Manuel Munoz (guitare, chant) & Gilles Moinet (guitare) - THE OLD DEAD TREE par SHAKA - 3213 lectures
Après le départ de son guitariste Nicolas, THE OLD DEAD TREE se devait de confirmer après deux albums encensés par la presse et les fans. Le cap difficile du troisième album semble franchi avec brio (avec qui ?). Manuel Munoz (guitare, chant) et Gilles Moinet (guitare) nous en disent plus sur "The water fields".


Est-ce que vous pouvez revenir sur les raisons du départ de Nicolas, le guitariste, l'année dernière ?
Manuel Munoz (guitare, chant) : Nicolas était un peu fatigué du rythme du groupe qui s'est accru après la sortie de "The perpetual motion". Quand sa femme est tombée enceinte, il a compris qu'il ne pourrait jamais réussir à gérer les deux et il a préféré à ce moment-là arrêter l'aventure, on comprend tous son choix, c'est vraiment un choix indiscutable. Seulement, c'est vrai que c'était un petit peu un coup dur, car c'était un membre fondateur du groupe, co-compositeur sur l'album précédent.


Peux-tu nous présenter, ou peut-il se présenter lui-même, son remplaçant, Gilles ?
Gilles Moinet (guitare) : Alors, je suis arrivé dans le groupe en juillet 2006, après deux auditions. Je jouais, je joue toujours d'ailleurs, dans un groupe de Doom qui s'appelle LUX INCERTA depuis 2000 à peu près. Je connaissais THE OLD DEAD TREE depuis cette période-là, c'est-à-dire depuis à peu près la démo "The blossom". J'ai toujours suivi le groupe, j'appréciais énormément les deux albums. Quand il y a eu l'annonce du départ de Nicolas, j'étais touché car je suivais le groupe depuis le début, donc j'ai été très surpris, comme beaucoup de monde je pense. Peu de temps après, il y a eu l'annonce comme quoi ils recherchaient quelqu'un très rapidement, alors j'ai tenté le coup et voilà.
Manuel : Ca a été très dur, dans le sens où on a eu beaucoup de monde. Ca a été positif car on a eu beaucoup de choix, ça prouve que le groupe intéresse beaucoup de gens...


Il y a eu des musiciens connus qui se sont présentés ?
Manuel : Il y a eu des guitaristes de groupes un peu connus de la scène sur Paris, que je ne citerai pas (rires). On cherchait quelqu'un qui ne soit pas très loin parce qu'on répète énormément. Donc, ça a été très difficile parce qu'on cherchait quelqu'un avec qui ça colle évidement musicalement, quelqu'un qui ne soit pas là par opportunisme, quelqu'un avec qui on s'entende humainement, car c'est vrai que sur la route on a vite fait de péter un plomb. Gilles avait beaucoup de ces qualités qu'on recherchait, il avait le même style de vie que nous, c'est-à-dire, entre guillemets, une vie stable et familiale déjà établie, il avait déjà la maturité suffisante pour comprendre ce qu'on attendait réellement. On est sur la même longueur d'ondes, on a énormément d'influences en commun musicalement. Un an après, je ne regrette pas grand-chose, il est peut-être un peu grand, mais sinon, on a définitivement fait le bon choix. Il a aussi un réel talent de composition, il a apporté beaucoup de choses au groupe et notamment beaucoup d'énergie. Car c'est vrai qu'on sortait de tournée, on était un peu fatigué, il fallait assurer après "The perpetual motion" qui a bien été accueilli partout. Donc, c'était pas évident, et avoir du sang neuf qui arrive à ce moment-là, c'était salvateur.


En parlant de composition, Nicolas a également participé à la compo sur le nouvel album ?
Gilles : Quand Manuel et moi avons attaqué la composition de "The water fields", il y avait déjà des parties écrites avant le départ de Nico, vers fin 2005/début 2006. Il y avait donc quelques morceaux déjà écrits et avec tous les concerts de début 2006, la compo avait été mise entre parenthèses un certain temps. Ensuite, il y a eu le départ de Nicolas et quand je suis arrivé, on a donc attaqué des nouvelles compos et mis en place celle qui avaient déjà été écrites avec Nico. Nico a collaboré sur la mise en place des morceaux qu'il avait co-écrits avec Manuel. Manuel et moi avons aussi écrits de nouveaux titres et il a donné aussi son avis sur les nouveaux, comme j'ai donné mon avis aussi sur ceux sur lesquels il avait participé. En fait, il y a eu un travail de composition entre Manuel et moi, Manuel et Nico, et tous les trois ensemble aussi.
Manuel : C'est pas forcément évident quand on est nouveau guitariste d'être confronté à l'ancien, mais il s'avère que ça s'est très très bien passé. Du coup, on a pu gagner en regard externe, c'est-à-dire que Gilles avait un regard extérieur sur les compos que Nico et moi avions déjà faites, et Nico a pu donner un avis extérieur sur celles qu'on avait avec Gilles. Donc, je pense qu'on a gagné un petit peu en maturité sur ce côté-là, en distance. Quand on a le nez dans le guidon, c'est pas forcément évident. A trois, on a des influences un peu diverses et ça a contribué à la diversité de l'album.


"The water fields" a été produit par Andy Classen en Allemagne, pouvez-vous nous expliquer ce choix ?
Manuel : En fait, on avait déjà enregistré les deux premiers albums avec lui. Dès le départ, ça semblait un choix bizarre, car Andy Classen ne fait quasiment que du Métal extrême et la maison de disques avait levé un peu les sourcils quand j'avais donné le nom, parce que pour eux on était dans la case Métal gothique et on devait avoir un son beaucoup plus léger, beaucoup plus fin. Je sais que j'ai toujours eu l'envie d'avoir un truc "bigger than life", avec pour les parties agressives, quelque chose de très agressif, et Andy Classen, j'ai toujours adoré son son, sur DEW-SCENTED par exemple. Donc, la première fois qu'on est allés là-bas, ça a été une très bonne expérience. Pour le nouvel album, c'est un peu particulier : la période de composition a pas été aussi évidente que ça, il y a eu la perte de Nicolas ; l'arrivée d'un nouveau guitariste, avec qui il a fallu bâtir quelque chose de nouveau, de nouvelles relations humaines, une confiance musicale aussi ; il y a eu deux naissances ; un changement de management... et le tout sur à peu près six/huit mois. C'était un peu l'enfer, parce qu'on devait répéter énormément, se préparer au studio. A partir du moment où on avait l'impression que tout autour de nous avait tendance à se casser la figure, on s'est dit qu'au niveau de la production, il valait mieux ne pas prendre de risques et retourner chez Andy, qui de toute façon allait faire un travail qu'on apprécierait, car on le connaît très très bien, qui apprécie le groupe et qu'on apprécie humainement en plus. Donc, c'était pas le moment de prendre un risque, d'essayer d'aller voir un autre producteur, de chercher quelque chose de nouveau. C'est vrai que certaines personnes nous ont dit que du coup, le son changeait pas tellement par rapport à l'album précédent. C'est vrai qu'en soi, c'est pas vraiment dramatique puisque le son était déjà très bon avant, mais c'est vrai que c'est dû à un moment où on avait surtout besoin de repères fixes, solides et de confiance.


Donc, pour le prochain album, on devra s'attendre à plus de risques de ce côté-là ?
Manuel : Peut-être. C'est vrai que pour l'instant, bon, on va pas se poser de questions, car comme je te dis, ça a été un peu l'enfer de composer cet album, on en est sorti, alors on pense surtout aux dates qui arrivent. Mais, on verra à ce moment-là, il n'y a aucune porte qui est fermée, tout est ouvert, faudra voir en fonction du matériel aussi. Pour l'instant, on n'en sait rien, peut-être qu'il sera beaucoup plus soft, beaucoup plus Heavy, j'en n'ai aucune idée. Et en fonction de ça, on choisira le producteur.


"The water fields" est un album concept, quel est-il ?
Manuel : Pour cet album, j'ai un peu chercher à analyser comment les gens réagissaient en général à une douleur, à un problème. Je me suis aperçu que le premier réflexe, l'instinct, c'est toujours de se retirer par rapport à la douleur, c'est toujours de la fuir, de s'en cacher, de fermer les yeux, de l'ignorer... le déni, c'est vraiment courant comme réaction. Donc, j'ai imaginé cette espèce d'endroit imaginaire qu'on aurait tous au fond de nous, un endroit où on se replie, où on se lave un peu le cerveau, où on ne pense pas à la réalité, aux problèmes qui nous entourent. Ca peut être la musique, le tuning, les jeux vidéos, ou de laisser la TV en permanence allumée pour pas avoir le moindre silence pour éviter de réfléchir, je sais pas. Mais, on a tous un endroit où fuir et c'était ça "The water fields". Maintenant, c'est vrai que la fuite en elle-même peut être considérée comme quelque chose de négatif, mais à partir du moment où c'est un instinct, c'est un peu particulier. je vais prendre l'exemple d'une bougie sur laquelle on se brûlerait : l'instinct, c'est de retirer sa main, pas de souffler sur la bougie. On cherche pas à résoudre les problèmes en premier, d'abord à s'y soustraire. En soi, cet instinct-là est plutôt conservateur, plutôt bien, car on se met en retrait et on arrive à s'épargner la douleur. Maintenant, il y a des gens qui restent toute leur vie dans la fuite, qui se noient dans "The water fields". Les paroles de l'album parlent de plusieurs histoires, certaines sont liées, d'autres non, mais c'est toujours de personnes confrontées à un problème et comment elles réagissent.


Que représente la pochette et qui l'a réalisée ?
Gilles : Pour la réalisation, c'est un graphiste israélien, Eliran Kantor, qui a fait vraiment un très beau travail. Le titre de l'album et le concept avaient été envoyé à un certain nombre de graphistes, connus et moins connus. Il a été le seul à aborder le sujet sur le fond, en nous proposant quelque chose qui nous a tout de suite accroché. Ca nous a fait penser aux pochettes qu'on pouvait voir dans les années 70, de PINK FLOYD ou LED ZEPPELIN. On est tombé amoureux de cette pochette-là. Il y avait d'autres propositions intéressantes, mais celle-là avait quelque chose de plus. On peut voir un personnage qui se retrouve au milieu d'un décor assez chaotique (des immeubles, des ruines, un tableau, une horloge...), ce sont les problèmes qui l'entourent. Il se retrouve au milieu de tout ça, il regarde vers le bas et donc on peut voir un petit peu une espèce de reflet, l'endroit imaginaire où il se réfugie, ce qui correspond à ce que Manu vient d'expliquer, concernant le concept de l'album.
Manuel : Tous les autres graphistes n'ont travaillé que sur des idées de "champs d'eau" ("water fields"). C'est le seul à avoir cherché à retranscrire le concept en lui-même. Quand il nous a fait la première proposition, Gilles et moi on s'est dit "c'est celle-là !", c'est le genre de pochette dans les années 70, sur 33 tours, on pouvait aller chercher les détails. Je regrette qu'il n'y ait pas de 33 tours pour cet album car c'est effectivement un travail très fouillé et Eliran Kantor est pour moi un des meilleurs graphistes en ce moment et s'il continue à travailler comme ça, il est promis à un brillant avenir.


Vous allez faire une vidéo pour ce nouvel album ?
Manuel : C'est en projet, malheureusement, on n'a pas eu le temps encore. Mais, c'est effectivement en projet. Nous sommes actuellement en discussion avec Julien Metternich qui avait déjà dirigé nos précédentes vidéos. Il y a beaucoup de bonnes idées dans ses propositions, nous espérons pouvoir présenter un clip à l'automne prochain.


Est-ce que la perspective de chanter en français est une éventualité à laquelle vous avez déjà pensé ?
Manuel : Je ne suis pas certain de m'y frotter un jour. L'anglais me permet de marquer une distance entre mes pensées et la manière de les retranscrire à l'oral. Chanter dans ma langue maternelle reviendrait à mettre ma personnalité réelle encore plus à nu devant le public et cela me serait très coûteux. Qui plus est, l'anglais reste la langue de référence dans le Metal. Chaque langue a ses propres sonorités et le français, qui n'est pas aussi fluide à mon sens, aurait tendance à hacher la musicalité du chant.


Le forum du groupe était auparavant hébergé par VS, pouvez-vous revenir sur les raisons de son déménagement ?
Manuel : Cela a été un choix de notre management de l'époque. Nous commencions notre collaboration et si l'idée nous a paru étrange, ce n'était pas la meilleure période pour remettre en cause ses décisions. Notre forum francophone est aujourd'hui hébergé chez Ecclipse qui s'occupe des forums de groupes comme GOJIRA ou DAGOBA et avec qui tout se passe bien, cependant cette décision me paraît aujourd'hui encore discutable.


Quels sont vos prochains concerts de prévus ?
Gilles : Nous avons 23 dates de prévues entre fin octobre et fin décembre. Outre 9 dates en France, notre tournée passera par l'Allemagne avec DEAD SOUL TRIBE, le Portugal, la Suisse, la Belgique et la Hollande. La 1ère date aura lieu le 20 octobre prochain à Paris au Nouveau Casino.
Manuel : Nous avons vraiment hâte de remonter sur scène. Nos dernière dates ont eu lieu en octobre 2006 et la frustration est à son comble !


Qu'écoutez-vous en ce moment ?
Gilles : Parmi mes disques du moment il y a le dernier AMORPHIS, "Silent waters", qui, je trouve, renoue bien avec les débuts du groupe. Il y a également "Monotheist" de CELTIC FROST, un des meilleurs albums de 2006, ainsi que "Mental vortex" des regrettés CORONER.
Manuel : Mes derniers achats sont un best-of d'OTIS REDDING, le premier album d'EMILIE SIMON et "A beautiful lie" de 30 SECONDS TO MARS.


Un dernier mot pour les lecteurs de VS ?
Gilles : Merci à ceux qui nous soutiennent. Nous avons travaillé dur sur ce nouvel album et nous en sommes très fiers. On espère qu'il plaira au plus grand nombre, aux fans ainsi qu'à ceux qui ne nous connaissent pas encore. On vous attend nombreux sur la route !


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