Les geeks, c'est chic! Non contents d'avoir sorti une des meilleures galettes de l'année avec le fantastique "Board Up The House" et d'être en passe de devenir une future référence dans le monde des musiques violentes et frappées, voilà que GENGHIS TRON, ou plutôt son guitariste Hamilton, prend le temps de répondre à nos questions entre deux dates...

Il y a eu beaucoup de chemin parcouru depuis le EP "Cloak Of Love". Qu'est-ce qui vous a poussés à produire une musique moins "joyeuse"?
C'est marrant que tu dises ça, parce que je pense que "Board Up The House" est un poil plus joyeux que "Dead Mountain Mouth". Okay, peut-être que "joyeux" n'est pas le terme le plus adapté... Parce qu'après tout, je pense que nous allons de plus en plus vers des mélodies moroses, dérangeantes ou tristes. Mais tu as définitivement raison sur le fait que ce n'est pas aussi joyeux que "Cloak Of Love". On s'est bien amusés à écrire "Cloak Of Love", mais on prenait ces titres plus comme de petites expérimentations que des chansons. Nous sommes fiers de cette sortie, mais nous nous sommes rapidement lassés de ce genre de morceaux... C'était marrant, mais nous ne sentions pas de connexion émotionnelle avec cette musique que nous faisions. Nous avons vraiment beaucoup plus travaillés nos morceaux depuis, parce que nous voulons créer quelque chose avec plus de profondeur en tant que compositeurs.

Ce nouvel album voit le jour chez Relapse. Ca vous fait quoi de vous retrouver parmi d'autres grosses pointures de la musique extrême?
C'est génial! Cela faisait dix ans que j'étais fan de ce label, alors c'est incroyablement flatteur de pouvoir faire partie d'une telle écurie. Je n'aurais jamais pu imaginer que je serais dans un groupe signé chez Relapse un jour.

"Board Up The House" repousse encore plus loin les limites de la fusion entre "metalhardcorerocketc..." et musique électronique. Dans quelle direction partiront vos prochains travaux? Avez-vous commencé à y songer?
C'est marrant que tu demandes ça, parce que nous venons justement de commencer à écrire de nouveaux morceaux. Il est trop tôt, bien trop tôt pour prédire comment sonneront ces nouveaux titres, mais je peux te dire que comme les autres albums, notre prochain disque sera très différent du précédent. Nous nous mettons la barre très très haut, donc chaque album que nous écrivons est comme un challenge pour nous, puisqu'il faut quelque chose qui puisse nous satisfaire en termes de créativité.

Même si vous êtes un jeune groupe, vous avez déjà un statut de groupe novateur. Et comme tout groupe novateur, vous avez/aurez des groupes qui s'inspireront de vos travaux. En avez-vous déja constaté?
Bon, je dois admettre avoir pu constater que certains groupes semblaient influencés par nos premiers travaux. Ca ne nous dérange pas, c'est même flatteur que l'on puisse penser que nous avons fait quelque chose de suffisament innovant pour servir d'émulateur... Cependant je ne peux pas dire que tout ça m'ait semblé très bon!

Vous voyez-vous jouer un jour avec un line-up plus traditionnel?
Non, mais en même temps, je n'ai jamais voulu mettre de barrières à notre musique. Nous sommes actuellement très heureux de la formule en trio... Nous avons toujours plus d'idées qu'il n'en faut entre nous trois, et il y a une grande alchimie entre nous. Cependant, on ne peut pas dire ce que le futur nous réservera. Il est possible qu'à un moment nous puissions vouloir nous agrandir... Mais pour le moment, nous avons assez d'idées pour rester motivés en tant que trio.

Comment se passe la composition de vos morceaux?
Il n'y a pas de formule ou de méthode pour composer nos chansons; chacune vient différemment. Nous nous forçons délibérément à ne pas avoir de processus créatif strict, cela nous permet de nous assurer que chaque titre sera différent des autres, tout en (heureusement!) sonnant assez cohérent pour provenir du même groupe. La plupart de nos chansons sont écrites ensemble, mais certaines sont entièrement composées par un seul d'entre nous. C'est à chaque fois différent!

Vous imposez-vous des limites en terme de composition?
Non, on n'en met pas. La seule limite éventuellement considérable est "Est-ce que nous pourrons jouer cette chanson en live ?". Nous aimons jouer tous nos titres en live, donc nous essayons d'arranger les chansons de façon à pouvoir les reproduire sur scène. Cependant nous ne laissons pas cela brider notre processus créatif, il y a plusieurs chansons sur le nouvel album que nous ne serons pas capables de jouer en live, parce que nous avons statué qu'il était plus important de leur donner plus d'arrangements que nécessaire en studio.

Quels CD tournent chez vous en ce moment?
Actuellement, j'écoute M83 "Saturdays = Youth", Black Mountain "In The Future", Floor "Floor", Philip Glass "Glassworks", et Nachtmystium "Assasins".

Comment s'est passé cette seconde collaboration avec Kurt Ballou?
Travailler à nouveau avec Kurt a été génial. Nous avions aimé travailler avec lui sur "Dead Mountain Mouth", mais nous n'avions pas eu assez de temps en studio pour essayer toutes les idées que l'on avait. Cette fois-ci, nous avons eu plus de budget pour produire l'album, donc nous avons pu passer beaucoup plus de temps dessus. Il est le 4ème homme dont nous avons besoin en studio, nous a beaucoup aidé à prendre les bonnes décisions, et, le plus important, nous a permis de transposer ce que nous avions en tête en matière sonore.

Quelle place tiennent les paroles dans votre musique?
Mookie écrit tous les textes, donc je ne pourrais malheureusement pas les commenter en détail. Les paroles sont vraiment importantes pour nous, mais elles viennent toujours en tout dernier. Nous écrivons d'abord la musique, et ensuite il écrit les paroles pour capturer l'humeur de la chanson, ou pour transmettre un message qui nous est important.

Rappelez-vous de votre première répèt... Le jeune Genghis Tron, ça donnait quoi?
Quand Genghis Tron a démarré, c'était juste Michael et moi, assis dans mon dortoir de lycée, cherchant des idées de chansons débiles. Après quelques semaines à écrire des morceaux barges, notre ami Mookie a rejoint le groupe. Les choses étaient totalement différentes lorsque nous avions commencé: nous n'aspirions pas à devenir un groupe, à sortir un album, même à tourner. Quand nous avons commencé, c'était uniquement pour créer de la musique. En regardant dans le rétroviseur, je suis plutôt fier de nos débuts même si je n'aime pas nos premiers travaux. Je suis fier que ça ait commencé comme quelque chose de très pur; je pense que ça a posé de bonnes bases pour notre futur en tant que groupe.

Et vous aviez quoi en tête en vous lançant dans l'aventure?
Comme je le disais juste avant, la seule chose que nous voulions était d'écrire des chansons qui nous plaisaient. On n'aspirait pas à faire des concerts, à être signés, à partir en tournée, à en vivre... Rien de tout cela ne nous était venu à l'esprit. Nous étions juste des potes, composant des titres que nous pensions amusants et intéressants.

Un mot sur l'artwork?
Nous avons donné carte blanche à Jon Beasley. Il s'est chargé des artworks de nos trois sorties, et à chaque fois il arrive avec quelque chose de magnifique, psychédélique et fascinant!

Vous allez passer par chez nous le mois prochain (NDR: Interview rédigée en avril). Connaissez-vous des groupes français? (allez voir sur Google sinon, vous serez mieux accueillis!)
Je connais des groupes français! Je suis fan de Gojira et surtout de Deathspell Omega... Et en dehors du monde du metal, j'ai été très influencé par les producteurs électro français comme Air, Daft Punk et Vitalic... Et des artistes plus récents comme Boyz Noise, Turzi, M83 et Justice.

Merci d'avoir répondu à nos questions! As-tu quelque chose à dire à nos lecteurs?
Merci à tous ceux qui sont venus nous voir à Paris en mai... C'était l'une de nos meilleures dates de la tournée, et nous sommes vraiment impatients de revenir en France! Nous serons aux Eurockéennes en juillet et nous reviendrons pour d'autres dates chez vous cet automne.