Kathy, Igor, Jérémy - DYLATH-LEEN par SHEB - 2162 lectures
Après de trop longues années de silence, les cambrésiens DYLATH-LEEN nous reviennent enfin avec "Semeïon", un second album qui ne décevra absolument pas les fans du groupe et qui ne manquera pas de convertir ceux qui n'étaient pas encore tombés sous le charme de leur death metal puissant et mélodique.


Tout d'abord une incontournable petite présentation du groupe pour ceux qui ne vous connaîtraient pas encore.
Kathy : Nous sommes un groupe de Death qui existe depuis 1997 mais la vraie formation de D-L date de 1999. On a enregistré "Insecure" au LB lab en 2001 pour le sortir nous-mêmes en 2002 pour être ensuite distribués par Thundering Records en 2005, date où nous avons enregistré "Semeïon". 2 ans et demi se sont écoulés entre l'enregistrement et le mix, ce qui a donné 6 longues années d'attente entre les 2 albums! Durant ce laps de temps on en a profité pour tourner au maximum et faire connaître le groupe un peu partout grâce à des ouvertures pour Vader, Aborted et participer au Hellfest ou au MFVF...


Une explication au départ d'Arnaud et Magali ? C'est bizarre de partir au moment de la sortie de l'album alors qu'ils étaient avec vous pendant toutes ces années !
Igor : On est en fait abonnés à cette bizarrerie, oui ! Il nous était arrivé la même chose à l'époque de la sortie de "Insecure". Le batteur et la claviériste nous avaient quittés pour s'adonner à d'autres activités, alors ici ça a pour nous un goût de déjà vu ! Ils ont aussi tous deux leurs raisons de ne pas défendre l'album sur scène malgré le boulot effectué en amont et nous respectons tout à fait leur choix. Ce doit être frustrant pour eux, aussi nous ne doutons pas que cette décision soit mûrement réfléchie.


Les remplaçants sont déjà trouvés ? J'ai lu que Bertrand était de retour. C'est temporaire ou définitif ?
Kathy : Oui, Bertrand est de retour et c'est bien définitif. Durant son absence au sein de D-L nous sommes restés très proches et c'est à lui qu'on a pensé en 1er pour nous dépanner quand Arnaud et Magali nous ont annoncé leur départ. On a fait quelques auditions mais dès la 1ère répet' avec Bertrand, on a su qu'il fallait qu'il revienne pour de bon dans D-L. On a l'avantage de se connaître depuis longtemps et de bien se comprendre, ce qui est primordial dans un groupe. A côté de ça il connaissait "Insecure" sur le bout des doigts et avait déjà bien "Semeïon" dans les oreilles. L'idéal ! Concernant le clavier par contre, nous avons décidé de continuer notre route à 4 et d'utiliser des samples. On va devoir en plus du reste s'atteler à sa composition mais ça nous motive vraiment !


Six ans entre deux albums... qu'est ce qu'il s'est passé pour que ce délai soit si long alors que "Insecure" était sorti sans même que vous passiez par la case "démo" ?
Kathy : Certains doivent penser qu'on a laissé mijoter ça pendant longtemps par manque d'inspiration, mais comme je te le disais tout à l'heure, "Semeïon" a été enregistré en 2005 et la moitié des titres étaient déjà prêts en 2003. On pensait même pouvoir le sortir cette année-là mais on a été bien trop optimistes quant au délai. Entre les discussions avec différents labels et boîtes diverses, il nous a fallu tourner et trouver des fonds pour mixer et masteriser, il a ensuite fallu réaliser l'artwork, presser l'album, préparer sa sortie, bref, tout ça a été super long ! Quand on est entré en mix, Steph nous a demandé : "Cool, les titres, vous les avez enregistré quand ? Il y a 2/3 mois ?" Quand je lui ai répondu : "1an et demi !" il a écarquillé les yeux et m'a dit :"Nooonn ?!" Et pour finir il est sorti encore 1an après le mix !


Six ans entre deux albums, ça implique fatalement une évolution et des différences. Quelles sont selon toi (vous ?) les différences majeures entre "Semeïon" et "Insecure" ? Que ce soit au niveau de la méthode de travail, de la part de chacun dans cet albu
m ou encore des influences ?
Igor : On est plus sûr du chemin qu'on emprunte aujourd'hui ; on sait ce qu'on veut sur le plan mélodique et on a appris à se deviner musicalement. On sait ce que les autres pourront apporter en mettant leur touche sur tel ou tel riff si bien que la composition devient plus naturelle, les arrangements se peaufinent d'eux-mêmes. Pour la différence entre les deux albums, on peut noter aussi cette sorte d'affirmation de notre identité tant dans le son que dans le parallèle entre notre musique et ce que nous sommes. Ce que l'on fait désormais est beaucoup plus sombre. L'univers est plus "dépressif" et je crois qu'on sera tous d'accord pour dire qu'on se sent mieux en s'exprimant dans cette veine harmonique. Si l'on doit parler méthodes de travail enfin, je te dirai qu'aujourd'hui c'est principalement moi qui ramène le squelette des titres et comme dit si souvent Jérémy : "On fait un premier travail de mise en forme ensemble puis on laisse décanter un peu." il y a des révélations pendant les temps morts et on peut rendre le résultat plus mature à mon sens. En quelque sorte la différence pour nous est qu'on a appris à prendre beaucoup de recul sur ce qu'on fait par rapport à ce qu'on attend de nos titres sur le plan émotionnel.


Ce qui frappe le plus c'est l'évolution du chant de Kathy qui semble ici vraiment avoir trouvé sa voie/voix. Je me souviens que l'un des "gimmicks" de "Insecure" c'était d'avoir un chanteur et une chanteuse dont les growls étaient très difficiles à
distinguer. Ce n'est plus le cas ici, les growls féminins sont très reconnaissables !
Kathy : Oui, il faut dire que j'ai eu le temps de bien travailler les vocaux en 6 ans ! L'essentiel est que pour cet album je me suis débarrassée de mes influences à la Crisis pour arriver à quelque chose de bien plus personnel et de tranché. Je me retrouve vraiment dans cet album, j'y suis allée à l'instinct comme pour les titres "Leering sky" ou "So Ill-fated" où j'ai expérimenté quelques "poussées vocales" et je me suis bien éclatée à le faire. Du fait de cet aspect plus naturel le rendu est comme tu le dis plus féminin mais plus agressif aussi. De son côté Igor a creusé sa tessiture grave ce qui fait qu'on arrive à un panel de voix plus large sur "Semeïon" que sur "Insecure". Les vocaux contribuent à la signature de D-L alors on a intérêt à les soigner !


En dehors de ça, DYLATH LEEN reste tout de même fidèle au death metal mélodique de ses débuts... A croire que vous saviez dès la formation du groupe en 1997 exactement ce que vous vouliez faire ?
Igor : Et bien en fait non ! et on ne sait toujours pas exactement mais on sent de plus en plus où on va et où on ne veut plus aller. On a tellement d'influences différentes que les albums sont des sortes de constructions modélisées sur des thèmes assez éclatés et le plus grand défi est de redonner une unicité au tout, qu'il y ait malgré tout une ambiance caractéristique à l'album, malgré la diversité des titres. Avant de passer en studio on avait eu un peu peur de cet effet d'éclatement du temps d'"Insecure" et on était pas moins interrogatifs au moment d'aller enregistrer "Semeïon" mais là on a été rassurés bien vite. Et le travail fait avec Stéphane Buriez au mix devait - entre autres - prendre en compte cette exigence. Non seulement on voit aujourd'hui et avec le recul qu'on a pas quitté la veine death-mélodique mais je pense en plus qu'on y affirme une identité et des sonorités bien à nous,... à confirmer sur le prochain opus.


Une petite explication de ce titre, "Semeïon" ...?
Igor : Cela signifie "Signe" en grec, le mot était employé par les médecins avant tout dans l'acception de "symptôme" car les signes que montrait le malade offraient aux médecins de l'antiquité les moyens de compréhension de la maladie, de sa détection et du soin à prodiguer. Ainsi, étymologiquement et historiquement parlant, la médecine occidentale est très liée à la sémiologie qui n'est qu'une extension conceptuelle globale et moderne.


Au final je trouve que l'évolution du groupe entre les deux albums est vraiment très naturelle. On aurait pu croire qu'à force de fréquenter des groupes peu recommandables dans les "Metal Female Voices Festival" vous alliez vous mettre à faire du DELAIN,
du AFTER FOREVER ou pire du THEATRE DES VAMPYRES mais heureusement, il n'en est rien...
Kathy : Ha ha ! Non, comme tu dis il n'en est rien ! C'est sûrement parce qu'on a été programmés le jour extrême avec Tourette's et Holy Moses ! Non, sérieusement on est vraiment à l'opposé de ce genre de groupe et je trouve qu'on a même bien durci le ton depuis "Insecure" en affirmant notre style Death. Certains nous assimilent à du Delain ou After Forever (suis-je bête j'oublie le Théâtre des Vampires!) simplement parce qu'ils voient des nanas dans le groupe. On a encore reçu un message hier d'un mec qui nous disait "Eh en fait ça déchire ce que vous faites!" Il pensait avoir affaire à du sympho-mélodico-gothic à chanteuse lyrique... Pourtant on a l'air méchants sur les photos ? Non ?!


De quoi parlent les textes de ce nouvel album ?
Igor : Ici nous nous sommes axés sur les psychopathologies car le thème de la folie est omniprésent dans l'œuvre de Lovecraft et nous plaçons l'auditeur en qualité de médecin en le laissant deviner par les textes et par les atmosphères développées la maladie que nous avons décidé de mettre en avant sans jamais la désigner directement. C'est à l'auditeur de retrouver les signes qui l'aideront à mettre des mots sur les douleurs et à concevoir la détresse qu'on trouve dans la pathologie ou la dégénérescence.


Où avez-vous enregistré cet album ? Totalement satisfaits du résultat final ?
Igor : On a enregistré au Hangar à Sons à Cambrai ; dans la ville qui a vu naître le groupe. On a principalement travaillé avec B. Charlet qui est notre technicien son sur la plupart des lives et celui chez qui on vient répéter depuis déjà un moment alors on y a vite trouvé notre compte. On était particulièrement à l'aise, on pouvait se dire les choses très facilement et puis on se connaissait déjà depuis plusieurs années donc on avait confiance dans le sérieux et la qualité du studio... preuve est faite qu'on ne s'est pas trompés. Pour le mixage, après avoir envisagé de nombreuses solutions, on a opté pour celle qui consistait à retravailler avec Stéphane Buriez (Loudblast - faut il encore le présenter ?) qui lui aussi sentait parfaitement ce que nous attendions en terme de résultat. Le mastering, lui a été fait à "L'Autre Studio" avec la même satisfaction de notre part. Oui, on peut dire qu'on a l'album qu'on a tant attendu nous-mêmes et qu'on a fait attendre à notre public... ça valait le coup de prendre le temps. Il me reste aujourd'hui le sentiment d'un travail qui a été fait un peu en famille, c'est très curieux mais aussi très gratifiant pour chacun je pense d'avoir senti la proximité avec les autres durant toutes les étapes de la réalisation.


On vous attendait chez Thundering et au final on vous trouve chez Great Dane... Qu'est ce qu'il s'est passé ?
Igor : Comme tout groupe, quand on sort un album, on prospecte pour voir ce qu'on peut trouver de mieux pour valoriser la réalisation qu'on s'est donné tant de mal à produire. On s'était fixés des exigences sur l'artwork et on voulait un bon réseau de distribution qui nous garantirait d'assurer des prix qui ne seraient pas trop élevés à notre goût en bacs et il fallait envisager les moyens de continuer à s'autoproduire pour les passages en studio. Chacun des labels nous a fait son offre et nous avons tranché mais nous continuons à travailler avec Thundering/Pervade sur le premier album et maintenant que le stock est épuisé il faudra que l'on envisage les moyens de le ressortir voire de le sortir dans le Bénélux notamment.


Les premières réactions à cet album m'ont l'air plutôt bonnes, non ?
Igor : Oui, on a vraiment pas à s'en plaindre. Le public belge avec lequel nous avons le plus de proximité aujourd'hui a formidablement réagi devant les nouveaux titres. Les médias ont unanimement placé le groupe dans les valeurs sûres de la scène française. On a pas mal de recul par rapport à ça et l'objectif reste de n'en faire qu'à notre tête mais bon ça fait plaisir, on ne peut pas le nier. Quand tu travailles dur sur un projet et que le résultat est accueilli comme ça en plus de ta propre satisfaction, ça remet une couche de plaisir par au-dessus ! Maintenant on trouvera toujours des gens pour juger autrement ce que l'on fait, qu'ils n'aiment simplement pas où qu'ils aient des préjugés sur ce qu'un line-up peut proposer scéniquement ou musicalement... au fond peu importe tant qu'on a le sentiment d'être fidèles à nos convictions et à nos attentes.


Des dates de prévues pour promouvoir cet album ?
Kathy : Oui, quelques dates sont déjà calées et d'autres vraiment sympa vont bientôt être confirmées. On sera en juillet au Bénélux, en Allemagne et en France avec November's Doom et Draconian. C'est une affiche assez éclectique mais qui va être bien intéressante ! On a ensuite le Dokkem Open air en Hollande et le MFVF6 avec Kittie, Otep et j'en passe. Pour plus de précisions, tout est sur notre Myspace


Et sinon ? d'autres projets ? une vidéo ?
Kathy : Oui on a pas mal de bandes de concerts et de studio à monter. Une équipe pro nous a aussi filmés au MFVF mais tout ça doit encore être calé et c'est beaucoup de taf. On reste dans la même logique de prendre notre temps pour offrir quelque chose qui en vaille la peine. A suivre donc...


Quels sont les groupes français que vous appréciez ?
Kathy : Il y en a pas mal... Hacride, Klone, Trepalium, SYN, Dagoba, Gojira qu'on ne nomme même plus, BBA, Loudblast.... On a une sacrée bonne scène française quand même !


Qu'est-ce que vous écoutez de beau en ce moment ?
Kathy : Pour ma part le dernier Septic Flesh tourne en boucle ! Ce dernier opus est vraiment profond et prenant. Le dernier Klone dans un autre genre est aussi très intéressant. Il y a des choses qui me surprennent en ce moment et ça faisait un sacré bout de temps que ça ne m'était pas arrivé. Pourtant il y a beaucoup de bons groupes et bonnes sorties mais rien qui ait vraiment réussi à me toucher depuis le Puritanical Euphoric Misanthropia de Dimmu Borgir ou October Rust de Type O Negative. Ca fait vraiment du bien de ressentir ça à nouveau...


Quel est le dernier film que vous avez vu ?
Igor : Pour moi l'adaptation portée à l'écran du livre de Patrick Süskind "Le Parfum". Je l'ai beaucoup apprécié dans son ensemble, même si - comme toute adaptation cinématographique - il est moins explicatif, il laisse ce même malaise, cette même amertume que la narration écrite. On y trouve de nombreux points de remise en cause de la morale, un travail de contraste sur les esthétiques macabres et sublimes, ... Il y a une forte animalité qui se dégage du scénario et qui pose un certain nombre de questions sur les bienfaits de la maîtrise des instincts... bref j'ai aimé.


Un dernier mot ?
Igor : Bien sûr ! Tout d'abord bises à ceux qui nous soutiennent aujourd'hui ou depuis déjà bien longtemps et puis aux équipes avec qui on travaille dans l'ombre, ils se reconnaîtront! Enfin, on va filer rencard à tous ceux qui ont apprécié l'album ou les titres en écoute sur Myspace pour les croiser sur la route. On va élargir la zone dans laquelle on se produira sur scène avec cet album, les projets ne manquent pas alors on espère voir plein d'autres suppôts de Cthulhu prêts à remuer leurs tentacules dans les pits et devant les scènes.


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