Michiel Dekker (guitare/chant) - THE MONOLITH DEATHCULT par TONTON - 3508 lectures
"Pour moi c’était plus cool d’être détesté que d’être adulé comme nous commençons à l’être. THE MONOLITH DEATHCULT a besoin d’être traîné dans la boue pour être à son top."[] "Si les gens nous détestent, hé bien on ne les force pas à nous écouter ou à lire nos propos."
Et comment ne pas détester les zicos de THE MONOLITH DEATHCULT à la lecture de certains de leur propos. Goûts immodérés pour la provoc, mégalomanie exacerbée et prédisposition pour foutre la merde et si tout cela n'était en fait qu'une façade, un rôle parfaitement rodé par un groupe à la pointe d'un death métal moderne et hybride. Autant de propos à prendre au second degré mais...en serez-vous capable ?
VS – Pour commencer, j’aimerais qu’on parle du titre de ce troisième album qui vient de sortir : « Trivmvirate ». Je suppose que, tout comme les textes des chansons, cet intitulé t’a été inspiré par ton travail de prof d’histoire. Et puis d'abord pourquoi l'avoir écrit à l'anglaise avec un « e » final superflu ?
Michiel – Hé bien comme tu le sais peut-être, « Trivmvirate » signifie, « un groupe, ou un ensemble de trois » et ce terme est utilisé par certains historiens pour définir l'alliance officieuse de Gaius Julius Caesar, Marcus Licinius Crassus et Gnaeus Pompeius Magnus dans la politique romaine. Comme c'était notre troisième album, Robin a pensé que ça serait une bonne idée pour le titre. Dans un excès d'autoglorification, on avait d'abord pensé faire une bête imitation de « Van Halen II » en titrant le disque « THE MONOLITH DEATHCULT III » mais « Trivmvirate » sonne plus cool et plus imposant. On a remplacé le U par un V parce que ça donnait un côté plus culte au titre (NDT : cvlte ?) et puis on le faisait déjà sur notre site, ça sera facile pour nous de transformer le V en pentacle si le death metal sataniste revient à la mode (rires). Enfin pour finir dans le mot « Trivmvirate », tu entends presque « Triumph » (Triomphe). TMDC et le triomphe sont étroitement liés comme le Yin et le Yang comme tu le sais déjà. Quant à la transcription à l'anglaise, on a trouvé que c'était plus joli sur les t-shirts.
VS – (rires) Je vois ce qve tv vevx dire av svjet de ces « V » plvs cools qve les « U ». Donc « Trvmvirate » est une nouvelle fois l’occasion pour TMDC de visiter quelques événements historiques ou grandes batailles du passé. En revanche, certaines chansons ont été inspirées par des films et ça me laisse un peu perplexe car il est bien connu que dans la plupart des cas, le cinéma pervertit l'histoire et la déforme.
Michiel – C'est pas exactement le but. Dans mes textes, je parle de sujets qui m'intéressent et le fait que, dans la plupart des cas, cela soit lié à l'histoire n'a rien à voir avec mon métier. Il y a effectivement deux chansons à part dans « Trvmvirate ». « Deus ex Machina » est basé sur les théories de Erich van Daniken qui prétend que les anciennes civilisations n'ont pas été le fait de l'évolution de l'humanité mais de « Dieux venus de l'espace ». En fait, cette idée m'est venue après avoir vu le film « Stargate » sorti en 1994.
L'autre chanson « à part » dans l'album, c'est « I Spew Thee Out Of My Mouth'' base sur une histoire horrible qui s'est réellement passé en Hollande pendant le carnaval quelques années en arrière. Ça parle d'un type qui était tellement fanatique de christianisme qu'il pensait que Dieu lui parlait par l'intermédiaire de sa télévision. Comme son « Dieu » avait besoin de preuve de son dévouement, il lui a demandé, comme à Abraham de sacrifier ce qu'il aimait le plus. Ce type est donc allé chez sa mère, l'a tuée puis écorchée pour finalement se faire un manteau avec sa peau. Il a été retrouvé un peu plus tard avec ça sur le dos en train de gueuler des versets de la Bible à un carrefour. Le titre de la chanson vient donc d'un passage de la Bible où Dieu s'adresse au peuple en ces termes « Parce que vous n'êtes ni chaud ni froid, je suis prêt à vous vomir de ma bouche comme une eau tiède qu'on ne peut tenir dans l'estomac »(rev-3 :16)(note de Tonton – et je me suis bien fait chier à trouver la phrase exacte en français). Dieu voulait dire ainsi que la croyance du peuple était quelconque et qu'il était prêt à s'en détourner. C'est par crainte d'être « vomi » de la bouche de Dieu que ce type a écouté Dieu et a massacré sa pauvre mère.
Concernant les films, c'est vrai que « Deus ex Machina » est donc inspiré de Stargate, « Kindertodeslied » de « La Chute » et « Demigod » de l'ultime film comique à la « Manowar » qu'est « 300 ». Je suis d'accord avec toi sur le fait que le cinéma pervertisse l'histoire mais c'est également exact pour les sources historiques elles-mêmes. Tout dépend de la personne qui a raconté ou qui a retranscrit. La plupart des textes de TMDC sont écrits de mon point de vue et bien entendu, les textes ne sont pas toujours neutres. On a forcément une opinion sur tel ou tel sujet mais nous soutenons pas un régime ou une idéologie. Certains films avaient tout ce qu'il fallait pour être transposés en chanson. « 300 » était caricatural jusque dans sa façon d'être filmer. Trop de sang, trop de muscles, ils courent trop vite, sautent trop haut et il n'y a pas un seul dialogue normal dans ce film. On dirait un mauvais film de kung-fu. TMDC étant un peu le « 300 » du death metal par son côté mégalomane, on s'est sentis connectés. « 300 » aurait été le clip idéal pour « Far Beyond Metal » de STRAPPING YOUNG LAD mais comme ils ont un peu lâché l'affaire, on a repris le flambeau.
VS – Oui, la mégalomanie est vraiment présente dans l’attitude de THE MONOLITH DEATHCULT. J’ai même le sentiment que vous en rajoutez histoire d’être détestés par un maximum de gens. Ce côté mégalo est aussi présent dans votre musique mais peut-être dans une moindre mesure par rapport aux albums précédents. « Trivmvirate » présente moins de passages épiques et plus de personnalité. Vous n'avancez plus dans l'ombre de NILE. C'est Karl Senders qui va être déçu…
Michiel – Hum, pour moi c'était plus cool d'être détesté que d'être adulé comme nous commençons à l'être. THE MONOLITH DEATHCULT a besoin d'être traîné dans la boue pour être à son top. Maintenant, nous avons un problème. Nous avons fait un album de métal extrême parfait avec « Trivmvirate » apprécié d'un large public, du plus acharné fan d'HATE ETERNAL jusqu'à mes élèves de 12 ans. Même ceux qui nous critiquaient reconnaissent aujourd'hui notre talent. Que nous reste-il ? Quant à Karl, je n'ai pas trop de nouvelles. Je ne suis plus trop la carrière de NILE désormais et ça n'a rien à voir avec les accrochages que nous avons pu avoir avec Karl. En fait, on s'est retrouvé à discuter de tout ça lors du Waldrock festival en 2006 et on en a bien ri. Les deux derniers albums de NILE n'ont pas eu autant d'impact sur moi que n'avaient eu Catacombs, seeds ou Shrines. Je regrette le trio de grunts si caractéristiques et les bons gros solos pendant les blasts. Ces éléments de NILE nous ont servi de modèles pendant un temps. Désormais NILE est devenu plus conventionnel et moins épique. C'est ce qui faisait pour moi le charme de NILE. Mais ne te méprends pas sur mes propos, NILE reste un de mes groupes favoris et notre ouverture sur « Deus ex Machina » est une sorte d'hommage et tu sais pourquoi d'ailleurs.
VS - C’est peut-être pour ce côté grande gueule que vous n’avez pas trouvé aussi facilement un label… Je reste persuadé que tu n’auras aucun problème pour te faire détester même avec un bon album comme « Trivmvirate ». En parlant de ça, je me suis toujours demandé si c'était réellement facile pour des gens gentils et sympas au demeurant d'agir et de se faire passer pour une bande de trous du cul arrogants. Cette influence du cinéma n'est pas seulement musicale, elle est aussi présente dans vos attitudes !
Michiel – Ce n'est pas difficile tout simplement parce que cette attitude de trous du cul arrogants, comme tu dis, n'est qu'une image. Nous vivons la musique à notre façon et je suis conscient du fait que nous débordons largement du cadre gentillet du « Comment agir comme un métalleux ? » et « Ce qu'il faut faire et ne pas faire dans le métal. ». Nous aimons ce que nous faisons. Si les gens nous détestent, hé bien, on ne les force pas à nous écouter ou à lire nos propos. Nos dires sont parfois tellement grotesques et hilarants qu'il faudrait être totalement débile pour nous prendre au sérieux. Les gens qui gobent toutes nos conneries et qui s'excitent sur notre site, nos interviews ou sur Blabbermouth sont les parfais instruments de notre machine de propagande. Karl Senders et les Metalhead against racism en ont fait les frais dans le passé. Comme tu le disais en début de question, nous sommes juste cinq mecs cool jouant un rôle tout comme Gene Simmons n'est pas un véritable démon de la même façon qu'Edward Norton dans « American History X » n'est pas un véritable nazi. Tout ça, c'est juste du cinoche. Nous avons choisi d'ajouter à notre musique de l'ironie, de l'humour noir, un certain mauvais goût combinés à une fascination morbide pour tout ce qui est mal. Maintenant, je ne vois pas pourquoi on nous détesterait personnellement. Il y a des tonnes de groupes qui véhiculent des idées maléfiques, sataniques, anti-chrétiennes, extrêmement violentes et absurdement sanglantes. On ne fait rien de tel. On se comporte avec ironie de façon absurde et vu les réactions, les questions que nous suscitons, il semblerait que ça fasse de nous un groupe spécial et unique. A mon avis, les groupes dont je parlais plus haut représentent une forme de pensée bien plus négative que la nôtre. Et puis, le rejet de la société ne fait-il pas partie de la culture métal générale ? Non pas que j'adhère aux principes du heavy metal mais j'avoue que ça me fait bien marrer quand les offenseurs se sentent offensés ou que les provocateurs se sentent provoqués par les leurs.
Quant à cette histoire de label, tu n'as pas besoin de creuser bien loin dans l'histoire de TMDC pour trouver la raison véritable de nos difficultés. Tu remarqueras que Cold Blood industries et Karmageddon Media ont fait faillite tout les deux. Nous avons donc des relations particulières avec les labels. On pourrait nous comparer à un nuage de criquets. On choisi un label, on bouffe tout leur fric, toutes leurs joies, tous leurs bonheurs et on les abandonnent en leur laissant un sentiment profond de perte. Nous signer signifie la perte à court terme. Twilight-Vertrieb a été très courageux et ces mecs ont visiblement un certain dédain pour toute catastrophe ou désastre. Ils ont scellé leur perte en nous signant et j'espère qu'ils savent que toutes les compagnies qui les ont précédés ont déposé le bilan.
Maintenant Twilight n'était pas dans nos prévisions initiales. Quand Karmageddon s'est cassé la gueule nous nous sommes mis à la recherche d'un label. Mascot records était intéressé et c'était réciproque. Ed Van Zijl, le boss de Mascot, nous a dit « oui » et nous attendions donc les contrats. Ce statu quo a continué jusqu'à ce qu'on apprenne par le cousin d'un voisin qui a une sœur fiancée avec la nièce d'Ed Van Zijl, qu'il n'était plus intéressé. Je comprends qu'il ait eu peur quand il a appris ce qui était arrivé à nos précédents labels mais je ne trouve pas son silence très professionnel. Nous aurions pu utiliser ce temps à continuer nos recherches. Le bon côté, c'est que nous avons mis six mois de plus à terminer l'album en réécrivant les chansons en modifiant quelques passages. Si bien que le résultat est meilleur que si nous l'avions sorti au printemps 2007 comme prévu initialement.
VS – Si je te suis bien, on pourrait donc créditer la réussite de “Trivmvirate” à Ed Van Zijl. Sans cette attente des contrats et ces mois de travail supplémentaire, l’album ne serait pas cette « pièce maitresse du death metal ». Attention, il pourrait vous demander des royalties s'il tombe sur cette interview.
En parlant de ces faillites de labels, vous ne vous êtes jamais sentis maudits ? Peut-être que vous subissez tout simplement un châtiment divin pour être de vilains garçons. Tu crois vraiment que ta mère serait contente d'apprendre la façon dont tu te comportes ?
Michiel – Je ne me sens pas maudit dans la mesure où nous avons toujours trouvé un label ce qui est déjà une bonne chose s'il l'on considère tous les groupes qui sont obligés de s'autofinancer. Quant à ma mère, elle n'a aucune idée de l'image que je trimbale. Pour elle, c'est comme avoir un fils qui fait du foot. Il y a deux semaines, nous avons fait une soirée de lancement de l'album en Hollande. Nos parents étaient tous là. Je crois qu'ils ne seraient pas trop fiers s'ils avaient la moindre idée du cinéma que nous faisons à la presse ou au public.
VS – Très bien, il est temps maintenant de parler de ce nouvel album. C’est un grand pas dans votre évolution musicale ; des influences plus heavy metal, plus tribales et plus indus. Il y a même quelques riffs presque néo métal. C'est assez différent de vos enregistrements précédents, non ? Que s'est-il passé pendant la composition ?
Michiel – Hum, je ne suis pas d'accord. La différence est importante avec « The Apotheosis » mais pour moi « The White crematorium » annonçait déjà « Trivmvirate ». Après la sortie de « The Apotheosis », on trouvait ça chiant d'écrire toujours le même genre de vieux brutal death des familles. Non pas que nous ayons fait de conscients efforts pour changer notre style mais des influences plus modernes se sont progressivement mises en place. Je me suis rendu compte pendant la composition de « The White Crematorium » qu'il était facile de mélanger certains styles sans que cela ne sonne trop artificiel. Carsten (le claviériste) a immédiatement rejoint le groupe après l'enregistrement de « The White Crematorium » mais comme il n'avait pas trop été concerné par le travail de composition. On lui a juste donné des instructions précises sur ses parties. Pour « Trivmvirate », Carsten a reçu carte blanche pour magnifier notre son. Il n'y avait aucune limite même si je gardais un droit de véto en qualité de principal compositeur. Carsten est végétarien et tu ne peux jamais être sûr avec ce genre de personne mais j'ai été très satisfait du résultat. De nos jours, il n'y a pas beaucoup de groupes de brutal death qui arrivent à intégrer aussi bien des éléments modernes à leur musique. J'espère donc que nous avons apporté un brin de fraîcheur à la brutalité, à la folie et que nous avons ouvert une nouvelle voie pour le death metal extrême.
VS – Oui mais les influences modernes sur « The White crematorium » n’étaient pas les mêmes. Avec l’aide de Carsten, vous avez indiscutablement atteint une nouvelle étape dans votre procédé de composition. Mélanger naturellement différents styles n'est pas aussi facile que tu veux bien le faire croire. Beaucoup de groupes s'y sont essayés sans succès. Mais le côté le plus intéressant de « Trivmvirate » réside dans la variation des ambiances présentes dans chacun des titres. Chaque partie de « Trivmvirate » présente une facette différente du groupe mais sonne comme une chanson de TMDC.
Michiel – Tu as raison pour « The White Crematorium » à l'époque nous ne voulions pas sonner « moderne ou électronique ». Cependant, je n'ai rien changé à ma façon de composer. J'écris les titres de façon à ce qu'ils sonnent bien avec ou sans synthés et samples. Les fondations de chaque chanson doivent être en place avant qu'on se mette à fignoler. Je sais que j'ai l'air d'un con arrogant en disant ça mais pour moi, mélanger les styles a été facile. Peut-être à cause de ma formation de batteur de fanfare ou de mes goûts musicaux variables. Par exemple, depuis deux semaines, je suis à fond dans les « Slave to the Grind », « Subhuman Race » de SKID ROW ou encore « Angel Down » de Sebastian Bach. Cette zic me donne une patate du tonnerre et il semble que je sois capable d'accommoder ce côté arbitraire de leur musique à TMDC.
Dans tous les cas, le mélange des genres n'est pas tout. Ce n'était pas le but même si c'est arrivé. Par exemple, il y avait ce riff à la « Hell awaits » avec la double basse. Carsten a involontairement mis en marche un sequencer, du genre utilisé dans la techno/trance comme celui sur l'intro de « Deux ex Machina ». Ça a grave boosté les rythmiques. On s'est arrêté en se disant « Bordel, c'est quoi ce truc ? T'as entendu ? » et ce genre de choses est arrivé plus d'une fois. Des idées préconçues laissent penser que l'utilisation d'un synthé dans le métal doit se résumer à ce que joue le mec de DREAM THEATER ou trucs pour souligner les riffs chiants des groupes gothic à la WITHIN TEMPTATION ou LACUNA COIL. Chez nous, on a l'habitude d'appeler les guitaristes de ces groupes « les guitaristes par défaut ». Ils sont obligés de jouer de la guitare pour donner un son plus gros mais pas trop quand même pour ne pas effrayer leurs fans de 14 ans.
Maintenant si les titres présentent tous une facette différente, c'est volontaire. Je n'aime pas quand les titres se ressemblent trop comme c'est trop souvent le cas sur la plupart des albums de death. A mon sens, chaque chanson doit raconter sa propre histoire et avoir sa propre atmosphère.
VS – Oui, enfin quand même : un séquencer, des plans drums & bass, de l’électro, de l’indus, des parties orchestrales, de la musique religieuse, des incantations tribales et du Heavy metal. Vous avez ajouté beaucoup d’éléments à votre base de brutal death Crois-tu que vous ayez trouvé votre son propre, une approche particulière du métal extrême qui va vous donner encore davantage de raisons d'être mégalos ?
Michiel – J'ai le sentiment persistant que nous avons peut-être créé un nouveau genre dans le métal extrême. Nous sommes le chaînon manquant entre l'indus et la face la plus brutale du métal. A mon avis, il y a toujours eu une sorte de vide entre STRAPPING YOUNG LAD et HATE ETERNAL. Un vide que nous avons comblé avec le style développé sur « Trivmvirate ». Maintenant, le mélange des genres n'est pas inhabituel. Je suis capable de jouer tous les styles de musiques dans un seul et même groupe. C'est sans doute pour cette raison que je n'ai pas besoin d'autres projets pour être musicalement satisfait.
VS – Pour revenir une dernière fois sur l’aspect historique de tes textes, j’ai remarqué que vous aviez pris soin d’ajouter quelques petits textes aux paroles dans le livret pour situer le contexte et les propos développés. Est-ce juste pour nous instruire comme tes élèves ou est-ce tout simplement pour éviter tout malentendu et d'être mal jugé ?
Michiel – Non, je n'ai pas la prétention de vouloir éduquer nos auditeurs mais je crois que c'est important qu'ils sachent de quoi il en retourne. Par exemple, « Master of the Bryansk forest » privé de ses explications se limite à une énumération d'atrocités. Nous utilisons souvent dans nos textes des phrases nominatives comme « NOUS ne serons pas des esclaves », « Nous faisons ci, nous faisons ça » etc. Sans les explications, l'auditeur ne comprendrait pas ce que nous entendons par ce « nous ». Maintenant si les gens veulent nous juger ou interpréter de travers, je crois qu'ils ont suffisamment de munitions pour ça.
VS – Parlons un peu de cette chanson « Den Ensomme Nordens Dronning » qui parle de la tragédie du « Kursk » (le sous-marin russe qui a coulé avec tout son équipage sans que les autorités aient pu les sauver). Comment en êtes-vous arrivé à ces passages de chants clairs ? C'était juste pour des questions d'ambiances ou pour avoir de meilleures chances de passer à la radio ? Alors qu'on préparait l'interview, tu m'as dis que, le chanteur de MY DYING BRIDE, Aaron Stainthorpe, devait chanter ces passages. Pourquoi avez-vous changé d'avis ? Il était trop cher ?
Michiel - Hum, je ne crois pas qu'une chanson de 14 minutes soit idéale pour un passage radio. (Ha Ha). Sur la démo, je faisais les parties de chant clair moi-même en m'inspirant du dernier MY DYING BRIDE. Je me suis dit que ça serait cool de demander à Aaron de chanter ce refrain. Quand MY DYING BRIDE est venu jouer en Hollande, je suis allé le voir et je lui ai donné une démo avec une lettre d'instructions. Plus tard il m'a répondu très courtoisement qu'il ne pourrait pas trouver le temps pour chanter pour nous parce qu'il était très occupé avec MY DYING BRIDE. Dans un premier temps, nous avons essayé d'assurer ce refrain nous même mais c'était vraiment merdique. C'est à ce moment là que Carsten nous a présenté une amie, Annedien Hoen, une soprano confirmée. Nous l'avions recrutée au début pour assurer le chant sacré sur « Deus ex Machina » mais une fois en studio, je lui ai parlé de mon idée pour « Den Ensomme… ». Elle a chanté ce refrain avec une voix profonde et presque androgyne. C'était super. Pour info, ce refrain chanté par Annedien est le fameux hymne de la marine écrit pour les marins et je trouvais qu'il aurait plus d'impact chanté par une voix claire que par des growls inintelligibles.
VS – J’imagine que cette expérience a été concluante pour vous. TMDC est bien connu pour toujours terminer ses albums par un morceau épique. « Den Ensomme… » n’aurait pas été la dernière de l’album si le résultat n’avait pas été optimal. Pensez-vous continuer à utiliser le chant clair sur les futurs albums ? Pourriez vous avoir un sixième membre en la personne d'une soprano comme c'était le cas pour AUGURY ?
Michiel – En toute honnêteté, « Den Ensomme.. » était ma poubelle à riffs. Ça regroupait tous les plans que je n'arrivais pas à intégrer dans les autres chansons de « Trvmvirate ». A la fin du processus de composition, j'avais tous ces riffs en vrac dans un coin. J'ai commencé à les assembler entre eux pour arriver à ce résultat. Pour moi c'était le titre le plus faiblard de l'album. Je reste surpris (et un peu navré) par l'impact que ce morceau a eu . Je n'étais pas vraiment satisfait mais le public en a décidé autrement. Nous avons pas mal de gens talentueux dans notre entourage dont nous pouvons utiliser les compétences lorsque le besoin s'en fait ressentir. C'est pourquoi nous n'irons pas jusqu'à intégrer une soprano dans le groupe. Quant à AUGURY, je ne les connais pas.
VS – Après la sortie de ce troisième album, comment envisages-tu l’avenir de TMDC ? Allez-vous continuer sur cette voie ou songez-vous déjà à de possibles évolutions ?
Michiel – Wow, c'est une question difficile. Tu comprendras que notre évolution n'était pas planifiée. Si cela avait été le cas, « The Apotheosis » aurait été bien différent. « Trivmvirate » est le premier album dont je suis pleinement satisfait. Il embrasse tout les styles que j'aime dans le métal. Nous avons, bien entendu, des idées de sujets ou de musique pour le prochain et nous avons désormais une meilleure vision des talents de Carsten et de ses capacités musicales et techniques. Je ne ressens pas le besoin de composer de nouveaux titres pour le moment. L'écriture et l'enregistrement de « Trivmvirate » ont eu des répercutions importantes sur mon travail de prof et sur ma vie privée. Il y a des choses à terminer avant que je ne me perde à nouveau dans le processus de création de « Parsifal ». Mais pour le moment, il est temps de souffler un peu.
VS - Ok, je vois. Tout ce qui vous manque maintenant c’est une grosse tournée pour promouvoir l’album sur scène. Visiblement vous n’avez pas de chance puisque depuis votre concert en première partie de THE HAUNTED annulé à la Locomotive, vous n'avez pas eu d'autres opportunités de concerts en France. Les bookers ont peur de vous ? Cela a-t-il un rapport avec une quelconque réputation ?
Michiel – Je n'ai jamais entendu ce genre de choses. En fait, on nous a proposé pas mal de tournées mais c'est toujours le même problème. Il est très difficile pour Martijn et moi de nous libérer en dehors des vacances scolaires. L'offre devra donc être très alléchante pour qu'on saute sur l'occasion. Et si nous n'avons jamais joué en France, c'est probablement parce que le France n'a pas de scène métal. J'ai entendu dire que les Français écoutaient exclusivement des « chansons » (en français dans le texte).
VS - Alléchante ET pendant les vacances… Bon, à quoi se résument donc les projets pour le groupe ? Répondre aux interviews, attendre les chroniques et chater sur myspace ? Quel programme palpitant !
Michiel – En ce moment nous travaillons sur un manuscrit regroupant toutes nos citations, réflexions, concepts et lignes de conduites qui ont échafaudé notre immense popularité. Je pense que tu as déjà remarqué que TMDC ne se résume pas à un groupe de cinq mecs jouant des chansons. TMDC, c'est aussi une façon de vivre, une certaine spiritualité, un phare lumineux pour le scène métal. La scène actuelle stagnait dans l'âge des ténèbres. Nous incarnons la renaissance. Notre manuscrit devra servir d'ancrage idéologique pour nos admirateurs comme pour nos disciples. Nous ne suivons pas de « Zeitgeist » (note de Tonton :terme allemand signifiant « l'esprit du temps ». Il dénote le climat intellectuel ou culturel d'une époque). Nous sommes le « Zeitgeist ». En attendant, nous répondons aux interviews, jouons à quelques festivals. Mis à part ça, nous pensons sortir un mini fin 2008 début 2009 avec deux nouveaux morceaux, deux titres d'« Apotheosis » remaniés et peut-être quelques reprises jouées à la TMDC.
VS – OK, Michiel, je crois que notre entretien touche à sa fin. Je te souhaite une excellente continuation et j’espère que nous vous verrons sur une scène française en 2008 (si tu as assez de burnes pour ça après avoir écrit qu’il n’y avait pas de scène métal en France ). Un p'tit message pour nos lecteurs ?
Michiel – Ce fut, encore une fois, un véritable plaisir de se faire torturer verbalement par tes questions mon cher Tonton. J'espère que nous viendrons bientôt en France mais apparemment l'affiche du Hellfest est déjà bouclée et pleine de groupes chiants.
Quant au message pour tes lecteurs, voyons voir…
E = TMDC²
Et comment ne pas détester les zicos de THE MONOLITH DEATHCULT à la lecture de certains de leur propos. Goûts immodérés pour la provoc, mégalomanie exacerbée et prédisposition pour foutre la merde et si tout cela n'était en fait qu'une façade, un rôle parfaitement rodé par un groupe à la pointe d'un death métal moderne et hybride. Autant de propos à prendre au second degré mais...en serez-vous capable ?