Finn Zierler - BEYOND TWILIGHT par NADèGE GOUTOULY - 167495 lectures
Nous vous avons déjà proposé une interview avec le clavier et cerveau de Beyond Twilight, dont l’album Section X, sorti récemment chez Replica Records, fait l’unanimité. Cette fois, nous vous offrons un deuxième entretien moins formel avec Finn Zierler, passé nous rendre visite au début du mois de mai pour poursuivre la promotion de sa dernière œuvre. Pas vraiment une interview, plus une conversation simple et naturelle avec un homme gentil, curieux et passionnant.


Tout d’abord Finn, comment peut-on se procurer les anciens albums de Twilight et de Beyond Twilight ?
Finn Zierler : Très simplement, sur les sites internet de ventes de disques comme www.cdon.com ou le site du distributeur Lucretia.


Le visuel de Section X est très étudié, dans quelle mesure l’image en général est-elle une source d’inspiration ?
Et bien pas du tout en fait ! Je sais qu'on pourrait le penser, et je comprends comment le visuel peut avoir une influence sur le son, mais dans mon cas, tout se passe seulement dans la tête. C'est dans l'autre sens que ça marche en ce qui concerne la pochette de l'album. Elle reflète tout ce que contient le concept, tout ce qu'elle montre évoque un morceau de l'histoire, que ce soit la jeune femme enchaînée (l'amour du personnage principal), la clé (la sixième clé de la vie), le signe de Beyond Twilight sur la pierre, qu'on retrouve sur tous nos albums et que je porte en tatouage, les tubes de laboratoire qui rappellent le clonage du personnage principal, etc.


Dans le clip de « Shadow Self », on voit une jeune femme très sexy, enchaînée, ça fait un peu cliché SM…
La jeune femme en question est la femme d'Adrian Erlandsson, le batteur de Cradle Of Filth. Elle est à fond dans le trip SM, boundage. Elle n'a donc pas véritablement joué un rôle et pour elle, c'est même de l'art. En tout cas, le clip de « Shadow Self » résume en quelque sorte l'histoire de l'album, il ne parle pas que de la chanson elle-même, c'est pourquoi on retrouve le personnage principal, la femme qu'il aime, la clé, etc.


C’est le premier clip que vous réalisez, c’est également la première fois que les membres du groupe dévoilent leur visage. Pourquoi maintenant ?
Oui, c'était assez marrant. En fait, je ne suis pas du genre à me montrer, je ne suis pas très porté sur les relations publiques. Je préfèrerais largement n'être connu de personne, mais quand tu fais de la musique, le but est quand même d'être un minimum connu et reconnu ! C'était une façon de remercier notre public, qui nous a beaucoup soutenu, surtout après mon accident de voiture. J'ai passé des mois difficiles à remettre mes membres en état, à réapprendre à jouer, et j'ai reçu de nombreux encouragements de la part des fans. Nous leur devions ça. Il est très important pour nous d'avoir une relation proche avec nos fans, c'est pourquoi nous avons un forum sur le site du groupe, www.beyondtwilight.dk, où les fans peuvent nous poser directement des questions. Nous ne sommes pas inaccessibles, loin s'en faut.


Le risque est de recevoir des critiques en direct !
Tant mieux ! Nous ne voulons pas nous installer dans une tour de Babel et rester bloqués sur ce que nous savons faire, nous voulons évoluer, expérimenter et recevoir les réactions à nos essais. De toute façon, je dois dire qu'il est rare que nous recevions de réelles critiques sur ce que nous faisons. Section X marche très bien. La plus mauvaise chronique que nous ayons eue a noté l'album 3 sur 5, ce qui reste honorable ! J'imagine que le chroniqueur en question n'a pas suffisamment écouté l'album et n'en a pas tout saisi. Ce n'est pas grave. Section X est un album qui nécessite plusieurs écoutes attentives et un certain engagement, c'est le pari.


Justement, as-tu ou as-tu eu peur par moments d’être incompris ?
Pas vraiment. Je pourrais aller beaucoup plus loin dans la création, faire une musique largement plus complexe. Je crois que sans la grande part de mélodie qu'il y a dans Beyond Twilight, les albums ne marcheraient pas aussi bien. Mais je pourrais très bien réduire cette part de mélodie et accentuer la technicité de la musique. J'aimerais essayer d'ailleurs.


N’est-il pas plus remarquable de créer une musique à la fois complexe et mélodique que de créer une musique seulement ultra-technique ?
Certainement, et c'est pour ça que j'aime composer pour et écouter du Beyond Twilight ! Je n'écoute presque jamais les albums de Twilight alors que je continue d'apprécier The Devil's Hall Of Fame (NDR : et nous donc !).


A part Beyond Twilight, quelle musique te satisfait-elle ?
J'adore Tori Amos, Pat Metheny, certains compositeurs de musique classique et dans le metal, j'aime beaucoup Meshuggah pour le côté technique, ainsi que Dream Theater, Symphony X. Je peux apprécier des trucs mélodiques, mais je n'ai aucun goût pour le happy-metal ni pour le hard-rock.


Et le côté sombre, où le trouves-tu, excepté dans Beyond Twilight ?
Il m'arrive d'écouter des groupes de death ou de black, mais j'ai tendance à ne les apprécier que sur une courte durée. L'énergie et la colère que ces musiques dégagent ne me tiennent pas en haleine très longtemps car elle cache souvent une musique un peu trop directe et simpliste à mon goût.


Peut-être changerais-tu d’avis si tu écoutais des groupes qui sortent du lot comme Emperor pour le black-metal ?
Je ne connais pas.


Tu veux dire que tu n’as jamais écouté ?
Je ne connais ni le nom ni la musique !


Mince alors ! C’est dommage que je n’aie pas apporté un album aujourd’hui, je crois que ça t’aurait vraiment plu dans le genre sophistiqué et plaisant sur la longueur. (NDR : Quelques jours plus tard, Finn, curieux de nature, m’a confié qu’il avait beauco
Oui, mais pas assez pour porter un jugement dessus. J'aime bien certains de leurs albums précédents, pas les premiers en tout cas ! Il reste que je ne suis pas un spécialiste. C'est un peu gênant car on me demande souvent si je connais tel ou tel groupe et bien souvent, je n'en connais aucun !


Non que je veuille te refaire une culture musicale, je me suis néanmoins permis de t’apporter quelques disques afin de recueillir tes impressions. Tu es d’accord ?
Pas de problème.


Commençons par un groupe de metal progressif venu de Suède et dénommé Andromeda. Il s’agit d’un extrait du deuxième album, II=I. Le groupe a réenregistré le premier, Extension Of The Wish, avec le deuxième chanteur, qui est bien meilleur que le premier.
Le guitariste (NDR : Johan Reinholdz) a l'air très doué ! Ca me plaît, je vais approfondir la question. Ce sont de sacrés musiciens en tout cas. Je crois qu'on m'a parlé de ce groupe lorsque je cherchais un chanteur. J'ai l'impression que le son n'est pas très bon, pourtant, c'est Daniel Bergstrand qui a produit cet album d'après ce que je lis sur la pochette…


Ne te fies pas à mes amplis, ils dénaturent le son !
Je vois. Je vais prendre les références de l'album pour me faire une meilleure idée.


Passons à un groupe israëlien, Orphaned Land, dont le dernier album, Mabool, est sorti l’an dernier après une attente de huit longues années. Ce disque, comme tous ceux que j’ai amenés aujourd’hui, me semblent représenter plus que de la musique…
Je n'en doute pas. Ca m'a l'air très bon. (On passe de « Birth Of The Three » à « Halo Dies » avec son passage déstructuré hallucinant) J'adore !


Passons à Shadow Gallery, un groupe de metal progressif américain moins connu que Dream Theater, mais tout aussi voire plus intéressant ! Sur cet extrait, « New World Order », c’est DC Cooper qui chante, pas le chanteur habituel, Mike Baker.
Je connais DC, j'aime bien ce qu'il a fait avec Royal Hunt.


Il est formidable sur cette chanson, il est meilleur sur les projets des autres qu’avec son propre groupe !
(Nous passons d'une chanson à une autre) C'est très mélodique, très beau, très émotionnel. Encore d'excellents musiciens, mais ce n'est pas de la démonstration. Encore un bon choix !


Changeons de style avec le groupe autrichien Stygma IV. J’ai apporté le premier album, Solum Mente Infirmis, sorti sous le nom de groupe Stigmata. C’est le plus sombre et le plus progressif de leurs albums. Pas évident d’accès…
Quelle voix ! Je suis bluffé !


Il s’appelle Ritchie Krenmaier, et il est aussi bon sur scène que sur album, même s’il manque un peu de charisme.
Rien que pour le chant, il faut que j'achète cet album (NDR : peut-être avons-nous créé les prémices d'une future collaboration ?). La musique a l'air bien aussi, mais j'aurais besoin d'en entendre davantage.


On finit avec Devin Townsend et l’album Terria…
Je ne connais absolument pas sa musique, je sais juste qu'il a chanté avec Steve Vai à une époque. Dans un genre très différent, ça m'a l'air très intéressant.


En solo, sa musique est assez atmosphérique, mais avec son groupe Strapping Young Lad, ça remue un peu plus !
Je ne connais pas non plus. Ce qui est sûr, c'est qu'avec tout ce que tu m'as fait découvrir aujourd'hui, j'ai de bonnes et longues heures d'écoute en perspective. Je suis très content !


Pour finir pour de bon, pourrais-tu nous en dire plus sur la façon dont la musique voit le jour dans ton esprit et dont elle devient ce que nous pouvons entendre ?
Le processus de création est pour moi une période très éprouvante, pendant laquelle je suis totalement absorbé. Je suis comme esclave de ma créativité et je dois m'isoler pendant de longues semaines pour mener à bien ce travail. Je suis en fait submergé par des sons, des mélodies, et je dois me concentrer au maximum pour parvenir à retranscrire ce que j'entends dans ma tête. Cela n'est pas compatible avec une vie sociale ! Je comparerais la création d'un album à l'enfantement. C'est un processus long, prenant, souvent pénible, qui débouche sur quelque chose de (normalement) merveilleux, d'unique. Je dirais même que plus que je me mets en difficultés, plus j'ai de chances de parvenir à un résultat qui me satisfasse. C'est pour cela que je multiplie les expériences fortes à chaque nouvel album. Par exemple, le fait de vivre avec des sans-abri, de ressentir leur peur, l'urgence de leur situation, l'impossibilité de pouvoir se reposer quelques heures dans la sérénité, le sentiment d'être en marge, etc. m'a non seulement inspiré pour l'album, mais m'a profondément marqué en tant qu'homme.


Ce que nous vivons nous fait évoluer, mais les choses fortes et dures nous font sûrement évoluer plus vite…
On vous laisse méditer sur la question !


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