Axel et Arno - CANIVAL IN COAL par VSGREG - 5226 lectures
Suite à la déroutante annonce du split de CARNIVAL IN COAL, Arno et Axel ont bien voulu répondre à quelques questions via 2 interviews réalisées séparément, regroupées ici en exclu pour VS-webzine.


Pour quelles raisons CinC se sépare-t-il ? S'agit-il des classiques divergences musicales ?
Arno: Les différences entre nos goûts musicaux respectifs se sont effectivement faites de plus en plus importantes au fil du temps. Or si longtemps elles nous ont permis de donner cette « couleur » particulière au groupe, il arrive un moment où il est vraiment difficile de trouver un terrain commun, du moins une formule qui contente autant l'un que l'autre.
A cela s'ajoutent les raisons personnelles d'Axel que je préfère lui laisser le soin d'expliquer.

Axel : En ce qui me concerne, je me suis pas mal fatigué de la formule de Cinc depuis Fear not, je pense que je m'en serais moins lassé si on avait davantage espacé chaque sortie, un peu à la manière de Mister Bungle. Le fait est que pour moi, écrire et enregistrer un album de Cinc a toujours été un processus long et difficile, et plus le temps passe, plus j'ai le sentiment que ce que je compose, dans le cadre de Cinc, n'est plus aussi pertinent qu'il y a quelques années. J'ai besoin d'aller vers d'autres choses, plus pop et progressives, plus aérées, de m'éloigner de l'artillerie death/black que je trouve redondante à l'heure actuelle. Pour moi le dernier grand album qui a fait avancer le genre, c'était "Spheres" de Pestilence. C'était résolument nouveau. Je ne veux pas critiquer spécialement le genre, qui a plus que jamais ses adeptes, mais je ne ressens plus l'envie de m'exprimer dans ce registre.
Mais la raison principale qui me pousse à stopper Carnival est que je n'ai plus de temps à y consacrer du tout. Je suis chef d'entreprise depuis cinq ans, je m'occupe de mon studio d'enregistrement, et depuis deux ans l'activité décolle pas mal, et c'est le moment où jamais de m'y consacrer à fond pour l'amener à un niveau supérieur. Nous n'avons jamais vécu de Carnival, comme pratiquement aucun groupe en France, et je me retrouve à un moment où je dois faire un choix entre faire évoluer mon boulot ou faire évoluer un loisir. C'est un choix de raison, et puis je reste de toute façon à 100% dans la musique !


CinC avait pris un nouvel élan avec ses premières dates sur scène ces derniers mois. CinC aurait-il survécu en restant un groupe de studio uniquement ?
Arno: Il est difficile de le dire. Nous avions en partie souhaité faire de la scène pour justement pouvoir emmener le groupe plus loin. Nous avions la sensation d'être arrivés à une limite en termes de promotion, que nous n'aurions pas pu dépasser sans passer par la scène. De fait, la popularité de CinC n'a jamais été aussi importante que suite à la grosse dizaine de concerts que nous avons faite. Redevenir un groupe exclusivement studio n'aurait pas été une bonne option. Personnellement, j'aurais eu la sensation de régresser. Et comme l'écriture d'un nouvel album ensemble semblait de toute façon être dans une impasse, nous en sommes arrivés là. Je ne peux pas imaginer qu'un de nous deux décide de reprendre le flambeau seul, ou en continuant avec d'autres musiciens, ça n'aurait aucun sens.

Axel : C'est vrai que le côté live était une évolution logique, et d'ailleurs VS n'est pas complètement étranger à ce phénomène, si on se réfère à ce référendum d'il y a -déjà- deux ans ! C'a été un aboutissement, même si, contrairement à Arno, la scène n'est vraiment pas ce que je préfère, je veux parler surtout des à-côtés, car le moment du concert est souvent agréable, mais la route à se cogner, les heures d'attente, les courtes nuits d'hôtel...je ne suis pas vraiment fait pour ça, je me considère à ma vraie place en studio.
Je ne sais pas si Carnival aurait survécu sans le live, par contre je suis convaincu que si ça avait été un projet très ponctuel, genre un album tous les 5 ou 7 ans, on aurait pu se renouveler davantage et proposer des albums plus aboutis. Je pense qu'au contraire le live a été un moyen de rencontrer directement nos fans, dont nous ne soupçonnions même pas l'existence, et certains sont devenus de bons amis. Il y a eu des moments extraordinaires sur scène, on a joué avec différents line-ups de talent, rencontré la fine fleur des groupes français et étrangers (nos potes de GTI par exemple)...mais tu vois, pour continuer à évoluer, il aurait fallu se consacrer davantage au groupe, être sur la route de manière plus soutenue, et je ne peux malheureusement plus me le permettre. Au passage, je voudrais saluer et remercier chaleureusement les différents musiciens qui se sont investis à nos côtés avec talent et bonne humeur.


Quel regard as-tu sur votre carrière et vos différentes sorties aujourd'hui alors que tu es déjà dans la tombe ?
Arno : Euh, dans la tombe, on ne va rien exagérer… :-)
Je suis très fier de ce que nous avons accompli. Nous avons réussi à transformer un « délire de potes » en vrai groupe, grâce aussi et surtout à notre manager Nicolas Ramaget sans qui tout se serait peut-être arrêté après « Sramik », notre démo de 1997. Je retiendrai principalement notre premier album « Vivalavida », ainsi que notre dernier « Collection Prestige ». A bien des niveaux, ils me semblent être les plus aboutis de notre discographie, et indéniablement les plus proches de ce que représente CinC à mes yeux. « French Cancan » était une chouette parenthèse et le fait que « Maniac » fasse autant parler de lui a permis à certaines personnes de nous découvrir. « Fear Not Carnival In Coal » est le seul album avec lequel je n'ai que peu d'affinités. Il aurait d'ailleurs déjà pu être notre chant du cygne si nous n'avions pas pris quatre années de recul à l'époque avant d'écrire « Collection Prestige ».

Axel : Pour moi les trois étapes à retenir sont la sortie de Vivalavida, parce que ça a créé un petit culte avec le temps, la diffusion de la reprise "Maniac", qui semble-t-il a fait l'unanimité et nous a fait connaître à l'étranger, et "Collection Prestige", parce qu'on attendait beaucoup de Earache et que ce label de merde nous a littéralement plombés. On est fiers d'avoir ce point commun avec Napalm Death, Pitchshifter, Scorn, et tous les "past artists" prestigieux qui se sont fait avoir par Earache !
Par contre "Fear not" est un album qui me laissera toujours un sale goût dans la bouche. Trop peu de temps pour le faire, dans des conditions pas géniales, et pas assez de recul par rapport à Vivalavida et French Cancan. Cet album ne sonne pas "fini".
Dans l'ensemble, des expériences plutôt positives, et surtout la confirmation qu'il vaut mieux être une priorité sur un petit label sérieux et motivé que la dernière roue du carosse sur un gros label friqué qui s'en fout.


Quel album et quel titre est le plus repésentatif de ce qu'a été le groupe pendant toutes ces années ?
Arno : S'il me fallait vraiment retenir un seul album, je choisirais « Vivalavida », pour son côté assez novateur à l'époque et pour l'effet de surprise qu'il a créé. Quant aux titres, il y en a plusieurs qui représentent assez bien CinC… En vrac : « Got Raped », « She-Male Whoregasm », « Yes We Have No Bananas » ou encore « Fuckable ».

Axel : Je pense que Vivalavida sera toujours le pavé dans la mare qu'il a été à l'époque, même si j'ai du mal à l'écouter maintenant, il sonne trop cheap à mon goût ! Mais il y a quelques bons morceaux, comme "In darkness dwells vice" ou "Entrez le carnaval"...par contre quand j'écoute "Yeah, oysters !", ça me gave, je trouve ça un peu...gnan-gnan, immature.
On avait plus d'expérience sur "Collection Prestige", évidemment, et le studio était plus équipé ! C'est une évidence sur des titres comme "Fuckable", qui pour moi est un des plus aboutis, il m'a fallu 5 ans pour le terminer (il était prévu sur Fear not) mais ça a valu le coup ! Après j'ai un faible pour les morceaux plus alternatifs de Cinc, comme "My favourite armchair", "Fear/Fear not", "Ring my bell", "DOA", "Party at your house...", qui étaient le résultat d'expérimentations que j'aurais aimé généraliser, mais encore une fois ça demande du temps tout ça...


Et maintenant on fait quoi ? Quels sont vos projets ?
Arno : Je vais prendre un peu de recul par rapport à tout cela qui est encore assez frais, puis me mettre assez rapidement en quête de musiciens afin de faire autre chose. La scène me manque déjà, l'écriture aussi. La seule certitude que j'ai par rapport à mon futur musical est que je ne tenterai pas de « clôner » CinC en repartant de la même démarche musicale. Mon futur groupe sera forcément metal, probablement extrême, mais je crois que ma vieille passion pour la funk et le disco ne sortira plus de mon salon désormais :-)

Axel : Je demeure évidemment plus qu'actif dans le milieu musical puisque mon studio vient de s'installer dans de nouveaux locaux, et il y a beaucoup de projets en cours et à venir, tous genres musicaux confondus, mais certains auront immanquablement l'honneur des pages de VS d'ici quelques mois ! Je reste également actif dans le groupe C-Rom en tant que percussionniste, on va bientôt entamer l'enregistrement du deuxième album pour Thundering/Manitou, on a aussi un clip qui vient d'être terminé. J'espère pouvoir suivre le groupe en concert, ça dépendra évidemment de mon temps libre mais le groupe a un bon intérimaire quand je ne peux pas me déplacer ! Je vais également m'occuper du nouvel album de Wormfood, et accessoirement jouer un peu d'orgue Bontempi dessus, sans me gourrer j'espère.
J'ai aussi des projets dans mes placards, comme je le disais plus haut j'ai un grand besoin de m'aérer la tête avec des choses plus légères...ça prendra le temps qu'il faudra, wait and see...mon travail sera de toute façon ma priorité dans les quelques années à venir.


Un dernier message pour nos lecteurs ?
Arno : Evidemment, un énorme merci pour votre soutien de toujours. Merci aux « fans » du groupe, merci à toutes les personnes qui nous ont fait jouer l'an dernier, merci aux zines, aux radios qui ont montré de l'intérêt pour CinC. Merci 1000 fois à tous les musiciens et amis qui nous ont accompagnés sur scène : Alexis, El Worm, Timmy, Fred, Romain, Julien, Pierre, Nicklaus… Ce fut une expérience magnifique, inoubliable, et nous n'oublions pas que nous avons pu la vivre grâce à vous tous.

Axel : Un grand merci à tous ceux qui nous ont soutenu, bien sûr...VS a toujours été très clément avec nous, et une mention spéciale à la rédaction dont nous avons pu rencontrer certains membres dans diverses occasions, sans compter le VS Fest 2006 à la Loco qui restera un grand souvenir. A bientôt dans de nouvelles aventures !


Auteur
Commentaire
Aucun commentaire

Ajouter un commentaire

Pseudo :
Enregistrement Connexion







Proposez News | VS Story | F.A.Q. | Contact | Signaler un Bug | VS Recrute | Mentions Légales | VS-webzine.com

eXTReMe Tracker