Jimbob - TAINT par JEAN PAZOLA - 1682 lectures
Vous aimez le doom ? Mais aussi le hardcore ? Et les trucs bien barrés ? Voici un entretien réalisé en novembre 2005 avec Jimbob, le guitariste/chanteur de Taint qui viennent de sortir un excellent nouvel album sur le label culte Rise Above. Un grand merci à Jean-Damien Scimia pour la traduction.


Salut ! Serait-il possible de débuter cet entretien par un historique de Taint ? Quel était votre but en formant le groupe ?
Taint a débuté en 1994 avec 3 ados dans une chambre qui faisaient de la musique pour le plaisir. Le groupe est aujourd'hui composé de Alex Harries à la batterie, Chris West à la basse, et moi-même, Jimbob, à la guitare et au chant. Deux autres bassistes sont passés par le groupe depuis nos débuts. Chris est avec nous depuis 3 ans environ. Il a rejoint le groupe à un moment où je voulais faire progresser les choses. On a ensuite sorti 3 démos sous format cassette entre 95 et 98 puis notre premier véritable enregistrement, un EP intitulé "Die Die Truthspeaker" sur le label londonien House Holdname records. On a donné à l'époque des concerts en Angleterre avec Acrimony, Iron Monkey, Hard to Swallow, Converge, Knuckledust et Stampin' Ground. En 2002, un split avec Black Eye Riot sur Black Phoenix records est paru. Ce fut un grand pas en avant pour nous, musicalement parlant. On a de nouveau tourné dans notre pays avec Clutch, John Holmes, Unsane, Keelhaul et puis pour la première fois en tête d'affiche, avec nos potes de Art Of Burning Water. Ce qui m'a motivé, c'est d'abord la volonté de faire de la musique pour nous-mêmes et personne d'autre, puis le fait de pouvoir partager la scène avec des groupes qui font partis de mes influences, comme Clutch, l'un de nos objectifs, et qui s'est reproduit depuis. Dorénavant, nous avons vraiment besoin de reconnaissance. Nous n'avions pas de label jusqu'alors, et j'estime que c'est le moment pour jeter une oreille à notre album, dont nous sommes très fiers, et dont nous voulons en faire profiter un maximum d'auditeurs.


Votre premier album "The Ruin Of Nova Roma" est paru sur Rise Above records. Comment vous êtes vous retrouvés sur le célèbre label de Lee Dorian ?
Nos potes chez Capricorns nous poussaient vers Will depuis quelques temps, alors que nous nous trouvions dans une situation sans queue ni tête avec un autre label à l'époque. Tandis que nous étions dans les méandres du désespoir, Rise Above a montré son intérêt et nous a définitivement dit oui, un grand soulagement, c'était une question de temps. On a beaucoup de respect pour ce label et l'empreinte de Lee sur la musique ces 15 dernières années. Je pense aussi que Will était surpris par ma ténacité et mon dévouement pour le groupe. Après 10 ans passés à tout faire par moi-même, il était impossible de tout plaquer.


Où s’est déroulé l’enregistrement ? Quel type de son attendiez-vous ?
On a enregistré au pays de Galles à l'excellent Mighty Atom studios, dans notre ville, Swansea (bien que Chris vienne de Cardiff). Alex (Newport) s'est occupé du mix, un autre grand moment pour moi, dans la mesure où j'ai beaucoup apprécié Fudge Tunnel, et je me suis toujours tenu au courant de ses activités. Son travail pour –(16)-, The Icarus Line et The Mars Volta m'ayant vraiment convaincu, j'ai voulu qu'il participe à notre album. Je l'ai contacté, lui ai envoyé nos précédents enregistrements en croisant les doigts, et dieu merci il s'est montré très enthousiaste et a souhaité s'impliquer profondément. Nous sommes très contents du résultat qui est le meilleur que l'on ai obtenu jusqu'à présent. Dès l'arrivée de Chris, j'ai décidé de changer l'accordage, ce qui a éclairci notre son et nous a grandement dynamisé.


Parlons un peu de vos influences. La musique de Taint étant très originale, du doom avec un feeling punk /hardcore, quels sont les groupes qui vous branchent ?
Nos influences sont très larges. Chris et moi avons grandi avec des groupes classiques tels que AC/DC, Black Sabbath, Led Zeppelin, Metallica. Al a toujours été plus hip-hop et rock indé. Et puis Chris et moi avons suivi le même parcours, passant du thrash au hardcore puis doom. Aujourd'hui, c'est très varié. En ce moment j'écoute beaucoup NoMeansNo, The Mahavishnu Orchestra, Dillinger Escape Plan, Earth, June Of 44 et Yes. J'ai toujours baigné grâce à mon père dans le prog', le classic rock avec Led Zeppelin, Cream, Focus ou le Edgar Winter Group, d'où mon amour pour les belles parties de guitare et les structures alambiquées. Al est à fond dans The Mars Volta, Mono et Naked City, et Chris, quant à lui, écoute Captain Beyond, These Arms Are Snakes et Crowbar, son groupe favori.


Comment et où se passe la composition au sein du groupe ? Vous jammez beaucoup avant qu’une chanson soit prête pour l’enregistrement ?
On écrit tous ensemble dans notre local de répétition, qui au fil de ces 4 dernières années a beaucoup changé d'endroit, de même que les villes où nous nous sommes posés. En général, l'un d'entre-nous se pointe avec un ou deux riffs, et à partir de là on commence à bosser, en jammant, donc on peut dire que la moitié d'un morceau est "improvisé". C'est un système qui prend du temps car lorsque cela sonne trop comme un autre groupe ou que l'idée est trop banale, on oublie, ce qui nous permet d'avoir un répertoire complet. Les titres de l'album ont été écrits durant ces 4 dernières années.


Avez-vous un forte expérience de la scène ? Avec quels groupes avez-vous déjà joué ? As-tu quelques anecdotes marrantes à ce sujet ?
Je pense que l'on s'améliore de jour en jour. Il y a toujours des soirs où l'on est déçu par notre prestation, mais la plupart du temps, personne ne nous le fait remarquer. En ce qui me concerne, je suis de plus en plus motivé par la scène et je pense avoir beaucoup à offrir d'un point de vue créatif, de même que Chris et Al, qui apprécient beaucoup le fait de jouer et qui sont très dévoués. On joue mieux qu'auparavant et on arrive plus à exprimer nos émotions par le biais de nos instruments. Cela peut sonner cliché mais c'est définitivement une expérience cathartique que de se produire sur scène. Une anecdote… La première fois que l'on a joué avec Clutch, on a demandé à Neil de chanter sur notre reprise de "Impetus" que l'on a enregistré sur le mini "Die…", et lorsqu'il a débarqué sur scène, il était complètement largué, car on jouait trop vite. Il était là : "This ministrati…eurgh…justific… !". Je pense qu'il était plus déçu que nous ne l'étions, car c'était vraiment un honneur qu'il soit à nos côtés, nous étions en transe !


De quoi parlent vos textes ? Comment interpréter le titre de l’album ?
Littéralement ça signifie "La ruine de la Nouvelle Rome". C'est simplement une manière poétique et forte de dire que l'on pourrait démolir le monde entier pour tout reconstruire. La métaphore sur la Nouvelle Rome est là pour exprimer le fait que la société actuelle est plus cupide, parsemée de viols et de cruauté que celle sous l'ancien Empire Romain. Je parle de l'égoïsme, de la négligence de l'humanité au sujet de l'amour et de la compassion pour la vie elle-même. A travers l'album, on trouve plusieurs thèmes, et il m'est difficile de tous les expliquer avec la même précision, car certains sont écrits d'une manière assez ambiguë. J'aime mixer des idées concrètes avec d'autres plus personnelles, j'aime jouer avec les mots pour le plaisir d'établir des connotations, faire référence à des périodes de l'histoire et tout simplement pour la beauté de la langue. "Novà" est le terme tchèque, tous les 3 sommes très influencés par l'Art Nouveau de Alphonse Mucha, de Prague. Depuis mes 16 ans, j'ai toujours voulu exploiter cela pour le groupe. J'ai également utilisé le français sur "Cours et Conquistadors" car c'est une langue que j'aime beaucoup et aussi pour bien représenter le groupe. Avec "The Ruin of Novà Romà", c'est le morceau qui fait le plus référence à l'imagerie romaine. "Drunken Marksman", quant à lui est une vive attaque contre ceux qui copient et suivent les modes. On en a tellement vu retourner leur veste depuis nos débuts que l'on sait les identifier désormais…


Vous bossez à côté de Taint ? Quel genre de boulot ? Vous arrivez à concilier musique et travail régulier ?
Oui, nous travaillons tous. Alex est professeur des écoles et Chris est assistant dans une école pour personnes mentalement handicapés. Je suis designer graphique. Ce n'est pas évident à gérer, je travaille beaucoup la nuit pour les artworks pour Taint et les autres groupes. En fait, mes deux activités sont liées donc cela ne me dérange pas tant que ça. J'ai beaucoup de respect pour les gars qui enchaînent petits boulots, pas forcément passionnants, qu'ils quittent juste pour partir en tournée. C'est admirable, c'est une vie pleine de sacrifices. En ce qui nous concerne, cela peut être pesant parfois, car on habite à 2/3 heures de route l'un de l'autre, et on se rend souvent aux concerts chacun de notre côté. Mais on s'est engagé, alors on assume…


Connais-tu les groupes français que sont Membrane, Superstatic Revolution et Time To Burn ? Tu devrais apprécier…
J'ai bien peur que non… Merci pour le conseil, je vais essayer de jeter une oreille dessus. Mais je sais que la France est un pays très branché par le hardcore, avec Tantrum, Ananda ou les groupes que tu as cité. On a joué au Havre avec Ravi et à Paris avec Get Lost. Je sais que ça répond à ta onzième question mais je continue quand même… On s'est produit en Europe avec nos potes de Army Of Flying Robots. On a fait des concerts avec eux au Havre, Paris, Gand, Tilburg et Utrecht. On avait rien à promouvoir, on comptait beaucoup sur les promoteurs locaux. Certaines dates n'étaient pas forcément très suivies mais nous nous sommes bien amusés. On s'est fait des amis et avons toujours été bien reçus. A Paris on a joué dans une petite salle à Montmartre, et les fans de hardcore ne savaient pas trop comment réagir. Je me souviens que je portais mon t-shirt des Gorilla Biscuit ! Mais ils ont été scotchés par la puissance dégagée, compte tenu du lieu. J'espère que l'on aura l'occasion de revenir et que cette fois on jouera devant un public mieux armé !


Etes-vous satisfaits de l’accueil reçu par vos précédentes sorties ?
Il y a un petit noyau dur de fans qui nous a bien soutenu. Malheureusement, les labels n'avaient soit pas l'argent nécessaire ou la volonté de nous pousser. C'est à se demander pourquoi ils signent des groupes. Quoi qu'il en soit, avec Rise Above, on pense avoir franchi un cap, et la promotion est importante.


Aurons nous la chance de vous voir bientôt en France ? Merci pour ton temps, je te laisse le dernier mot…
Merci pour l'interview, nous apprécions ton intérêt pour le groupe. J'espère vraiment que l'on reviendra en France, d'autant plus qu'il me faut des cigarettes light à la Johnny Haliday ! Merci beaucoup !

www.taint.co.uk
www.riseaboverecords.com


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