- - AVENIR DE LA PRESSE METAL ? par VSGREG & TONTON - 1670 lectures
En parallèle à un marché du disque qui n’en fini pas de s’effondrer, les ventes de la presse spécialisée suivent le même chemin, victimes, elles aussi, du multimédia. Les magazines métal ne sont pas épargnés par ce phénomène qui frappe désormais tous les titres, d’une manière ou d’une autre.
A long terme, la presse métal est-elle vouée à disparaître ?
Quelles sont les solutions pour inverser la tendance ?
VS-webzine soulève, avec ce premier dossier/débat, un tabou qui tourne inévitablement au pugilat sur le forum et dans les news entre lecteurs assidus, détracteurs et journalistes déçus.
Pour initier le débat nous avons donc posé quelques questions à plusieurs acteurs du métal en France.
Pensez-vous que la qualité de la presse ait baissé lors de ces dix dernières années ? si oui, en quoi ?
Lionel Hozotte (Underclass Distribution) : Question difficile ! Tout dépends de ce qu'on attends et entends par presse de qualité ! Quels critères prendre en compte ! difficile !
(contenu et choix rédactionnel, rédaction, photos, informations, Chroniques etc.)
Déjà la presse qui couvre le Métal au sens large du terme est beaucoup plus nombreuses : je rappelle les Metallian, Rock Hard, Hard'n'Heavy, Rock One, Hard Rock, Versus, Elegy, Cryptogoth, Rock One, Rocksound, j'en oublie certainement. Il y en a un peu trop peut-être
La qualité a t-elle baissé pour autant ? Est-ce que les magazines étaient mieux il y a dix ans ? Je ne sais vraiment pas, il y a du bon et du mauvais comme pour tout. Disons que la presse s'est éclatée et le public avec , et que maintenant plus aucun titre ne fédère vraiment « les Metalleux » comme il y a dix ans ou par exemple Hard Rock vendait beaucoup.
Un autre point important je pense : il y a dix fois plus de sorties d'albums et de labels qu'il y a dix ans et les magazines sont submergées de nouveautés. Ils sont souvent incomplets par rapport à cette abondance de musique, comment compiler sur un mois parfois 150 nouveaux disques… ce n'est pas possible avec ce format. Internet remplit parfaitement son rôle d'informateurs et la presse ne peut rien contre ça et se retrouve souvent décalée, tout ce qu'on trouve (ou presque) dans un magazine est sur internet. Ceci fait que la presse est moins surprenante et attractive ce qui peut faire penser peut-être qu'elle est de moins bonne qualité, en tout cas moins intéressante avant l'explosion d'internet.
Antoine Dugast (Tourneur) :La qualité de certains titres a baissé, mais le travail de l'ensemble de la presse est devenu bien plus difficile lors de ces mêmes 10 années. Le nombre de productions mensuelles ayant doublé pratiquement tout les deux ou trois ans, on se retrouve maintenant avec un nombre de "priorités" hallucinant et une montée en puissance de l'occupation médiatique de la scène française qui fait reculer les ténors internationaux de l'Underground au rang de second couteaux dans nos magazines.
Je pense que Rock One, ou Hard&Heavy ont très bien compris ce besoin d'exposition et multiplient les modules pour qu'on parle de tout le monde, mais celà dillue fortement la concentration sur les têtes d'affiches et pénalise les ventes de CD et de place de concert. A contrario, Metallian ou Rock Mag préferent cibler sur des tranches plus précises de notre public rock au sens large, ça a l'air de plaire. La sectoriastion est toujours une bonne solution de subsistance dans les marchés en peril.
Rose Vignat (Journaliste Hard Rock Mag) : Je ne suis pas sûre que ce soit la qualité de la presse qui ait baissé, je dirais plutôt que le public a changé et les attentes de celui ci avec. Nous sommes à une époque où les titres de presse sont (trop) nombreux et ils doivent encore se battre contre internet qui est devenu le média star. A l´époque oú je lisais la presse spé metal avec assiduité et en tant que fan seulement, je trouvais déjà un certain nombre de choses intéressantes ou pertinentes, et d´autres pas du tout dans les mags. Aujourd´hui mon avis n´a pas changé, il s´est simplement nuancé avec l´expérience que je peux avoir en voyant les choses de "l´intérieur".
Jean-Charles Desgroux (Journaliste Rock One) : Je pense au contraire que la qualité de la presse metal a considérablement augmenté depuis cinq ans. Elle s'est diversifiée, a trouvé de nouvelles niches avec un public-cible particulier (Rock One, Versus, Metallian) et les « classiques » (Hard'n'Heavy) ont su se renouveler, autant en maquette qu'avec leur contenu. Ne soyons pas complexés par rapport à des Classic Rock, Revolver et autres Metal Hammer, les frenchies ont leur lot de fines plumes du rock ainsi que leurs connaisseurs dévoués et passionnés complètement imbattables sur leurs sujets de prédilection !
Seul bémol, les reportages font peut-être parfois moins rêver qu'autrefois : suite au marasme de l'industrie du disque, les labels et autres grandes majors castrent leurs budgets promo et n'offrent que trop rarement aux journalistes la possibilité d'interviewer longuement leurs artistes, ferment leurs portes et brident des voyages de presse où les journalistes pouvaient complètement s'immerger dans les univers des groupes et partager leur quotidien. Jadis Led zeppelin ouvrait les portes de son Boeing 707, et de nombreux groupes de stades donnaient les clés de leurs loges ou studios pour faire rêver le lecteur, ce dernier (moi, vous) fantasmant sur les relations étroites avec des journalistes privilégiés…
Michael Berberian (label manager Season of Mist) :NON, je pense au contraire qu'elle a augmenté. Je me rappelle d'il y a quelques années, ou toute la presse française avait le virus NTS… Grace a l'achat massif de pub on bouffait du Rhapsody Angra Helloween et Hammerfall à toute les sauces, dans tous les mags et tous les numéros… Une horreur. J'avais HONTE.
Evidemment ca a aidé à vendre sur le coup, a coup de remplissage de crane digne des spindoctors de George Bush. Mais ca a crée un faux revival du Metal 80's qui a été TRES insidieux et nocif pour le métal en général : Ca a éloigné la frange la plus jeune du public.
Remarque c'est normal, à 15-18 ans on ne se reconnait pas dans une bande de vieillard ridé qui chantent comme si ils venaient de subir une ablation des testicules.
Depuis on essuie les plaques et on essaye de faire revenir les jeunes vers le métal…
Ca c'est le coté négatif de la presse d'il y a 10 ans, littéralement a la botte de quelques annonceurs. Je pense ce phénomène est moindre de nos jours comme je le dirais après.
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Quelle importance attribuez vous à la parution d’une publicité d’une chronique / ou d’une interview dans la presse ?
Lionel Hozotte (Underclass Distribution) : C'est toujours important de parler des groupes, d'avoir des chroniques même si elles sont négatives, des interviews . Pour les pubs c'est important pour informer et susciter l'intérêt et la curiosité sur la musique des groupes. Après le degré d'importance est dur à dire, tout dépends du nom du magazine, des ventes du magazine et des résultats de vente que tu arrives à avoir après.
Tu sais ici les mags sont les seuls médias traditionnels (hors internet) d'importance pour le Metal, les radios nationales, la TV et tout le reste c'est bouché ou il y a si peu d'ouverture. Il reste les radios locales, les quelques fanzines sur papier qui restent et après ? C'est pas facile de défendre le Metal car il est mal exposé.
Antoine Dugast (Tourneur) :Pour moi, ce n'est pas plus important qu'un flyer donné au bon moment à la bonne personne ou à un collage d'affiche intenssif, celà fait parti d'un tout, on ne peut pas juste poser une publicité et prier pour que ça marche comme on le faisait dans Rock Sound entre 1998 2002 pour ne citer qu'un exemple. Le mecanisme du "buzz" est très complexe à mettre en place et pourtant tout semble si simple quand ça marche... Ca semble irrationnel même parfois.
Rose Vignat (Journaliste Hard Rock Mag) :Toute relative d´après moi. Il ne faut pas diaboliser pub ou interview en pensant que tout est forcément acheté ou échangé, car c´est faux. Il faut bien comprendre une chose je crois : un magazine doit vivre et il vit en partie de la pub, c´est un fait.
En revanche il faut arrêter de croire que le journaliste est forcément un vendu à la solde d´un label ou autre. Nous sommes avant tout des passionnés, ce travail nous rapporte beaucoup de satisfaction mais très peu d´argent et il implique un vrai investissement de temps et d´énergie en contrepartie.
Je ne pose ici personne en martyr mais noircit volontairement un peu le tableau pour faire comprendre que la moindre des joies que l´on puisse s´octroyer est évidemment d´interviewer ou de chroniquer des artistes qui nous passionnent, nous attirent, que l´on aime ou que l´on déteste. Et là, pub ou pas pub, on fait ce que l´on veut, je peux l´assurer.
Pour le reste, c´est à dire les parutions que l´on peut qualifier grossièrement "d´achetées", je dirais qu´en sept ans de journalisme musical je pensais être à jamais à l´abri des pressions liées à la publicité, car je n´en avais jamais vécues moi même.
Malheureusement, c´était sans doute naïf de ma part, car comment imaginer que ce qui prolifère dans tous les autres types de media ne finisse pas après tout par gangréner aussi la "petite" presse ? J´ai subies des pressions l´an passé émanant d´une personne chargée de promotion pour plusieurs labels ici en France. Les enjeux étaient tellement ridicules aux vues des chiffres de vente et de la notoriété des groupes en question que je ne comprends toujours pas ce qui a pu motiver un tel comportement.
Lorsque les groupes sont plus gros il y a deux cas de figure : le label est gros également et se contrefout de la parution de hard machin, heavy bidule et autres, donc pas vraiment de pression d´autant que le label en question a généralement pour payer ce quíl faut de publicité. On est donc dans un échange commercial tout ce qu´il y a de plus juste : le mag a besoin d´actu pour apâter son lecteur, le label de parution pour vendre du disque.
L´autre cas de figure se présente souvent avec les labels de moyenne ou de petite taille pour lesquels payer une "quatrième de couve" est évidemment un plus grand risque que pour notre précédent exemple. Il en résulte donc plus d´attente vis à vis de la parution... et aussi des enguelades après coup lorsque le papier n´est pas bon... et parfois même des pressions quant aux achats de pub prochains, ce qui n´est pas normal à mon sens.
Mais les remontrances sont plus souvent recues par le rédacteur en chef ou le chef de pub que le journaliste lui même c´est vrai, et je ne peux que m´en réjouir !!
Jean-Charles Desgroux (Journaliste Rock One) : Même si une chronique reste souvent subjective (en fonction des goûts du chroniqueur, non ?), elle permet considérablement d'orienter le choix d'un lecteur confronté à plusieurs dizaines de sorties mensuelles. Sans pour autant être forcément et intégralement "critique", la rédaction d'une chronique permet intelligemment d'être la fiche technique d'une oeuvre et d'en décrire le contenu, voire de la comparer à d'autres. Personnellement, j'attache une importance capitale à ce genre d'exercice, prend un plaisir affiché à en écrire et surtout, reste TRES sensible à la lecture de celles de mes confrères, de n'importe quel magazine ou webzine. Lorsque je ne connais pas un artiste, cela me permet mieux que la moindre pub de vouloir m'intéresser à quelque chose de neuf ou qui m'aurai échappé. J'adore par exemple me replonger dans la lecture de chroniques de numéros vieux de 2, 5, 10, 15 ou plus de 20 ans !!!
Quant aux interviews, il reste souvent très chiant de devoir lire les mêmes arguments promotionnels d'un artiste au discours rôdé... Je lis en diagonale ce genre de propos... et suis beaucoup plus sensible à des conversations passionnées sur tout un tas de thèmes autres que sur la motivation/réalisation d'un nouvel album......
La pub, elle, ne sera jamais aussi parlante ni excitante qu'une bone chronique faite par un vrai passionné qui sait de quoi il parle, nom de dieu !
Michael Berberian (label manager Season of Mist) : Évidement c'est important. Mais moins qu'avant ! Un label paye une pub, bien sur il attend un peu de rédactionnel sur un de ces groupes.
Mais je prendrais autre chose en compte : Y'a de moins en moins de pub dans ces mags…! Donc il n'y a plus l'hégémonie de 2 ou 3 annonceurs qui dictent leur loi.. Enfin si, mais moins qu'avant. Car comme eux aussi ils ont moins de pépettes a mettre en pub, les mags sont plus diversifiés…
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Quelle est la part de la responsabilité du multimédia (internet, téléchargements etc) dans la baisse des ventes dans la presse ?
Lionel (Underclass Distribution) : Comme dans la baisse des ventes de disque, ENORME. Comment la presse peut-elle lutter contre Internet quand l'info est aussi réactive, la musique facile d'accès et Gratuite, les sites des groupes facile d'accès, les clips facile d'accès etc. Ce n'est pas facile pour eux, en plus un des arguments de vente est le sampler qui est presque maintenant devenu obsolète car tu as des fois les titres sur internet deux mois avant la sortie officielle. Ils ne peuvent même plus utiliser un titre en exclusivité parce qu'il est déjà sur Internet, c'est devenu très compliqué. Tout ça .
Internet est un média incontournable et c'est devenu un outil de communication énorme et exponentiel mais il tue les métiers traditionnels de la musique un par un à cause du téléchargement illégal et de la copie à outrance, c'est en route et inévitable.
Antoine Dugast (Tourneur) :Si responsabilité il y a, elle est indirecte. La baisse des ventes vient, pour moi, du nombre de groupes abordés dans les mag, aucune fidélisation n'est possible, le travail de développement est rendu trop difficile par la pression des priorités. Mais l'augmentation du nombre de groupes abordés découle bien évidement de la "facilité" qu'il y a aujourd'hui à sortir un disque grace aux technologies de communication, mais aussi à intégrer des réseaux de distributions nationaux qui ne rechignent jamais à absorber de nouvelles références. Il faut bien comprendre que pour eux, il sera toujours plus interessant de vendre 1 albums de 1001 groupes que 1000 albums d'un seul groupe ;-)
Rose Vignat (Journaliste Hard Rock Mag) :Très franchement, je ne sais pas. Je peux dire qu´elle a évidemment une importance, maintenant je ne crois que très peu aux chiffres. Je suis moi même une grande consommatrice d´internet donc je ne peux pas vraiment blâmer qui que ce soit sur le sujet: La seule chose que je puisse dire c´est que lorsque l´on aime un artiste dont on a téléchargé un album, il faut le récompenser d´une manière ou d´une autre de la joie qu´il nous procure. Acheter son (ses) disques est une première étape. Concernant la presse c´est plus délicat : pour se faire une revue de presse sur son lieu de travail, internet est evidemment plus économique et pratique. En revanche, rien à mon sens ne remplace un journal dans les transports pas exemple.
Jean-Charles Desgroux (Journaliste Rock One) : Très conséquente responsabilité !!! Internet (hormis l'abonnement, of course) est gratuit ! Les sites sont variés, qu'ils soient généralistes ou spécialisés, regorgent d'infos au quotidien (clin d'œil, clin d'œil), proposent une liste exhaustive de chroniques rédigées par de vrais amateurs aussi connaisseurs que les « professionnels », sont d'une esthétique souvent redoutable et, en bref, présentent un contenu beaucoup plus dense que dans la presse, la pub souvent en moins, et de façon infinie ! Pas de limites de taille au niveau des articles, possiiblité de commentaires interactifs, etc !
Quant aux téléchargements, c'est plus ludique, et encore une fois, les possibilités sont infinies par rapport à la quinzaine de titres soumise par un mag'…
Mais bordel, n'est-ce pas toujours agréable de se ballader et d'aller, plein d'espoir et d'illusions, chez son libraire ou au kiosque en bas de chez soi chercher ses mags de prédilection ou découvrir par bonheur et hasard une nouvelle publication ????
Michael Berberian (label manager Season of Mist) : Quel est la part de responsabilité du DVD dans la baisse des ventes de VHS ??
Alors attend, je vais vraiment réfléchir…
En fait non, question con !
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Quelles sont les innovations possible pour inverser la tendance ? existe-il des exemples à suivre à l’étranger ?
Lionel Hozotte (Underclass Distribution) : Innovations dans la presse pour inverser la tendance ! Je n'irai pas jusque là, la presse c'est du papier, je pense que beaucoup d'entre nous ont le goût de la lecture, peut-être moins pour les plus jeunes, maintenant il y a t-il un magazine qui fédèrent par son contenu, son prix, sa créativité, le ton du mag etc… tout les gens de 15/77 ans qui aiment le Métal au sens large du terme en France ? Ma réponse, qui n'engage que moi, est NON.
Des exemples à l'étranger, je pense que c'est toute la presse payante qui est touchée et pas uniquement en France.
Antoine Dugast (Tourneur) :Je ne pense pas que la presse puisse aborder ce problème de manière à le solutionner en limitant le nombre d'artistes exposés, le travail doit être fait en amont par les décideurs artistiques de l'industrie du disque. Mais je pense tout de même que les médias devraient s'attacher à mieux suivre les tendances comme Terrorizer avec Gojira plutôt que de "vendre" leur couverture au plus offrant. je pense aussi que l'augmentation des cadeaux (DVD, CD, Stickers, Posters...) est primordiale, car on s'adresse a un public adolescent sensibilisé très tôt aux cavernes d'Ali baba que sont les marchand de journaux, qui dans beaucoup de communes trop petites, font officie de disquaire, de librairie et de magasin de jouet.
J'ai parfois l'impression que les redacteurs en chef de ces canards s'imaginent ne parler qu'à des clients de la FNAC et du Virgin, mais je pense que 90% des disques des groupes dont parle Rock One sont innaccessibles à la plupart des gens qui achètent le magazine, plus comme référence vestimentaire qu'autre chose...
Rose Vignat (Journaliste Hard Rock Mag) :Non je ne pense pas. Ce n´est pas du fatalisme de ma part, c´est seulement un constat.
La culture d´une manière générale est en train de se dématérialiser... les format que nous connaissions jusqu´à maintenant disparaissent au profit d´autre et il faut s´y faire. Il y aura toujours des nostalgiques et des collectionneurs mais je ne pense pas que l´on puisse faire quoique ce soit contre ce qui est en marche.
Concernant des exemple à suivre je ne crois pas, car je n´ai pas l´impression que la presse francaise soit plus à la traine qu´une autre et très sincérement, je ne vois pas ce qui pourrait aujourd´hui inverser la tendance de l´inéluctable : la réduction si ce n´est la disparition de la presse écrite aussi spécialisée que la notre à moyen terme.
Jean-Charles Desgroux (Journaliste Rock One) : Revolver, au lieu d'un CD sampler propose bien des morceaux à télécharger…
Quant au contenu même d'un magazine, pourquoi ne pas innover davantage en terme de dossiers, de rétrospectives, de stickers cool, de stories, d'anecdotes et de sujets didactiques ou « encyclopédiques » sur le metal… voire des cahiers de souvenirs, des études, etc…
Et pourquoi ne pas offrir un partenariat « complémentaire » entre un magazine institutionnel et un webzine ? Ou encore développer très en profondeur le site d'un mag'…
Michael Berberian (label manager Season of Mist) : La baisse va se stabiliser. Je prends le train, le métro pour un long trajet, je prends un bouquin, ou un magazine !!
Y'a des gens qui aiment lire, ils achèteront toujours des magazines. On ne peut pas lire VS Webzine dans le train, dans le métro ou aux chiottes !!
C'est comme les gens qui aiment vraiment la musique, ils achètent des CDs quoi… Les autres ils écoutent deux chansons en MP3 sur des baffles de PC pourri, download 40 albums par semaines, et après ils vont expliquer aux autres ce qui est bien et pas bien sur les forums. De vrais esthètes, qui ont tout mon respect, cela va sans dire.
Je fais le même rapport entre la presse internet et presse papier : deux démarches différentes. Un truc doit être absorbé vite fait – bien fait, en gros on alt-tab sur VS entre deux respawn dans un jeu (malheureusement je meurs souvent). Pour avoir les dernières news, car l'avantage d'internet, c'est d'être bien plus réactif.
L'autre doit être plus en profondeur, moins « fast food », a mon avis !! Mais ca ils n'ont pas encore tous compris…
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Les partenaires publicitaires n’ont il pas trop une trop grande emprise sur des rédactions qui ont parfois des difficultés à financer leurs parutions ?
Lionel Hozotte (Underclass Distribution) : C'est à eux qu'il faudrait poser la question, mais c'est clair qu'il me semble que la presse ne peut pas se passer du budget des pubs et subsiste grâce à elle au vu des baisses de vente énorme qu'elle a subie mais ce n'est pas nouveau, la musique c'est aussi et surtout du « business » et du commerce. Je choque peut-être les « puristes » du Metal mais nous travaillons tous dans le commerce avec quelque chose à vendre. Alors tout peut se passer et arriver au niveau des relations que tu entretiens avec la presse. Après certaines compagnies mettent plus ou moins « la pression » sur les magazines, tout le monde le fait à sa manière et en bonne intelligence pour la plupart, c'est difficile parfois mais tout le monde est animé par la même passion qui est la musique Metal….. enfin je l'espère et je veux encore y croire
Antoine Dugast (Tourneur) :L'emprise est totale et irrémédiable si le magazine ne s'autofinance pas avec les ventes.
Rose Vignat (Journaliste Hard Rock Mag) :Elles peuvent en effet avoir une vraie tendance au chantage lorsqu´un titre est en difficulté, mais ce sont les dures lois de la jungle j´imagine. Elles n´auront jamais de vraie emprise sur l´intégralité d´une rédaction, terme presque "prestigieux" de nos jours pour ce qui compose souvent l´équipe d´un magazine. Elles influenceront forcément en revanche le rédacteur en chef et le chef de pub qui doivent à la fois travailler dos à dos et main dans la main, d´où un equilibre souvent difficile à trouver.
Je rappelle qu´encore une fois les journalistes, au prix qu´ils sont payés ont encore le droit de faire ce qu´ils veulent, c´est en tout cas ma philosophie. Quand tu es passionné et que tu fais ce boulot tu n´est pas là pour faire des ronds de jambe.
Si d´autres trouvent amusant d´être à la botte d´un label ou d´un autre cela les regarde, moi je trouve que c´est de la liberté gâchée pour pas grand chose, mais encore une fois je doute que dans un si petit réseau, des journalistes de presse metal prêtent "allégeance" à qui que ce soit.
Jean-Charles Desgroux (Journaliste Rock One) : E-vi-dem-ment : étant donné qu'un canard voit son chiffre d'affaire en grande partie dû à la pub' insufflée par les labels et majors, le contenu et autres lignes éditoriales sont forcément (comme partout) dictés par des impératifs commerciaux. Un mag' établi ne pourra jamais miser sur une couverture trop risquée (en mettant un groupe certes de valeur mais pas du tout bankable), fermant ainsi ses portes à des « investisseurs » publicitaires trop frileux !
Financer un mag' est extrêmement rigoureux et difficile : la pub' est essentielle dans la rentrée de ses recettes et on ne peut négliger le poids des annonceurs. Ce qui peut fausser le jeu, mais hey ! : c'est une réalité économique et le jeu du marché : il faut vendre du disque, vendre du papier ! Vendre du magazine nécessite d'attirer un max' de lecteurs potentiels avec des couvertures aguicheuses qui en rameuteront plus d'un, ouvrant en grand la cible des annonceurs….
Michael Berberian (label manager Season of Mist) :Ben si, mais bon vu ce que ca vend, va falloir qu'ils trouvent autre chose, car les labels peuvent plus suivre ! Le prix des pubs a pas bouger et les mags vendent 50% de ce qu'il vendaient avant, donc logiquement la pub devrait être 50% moins cher ! C'est pas le cas, donc bon, on limite a mort.
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Devant les baisses de ventes significatives et des groupes de presse de + en + frileux, la presse métallique n’est elle pas vouée à disparaître dans les 10 prochaines années ?
Lionel Hozotte (Underclass Distribution) : A disparaître peut-être pas, à se réduire certainement, à évoluer probablement, en tout cas ça ferait chier de plus lire un bon mag de Metal en France dans 10 ans. Ca c'est pas possible, il y aura toujours quelqu'un pour reprendre la flambeau, il le faut.
Antoine Dugast (Tourneur) :Non, les distributeurs de disques physiques auront disparu bien avant la presse, mais comme tout le monde, il leur faudra investir le monde de la téléphonie mobile ainsi que les autres nouvelles technologies de diffusion.
Le problème? Les grande sociétés ne feront pas deux fois l'erreur de l'Internet et tous les réseaux seront bientôt propritaires, hormis notre bonne vieille toile que je prédis bientôt comme un joujou archaïque vu par la masse comme un repère de truands.
Nos gamins seront sur des réseaux fermés ou l'offre sera plus précise, plus ludique et totalement payante. Peut-être pourra-t-on acheter, par-ci par là quelques pages de Violent Solutions, quand le site sera racheté par Universal pour 12 millions d'euros? ;-)
A suivre...
Rose Vignat (Journaliste Hard Rock Mag) :Si, comme je le disais plus haut, ca me parait inéluctable. Ou alors ne resteront que les catalogues colorés pour adolescents où on ne trouve que de grandes photos à découper, puisque ce sont à l´heure actuelle le genre de revues qui suplantent les notres en vente. Quitte à faire ma "vieille conne", je dirais seulement que je trouve regrettable que les ados n´aient à lire que des ramassis de potins et des on-dits à la place des interviews polémiques et des chroniques survoltées dont je raffolais plus jeune. Mais personne n´est devin et ne peux prédire exactement comment les choses vont évoluer. Je suis curieuse de voir comment les choses vont se passer dans un avenir proche, sans arrière pensée aucune, car je suis curieuse de nature...
Jean-Charles Desgroux (Journaliste Rock One) : Disparaître non, mais être davantage amochée oui : il ne subsistera plus qu'une infime partie de la presse d'aujourd'hui et seuls les plus résistants et réactifs s'imposeront car il restera toujours un bastion de lecteurs satisfaits et amoureux de la presse musicale, quel que soit l'âge, la tendance ou les goûts.
Mais c'est clair qu'il va falloir une jolie petite révolution dans ce milieu pour renverser cette tendance inquiétante…
Bordel mais où va-t-on ?
Michael Berberian (label manager Season of Mist) :
Non, en aucun cas. A se réduire oui !
Y'a trop de mag en France.. Clairement ! D'ici 10 ans il en restera 1 ou deux, et pas 8 comme en ce moment. Comme les labels quoi, la baisse des ventes réduit le nombre de label et l'offre, puisque la demande se réduit. C'est logique.
Mais y'aura toujours une demande. Non, Internet ne va pas remplacer la presse. Et non même si un jour il y a du Wifi dans le métro, ou dans les terrasses de Marseille au soleil avec mon pastis (cliché), j'ai pas encore envie d'être devant un écran pour devoir lire le journal. Je veux du papier !
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Conclusion :
Voilà, devant les réponses de nos différents interrogés, une petite synthèse s'impose afin d'initier ce débat dont il va être maintenant question.
Une première constatation s'impose après lecture de ces différentes interviews. Les avis de la plupart de nos intervenants se rejoignent sur bien des points que nous avons tenté d'évoquer dans ces micros entretiens.
Tout d'abord, tout le monde s'accorde à dire que la qualité de la presse n'a plutôt pas évolué au cours des dix dernières années. Cependant, la multiplicité des sorties oblige les rédactions à faire des choix cornéliens quant aux groupes sur lesquels braquer les projecteurs. Difficile de trouver un équilibre entre les valeurs sûres qui vont attirer un public novice, et la foultitude de nouveaux groupes que les lecteurs avertis aimeraient retrouver dans les mags. De ce fait, il semblerait que les journaux soient condamnés à ne traiter qu'une partie des sorties sous peine de sortir un bottin tous les mois. Certains titres arrivent néanmoins à faire une petite place pour les groupes de demain mais c'est encore insuffisant face aux webzines qui ne sont handicapés par aucune restriction de place. Pourtant il semblerait que les magazines pourraient tirer leur épingle du jeu en proposant peut être davantage d'articles de fond, de dossiers, autant de travaux de fond nécessitant un réel travail journalistique que les webzines ne semblent pas encore prêt à fournir à actuellement.
L'autre constatation significative réside dans le triste constat qui veut que l'existence même de bien des titres soit étroitement liée aux revenus publicitaires de ces mêmes publications; certains annonceurs allant même jusqu'à faire pression sur les magazines les moins financièrement solides. Toutefois, l'équilibre délicat qui permet aux journaux spécialisés de conserver leur crédibilité en accordant un peu d'espace rédactionnel aux groupes des annonceurs semble être l'apanage du seul rédacteur en chef qui doit gérer cette pression sans mener sa rédaction dans les dérives du copinage consensuel. Une tache bien délicate lorsque l'on sait que les chiffres de vente sont trop insuffisants pour financer leur travail et accorder un salaire décent à leurs collaborateurs.
Enfin, tout le monde s'accorde à dire que le grand nombre de magazine plus ou moins métal en kiosque est un facteur important dans la baisse des ventes. Il semblerait que l'intro alarmiste digne de pseudo journalistes d'M6 proposée au début de ce dossier ne soit pas crédible quant à la fin des journaux spécialisés dans le métal. Certes plusieurs de nos interrogés misent sur l'omnipotence du multimédia qui ira en s'intensifiant dans les prochaines années mais, plus vraisemblablement, la presse métallique devrait trouver une certaine stabilité par la disparition de certains titres au profit d'une paire (ou d'une triplette) de rescapés qui continueront, fort heureusement de nous informer en occupant notre temps dans les salles d'attente, les transports et les commodités.
A long terme, la presse métal est-elle vouée à disparaître ?
Quelles sont les solutions pour inverser la tendance ?
VS-webzine soulève, avec ce premier dossier/débat, un tabou qui tourne inévitablement au pugilat sur le forum et dans les news entre lecteurs assidus, détracteurs et journalistes déçus.
Pour initier le débat nous avons donc posé quelques questions à plusieurs acteurs du métal en France.
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