Fred Estby - DISMEMBER par TONTON - 3361 lectures
Alors que DISMEMBER revient à la charge avec un nouvel album très réussi, l'unique date du groupe en France, au Killer Fest, était l'occasion rêvée de faire le point avec Fred Estby.


VS – Donc DISMEMBER est de retour avec ce nouvel album “The God that never was” et une fois de plus ce disque confirme l’excellente impression déjà laissée par « Where Ironcrosses grow ». Il semble que DISMEMBER ait retrouvé la recette du succès. As-tu un
Fred Estby – Oh, ça s'explique assez facilement. Comme tu le sais, nous avons eu beaucoup de problèmes après l'enregistrement d'« Hate Campaign ». Changement de line-up, changement label, il y avait beaucoup de choses à gérer en même temps. « Where Ironcrosses grow » nous a permis de revenir vers nos fans et donc de repartir en tournée.


VS – Est-ce que cette période laborieuse a été source d’inspiration pour la composition. Après tout, bon nombre de musiciens se révèlent particulièrement créatifs lorsque les temps sont difficiles. Est-ce le cas pour DISMEMBER ?
Fred – Oui, parfois. Si tout allait bien en ce bas monde, nous n'aurions probablement rien à raconter dans nos textes. Les événements qui nous entourent sont toujours des facteurs qui motivent l'écriture. D'où cette notion de colère dans notre musique. Il y a toujours quelque chose qui ne va pas, donc…


VS – En fait, en posant cette question, je pensais plutôt aux problèmes internes du groupe…
Fred – Bah, sur le plan personnel, notre état d'esprit n'a pas d'effet direct sur notre travail. Je ne crois pas que nous travaillions plus ou moins bien en fonction de nos humeurs.


VS – Depuis “Where Ironcrosses grow” on retrouve désormais dans la musique de DISMEMBER des lignes mélodiques directement inspirées de MAIDEN. « The God that never was » ne fait pas exception à cette nouvelle règle…
Fred – Oui, c'est vrai. C'est un peu notre façon de faire un clin d'œil à nos racines profondes. Des groupes comme IRON MAIDEN, JUDAS PRIEST ou BLACK SABBATH restent des modèles à nos yeux.


VS – Tant que vous ne vous mettez pas à faire du MAIDEN en 45t comme ARCH ENEMY ça me va…
Fred - (rires)


VS – Pour revenir à ce nouveau disque « The God that never was », il célèbre votre retour à des sujets purement religieux. Est-ce que les récentes histoires de caricatures qui ont particulièrement secoué le Danemark vous ont inspiré ce retour à un thème f
Fred – En fait, nous avons toujours été critiques envers ces religions organisées. Je me cogne de la foi que peuvent avoir les gens tant qu'ils n'essayent pas de convertir les autres de gré ou de force. Il faut respecter et accepter les autres même s'ils n'ont pas les mêmes croyances mais certains préfèrent faire régner la terreur et c'est intolérable. C'est ce genre d'actions que nous voulons dénoncer dans nos paroles.
Les problèmes du Danemark n'étaient pas encore d'actualité lorsque nous avons commencé l'écriture du nouvel album. Notre écriture s'est plutôt développée à partir d'impressions globales.


VS – … en fait de Danemark, je dois quand même te dire que ces problèmes se sont étendus un peu partout, vu que ces caricatures ont été publiées en France également.
Fred – Oui, mais je continue de penser que ce sont les médias qui ont monté cette affaire en épingle en lui donnant une importance qu'elle n'avait pas vraiment. Ce n'est pas la première fois que ça arrive et certainement pas la dernière. Je pense qu'il y a d'autres problèmes derrière cette histoire de caricatures. Ces personnes avaient seulement besoin d'un prétexte pour extérioriser leurs frustrations.


VS- …oui et il suffit de quelques images fortes pour donner de l’ampleur à ces événements. Les médias sont doués pour ce genre de choses.
Fred - Oui, absolument.


VS – Puisque nous parlons de ce sujet, tu ne le sais probablement pas mais un autre festival à lieu aujourd’hui dans l’Est de la France : le Metal Therapy. IMPALED NAZARENE devait faire parti de l’affiche mais les organisateurs ont été obligés d’annuler l
Fred – Vraiment ? En France ?


VS – Oui, difficile d’imaginer que cela puisse arriver en France mais c’est bel et bien le cas. Tout le monde sait que DISMEMBER a été victime de la censure presque depuis ses débuts mais je voudrais connaître ton sentiment sur ce point…
Fred – Ça craint carrément ce que tu me raconte là. Ces personnes feraient mieux de s'occuper de leurs églises, de leurs familles plutôt que de chercher des histoires aux autres. Et si des jeunes veulent écouter ce genre de musique, je ne vois absolument pas en quoi cela les regarde. J'entends ce genre d'histoires tout les jours et ça me fout en rogne. J'enseigne à mes enfants l'importance de respecter les autres et à rester intraitables envers ceux qui se mêlent un peu trop facilement de ce qui ne les regarde pas.


VS- J’imagine que cela t’énerve d’autant plus lorsqu’on sait les problèmes que vous avez eu notamment en Angleterre à cause des paroles de « Skin her alive ». Ça doit être frustrant lorsqu’un groupe d’illuminés prend ses textes au premier degrés…Quels son
Fred – Hé bien, aussi bizarre que cela puisse paraître, je ressens un sentiment de fierté. Parce que, de ce fait, DISMEMBER fait un peu parti de l'histoire de la censure et surtout parce que nous avons gagné devant les tribunaux britanniques. Tous les gens qui siégeaient à cette cour savaient pertinemment que nous n'étions pas le genre de personnes à glorifier les meurtres sexuels, les viols et autres atrocités de ce genre. Je suis donc fier de cette histoire mais je ne peux m'empêcher de penser que si nous avions perdu ce procès de nombreux groupes se seraient retrouvés bannis d'Angleterre. L'Allemagne a eu une réaction terrible suite à cette histoire puisque les magasins de disques ont refusé de mettre nos albums et ceux de CANNIBAL CORPSE dans les bacs et ont donc obligé les labels à censurer nos pochettes pas des covers noires qui ne présentaient que nos logos. Les labels n'ont pas eu le choix et se sont donc exécutés. En Australie, il y a également eu un procès qui a débouché sur un bannissement systématique de tous les groupes dans notre genre. Les distributeurs n'avaient pas le droit de transgresser cette censure sous peine de finir en prison. Nos disques ont donc été importés illégalement pendant près de dix ans. Depuis les choses se sont tassées et nos disques sont maintenant disponibles dans l'hémisphère Sud.


VS- C’est affligeant de constater les dérives du pouvoir. C’est juste de la musique, rien de plus.
Fred – Oui, c'est tout simplement stupide.


VS- Pour revenir à un sujet plus léger, j’ai lu dans une ancienne interview que vous passiez beaucoup de temps en local de répet. Cinq fois par semaine pour être précis. Comment expliques-tu que la composition vous prennent autant de temps alors qu’à ce r
Fred – Oui, mais tu oublies qu'il y a aussi des tournées à assurer derrière. Prends l'exemple de « The God that never was ». Nous allons promouvoir cet album sur scène jusqu'à la fin de l'été avec un bon nombre de participations à des festivals. Il est vrai que nous ne tournons pas plus de deux semaines consécutives à chaque fois tout simplement parce que nous avons tous des familles maintenant. Nous allons donc alterner les concerts et les retours en famille pendant encore quelques mois avant de nous remettre sérieusement à la composition de nouveaux titres. Dans ces conditions, il est logique que la composition et l'écriture d'un album nous prenne presque deux ans.


VS- Doit-on en conclure que vous êtes plutôt lents dans votre travail ?
Fred – Absolument pas. On travaille beaucoup et tout le temps, même lorsque nous sommes sur la route mais la composition nécessite une attention toute particulière et nous sommes plus prolifique lorsque c'est notre seule préoccupation.


VS- J’ai le sentiment que DISMEMBER est un peu le genre de groupe à prendre le temps de ne plus apprécier ses nouveaux titres. Certaines chansons ont besoin de « mûrir » avant que le groupe prenne une décision, pas vrai ?
Fred – Oui, c'est exactement de cette façon que ça marche.


VS- Tu es toujours aux manettes de la production pour « The God that never was » et c’est le cas depuis maintenant plusieurs albums. J’ai comme le sentiment que vous avez un besoin de contrôle sur votre musique…Cela est-il du à de mauvaises expériences qu
Fred - Non, en fait c'est assez facile de produire un disque de DISMEMBER vu que nous avons une idée très précise de ce que nous voulons pour notre musique. De manière générale, nous nous occupons nous-même de tout ce qui concerne le management du groupe. C'est vrai qu'il y a eu cette mauvaise expérience avec Tomas Skogsberg qui avait produit l'album « Massive Killing Capacity » et nous avait collé un son que nous avons regretté par la suite. Comme il était le producteur, il a fait un peu à son idée sans tenir compte de ce que nous voulions.


VS- C’est vrai que j’ai lu de vieilles interviews où toi ou d’autres membres du groupe revenez souvent sur la production de cet album. Est-ce que vous n’avez jamais pensé à le remixer à votre convenance ?
Fred – Non, ça ne m'a jamais traversé l'esprit vu que je trouve ce genre de démarche sans intérêt. Il faut laisser le passé derrière soit. Bon, c'est vrai que Regain a sorti des rééditions de tous nos albums passés...


VS – Oui, Regain a d’ailleurs réédité les démos du groupe…
Fred – Oui, je les ai d'ailleurs remasterisées pour l'occasion. J'aurai pu modifier davantage le son mais ça aurait été stupide de faire ça. Quand tu écoutes un vieux disque de RAINBOW, il est normal que le son soit différent et typique de l'époque. Pour revenir à « Massive Killing Capacity », il est clair que nous savons pertinemment que nous aurions pu produire ce disque nous même en lui donnant un son plus brut. Mais d'un autre côté, ce disque reste l'un des plus gros succès commercial de DISMEMBER donc…


VS – Nous parlions des concerts de DISMEMBER un peu avant alors je voudrais savoir ce qu’il s’est passé avec la France. Vous allez supporter « The God that never was » partout en Europe et vous jouez une unique date en France au Killer Fest. Comment cela
Fred – Hé bien nous étions en contact avec DESTINITY pour faire une tournée française avec eux vers avril/mai mais ça n'a finalement pas été possible. Nous sommes en contact avec un autre booker français pour revenir plus tard cette année.


VS – Oui c’est vrai que vous bookez vos tournées vous-même sans l’aide d’un manager quelconque. C’est un sacré travail.
Fred – Oui, absolument…


VS- En fait si l’on tient compte du fait que tu produis les albums et que DISMEMBER est managé par ses propres membres, on revient à une notion de contrôle, de « do it yourself » propre aux groupes de grind… Si DISMEMBER continue sur sa lancée ça deviendr
Fred – Oui, c'est exact mais tant qu'on peut tout faire nous-même, on préfère rester comme ça. En fait notre mode de fonctionnement interne est assez proche de celui des vieux groupes de Hardcore des années 80 comme MINOR THREAT ou BLACK FLAG. On ne fait pas tout nous-même pour être plus riche mais tout simplement parce qu'on aime ça.


VS- Pour revenir au concert de ce soir, j’imagine que vous allez jouer des nouveaux titres. Lesquels en particuliers…
Fred – Effectivement, nous allons jouer des extraits de « The God that never was » mais je ne peux pas te dire lesquels vu que nous ne le savons pas encore ?


VS - Vous n’avez pas de setlist pour la tournée ? Vous changez tous les soirs ?
Fred – Oui, absolument. Nous nous sommes préparés avant la tournée en travaillant sur un large choix de titres et avant de monter en scène, nous faisons une sélection. Bien entendu il y aura des classiques comme « Skin her alive » ou « Casket Garden» mais nous essayons aussi d'ajouter des titres que nous n'avons pas joués avant. En fait, on aime bien changer tous les soirs.


VS- Hé bien je suis impatient d’entendre ça.


Merci à Rachel de Metal Chroniques pour ses superbes photos...


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