Franck Kobolt - SYMBYOSIS par TONTON - 2136 lectures
« On the Wings of Phœnix » est fraîchement dans les bacs et suscite toujours le débat dans la partie commentaires de VS ; d’un côté les fans, de l’autre les sceptiques et au milieu SYMBYOSIS qui poursuit sa quête atypique. L’occasion d’un entretien passionnant avec Franck Kobolt qui dura près de deux heures et dont voici la synthèse.
VS – Bon, on va rentrer tout de suite dans le vif du sujet. Alors ça y est, cinq ans après « Crisis », « On the wings of Phœnix » est dans les bacs. Quel est ton sentiment à ce sujet ?
Franck Kobolt - Ouf !!! On a enfin terminé cette aventure. On a été jusqu'au bout, sans trop de casse. On a l'impression que les choses se passent bien. Bien entendu, on n'a pas encore de retour significatif, il faudra attendre un peu pour ça. Il est là, il est en vente, il est visible un peu partout. Ça n'avait pas été vraiment le cas pour « Crisis »
VS – Quand vous avez débuté cette entreprise avec Arnaud (Corrosiv Bob), est-ce que vous saviez déjà que vous iriez jusqu’au bout ?
Franck – Non, il nous manquait pas mal d'éléments. Tout d'abord l'argent, puis le temps et puis un peu aussi l'énergie vu qu'on n'a pas eu la vie facile en dehors du groupe. Nous avions chacun nos impératifs et nous avons eu pas mal de galères techniques. On s'est rendu compte très vite que la chance n'était pas de notre côté. Bon personnellement, j'ai toujours su que j'irai jusqu'au bout, tout en sachant qu'il n'y aurait peut-être rien derrière.
VS – Est-ce que les galères, les problèmes, ne sont pas, quelque part, des éléments nécessaires à la créativité ?
Franck – C'est nécessaire dans le sens où ça te permet d'étoffer ton background parce que, souvent, plus tu avances plus il arrive de choses et plus tu apprends à gérer, si bien qu'au bout d'un moment ça te paraît limite facile. Mais d'un autre côté, tu finis par te focaliser sur les impondérables. C'est à dire que l'élément créatif dans lequel tu dois être investi à 100% se retrouve lésé parce que tu as tous les détails annexes à régler. C'est en cela que le rôle d'un producteur est utile car il prend en charge le groupe et tout ce que tu as à faire c'est de jouer. Heureusement qu'il y avait Arnaud pour ça. Il y a eu des moments où je l'ai laissé gérer parce qu'il a ma confiance. Donc, est-ce que les problèmes sont nécessaires à la créativité ? Oui et non, ça dépend vraiment du point de vue où l'on se place.
VS - Tu parlais un peu avant de la « visibilité » du nouveau disque dans les magasins , quelle sorte d’importance cela revêt-il pour toi ? J’imagine que la démarche de SYMBYOSIS est tout autre en fait…
Franck – Non mais disons que cette fois tu as l'impression que ton disque est vraiment sorti. S'il n'était visible nul part, c'est un peu comme s'il n'était pas disponible. Ensuite c'est au public de décider. Tu peux très bien dire que tu ne veux pas d'argent, que tu veux que ton travail reste underground mais si le public en a décidé autrement ça ne se passera pas selon tes souhaits. Une fois qu'il sort de chez toi, il ne t'appartient plus. Tu n'as plus aucun contrôle dessus. Ce n'est plus ton produit, il y a un phénomène d'appartenance. D'ailleurs tu le vois bien lorsque les fans l'achètent. Ils en parlent comme quelque chose qui est à eux d'où parfois des comportements incohérents. On vit dans un monde où les choses sont comme ça. Tout le monde a droit à une opinion sur tout… Maintenant si le disque ne marche pas, on ne pourra pas se dire que nous n'avions pas toutes les chances de notre côté.
VS – Oui, surtout qu’il y a quand même un petit buzz autour du disque mais le plus amusant est de constater que les diverses opinions sont toujours assez radicales. Soit on adore, soit on déteste. Il y a peu d’avis intermédiaires.
Franck - …et c'est très bien comme ça.
VS – Justement, tu parles d’appartenance mais la notion de contrôle artistique est très forte chez SYMBYOSIS, comment gérez-vous le fait que le cd soit à tout le monde maintenant ?
Franck – Bah là c'est différent, il est terminé donc je m'en fiche en fait. C'est avant que cela avait de l'importance. C'est la raison pour laquelle on n'a pas vraiment cherché à signer sur un label après la démo. Il y a des gens qui semblaient intéressés mais on n'a pas forcement cherché à approfondir dans ce sens parce qu'on s'est dit rapidement qu'il arriverait ce que je ne voulais pas. On a supposé très vite qu'on nous refuserait la sortie d'un double cd ou qu'on nous reprocherait que la pochette ne soit pas assez métal, enfin bref, ces conneries là, je n'avais pas envie de les entendre. Pour moi un produit doit totalement coller à la vision de celui qui l'a créé. Maintenant, c'est vrai qu'on peut calibrer un produit dans l'optique de le vendre. C'est quelque chose que je ne refuse pas puisqu'en temps que graphiste, c'est un peu mon boulot. Il fallait que je suive mon idée jusqu'au bout. Maintenant, une fois terminé, on peut attendre une semaine ou deux pour voir si tout est ok. Je suis suffisamment adulte pour me remettre en question. Il était important pour moi de ne pas être bridé. J'avais besoin d'être seul.
VS – Vous avez passé plusieurs années sur « Phœnix », est-ce qu’il n’arrive pas un moment où c’est l’overdose ou, à l’inverse, où le produit est trop travaillé ?
Franck – Bah ça a duré longtemps parce que j'ai fait d'autres choses pendant ce laps de temps. J'ai eu d'autres groupes. J'ai rejoint pendant plus d'une année une formation de musique et de chant traditionnel du monde. Et puis il y a eu des périodes où nos plannings ne correspondaient pas, où on a changé de matos, où on a essayé plusieurs configurations. On a changé d'ordinateurs plusieurs fois. Donc on redécouvrait le produit à chaque fois. Et puis il y a eu ce virage où l'une des bécanes nous a lâché et qu'il nous a fallu ré-investir. J'en ai profité, pendant cette période, pour me lancer dans un projet de performances acoustiques avec un autre groupe. Et en revenant de tout ça, on a ré-écouté le pré-mix et j'ai dit à Arnaud « il faut tout refaire ». Ça correspondait à ce que j'avais fait à l'instant T mais ce n'était pas exactement ma vision, donc on a tout refait.
VS – Quand le travail s’étale sur un laps de temps aussi grand, est-ce que cela ne multiplie pas les chances que la vision qu’on a de l’œuvre change ?
Franck – oui mais il y a un moment où il y a une limite. Où tu sens que tu ne pourras pas faire mieux. Là, il y avait quelque chose dans le son qui ne me ressemblait pas et qui me frustrait.
VS – Alors je sais qu’entre « Crisis » et « Phœnix » tu as composé suffisamment de matériel pour enregistrer plusieurs albums et que tu as ensuite tout détruit. Est-ce que cela ne relève pas d’une certaine tendance à l’autodestruction ou bien est-ce que c
Franck – Bah c'est relativement logique, plus tu composes, plus tu as de déchets. Ce qui est important ce n'est pas de garder tout pour l'améliorer par la suite. C'est donc pour ça que je détruis tout régulièrement en conservant quelques idées dans un coin de ma tête et lorsque tu le ressors quelques années plus tard il arrive que l'idée ait mûri et que les pièces du puzzle s'emboîtent sans problème. Alors que si tu gardes un enregistrement, une partition, tu vas être bridé par ce que tu perçois et tu n'arriveras pas à t'en sortir. J'ai mis quatre albums à la poubelle comme ça parce que je sais que si j'ai réussi à composer ça une fois, j'y arriverai une seconde fois. Alors évidemment, quand il y a un morceau super bien, tu le gardes. Mais pour « Phœnix » c'était encore une démarche différente. Déjà à l'époque de la démo, je n'étais pas content. C'est là que je me suis rendu à l'évidence qu'il fallait penser la chose différemment. La synthèse est bien meilleure sur les nouvelles versions, c'est plus une ligne droite. « Crisis » avait ce petit côté un peu explosé avec des passages pas très cohérents. C'était expérimental, on avait essayé de caler des mesures binaires sur ternaires. Mais en même temps mathématiquement, il y avait des trucs qui collaient mais auditivement, il y avait des éléments comme la fluidité qui n'étaient pas maîtrisés. Je voulais aller à l'essentiel avec « Phœnix » que ça soit presque linéaire à certains moments. J'ai même simplifié des riffs.
VS – En même temps il y a un gros boulot au niveau des guitares. On n'est pas si éloigné des guitares héros. Alors c’est vrai que d’un côté tu as peut-être simplifié la trame des morceaux mais du côté des guitares, tu t’es lâché…(rires)
Franck – Ça, c'est souvent le défaut des guitaristes. On simplifie à un certain niveau d'écriture. Ça nous paraît plus clair. On ajoute des accents, des accroches. On essaye de rendre les choses accessibles sans s'attarder sur la technique. Après on aime ou pas, on est touché ou pas, le reste m'importe peu. Maintenant si on vient me voir en me parlant uniquement de technique, je me dirais que c'est un échec parce que cela voudrait dire que je n'ai pas réussi à faire oublier la forme. Pour moi la musique, c'est avant tout communiquer des sensations.
VS – Pour passer à autre chose, j’ai le désagréable sentiment que « Phœnix » a été pensé comme une sorte de testament, d’ultime baroude d’honneur. Un peu comme si vous aviez envie de finir en beauté, en en foutant plein la gueule à tous vos fans pour fini
Franck – On ne l'a pas fait dans cette optique là mais d'un autre côté on s'est beaucoup dit que ça serait certainement le dernier car on ne savait si on était capable de le faire deux fois. Faut dire que tous les membres de SYMBYO approchent la trentaine, qu'on a tous terminé nos études et on arrive tous à un âge où l'on se demande ce que l'on veut vraiment faire. Toutes nos vies ont changé pendant ces trois dernières années. Le frangin n'habite plus ici, le bassiste est reparti en province, Tariq pense à son avenir et il a bien raison. Ce n'est pas une volonté, c'est la vie tout simplement. Aujourd'hui je pense surtout à construire ma vie parce que je me suis beaucoup négligé dans le passé. Avant je mettais tout dans la musique et puis si on mangeait uniquement des pâtes, ça ne me dérangeait pas. C'est bien gentil mais faut avoir les pieds sur terre. Donc là au jour d'aujourd'hui, j'attends juste que les choses se stabilisent, déjà financièrement et une fois que ça sera le cas, il n'est pas impossible qu'on réunisse à nouveau le staff et qu'on reparte sur quelque chose. Dans tous les cas, ça sera beaucoup moins long et ce qui a pris trois ans avec « Phœnix » sera probablement bouclé en trois mois. De plus, si on est à l'aise et qu'on a les finances, il y aura de la tournée derrière mais là ce n'est pas viable aujourd'hui.
VS - …tu te revois donc prendre la route si tu as le soutien d’un label derrière toi ?
Franck – Oui, mais pas aujourd'hui.
VS – C’est bon à savoir ça… Alors justement, puisque tu parles des membres de SYMBYO, je voudrais savoir de quelle marge de liberté ont disposé les autres musiciens pour collaborer à cet album. D’un point de vue extérieur on a quand même l’impression que
Franck – Non, parce qu'on est parti sur un mode de fonctionnement qui était strict dès le départ et il était hors de question de changer en cours de route. Lorsque j'ai recruté les musiciens, j'ai toujours été clair à ce sujet : je contrôle ma musique, jusqu'au bout. Mais c'était établi à l'avance et tout le monde savait jusqu'où il pouvait aller. C'est là qu'intervient l'intelligence musicale. Par exemple, tu n'as pas besoin de dire à un bon bassiste la façon dont il doit jouer. Donc, tout le monde savait très bien ce qu'il avait à faire et je n'avais pas grand chose à dire. Après c'est l'expérience de chacun qui joue.
VS – Et puis il y a cette chanteuse Noriq… C’est la première fois que SYMBYO utilise des voix féminines de façon aussi poussée. Est-ce que c’était indispensable, dès le départ, dans la logique de « Phœnix » ?
Franck – Oui, absolument. J'aurais même voulu qu'il y en ait plus à la base…
VS – C’est vrai qu’à l’écoute de certains titres, je pense particulièrement à « The Arrival » qui contient des dialogues, on a le sentiment que tout a été pensé pour que plusieurs protagonistes se partagent le chant.
Franck – Oui, c'est pour ça que j'en voulais plus mais on a rapidement tablé sur une voix unique. Alors c'est vrai que j'aime bien ces métissages de voix qui apportent différentes couleurs mais en même temps, il ne faut pas oublier que je suis un fan de death métal à la base. Les autres styles ne veulent rien dire pour moi vu que je m'en fous complètement. Maintenant quand on me demande quel style je joue, je réponds que je n'en sais rien mais le genre que j'ai le plus écouté reste le death donc, moi, j'aime bien la grosse voix brute. Alors c'est vrai qu'on avait imaginé plus d'interventions, puis on s'est ravisé en décidant que cela devait rester ponctuel, maîtrisé et qu'il fallait conserver un chant principal.
VS – et tu l’as déniché où cette chanteuse ?
Franck – Hé bien, j'avais déjà travaillé avec elle à l'époque où je jouais dans cet orchestre de chants et musiques traditionnelles. Et en fait, elle fait d'habitude du chant tzigane. Alors c'est moi qui lui ai demandé de chanter comme ça parce que sa technique habituelle est plus « écorchée ». Elle est super ouverte d'esprit et ça s'est fait le plus naturellement du monde.
VS – Et puis il y a aussi cette histoire à la rencontre de plusieurs genres : le cyberpunk, l’héroic fantasy, la science fiction…
Franck – Il faut savoir que l'histoire de « Phœnix » est un prétexte. Comme beaucoup de compositeurs qui travaillent par impulsion, je suis un peu angoissé à l'idée d'écrire des morceaux qui n'ont pas de sens. J'avais donc toutes ces compos. Certaines étaient terminées, d'autres non et d'autres encore étaient en train de germer. Je me suis vite rendu compte qu'il y avait une cohésion mais je n'arrivais pas à la trouver. Je me suis donc rendu à l'évidence qu'il fallait une histoire. Et je me suis donc mis à réfléchir sur une trame qui me permettrait d'articuler différents thèmes autour. L'histoire partait donc d'une démarche nécessaire et non, créative.
VS - … c’est vrai que la trame de l’histoire est un peu naïve…
Franck – Il fallait que ça reste le plus simple possible au niveau des valeurs, de façon à ce qu'on puisse évoluer sur de grands thèmes…
VS - …avec un p’tit côté romantique qu’on ne trouve pas souvent dans le métal.
Franck – Oui, c'est dommage d'ailleurs. On s'est tous, un jour, fondu d'amour pour une poulette et je pense que c'est un mauvais calcul que de prétendre que les métalleux sont unanimement attirés par les choses morbides. Alors c'est vrai que c'est une partie de notre personnalité qu'on possède tous et qu'on est attiré par ce côté graphique sombre…
VS - …beaucoup ne sont pas près à l’admettre aussi…
Franck – Oui, être près à l'entendre, c'est encore une chose différente. Moi, j'arrive à un âge, où je n'ai plus rien à prouver et je ne recherche pas d'approbations extérieures. Si j'ai envie d'écrire une histoire pour les gamins, hé bien ça ne me pose pas de problèmes. En temps que créatif, il n'est pas dans ma nature de m'imposer des limites. Dans un autre ordre d'idée certains acteurs de la scène métal disent avoir l'esprit ouvert mais si demain on leur propose de travailler avec Lara Fabian, ils refuseront catégoriquement. Personnellement, si on vient me voir en me demandant de faire des arrangements pour Lorie ou Alizée, ça ne me posera pas de problème. (rires)
VS – Est-ce que le fait que tu n’aies rien à prouver explique cette espèce de sérénité qu’on trouve sur ce nouvel album. L’évolution a été grosse depuis « Crisis ». SYMBYOSIS n’a jamais été aussi progressif, aussi lyrique. Est-ce qu’il y a eu des éléments
Franck – Oui, même quand ça va vite, ça n'en a pas l'air. C'est violent sans l'être vraiment.
Maintenant le fait de jouer avec des musiciens qui ne faisaient pas de métal et qui avaient donc une approche spirituelle de la musique et non intellectuelle, explique ce changement. Ils ne jouent pas avec la tête mais avec le cœur. Certains de ces musiciens ont une façon de jouer si rapide que ça peut sembler agressif au premier abord. En revanche si tu écoutes bien ce que ça véhicule, c'est souvent radicalement opposé puisque ce sont souvent des chants spirituels. On va trouver dans la musique arabe et plus précisément dans leurs chants religieux, des espèces de cris assez pénétrants alors que l'idée véhiculée est totalement différente. C'est un peu comme si on comparait la musique avec une fibre optique : ce qui compte c'est la lumière et pas la fibre en elle-même. De nos jours, on se concentre trop sur la fibre. Il faut dépasser le physique et arriver à un niveau de maîtrise où tu ne penses plus à la technique, à tout ce que tu as appris. Il y a eu un moment pendant l'élaboration de « Phœnix » où j'ai pensé comme ça. Maintenant je ne dis pas que j'ai atteint ce stade. Je suis comme tout le monde, j'ai encore des doutes. Le physique me rattrape comme tout le monde. Je ne suis pas au-dessus de ça. On n'est pas là pour faire des démonstrations, j'ai écrit les patterns de « Phœnix » pour qu'ils soient beaux.Rien de plus.
VS – ce qui n’est déjà pas une mince affaire… Je me souviens que la première fois où nous avons parlé ensemble de « Phœnix », Arnaud avait dit que vous alliez vous faire critiquer car votre travail serait jugé comme trop prétentieux. N’y a-t-il pas une co
Franck – C'est vrai qu'on a été critiqué. Les gens disaient qu'on pétait plus haut que notre cul et que nous ferions mieux de sortir le disque que nous avions en attendant d'avoir des moyens plus conséquents pour le suivant. J'ai entendu ce type de raisonnement bien des fois, même de la part d'amis musiciens qui me disaient « Sorts ton disque, signe avec un label, tu en feras un mieux la fois d'après et encore meilleur pour le suivant et tu arriveras à ton truc ». Si on s'en tient à ce type de raisonnement, il ne faut pas s'étonner que certains groupes qui n'ont pas une carrière formidable traînent souvent derrière eux quelques albums de merde. Alors est-ce qu'il n'aurait pas été préférable de prendre un peu de temps, d'attendre une paire d'années et de sortir un vrai disque ? Est-ce que ces groupes qui auraient deux ou trois albums de moins à leur actif ne seraient pas un peu plus crédibles ? Est-ce que le niveau de la scène ne serait pas un peu plus élevé ? Notre seule ambition était de sortir un produit dont on soit fier. Je sais que nous n'avons rien négligé et que nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir. C'est sans doute pour cette raison que je tolère toutes les critiques aujourd'hui. On ne peut pas se reprocher quoi que se soit. C'était ça notre ambition.
VS – Oui mais ne crois-tu pas que le perfectionnisme a été un frein à la carrière de SYMBYO ? Où s’arrête le perfectionnisme et où commence la méticulosité maladive ?
Franck – Bah à l'époque on n'en avait pas trop conscience maintenant j'en suis revenu. Cet état d'esprit était le notre au début mais ce n' était déjà plus le cas avant même de sortir le disque.
VS – Parlons un peu de ce cd bonus… Le fait de donner une suite au triptyque « Crusade » de « The Fluid » correspondait-il à un réel désir de votre part ou plutôt à l’insistance de vos fans ?
Franck – J'ai toujours eu l'envie de terminer ce titre mais il est vrai que ce désir a été un peu porté par le plébiscite qu'avait suscité le morceau. C'est clair que si tout le monde l'avait détesté, on y aurait peut-être réfléchit à deux fois. Les six titres de « Crusade » restent une part bien distincte de l'univers de SYMBYOSIS. Même lorsque je compose, je suis dans un état d'esprit différent. Alors évidemment, ça reste du SYMBYOSIS vu qu'on ne sort pas d'un moule aussi facilement. On en a parlé avec Arnaud dès qu'il a été question du bonus cd. Du reste la quatrième partie était déjà écrite depuis longtemps.
VS – est-ce que tu te vois reprendre l’esprit de « Crusade » sur un prochain album, ou est-ce que tu considères ce cycle comme étant terminé ?
Franck – Je sais qu'aujourd'hui lorsque je joue, c'est assez brutal. Je ne sais pas trop pourquoi je suis revenu à ce stade mais mon style actuel se rapprocherait plus de groupes comme SUFFOCATION à l'époque « Pierced from Within ». Mais bon je laisse tout ça mijoter sans trop y penser. Ça aura le temps de changer si on refait un album un jour.
VS – On va un peu parler des reprises qui sont sur le bonus cd. Bon notre cœur à tous a battu pour MAIDEN à un moment ou un autre et c’est vrai que le clin d’œil à chacun de ces groupes se justifie par leur statut culte mais pourquoi ceux-là précisément ?
Franck – Tout simplement ces groupes sont des références pour notre milieu sans parler d'influences. Avec mon premier groupe, on répétait sous le collège. A l'époque j'étais bassiste, j'avais le son de basse de Dan Lilker et dans notre délire on se disait toujours qu'un jour on referait une reprise de NUCLEAR ASSAULT. Et puis lors de la préparation du disque cette idée est revenue, j'ai fait quelques essais, on a changé deux ou trois petites choses et voilà. Et puis il y a avait ce bon vieux chorus typique des années 80.
VS – C’est vrai que ces reprises sont toutes assez personnelles. Il reste la patte SYMBYOSIS…
Franck – oui c'est pour ça qu'on trouvait que le terme de cover n'était pas tout à fait adapté. J'avais appelé ça des réinterprétations. Je voulais rendre hommage à ces groupes avec un son plus actuel pour bien mettre en évidence que ce qu'ils jouaient à l'époque est toujours d'actualité. Finalement le fond reste toujours le même.
Pour SLAYER, c'est l'un des groupes que j'ai le plus écouté étant jeune. J'adore leurs rythmiques et puis j'ai toujours adoré le flux d'Araya au niveau de son chant. Il a un véritable groove. Et j'en avais marre d'entendre toujours les mêmes reprises de SLAYER. Je ne voulais pas faire une énième reprise d' "Angel of Death" alors j'ai voulu reprendre un morceau que j'ai toujours aimé. Pour le solo, je ne pouvais pas faire du Kerry King vu qu'il a ce côté qui lui appartient. Il n'est pas très technique mais il a un petit truc vraiment perso et moi ça ne collait pas à mon style. Donc j'ai refait les solos à ma sauce.
Pour PESTILENCE, je ne pouvais pas passer à côté de ces grooves de gros death métal qui restent mes principales influences. C'était une évidence pour moi. Si je n'avais pas repris PESTILENCE, je me serais tourné vers ATHEIST.
VS – Il y a aussi cette reprise de Malmsteen que tu m’avais faite écouter et qui n’est pas sur le disque en fin de compte… Elle était sympa pourtant.
Franck – Oui, je sais mais je n'ai jamais trouvé le chanteur idéal pour l'interpréter. Je l'ai mise de côté. On ne sait jamais.
VS – Le détail assez particulier également c’est que vous avez choisi de ne pas faire de reprise de NAPALM DEATH mais vous avez écrit un titre inspiré d’eux…
Franck – Bah je me suis essayé sur deux ou trois morceaux mais bizarrement ça ne collait pas. On a écouté ces tests avec le frangin et on s'est rendu à l'évidence : ça sonnait mais on n'arrivait pas s'approprier le titre. Ça ressemblait à du NAPALM mais vu que ce n'était pas eux on retombait dans le contexte d'une reprise banale et ça je ne le voulais pas.
VS – Avant de terminer cet entretien, je voudrais qu’on aborde rapidement le visuel de « Phœnix ». Alors est-ce que Tariq était d’accord pour se retrouver dans l’armure du chevalier du Dragon de Saint Seya ? (rires) Et est-ce que tu ne crois pas que le fa
Franck – Oui et non parce que le délire est tellement poussé que je ne conçois pas une seconde qu'on puisse prendre ça au sérieux. Tout le monde dans le groupe avait été briffé pour ça et ils m'ont fait confiance. Tout ça fait parti de ma personnalité, les trucs qui ont bercé mon adolescence le death métal, le heavy, Star Wars, les mangas. Ces clins d'œil me paraissaient donc obligatoires.
VS – Bon le supplice est terminé, je te libère dès que tu auras dis un p’tit mot pour VS…
Franck – Bah ça va être "merci" parce que vous nous avez quand même soutenu depuis le départ…
Aujourd'hui c'est rare de tomber sur des gens qui soutiennent vraiment par conviction et qui ne mettent pas un temps de pause en fonction des atmosphères médiatiques.