite se restaurer avant. Enfin, à 17 h, le téléphone retentit et après avoir réglé quelques problèmes techniques, c’est parti !


Salut Steven! Je suis Karadok de VS. C’est un grand plaisir de faire cet interview avec toi.
Je ne te ferai pas l'injure de demander de te présenter car tout le monde sur VS sait qui tu es et la plupart d'entre eux apprécie ta musique. L'actualité est calme en ce qui concerne PTREE et les lumières sont plus particulièrement braquées sur toi et ton premier album solo. Ressens-tu une pression différente et comment vis-tu cette situation ?

Bien. Je me sens très bien. Je considère que c'est un nouveau départ très différent de mon travail avec le groupe et je ne voulais pas que cela soit pris comme un énième side-project. A cause de mon passé et de tous les sides auxquels j'ai participé. Je voulais enregistrer un album qui sonne davantage comme Steven Wilson et moins comme PTREE. Donc, il est normal que l'attention soit plus dirigée sur moi. Ça me va.


Donc pas d’inquiétudes spéciales ou la crainte que le débat ne dévie inévitablement vers PTREE?
En effet, ça peut être un problème. Certains vont immédiatement s'empresser de comparer cet album avec ce que je fais avec P.T parce que ce groupe est aussi une large part de moi-même. Mais je le redis, pour moi, c'est le début de quelque chose de nouveau.


Steven, je ne t’apprends rien mais depuis que tu as annoncé que tu travaillais sur un album solo, les choses se sont mises à devenir un peu folles autour de cet évènement.
Le net est entré en ébullition. Il y a eu comme on dit un « énorme buzz ».
(Rires de Steven)

Sais-tu Steven qu'il y a un dicton à ton propos?

Non !

On dit que, au regard de la scène rock métalc tu es une sorte de Midas.
(Silence !)


Penses-tu que cela soit excessif ?
Je suis un touche à tout. J'aime m'impliquer dans différents projets et à plusieurs niveaux.
On m'associe souvent au métal progressif, et cette impression est renforcée par ma participation sur des albums de groupes comme Opeth, etc...
Mais en fait, une chose que j'essaie toujours de faire est de varier l'étendue de ma créativité ; j'aime écouter des musiques diverses et très différentes, je ne me contente pas d'un style et cela enrichit ma façon de composer.
En fait le groupe n'est qu'une partie de ma personnalité musicale. "Insurgentes" se veut plus personnel, non pas que les autres ne le soient pas, mais je l'ai conçu en laissant s'exprimer d'avantages de facettes encore inconnues de ma musique et c'est pour cela que je tenais à y mettre mon nom et seulement mon nom.


Puisque tu l’évoques, parlons un peu plus de ce qui est l’objet principal de cet interview: "Insurgentes".
Je dois confesser que je n'ai pas assez de recul pour être complètement objectif à propos de cet album car je ne l'ai écouté que la veille de cette interview. Aussi, pardonne-moi cet inconvénient. Je resterai donc sobre et modéré : c'est juste un chef-d'œuvre !

(Rires gênés !)

Soyons sérieux ! Que peux-tu nous dire à propos de la signification du titre de l'album et de ses énigmatiques références hispaniques ?

Eh bien, une chose et c'est une chance que m'apporte ma musique, c'est l'opportunité de voyager. J'ai fait de nombreuses tournées internationales. Nous sommes allés au Mexique, en Scandinavie, en Europe, en Australie, etc…
Et si vous décidez d'enregistrer sur les routes de nouvelles compositions, le voyage s'invite dans votre musique et vous y intégrez toutes ces expériences. Votre ressenti est différent votre humeur aussi.
Mais parmi toutes ces expériences et tous ces voyages chargés en impressions diverses, en images, il y a un lieu qui m'a marqué plus que tout autre. C'est au Mexique, à Mexico City plus exactement. C'est la plus grande ville de ce pays et une des plus grandes métropoles au monde. Et au cœur de cette ville, la traversant de part en part, il y a « l'Avenida de los Insurgentes ».
Le titre de l'album tient son origine de cette avenue, la plus longue avenue de Mexico où une partie de l'album a été enregistrée. Elle est chargée d'histoire et de symboles liés à la rébellion mexicaine et le parallèle avec cet album était intéressant, car en y réfléchissant et à ma manière j'ai toujours été une sorte de ''Rebelle'' dans le milieu musical.
Dès mes débuts, je n'ai jamais adhéré aux standards de l'industrie du disque. Mes méthodes sont non conventionnelles (je suis pour l'autoproduction etc..) et je ne suis pas le mouvement général. C'est pourquoi je me considère comme un artiste ''underground'' en quelque sorte et c'est de cette façon que j'ai choisi de faire ma musique.


Cet album est très différent de ce que tu as fais précédemment mais la touche Steven Wilson est indéniablement reconnaissable. On y découvre beaucoup de choses étrangères à ton univers musical et en même temps il y a une patte familière.
Oui, absolument. C'est un dessin d'ensemble, une sorte de synthèse de mon style musical.
Quand on écoute Blackfield, No-Man, etc. on trouve des différences dans la manière de composer, des nouvelles sonorités etc., mais je ne peux pas et je ne veux changer ma personnalité profonde musicale, j'essaie seulement de faire entendre un autre Steve Wilson aux auditeurs.
Cet album solo c'est en quelque sorte la première « encyclopédie » des mes humeurs créatrices.


"Insurgentes" est aussi par certains côtés plus sombre et mélancolique et par d’autres plus avant-gardiste ou expérimental et complexe que tout ce que tu as produit durant les 10 dernières années.
(Excepté peut-être Nil Reccuring). Cela correspond-il à toutes ces idées que tu ne pouvais pas développer et concrétiser avec le groupe ? (PTREE bien sûr).
Oui, même si j'ai écrit la plupart des titres de PT, les choses sont assez différentes quand je suis avec le groupe. Nous avons appris à nous connaître et chacun a ses préférences et goûts en matière de musique qui correspondent à autant de personnalités différentes. Et j'en tiens compte lorsque je compose les morceaux. Cela influence mes choix.
Sur cet album, j'ai développé des idées plus personnelles, laissé un peu plus libre cours à des désirs encore non dévoilés. On y trouve plus de bruitages, du son pur et naturel, du son industriel par moment, du son plus métal comme une guerre de son (en anglais dans le texte « war of noise »), il en ressort une certaine brutalité mais aussi un côté simple (référence à l'intro d'un morceau – une envolée au piano).
Je trouve fantastique que les émotions se succèdent dans un morceau, que ce soit fait avec simplicité ou complexité. Je fais un parallèle avec le cinéma ; tout comme le cinéma, la musique peut faire partager des émotions, entraîner et porter l'auditeur, on raconte des histoires susceptibles d'interagir avec notre humeur, que ce soit la mélancolie, la joie, ou même la colère. On passe de l'un à l'autre à chaque chanson ou au sein d'une seule et même chanson. Il y a donc cette idée de contraste marqué et extrême.


Sans doute as-tu remarqué qu’à aucun moment je n’ai utilisé l’expression “rock progressif” te concernant.
Personnellement, je la trouve trop limitée pour décrire la musique que tu composes que ce soit avec PTREE, Blackfield, No-Man, Bass Communion etc et bien sûr en solo. Je crois que toi aussi tu désapprouves cette classification ?

Oui, en effet, elle est trop réductrice. Je ne fais pas de musique pour telle ou telle catégorie de fans ou de public. Ma musique peut et doit s'adresser à tous. Enfin, c'est le but que je poursuis même si je suis conscient que cela n'est pas toujours possible.


De nombreux musiciens ont participé à l’enregistrement d’"Insurgentes". 9 si j’ai bien compté plus un ensemble à cordes.
Est-ce qu'il n'a pas été trop difficile de manager autant de monde pendant l'enregistrement et notamment des individualités aussi fortes que Theo Travis (flûte et clarinette), Jordan Rudess (grand piano) ou Tony Levin (basse)??

Non, en fait c'est exactement l'opposé.
Ce fut vraiment '' très fun''. C'est toujours une expérience enrichissante de travailler avec de musiciens comme eux ; à vrai dire j'avais déjà une idée assez précise de la façon dont je voulais que mes nouvelles compos soient interprétées et enregistrées. Et même s'ils n'ont quasiment pas participé au processus d'écriture et d'arrangement, ils ont à leur manière et de par leur personnalité et leur talent respectif, apporté une contribution inattendue à la conception de cet album.
Nous avons pris beaucoup de plaisir, et c'est toujours le cas quand j'enregistre un album, que ce soit avec mon groupe ou d'autres musiciens ; le partage et l'échange sont au centre de la conception de tous mes albums même si sur ce dernier je voulais y mettre un peu plus de Steve Wilson, avec de nouvelles facettes et de nouvelles sonorités.


En tant que frontman et leader, que ce soit sur scène ou sur DVD, tu donnes l’impression d’être une personne plutôt tranquille, timide, repliée sur toi-même.
Alors qu'en interview, tu sembles plus disert, plus ouvert. Il y aurait-il 2 Steven Wilson, le premier, l'artiste public qui préfère exister et s'exprimer au travers de sa musique et un second qui en privé serait plus extraverti ?

Oui en quelque sorte, ce n'est pas quelque chose que je contrôle mais, c'est indéniable, il y a une grande différence entre la confrontation et l'échange avec les autres sur scène et en face à face. Ce sont deux dimensions que j'essaie d'apprivoiser un peu plus chaque jour, sur scène c'est assez inconfortable, parce que je n'avais pas prévu d'être chanteur et « frontman ». En fait, cela s'est fait par nécessité au début, et même si ce fut difficile pour moi, au final, c'est vraiment une sensation « fun » et c'est un bon exercice pour le timide que je suis.
A dire vrai je pense que c'est difficile pour tout le monde et chacun fait au mieux avec sa personnalité, j'apprends année après année. Tu vois par exemple, je n'aurais jamais imaginé à mes débuts discuter avec un inconnu comme ça au téléphone pour parler de moi et de ma musique. Mais vraiment, c'est exaltant et « fun » (NDLR : décidément il adore cette expression) et maintenant j'ai appris à apprécier ce genre de situation, à avoir confiance en moi et à faire confiance aux autres.


Ok. Merci Steven pour ta disponibilité et ton accueil. Je te souhaite bonne chance pour la sortie d’"Insurgentes".
Personnellement, je ne me fais aucun souci pour ça. Ce sera sans doute un grand succès. As-tu quelques mots pour les lecteurs de VS ? Ils sont habitués à de la musique plus « sauvage » mais bon nombre te gardent une place dans leur playlist.

Disons que je souhaite qu'ils abordent cet album avec un esprit ouvert, parce que c'est de cette façon que je l'ai conçu.


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