Nico (a.k.a. Hreidmarr; chant) et JE (a.k.a. Valnoir; basse) - THE CNK par FOOFUR - 3706 lectures
Controversé à la sortie de son nouvel album "L'Hymne à la Joie", THE CNK a pourtant marqué la fin de l'année 2007 avec son mix électro-metal riche en éléments emprntés à la musique classique. Vous, lecteurs de VS, avez d'ailleurs placé "L'Hymne à la Joie" dans le top 6 des meilleurs albums français de 2007. Rencontre avec Hreidmarr et Valnoir pour discuter de leur bébé et obtenir d'eux quelques explications sur ce fameux COSA NOSTRA KLUB! "Keep Talking. We keep Laughing"!


Entre "Violence über Alles" et "Cosa Nostra Klub", on a pu noter un changement de line-up avec l'arrivée de Sylvain et Jean-Emmanuel. Comment s'est fait votre rencontre et comment avez-vous eu l'idée de collaborer ensemble?
Hreidmarr: En fait, J-E et moi on se connaissait déjà, on avait déjà bossé ensemble sur des visuels pour ANOREXIA et CRACK OV DAWN.

Valnoir: Je connaissais Jean-Seb, le guitariste, on s'est rencontré un soir dans un bar parisien connu des aficionados mais que nous ne citerons pas! (rires)

H: Quand on a parlé de refaire un nouvel album, même si c'était pas encore d'actualité qu'il joue avec nous, on savait que c'est lui qui s'occuperait de réaliser la pochette de l'album. Le reste s'est enchaîné d'une manière assez naturelle.

V: Ouais, je leur ai proposé gracieusement de faire tous leurs artworks à l'oeil s'ils me prenaient comme bassiste! (rires)

H: On voulait relancer le projet CNK mais avec un vrai line-up pour pouvoir tourner et que ça devienne plus que ce que c'était, c'est-à-dire un projet qui sorte du studio. Le fait qu'on ne tourne pas est un peu ce qui nous a toujours bloqué. A l'époque on vivait tous les deux à 500km l'un de l'autre, c'était pas toujours évident de trouver quelqu'un qui pourrait nous suivre pour une tournée et aujourd'hui la situation a évolué avec J-E qui tient aujourd'hui la basse et également Sylvain. Je le connaissais par rapport à TANTRUM puisque, sur leur dernier album, j'ai fait un guest et qu'on s'est croisé à pas mal de concerts, pas mal fait la fête ensemble. Je l'avais déjà vu jouer dans plusieurs projets comme LUCKY STRIKER et PUNISH YOURSELF et j'avais vraiment accroché à son jeu, sa frappe assez simple qui fait mal...

V: Perso, je ne le connaissais pas du tout avant mais on a rapidement vu qu'il avait totalement l'esprit du groupe...

H: On voulait travailler avec des gens avec qui on avait envie vraiment de bosser, une vraie cohésion de groupe, mais pas qu'en ce qui concerne la musique. C'est-à-dire faire des soirées et d'être une vraie bande de potes, chacun ramenant sa pierre à l'édifice. Aujourd'hui on est arrivé à nos fins et on est plutôt contents...


En plus du line-up, le nom du groupe a lui aussi changé ainsi que le style de musique proposé. Avez-vous eu un moment l'envie de carrément changer de nom et de construire un tout nouveau projet?
Pas vraiment car pour nous ça reste cohérent. Il y a eu une énorme évolution musicale c'est vrai mais ça s'explique par le temps, le premier album datant de 2002. On a fait pas mal de choses entre-temps, découvert pas mal de groupes que l'on ne connaissait pas. Dans l'état actuel des choses, on est toujours super fiers du premier album, il y a toujours des trucs à changer quand tu réécoutes un truc fait il y a plusieurs années mais il était spontané. Pour moi, un album, c'est un instantané de la vie d'un groupe à une époque donnée. Dans la mesure où on avait fait le maximum et qu'on était sorti super contents du studio, on en est toujours contents. Quand on est globalement satisfait d'un album comme ça, ça ne sert à rien de vouloir refaire la même chose avec le suivant. Il fallait qu'on avance. Donc quand on a commencé à travailler sur ce nouvel opus, on s'est pas posé de questions. Jean-Seb avait à coeur de partir sur des samples de classique donc on est parti sur cette base générique.
Pour le changement de nom, on a préféré changer l'acronyme, pour signifier le changement d'orientation, de concept sans pour autant tourner le dos au passé. Je pense qu'il y a des passerelles qui doivent être faites avec le premier album et le deuxième album, même dans le trip. Puisque ça a toujours été moi et Jean-Seb le noyau dur, on n'a pas ressenti le besoin de changer de nom... Et puis il faut aussi reconnaître que pas mal de monde l'attendait ce second album, donc c'est aussi une des choses qui a fait qu'on avait pas spécialement envie de changer d'identité. On a commencé à travailler sur des titres sans vraiment avoir d'objectif, si ça allait devenir un nouvel album. Mais de par le fait que je sois parti d'ANOREXIA et de CRACK OV DAWN, on a commencé à y réfléchir plus sérieusement et à accélérer le processus.


Mais tu penses que tu aurais pu faire revivre CNK en continuant ANOREXIA et CRACK OV DAWN?
H: Non, ça n'a rien à voir. On est venu à travailler sur ce nouvel album alors que j'étais encore dans ANOREXIA... Pour CRACK OV DAWN, c'est un autre soucis. J'ai quitté le groupe bêtement car on avait des divergences musicales.

V: Et puis le groupe s'est arrêté par ailleurs de sa belle mort parallèlement...

H: Et après pour ANOREXIA, c'est pas ça qui a été la cause de mon départ, pas du tout. Je serais resté dans ANOREXIA, on aurait très certainement sorti l'album tout de même. C'est juste que je ne ressentais plus l'envie de continuer, j'avais l'impression d'avoir fait le tour et je ne m'amusais plus. Je voulais vraiment pas faire les choses à reculon. Et d'ailleurs en partant, tout le monde s'est un peu remis en question et s'était aperçu que ça n'allait plus. Personnellement, je trouvais plus honnête d'arrêter. Après, c'est sûr que ça a accéléré les choses parce qu'on avait plus de temps, on était tous plus libres donc ça a un peu précipité le mouvement mais c'est tout!


Tu parlais du changement d'acronyme tout à l'heure de COUNT NOSFERATU KOMMANDO à COSA NOSTRA KLUB... Quelle est sa signification précise dorénavant?
V: COUNT NOSFERATU KOMMANDO déjà, niveau maturité, ça ne correspondait plus vraiment au groupe. On se sent plus proche maintenant de certaines mafias que du côté transylvanien! CASA NOSTRA KLUB, c'est parce que ça fait penser à un groupuscule dangereux, craint, à la fois élégant, secret et tentaculaire...

H: Y'a aussi le fait qu'aujourd'hui il y a un vrai line-up, une entité soudée et l'idée de Klub nous plaisait bien. Pour COUNT NOSFERATU KOMMANDO, il faut voir qu'on est arrivé à ce nom au travers de plusieurs évolutions... En 96, on s'appelait NOSFERATU et on a rajouté la partricule COUNT car il y en avait plein d'autres déjà... Puis les gens ont rajouté KOMMANDO par eux-même... On recevait des courriers adressés au "COUNT NOSFERATU KOMMANDO", sûrement car on jouait sur un look paramilitaire... Et au final, on s'est dit que ça sonnait bien et on a donc gardé ces initiales. C'est un nom qui est venu plutôt par défaut que par une réelle envie de notre part!


Et en ce qui concerne le changement de label?
Ah bah ça, c'est parce que le premier label a coulé! On n'avait plus de label. De toute façon, il n'y avait plus vraiment de groupe, on était en stand by et on était tous occupés par divers projets chacun de notre côté. Puis le label a coulé et de ce fait, le premier album n'a plus été repressé et est donc devenu introuvable...


D'où la future réédition de "Violence Über Alles"?
Elle est prévue cette réédition mais ça ne dépend pas que de nous... On veut le faire mais après ça dépendra aussi des retombées de "L'Hymne à la Joie" et de notre nouveau label. Mais pour revenir sur le changement de label, naturellement, quand on a commencé à travailler sur l'album, on a commencé à démarcher avec les démos dans le but de retrouver quelque chose alors qu'on était en pleine pré-production. On a signé chez Season of Mist une fois l'album terminé, après avoir proposé un truc final attrayant.


"L'hymne à la joie" c'est un titre assez original puisqu'il rappelle un poème associé à la 9ème Symphonie de Beethoven qui est aussi utilisée comme Hymne européen... Pourquoi avoir choisi un tel titre?
V: Bah premièrement, ça nous faisait marrer. Ensuite, y'a plusieurs influences... L'Hymne européen bien entendu mais également "Orange Mécanique". On aimait bien le côté très ironique du titre par rapport à la situation actuelle, par rapport à tout ce que l'on dépeint dans l'album, à ce que devient l'Europe, aux différents déclins... Donc une ironie par rapport à tout ça...

H: C'est aussi une satire sur le côté très fantasmé de la sociéte dans laquelle on vit qui se voudrait Droit de l'Hommiste, cool et tolérante alors qu'elle est complètement barbare, obscurantiste et cryptofasciste... Ca symbolise le paradoxe de notre époque.

V: le 20ème siècle a été l'émergence du sectarisme moderne, des idéologies meurtrières galvanisatrices à grande échelle qui ont entraîné les meurtres de masse les plus phénoménaux de l'histoire de l'humanité. Donc ce siècle, que l'on veut toujours nous vendre comme une période où la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme est arrivée, où la liberté d'expression en France s'est affirmée, est en fait surtout un siècle de massacres, de génocide et de totalitarisme, avec une négation, justement, des libertés. Tu vois, c'est la joie tous les jours! Tu ouvres les infos c'est la joie, tu ouvres le journal c'est la joie... Il fallait donc célébrer l'Hymne à la Joie, l'hymne à tout ça!!!


Pourquoi cette envie de mêler des éléments symphoniques avec une base metal assez basique pour illustrer ce titre?
H: Jean-Seb écoute beaucoup de classique et on en avait déjà parlé, car ça faisait un moment qu'il voulait le faire. Dans le métal, tout ce qui avait tenté dans le genre, on trouvait ça un peu tiédasse en général. Il y a des trucs qui nous plaisent, bien entendu, mais on trouvait ça un peu trop intellectualisé. On voulait faire ça à notre sauce, c'est-à-dire être efficace sans chercher vraiment à révolutionner quoi que ce soit. C'était une démarche jusqu'au boutiste, pour faire des morceaux simples et efficaces avec ce côté très emphatique de la musique classique. Jusqu'à jouer au maximum sur les clichés, tout faire au maximum...


D'où le parallèle fait avec Wagner, réputé pour ses musiques très martiales...
Oui tout à fait! Et puis on balance des gros riffs derrière avec l'envie d'allier la puissance des deux univers, ça ne va pas plus loin. A vrai dire les groupes qui ont le mieux réussi cette alliance à notre goût sont LAIBACH et RAMMSTEIN...

V: Oui enfin bon, en même temps, tu prends "Jesus Christ Superstar", c'est quand même une sorte de pré-RAMMSTEIN...

H: Et ce qui est marrant c'est que le seul groupe qui a le mieux réussi cette alliance c'est un groupe qui n'est pas vraiment un groupe de métal.

V: Enfin c'est aussi le seul album "métal" de LAIBACH.


Donc LAIBACH est clairement un grosse influence pour vous...
V: Ah oui et à tous les niveaux! Pour tout le monde... C'est complètement assumé et c'est une référence dont nous ne rougissons pas!


Tu parlais tout à l'heure de l'opposition entre le titre de l'album et la situation actuelle. Il en est de même pour tes paroles?
H: Parfaitement! On voulait quelque chose de très cohérent que ce soit entre le design, de ce que dégage la musique et les textes... C'est vraiment axé sur les paradoxes actuels. On a été très influencés sur cet album par des films et des bouquins d'anticipation style 1984, Farenheit, Soleil Vert ou même Orange Mécanique comme on le disait tout à l'heure. En fait, 1984, c'est en le relisant que je me suis replongé dans ce monde-là et c'est flippant de voir à quel point on est à fond dedans! C'en est même effrayant puisqu'il y a quelques points détails qu'on retrouve texto dans le bouquin comme la Star'Ac par exemple...

V: Il y a aussi la notion de novlangue... Le principe de la novlangue, c'est d'appauvrir le langage pour appauvrir la pensée. C'est-à-dire que si tu supprimes le mot qui définit une idée, tu supprimes l'idée qu'il y a derrière. Et on voit ça tous les jours avec l'appauvrissement du langage par le langage SMS, le fait que les gens ne lisent plus de livres, se contentent de regarder la télé... Cet apauvrissement de la culture amène un apauvrissement de la pensée. Et c'est quelque chose que l'on voulait développer car ça nous tient vraiment à coeur...

H: Les parallèles sont très vite tracés entre 1984 et le monde actuel... La novlangue décrite par Orwell dans 1984 c'est extrêmement semblable à ce que l'on peut lire sur Internet. Le langage SMS ce n'est ni plus ni moins que de la novlangue et quand on voit que certains commencent à confondre certains mots, à faire des contresens, employer un mot à la place d'un autre, on se dit que le système a bien réussi son coup. Parce quen plus les gens ont l'impression d'être libre parce qu'on leur fait reluire cette illusion de liberté. De par ce fait, les gens n'ont plus aucune raison de se rebeller puisqu'ils ont l'impression d'être libres. C'est tellement bien fait que tout le monde s'enfonce dans cette espèce de néo-esclavagisme. Mais bon, en même temps, on n'est pas là pour prendre la tête aux gens avec ça. On est pas des néo-prophètes

V: Juste un constat de ce qui nous choque...

H: Après si on peut amener les gens à se faire une petite réflexion sur ce qui les entoure, ou les amener à lire quelques bouquins, tant mieux. Mais on est pas des militants. Et c'est pour ça qu'on garde ce côté ironique, parodique, ce second degré, tout en abordant des sujets assez graves.

V: Une approche à la fois légère mais cynique aussi. Prendre les choses avec un certain humour dans les paroles...

H: Et même dans la musique, parce que pour nous ça reste de l'entertainment, du rock'n'roll! On n'a pas vocation à faire autre chose que ça. On peut le faire d'une manière relativement intelligente mais sans se prendre pour ce que l'on est pas, en empruntant des passerelles!

V: De toute façon en plus on se planterait car on n'a pas un discours suffisament élaboré à ce niveau-là...


Enfin ça va quand même, votre discours tient la route et tout est plutôt cohérent...
H: Disons qu'on joue avec pas mal de références, ce qui n'est pas toujours très bien compris! Ca c'est un problème avec l'époque actuelle. Les gens lisent de moins en moins et ont de moins en moins de références. Donc à cause de ça, ils comprennent de moins en moins le second degré. Ils n'ont pas les références, les clés, pour rigoler de certaines choses. Musicalement, dans les textes et même dans le visuel, il y a des clins d'oeil absolument partout! A des musiques contemporaines, à des films, à des livres... C'est bourré de choses comme ça... Ensuite c'est au gens de les relever et de voir à quel point tout ça est ironique....


Concernant le visuel, comment as-tu eu l'idée de partir vers ce type de pochette???
V: A la base, on ne s'est pas réellement concerté car on savait tous qu'on allait dans le même sens. On savait tous ce qu'on avait à dire et ils connaissaient mon style. Je me suis donc lancé là-dedans en freestyle, en sachant qu'on allait sans aucun problème trouver un axe cohérent par rapport à tout ça! J'ai mélangé toutes les influences du groupe, littéraires, musicales, iconographiques avec mes références à moi en tant que graphiste. Ca a donné ce que ça a donné et on est plutôt fier du final!


L'imagerie totalitaire, tu y es venu comment?
C'était pas une obligation à la base pusique même au début, j'avais fait des essais sur des trucs psychédéliques. On était même parti au départ sur le fait de refaire des pochettes des BEATLES en modifiant certains éléments. Mais il se trouve que finalement par rapport à toute la démarche de l'album, c'était pertinent de jouer sur une image totalitaire...


Ca n'a pas été trop chiant de travailler avec des potes à l'élaboration de la pochette de ton propre groupe?
(rires) C'est plus facile de travailler pour d'autres groupes car tu imposes plus facilement tes exigences et on t'écoute... Là, ça a un peu chipoté sur certains détails mais c'est naturel. On a quand même réussi à la fin à avoir un résultat dont tout le monde est fier. Mais c'est vrai que quand ça a commencé à chipoter, ça m'a plutôt énervé car je ne supporte pas trop qu'on se prenne la tête pour des points de détail! Qu'on chipote sur le concept, la direction artistique, je veux bien, mais sur des points de détail, je suis vraiment moins souple! Mais en tant que membre du groupe, ça s'est franchement bien passé...


Et concernant le problème avec la FNAC, ça t'a un peu saoûlé, j'imagine? Tu cherchais la censure??
Ca nous a clairement cassé les couilles! Ils emploient les méthodes des gens qu'ils sont censés condamner eux-mêmes. Nous on montre quelque chose... Ils n'ont même pas cherché à savoir si on est pour ou si on est contre, par rapport à où on se positionne sur cette imagerie. Ils voient juste l'imagerie. Ils n'aiment pas: ils censurent... Point!

H: Ca rejoint ce que je disais tout à l'heure. Apparemment les gens qui s'occupent de ça n'ont pas la culture nécessaire pour différencier une iconographie qui fait référence au troisième Reich de quelque chose qui fait plus penser à une imagerie communiste... C'est quand même triste venant d'une enseigne qui se revendique acteur culturel!

V: Je me suis inspiré de l'iconographie chinoise pour faire la pochette, notamment parce que j'ai passé pas mal de temps en Chine l'été dernier... A cela, j'ai ajouté des uniformes français de la seconde guerre, donc des uniformes de l'armée qui a combattu le nazisme. Donc si tu résumes, on met des uniformes français avec une iconographie chinoise, et eux y trouvent des références au nazisme! La FNAC a une espèce de commité de censure qui a le droit de vie et de mort sur l'existence commerciale d'un groupe. Car malgré tout ce que certains pensent, un groupe désire vendre son disque! Quand tu sais que 70% des ventes de disque du marché français, c'est la FNAC, tu comprends vite les choses. Si la FNAC décide que tel groupe ne sera pas dans ses bacs, ça tue en France le groupe. Le label ne fera pas de promo car l'album ne sera pas distribué et ça le tue complètement. L'album restera dans un tiroir et c'est terminé...

H: En même temps, ça c'est classique. On a eu le même genre de problèmes avec ANOREXIA avec la pochette de "New Obscurantis Order" sur laquelle on trouvait une photo de Jan Saudek qui nous a valu d'être accusé de tous les maux et d'être qualifié de tout et n'importe quoi (NDR: le groupe avait à l'époque essuyé des accusations de pédophilie)... Y'a eu pas mal de concerts annulés à cause de ça et j'ai même dû envoyer des droits de réponses à des articles parus dans la presse régionale. En plus, quand tu y repenses, Jan Saudek, Tchèque, a fuit l'occupation des pays de l'est par les communistes pour se réfugier en France. C'est la France qui lui a offert ses premières expositions à Paris et c'est un artiste carrément reconnu ici... Je trouvais ça à la fois drôle et inquiétant qu'en 2002 on revienne à une espèce de chasse aux sorcières, la même d'ailleus dont Saudek avait été victime dans son pays totalitaire.

V: Les gens ne cherchent pas à savoir ce que veut dire un visuel. Ils restent sur leur première impression, à ce qu'ils pensent que le visuel représente, sans chercher à savoir ce que l'artiste a voulu dire. C'est aberrant. Quand Sid Vicious des SEX PISTOLS s'est pointé avec un t-shirt sur lequel il y avait une Svastika énorme, personne n'a pensé une seule seconde qu'il pouvait être nazi!

H: Dans les années 80, les gens comprenanient encore où était le second degré, que ce soit au travers d'humoristes ou d'autres artistes comme la scène punk par exemple. Ca revient à ce que l'on disait tout à l'heure. Les gens deviennent bêtes et méchants.

V: On a conscience que l'on est sur un terrain glissant et que l'on s'expose à la vindicte. Mais en même temps, si on ne se met pas sur un terrain glissant et que l'on fait quelque chose d'attendu, quel est l'intérêt de faire de l'art?? L'intérêt de l'art, c'est de surprendre, de frapper, de faire réfléchir! Sinon on arrête tout, ça sert à rien de faire de l'Art!


Et concernant vos fans... Ca vous fait pas un peu flipper de voir que certains sont vraiment à fond dans le trip sans comprendre réellement le second degré qui se cache derrière tout ça?
H: Bah non, y'a pas vraiment de raison!

V: Et en même temps on ne peut pas le gérer...

H: On essaye dans la mesure du possible de participer au forum et de les recadrer en leur expliquant. Mais ce n'est pas super évident.

V: C'est des gamins de 16-17 ans qui prennent les choses avec leur culture... C'est vrai qu'ils se plantent assez souvent voire constamment. C'est vrai que ça nous agace un peu et qu'on a peur de certains débordements, notamment en concert. On n'a pas trop envie d'y retrouver un certain public que l'on ne veut absolument pas drainer mais qui pourrait quand même se pointer.


Vous n'avez pas un peu l'impression d'être victime de votre image en ce moment?
H: On s'y attendait mais on l'a fait en connaissance de cause. On savait que ça allait susciter des réactions, souvent absurdes comme la FNAC par exemple... Mais les réactions que l'on voit parfois, vraiment très "stade anal", c'est franchement désolant... On sait fatalement qu'il y aura des personnes qui vont s'arrêter à la pochette et qui ne vont même pas chercher à écouter ou à comprendre le concept. Même des journalistes qui vont nous cataloguer pas spécialement de fascistes mais de sous-LAIBACH voire sous-DEATHSTARS (rires)!!!


Sous-DEATHSTARS?
Ouais on a eu ça, car sur leur dernier album, ils sont habillés en militaires et l'album est sorti avant nous. Et même si le style n'a rien à voir, fatalement, y'en a toujours qui arriveront à prendre des raccourcis assez marrants!


Puisqu'on parle de controverse; vous avez dû avoir la "chance" de lire certains commentaires sur VS...
Ah ça on a vu!

(ils rient tous les deux)

V: Dans l'ensemble, on s'attendait franchement à pire.

H: Perso, il y en a que je trouve franchemennt ridicules... Après s'il y a bien une chose que j'ai apprise dans mes années avec ANOREXIA, c'est que tout ce qu'on peut lire, surtout sur Internet, il vaut mieux s'en tenir à l'écart! Tout ce qui se dit sur les forums, je le prends avec du détachement et de l'humour! Au départ d'ANOREXIA, dès que je voyais une chronique ou un commentaire négatif, je lui écrivais un truc genre "Viens l'dire en face" (rires) Mais ça servait à rien! En France, y'a un gros souci dans le monde de la musique: la convoitise et la jalousie.

V: C'est beaucoup d'énergie gaspillée!

H: Mais globalement, les gens ont quand même bien compris le concept et notre univers.

V: Notamment les Allemands qui au cours des interviews nous prenaient plutôt sous l'angle: "Bon les gars, les uniformes, la pochette, on a compris que c'était pour déconner... alors pourquoi tout ça?"
En même temps, ce sont nos détracteurs qui font parler de nous, nous on n'a rien fait! On s'est contenté de faire un pochette de disque et de la faire imprimer! Après ce sont les relais qui nous font de la pub!


Tu chantes en anglais, en allemand... Le titre de l'album est en français... Encore une clin d'oeil à l'Europe?
H: Le titre en français s'est imposé de lui même... On trouvait que ça sonnait bien et puis vu qu'on est français, on s'est dit pourquoi pas le revendiquer! Ensuite pour l'anglais, on l'avait déjà utilisé massivement sur le premier album et ça correspond tout à fait au style simpliste et "in your face" que l'on voulait donner à notre musique. Enfin, le morceau en allemand, ça fait un paquet de temps que je voulais en écrire un en entier. D'une part parce que j'écoute beaucoup d'électro, d'indus dont le chant est en allemand. D'autre part parce que j'aime beaucoup la sonorité de la langue. On s'était dit que si un jour on composait un morceau qui s'y prête bien, un truc vraiment martial, ce serait bon de chanter en allemand dessus. Que ce serait encore pire! (rires) Pendant qu'on enregistrait l'album, je réécoutais "Aenima" de TOOL avec le morceau "De Eier von Satan" et j'étais mort de rire sur le concept de la recette de cuisine braillée en allemand avec des samples de fou derrière! La blague était franchement énorme. Alors on est parti sur le même délire en faisant des paroles appuyant un morceau super martial, avec un chant super hurlé en allemand, bien menaçant, et un total décalage au niveau des paroles puisque si tu les lis c'est plutôt ambiance Charles Ingals et "La Petite Maison dans la Prairie"!!!

V: Le décalage est présent dans le titre même du morceau puisque "Die Holzhammermethode" ça signifie en français "ne pas prendre de pincettes", "j'utilise la méthode du marteau de bois"! C'est rustique et visuel!!!

H: Surtout qu'on a écrit les paroles avec 2-3 connaissances dont un Autrichien qui nous a aidés. On a ainsi pu utiliser des mots, des expressions qui sont vraiment du terroir, en bavarois! A tel point que je suis sûr que même certains Allemands ne pourront même pas comprendre!!! (rires) Perso, je suis très content du résultat qui a beaucoup fait rire, en Allemagne surtout, où les gens ont halluciné sur la teneur des paroles! (rires)


Comment vous arrivez à expliquer cette différence assez flagrante de thématiques entre le premier album assez nihiliste et celui-là où vous présentez une sorte de société "modèle" au second degré?
V: On a évolué parce qu'on vieillit et qu'on devient plus mûrs, on a envie de sortir de ces envies de destruction, de ces démarches stériles.

H: Le premier album c'était vraiment un constat, y'avait pas de message à en faire ressortir vraiment. Le but c'est pas de dire: "Vas-y prend un flingue et tue tes parents". C'était un album vraiment pour s'amuser, qui fout la pêche, qu'on a envie d'écouter en soirée pour se défouler et qui se situe au stade de la pulsion, de l'adrénaline pure. C'est pour ça qu'on s'était efforcé aussi de faire des textes vraiment stupides, quasiment pas de phrases, juste des mots collés les uns aux autres. Là on avait envie de faire quelque chose de plus évolué, c'est tout!


Concernant les concerts, j'imagine qu'aujourd'hui, avec un line-up dédié à ça, vous allez tourner un maximum en 2008?
V: On avait deux plans de tournée qui au final ne se feront pas. Mais on a un tourneur maintenant. On a eu des propositions de dates importantes voire très importantes pour l'année prochaine. On n'est pas encore tout à fait prêts car on veut travailler le visuel scénique mais à partir de février-mars, ça devrait commencer à être bon.


On peut donc s'attendre à vous voir au HellFest en juin?
H: Y'a encore rien de fait, on le gère plus directement, mais a priori il en serait question. Après, on n'en sait pas plus pour l'instant. Réellement. Les concerts, ça nous tient vraiment à coeur puisqu'on n'a pas pu le faire pour le premier album.

V: En plus de ça, on a pas mal d'idées concernant la scène... Y'aura des projections, des costumes, des drapeaux... Ce sera très très théâtral!


Et le troisième album est déjà en route? Vous y pensez déjà?
H: Il y a eu 5 ans entre les 2 albums. Mais à vrai dire "L'Hymne...", on l'a composé courant 2006, enregistré en février 2007... Ca fait presqu'un an qu'il est en boîte! Là il vient de sortir et effectivement, même si on est encore dedans, qu'on en fait en ce moment la promo, ça fait déjà un moment qu'on est dessus! Jean-Seb est donc déjà en train de travailler sur de nouveaux morceaux et il n'y aura pas 5 ans avec le prochain!


Et concernant les activités parallèles des autres membres, par exemple toi Valnoir qui est graphiste... Vous allez tout gérer de front ou vous n'allez plus que vous concentrer sur CNK?
V: Bah moi c'est mon boulot, mon activité principale donc non je n'arrêterai pas pour CNK! C'est pas l'exigence du moment et c'est accessoirement ma raison de vivre aussi. Donc non c'est impossible pour moi d'arrêter aujourd'hui...

H: Ah oui, tout le monde conserve ses activités. Sylvain par exemple avec TANTRUM part en tournée bientôt et c'est pour ça qu'il a nous fallu annuler nos dates débuts 2008. Mais là c'est pas de chance, c'est exceptionnel. Vu qu'avec TANTRUM, on est en décalé question sortie d'album, ça devrait se caler nickel et on devrait jongler avec les périodes de trou de TANTRUM. Mais lui continue bien entendu puisque TANTRUM marche de mieux en mieux...

V: Pour Sylvain, c'est pas une grosse difficulté avec TANTRUM car c'est un groupe qui ne nécessite pas énormément de temps de répétition et de temps studio. Le plus gros handicap avec Sylvain c'est qu'il habite à Aix et que nous on est à Paris. Donc on ne répète pas aussi souvent que l'on voudrait et on travaille pas aussi facilmeent qu'on le voudrait.

H: Mais ça va, il apprend vite... (rires)

V: C'est pas comme si on avait un second guitariste en Suède à Göteborg! (rires)


Vous avez fini parmi les 6 meilleurs albums français de l'année 2007 suite aux votes des lecteurs de VS.... Quelles sont vos impressions?
H: Bah on ne s'y attendait pas du tout car j'ai l'impression qu'on cadre pas trop avec le style du zine...

V: VS a un certain public. VS a un public particulier... Donc ça a un peu un effet loupe: c'est pas représentatif du public français, du public européen ou du public international. Mais oui ça fait plaisir de voir que les efforts ne sont pas vains et qu'il y a une reconnaissance au final.

H: Surtout après tout ce qu'on a pu lire, c'est franchement étonnant...


Pour l'année 2007, quels sont vos albums préférés français et/ou internationaux?
H: ...

V: Pour moi, ça change tous les mois!


Bon bah tu écoutes quoi en ce moment alors?
ULVER et ELECTRIC WIZARD

H: .... (il cherche)

V: Allez! A part LYNYRD SKYNYRD??? (rires)

H: Y'a quelques trucs que j'ai bien aimés. Y'a MONARCH par exemple... Ou PRIME SINISTER même si t'aimes pas...

V: J'adore DEATHSPELL OMEGA mais lui n'aime pas. (rires)

H: Sinon le dernier SHINING comme tout le monde!

V: C'est dur car on se tire constamment dans les pattes sur ce que l'on écoute!!! On se retrouve sur quelques trucs mais chacun apporte ses influences et se bat pour les défendre. On n'est pas tous branchés par les mêmes groupes, à part LAIBACH!


Et hors-metal?
H: Perso y'a un truc que je trouve génial c'est VARSOVIE. C'est un groupe composé d'ex-FORBIDDEN SITE, du post-rock très typé JOY DIVISION mais chantant en français, donc avec un identité forte, très rock et cold wave. Je trouve ça vraiment excellent avec des super textes et une énergie sur scène terrible! La scène française a du mal à faire autre chose que copier l'étranger, elle manque de personnalité, et là y'a quelque chose qui est en train de se faire à ce niveau là sur la scène cold-wave. C'est pas métal mais y'a du bon... FRUSTRATION, TRESPASS, GUERRE FROIDE qui vient de se reformer, voire même VIOLET STIGMATA ou EAT YOUR MAKE UP...

V: On est loin d'écouter que du métal. Perso, ça doit représenter qu'une moitié de ce qui passe chez moi. J'écoute beaucoup d'indus, de neo-folk...


Merci les gars pour votre temps et vos réponses... Un dernier mot pour les lecteurs de VS?
H: "Cédénazi"!

V: Paris ou la mort? Celine au Panthéon!...

(les deux sont morts de rire)


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