Eric Martelat (chant) - MESSALINE par PAPY CYRIL - 2577 lectures
MESSALINE, groupe formé par des ex-ABSURD, a sorti fin 2005 son premier album. Eric a répondu à nos questions dès les premières sommations.


Pourquoi cette transformation de ABSURD en MESSALINE?
Ce n'est pas une véritable transformation car pour moi c'est vraiment un groupe différent malgré la présence de trois ex-ABSURD (Mick à la guitare, JC à la basse et moi même.) En fait, après la sortie de l 'album "dernières sommations" d'ABSURD en mars 2003, on avait fait quelques dates jusqu'à l'été pour promouvoir le CD (notamment une première partie de PORCUPINE TREE) mais j'avais senti à l'époque qu'un truc ne tournait plus rond, on ne regardait plus dans la même direction... après un mini break en juillet/août, le retour en répet fut catastrophique, plus aucune motivation ni idées, incroyable ! Même moi je ne pouvais plus écrire une ligne... d'un commun accord on a décidé d'arrêter avant de s'entredéchirer.
En novembre 2003, j'ai demandé à Mick s'il voulait refaire un truc avec moi, JC nous a suivi ainsi que Stéphane un copain batteur avec qui j'avais joué l'année précédente dans un cover band de DEEP PURPLE. Je voulais revenir à des choses plus hard rock, plus rock'n'roll, qui envoient sans fioritures... MESSALINE était né, plus heavy, plus mature et plus direct que ce qu'on avait fait avant. Changement de personnels, un peu de style, un changement de nom était logique.


Etes-vous satisfait de « Guerres pudiques »?
Si je compare à ce que j'ai déjà fait dans ma vie antérieure absurde, oui ! Il y a un meilleur son, de meilleures compos, les textes sont plus aboutis, il y a plus de hargne, plus de mélodies, un superbe digipack, un livret 16 pages. Je suis fier de ce disque, et mes camarades de jeu pensent la même chose. Maintenant c'est vrai qu'on n'a pas sorti l'album parfait (putain un truc à ne jamais dire en promo !- rires) qui d'ailleurs n'existe pas !J'aime bien les premiers albums des groupes, avec des fois certaines hésitations inhérentes à l'âge ou la maturité musicale... Je trouve que ça donne un charme certain à la musique qui reste avant tout de l'émotion fait par des humains ! Prends l'album éponyme d'Iron Maiden, «very heavy, very Humble» de Uriah Heep ou «script for a Jester's tears» de Marillion ; il y a certains flottements par moments mais ça reste des monuments du Rock !
Pour en revenir à la question, ça fait deux mois qu'on n'a pas écouté notre disque en fait. Tu bosses tellement dessus (enregistrement, mixage...) que lorsqu'il sort, tu l'écoutes une fois pour entendre s'il n'y pas de pets sur la version commercialisée (ce qui peut arriver je pense) et ensuite tu laisses les fans l'écouter à ta place ! Quand la pression sera retombée dans quelques mois, je l'écouterai paisible en sirotant un bourbon avec une oreille nouvelle, je trouverai peut être des choses à redire mais si c'était à refaire on referait pareil, un disque ça doit être un instantané à un instant T, c'est tout.


Les trois groupes que tu cites (IRON MAIDEN, URIAH HEEP et MARILLION) sont-ils des influences majeures pour MESSALINE? De quels autres groupes vous sentez-vous proches?
Peut-être indirectement car je suis fan de ces trois groupes mais en fait je crois qu'il n y a qu'IRON MAIDEN qui fait l'unanimité pour nous quatre. Non, je pense que nos influences se situent entre TRUST, le heavy français des 80's (genre KILLERS ou ADX)et du Hard plus lourd pour la section rythmique. Ce qui fait notre son c'est justement que chacun est arrivé dans le groupe avec ses propres influences et donc un style développé en écoutant ses disques et ses groupes fétiches. Pour moi effectivement ce sont les groupes cités et je rajouterai ANGE pour le côté un peu théâtral du chant et Bernie Bonvoisin pour la hargne. Pour Mick (gratte) ça serait Blackmore, Angus Young, Steve Morse et ANGRA; pour JC (basse) plutôt le Metal qui groove, SYSTEM OF A DAWN et la première vague du Black Metal et Stéph (batterie) est un fan de METALLICA jusqu'au «Black album» (exclu), de Dave Lombardo et SLAYER et du trash en général et MEGADETH en particulier. Imagine nous en répet avec ses influences différentes, des fois ça part dans tous les sens donc je ne sais pas si on se sent proche d'un groupe précisément. Ouais peut-être TRUST parce que ça rentre dans le chou et ça chante en français, mais en plus mélodique et en moins connu pour l'instant ! (rires)


Tu cites ANGE, et Christian Décamps vous a écrit un titre (« les cailles au fenouil), pour vous, ils sont des grands frères, des idoles ou des amis?
Pour mes 3 autres comparses ce sont des grands frères, lorsqu'ils se rencontrent ils parlent musique et matos !En ce qui me concerne, je suis passé un peu par toutes les étapes. J'étais fan avant de rencontrer Christian Décamps, je le suis encore mais plus d'un côté «idole». C'est une longue histoire avec Christian. On s'est rencontré pour la première fois en 91 sur un de ses spectacles en one-man-show à Besançon. Je l'ai recontacté en 94 pour mon diplôme des Beaux-Arts, je l'avais fait intervenir dans mon étude du retable d'Issenheim (la description de ce triptyque se trouve dans le titre «Matthias Grunewald» d'ABSURD). C'est à cette période que j'ai collaboré au magazine ROCKSTYLE en tant que dessineux, le rédac'chef venait de faire un papier sur Décamps, j ai casé deux caricatures par l'intermédiaire d'une copine des Beaux-Arts photographe, et je ne suis plus sorti du mag ! Au fil des années, on est passé du «professionnel» (j'ai deux-trois dessins aussi dans le magnifique bouquin de Busson (ROCKSTYLE) et Chatagnon (ROCK&FOLK)sur ANGE «le livre des légendes») à l'intime. On est devenu vraiment potes. On s'appelle une fois par mois à peu près avec Christian et il nous arrive de parler de tout sauf de musique ! J'aimerai toujours ANGE mais les zicos du groupe actuel sont plus mes grands frères d'un point de vue musical car depuis ABSURD ils me donnent des conseils de temps en temps, mais sont aussi mes amis. Par exemple, Thierry Sidhoum le bassiste du groupe voulait absolument jouer un titre sur le premier album de MESSALINE (NDP «Cheval de Bataille»), c'était son coup de pouce, vraiment sympa, en toute amitié. En fait, je ne sais pas maintenant si je vais à un concert de ANGE pour voir le show ou pour faire la bringue avec eux. Que se soit au Havre, à Lyon ou à Lille on a fait des sacrés «after» dans les piaules d'hôtels en tout cas !


Toujours au niveau des collaborations : qui est le Dr Kirk Ahmet qui vous a écrit « 7 ans de malheur »?
En fait c'est un gros délire entre nous ! Le Dr Kirk Ahmet n'est pas le Kirk Hammet de METALLICA ! C'est un pote avec qui j'ai fait de la zique, il est maître de conférence maintenant à la faculté d'Orsay, voilà pourquoi le Dr ! Il nous a proposé le titre car comme pour Christian ou Thierry Sidhoum il voulait faire partie de l'aventure ! Tout se fait par amitié chez nous ! Son titre au départ était «funky» avec un chant plutôt crooner, on lui a massacré avec de la double, de la basse disto et un chant rageur ! J'étais à Paris chez lui lorsque je lui ai fait écouter pour la première fois le titre, enregistré en répet ! Ah ça fait drôle ! Il est super content car on a fait du MESSALINE, c'est notre titre à part entière dans le sens on se l'est approprié, il m'a même laissé les royautés pour que je le déclare à la Sacem sous mon nom ! J'espère qu'il ne marchera pas sinon je vais empocher des thunes à sa place ! (rires) Pour finir si des lecteurs sont des archivistes fanatiques de Hard français, on peut trouver Ahmet sur un album de ABSURD («pour un oui, pour un nom») car c'est lui qui déclamait en turc l'intro du morceau «Istanbul».


Quand tu écris tes textes qu'est-ce qui vient en premier, un bon jeu de mots ou un thème que tu veux aborder? Qui sont tes modèles pour l'écriture des textes?
Ça dépend. On ne peut pas écrire tout un texte sur un «bon» jeu de mots, il faut qu'il vienne au fil de l'histoire, car il faut avoir une trame, quelque chose à raconter. Ecrire que pour ne faire des calembours n'est absolument pas une fin en soi. Ce jeu textuel ne marche que s'il y a quelque chose derrière, et à ce moment là il fonctionne comme un ressort comique, un petit plus qui fait décoller le texte et qui lui enlève un côté gravissime. J'aime bien partir sur un thème, et à cela je rattache des mots ou des bouts de phrases qui traînent dans mes cahiers, dans ma petite mixture il y a souvent de la place pour de l'humour noir ou grinçant. Etre dans le tragi-comique donne des possibilités immenses. On va encore parler de Décamps dans mon écriture car j'ai toujours été fasciné par ses jeux de mots, mais j'adore me plonger dans des bouquins de contrepèteries, «sur l'album de la comtesse» est ma rubrique préféré dans «Le Canard Enchaîné». Mes livres de chevets sont les écrits de Pierre Desproges, «chroniques de la haine ordinaire», «les réquisitoires du tribunal des flagrants délires». Avec ses chroniques ou ses réquisitoires, je fais comme avec un poème, on n'en lit qu'un et on le digère. J'adore aussi la verve d'Audiard. Le beau texte et l'argot. J'aime aussi les textes de Thiéfaine car il arrive à faire sonner des mots vraiment inédits dans la bouche d'un chanteur ; il joue sur l'écriture surréaliste et je trouve ça fascinant.


Comment naît un titre de MESSALINE, paroles puis musique ou vice-versa?
Ça dépend. Mais il m'arrive plus souvent d'écrire le texte avant qu'on bosse les musiques. Ça me permet de faire vraiment ce que je veux, je présente donc un texte fini aux autres. Je peux aussi me pointer en répet avec la ligne de chant et les paroles. Alors à ce moment là, mes potes se foutent de ma gueule car j'enregistre mes idées a capella et écouter juste des lignes de chant sans rien en accompagnement ça fait drôle parfois ! Aussi, mes textes doivent avoir un swing, donc de la façon même de les lire, un rythme et une mélodie peuvent apparaître. Sinon pour le dernier cas de figure qui serait de commencer à trouver des plans de grattes ou de basses, la musique en elle-même induit aussi ce dont tu veux parler. Mais je préfère les textes avant ! Je crée un univers, et on le met en musique par la suite, on trouve cela plus logique dans ce sens. Il suffit d' avoir la bonne idée au départ, et ça c'est pas toujours facile, il me faut un peu de temps pour démarrer, pour trouver le bon angle d'attaque. Je considère l'écriture comme un boulot à part entière, je m'investis beaucoup dans cette phase.


Vous avez participé à « les fils des loups » comment ça c'est passé? C'est Alain de Brennus qui vous l'a proposé ou vous aviez eu vent du projet et c'est vous-même qui vous êtes proposés?
Ce tribute à KILLERS est une idée commune de Alain et de Cyre de THORGEN (NDP voir les kroniks dans VS) qui est un grand fan de ce groupe. Lorsqu'ils ont dressé la liste des groupes à contacter, Cyre avait pensé à ABSURD (car il avait flashé sur les deux opus du groupe). On s'était séparé 6 mois plus tôt lorsqu'il m'a appelé. Je lui ai expliqué que j'étais maintenant dans MESSALINE et que ça nous branchait bien de faire une cover de KILLERS ! Ce projet a incité MESSALINE a rentré en studio plus tôt que prévu. C'était en juillet 2004, on en a profité pour enregistrer aussi 3 de nos compos. Ce 4 titres nous a servi par la suite pour signer chez Brennus. Aujourd'hui, ce titre de KILLERS «French Paradoxe» est sur notre album, dans une version remixée et réarrangée. Finalement pour les collectionneurs, «les fils des Loups» est notre première apparition discographique ; ça nous a fait un joli teaser (comme on dit dans la pub !) pour notre album «Guerres Pudiques» !


Avez vous prévu une tournée pour promouvoir « guerres pudiques » ?
On est en train de trouver des concerts et de démarcher des festivals mais il n'y aura pas de tournée à proprement dite. Pourquoi ? tout simplement parce qu'il est vraiment difficile en France de filer des dates sur quinze jours-trois semaines, surtout quand tu fais du heavy français ! Déjà le public dans ce style s'est réduit comme une peau de chagrin… les gens font des bornes pour voir les groupes, si d'un jour à l'autre tu fais deux concerts dans deux grandes villes distantes de moins de 200 km, tu n'auras pas grand monde. Cela réduit le nombre de concerts… en plus le public a du mal à se déplacer en semaine j'ai l'impression… tu peux faire une mini tournée sympa d'une douzaine de dates si tu fais un «package» comme la tournée franco-française ADAGIO-MANIGANCE-MALEDICTION d'il y a 2 ans… mais malheureusement ce genre de plans devient exceptionnel. Alors tu arrives à faire comme KILLERS du coup par coup, surtout les week-ends… les groupes français de heavy ont encore du pain sur la planche pour devenir pro. Mais je le répète ce n'est pas notre faute, tous les groupes que je connais aimeraient bien tracer la route avec 20 dates à la clé mais quand tu vois que la belle tournée des 10 ans de REVENGE avec MALEDICTION plus un groupe connu local sur chaque date ne faisait qu'une centaine de personnes en moyenne par concert, tu te mets à voir l'avenir du Heavy français (et que du heavy je le souligne) bien en noir !


Bon, pour conclure, comme c'est la tradition sur VS, je te laisse le mot de la fin.
Et bien merci pour tout. Que les lecteurs de VS n'hésitent pas à poser leurs oreilles sur l'album. Je pense que c'est le genre de CD qu'on doit écouter plusieurs fois pour s'imprégner des textes et de la musique. J 'espère que je n'ai pas été trop long et chiant à lire ! Mais en même temps un peu de déconne et d'honnêteté sont si rares dans les interviews qui restent pour la plupart du temps de la promo où celui qui a la parole enfonce des portes ouvertes avec ses réponses-bateau. Moi je largue les amarres et vous donne rendez-vous au bistro du coin ! Et si vous êtes en retard, c'est pas grave, on aura toujours le choix dans la date ! (rires)


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