Neil Burkdoll (guitare et chant) - FATALIST par ZOZO - 1832 lectures

Même ces détracteurs ne pourront que l’admettre : même au milieu de la bouillonnante scène death-metal européenne du début des années 90 (aaaaaaaah, le bon vieux temps les aminches !), la Suède avait une place bien à part. Ah ce son de guitare plein de grumeaux, ces rythmes pâteux, ce petit côté ‘Autopsy passé au karcher’… Autant de joyeusetés qui ont fait de ‘Left Hand Path’ (Entombed), ‘Like An Ever Flowing Stream’ (Dismember) ou ‘Into The Grave’ (Grave) d’immortelles sépultures érigées à la gloire des hivers rugueux de Stockholm et à la brutalité ‘made in Sweden’.

Visiblement, on est pas les seuls à écraser une larme dès que l’on évoque cette époque désormais révolue car régulièrement, un ch’tit groupe de derrière les fagots vient nous resservir la même barquette de riffs directement piochés dans ce chaudron dégoulinant de graisse. Et le pire est que ces petits rétrogrades (et fiers de l’être) ne sont pas tous Suédois… Comme FATALIST dont l’élément naturel n’est pas la froide Baltique mais l’ensoleillée côte californienne !

Formé par le guitariste soliste (Wes Caley) de la dernière formation en date d’EXHUMED (rip ?) en 2006, le groupe vient de sortir un premier mini CD auto-produit de sept titres ‘Loss’ débordant de gadoue et de riffs ‘Stockholmiens’. C’est Henke, le bassiste de GOD DETHRONED, qui nous a mis la puce à l’oreille en faisant leur pub au dernier ARNHEM METAL MEETING en portant leur t-shirt. Un logo si suggestif ne pouvant nous laisser de marbre, une petite mise au point semblait obligatoire avec leur second guitariste et chanteur, Neil Burkdoll.



Bon, commençons par le commencement : qui a lancé le ‘concept’ de FATALIST ?
Tout est parti de Wes. Initialement, il voulait monter avec Rhett Davies (ex-Morgion) et Leon Del Muerte (ex-Impaled, ex-Exhumed et Phobia) un groupe nommé Stockholm Syndrome, uniquement dans le but de faire des reprises de classiques du death-metal suédois du début des années 90. Mais hélas par manque de temps, cela ne s'est jamais fait, même si aujourd'hui Rhett et Leon nous filent un coup de main à l'occasion pour FATALIST, soit en proposant de faire un split 45 tours avec Gravehill (Rhett) ou en faisant le design de notre logo (Leon). Bref… Pour revenir à Stockholm Syndrome, quand tout s'est cassé la gueule, cela faisait déjà quelque temps que Wes et moi nous nous parlions par mail. Il était entré en contact avec moi après avoir entendu quelques morceaux de l'un de mes projets musicaux, POOR, pour lequel j'avais justement utilisé un son de guitare assez proche de celui des groupes de death-metal old-school suédois. Donc lorsque je lui ai annoncé que pour des raisons personnelles je quittais Chicago pour emménager en Californie pas trop loin de là où il habite, il m'a tout de suite proposé de taper le bœuf avec lui. Sauf qu'à la différence de Stockholm Syndrome, nous avons décidé d'écrire nos propres morceaux plutôt que de faire des reprises, mais toujours dans un style ''old-school suédois'.


Wes a joué dans deux groupes plutôt connu dans l’underground (Exhumed, Uphill Battle) mais qu’en est-il de ton parcours ?
J'ai joué dans pas mal de groupes mais rien du niveau d'Exhumed ou Uphill Battle. Mon projet le plus abouti a été Stump où je jouais de la guitare et chantais lorsque j'habitais Chicago : c'était du pur goregrind, entre Carcass et Blood. Toutes nos chansons avaient un rapport avec la merde et tout ce que tu pouvais faire avec (c'est notre Cobra national qui va verser une larme en lisant ça…-ndr) Nous avons sorti deux albums, dont un sous la forme d'un split CD avec Decrypt sur Forever Underground. Tu peux écouter quelques morceaux sur http://www.myspace.com/manuremetal.


Tu peux justement nous donner un peu plus de détails sur ce projet qui a attiré l’attention de Wes, POOR ?
Poor (Point Of Our Resistance) a vécu l'espace d'un week-end, le temps d'écrire trois morceaux de death/grind entre Rotten Sound et Nasum, enregistrés avec l'aide d'ex-membres de Stump et Dirty Dead. Vu que j'habite désormais en Californie, je doute continuer l'aventure mais on ne sait jamais… Si les gens veulent écouter ce que cela donnait, il suffit d'aller sur http://www.myspace.com/pointofourresistance.


À l’heure actuelle, FATALIST est donc votre seul groupe ‘sérieux’ à tous ?
Pas exactement, à part pour notre batteur Tyler. Même si je considère FATALIST comme mon groupe principal, je joue aussi, plus pour le fun, dans un groupe d'horror punk nommé Dirty Dead. Quant à Wes et notre bassiste Art, ils jouent aussi ensemble dans un groupe de thrash nommé Downfall (http://www.myspace.com/downfalliskillingyou).


FATALIST serait-il toujours en quelque sorte un tribute band qui a préféré écrire ses propres chansons plutôt que de se contenter de reprises ?
Je ne crois pas. En fait, j'irais même jusqu'à dire que FATALIST ne sonne pas si suédois que cela, surtout que nous n'écrivons pas de la même façon que tous ces vieux groupes et que je suis le premier à dire que nous sonnons au final assez ''américain'. En gros, notre but est de ne pas particulièrement copier Entombed, Dismember etc. mais de sonner comme si nous en étions des contemporains. Je ne sais pas trop si cela a vraiment un sens en fait… (rires) Alors oui, nous avons par contre utilisé le même son de guitare caractéristique mais c'est tout simplement parce que c'est le meilleur qui ait été jamais inventé !


3. Qu’est-ce qui rend cette époque (le début des années 90) et cette scène spécifique si particulières à tes yeux et oreilles ?
Je ne peux répondre qu'en mon nom, mais si j'ai été si marqué par la scène suédoise de l'époque, c'est avant tout parce qu'elle ne sonnait comme aucune autre. J'ai eu la chance de vivre la grande époque du death-metal – en gros, entre 1989 et 1993 – et tout était alors nouveau et spécial ! Mais des groupes comme Entombed ou Dismember sortaient particulièrement du lot… Bien sûr, il y avait avant tout ce son de guitare écrasant. Mais leur style de composition aussi était atypique : par rapport à la scène américaine, très portée sur la technique et la double grosse caisse à fond le train, la scène suédoise empruntait plus au punk et misait beaucoup sur des atmosphères très sombres. Et puis par rapport à ce que Scott Burns faisait aux Etats-Unis ou Colin Richardson en Angleterre, le producteur Tomas Skogsberg avait un style de production plus crade.


Des gens ont déjà dû vous dire que seul un groupe suédois pourrait correctement ressusciter l’esprit Sunlight Studio…
Ce n'est bizarrement pas encore arrivé mais je m'attends à recevoir cette critique d'un jour à l'autre. Ce qui est marrant, c'est que nous avons déjà reçu le soutien de groupes de death-metal suédois comme Evocation ou de certains membres d'Edge Of Sanity qui nous ont affirmé bien aimer ce que nous faisons ! D'ailleurs, à l'heure d'aujourd'hui, nous avons vendu plus de CD à l'étranger qu'aux Etats-Unis… Et puis merde, si les Allemands de Fleshcrawl s'en sortent en pillant l'héritage suédois depuis quinze ans, je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas le faire nous aussi ! (rires)


Comment avez-vous fait pour retrouver ce son de guitare ? Avez-vous demandé des conseils à certains vétérans ?
Ce n'est très difficile de retrouver le même type de sonorité si tu sais où chercher, mais non, nous n'avons été conseillés par personne. Cela étant dit, histoire de nous démarquer un peu, nous avons utilisé une pédale d'effet dont je tairais le nom pour donner un peu plus de ''mordant' à l'ensemble…


Quel est ton disque préféré de death suédois ?
Arf, très difficile de répondre à cette question… Pour moi, je dirais ''Left Hand Path' d'Entombed mais je sais que Wes préfère ''Like an Ever Flowing Stream' de Dismember.


Votre logo ressemble beaucoup à celui d’Entombed première époque. Est-ce volontaire ?
Bien sûr. Nous avons d'ailleurs choisi le nom FATALIST car cela sonne un peu comme Nihilist, la première incarnation d'Entombed… C'est une façon un peu de jouer carte sur table. Rien qu'en entendant ce nom et en voyant ce logo, tu sais à peu près où nous situer sur l'échiquier musical si tu t'y connais en death-metal.


Il semble que vous ayez utilisé un kit de batterie électronique (un V-drums pour les connaisseurs) pour l‘enregistrement de ‘Loss’. Pourquoi ?
Nous avons pris cette décision pour des raisons essentiellement pratiques car nous avons enregistré ''Loss' chez moi avec notre propre matos et sans l'aide d'un ingénieur du son professionnel. Utiliser une batterie électronique était donc beaucoup plus simple. En contrepartie, je me permets de te rappeler que ''Loss' n'est qu'une démo faite à la va-vite. Nous utiliserons bien sûr une ''vraie' batterie pour l'album.


‘Loss’ est-il une vraie demo ou juste un truc fait pour démarcher les labels ?
Un peu des deux. Le but principal est de décrocher un contrat bien sûr mais nous le vendons aussi par l'intermédiaire de notre site web ou via le mail-order de Relapse pour ceux qui sont intéressés.


Jouer un style de death-metal assez crasseux et old-school comme le fait FATALIST est-il une façon de réagir face à tous ces groupes récents de death US obsédés par la vitesse et la technique ?
Involontairement, peut-être. Wes et moi, nous n'écoutons pas vraiment de ''nouveaux' groupes, contrairement à Art et Tyler. J'adore le style ''old-school' ou l'écurie Razorback Records par exemple (Monsieur a bon goût-ndr) avec tous ces groupes gore aux riffs accrocheurs. Après, je m'en fous de savoir si c'est super-rapide ou super-balèze niveau technique : tout ce qui m'intéresse, c'est d'écouter de bons morceaux. C'est d'ailleurs pour cela que la très grosse majorité des groupes de brutal death actuels m'ennuient.


Avez-vous déjà effectué des concerts ?
Nous n''en avons donné que deux seulement pour l'instant mais nous devrions rejouer à Los Angeles le 13 janvier prochain (interview réalisée en décembre-ndr). Et nous essayons de mettre en plus une petite tournée de la côte ouest US avec nos potes de Gravehill pour mai prochain.


Quels sont vos projets ?
Finir de composer pour notre premier album et enregistrer notre premier album. Nous sommes déjà en contact avec plusieurs labels et nous espérons que cela aboutira en 2008. En attendant, merci pour l'interview ! J'encourage tout le monde à venir écouter nos morceaux sur notre site myspace : http://www.myspace.com/fatalist666


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