Brendt Allman et Gary Wehrkamp - SHADOW GALLERY par NADèGE GOUTOULY - 2105 lectures
Nouvellement signé chez Inside Out, Shadow Gallery est en train de découvrir les joies d’une vaste opération de promotion. Le label allemand semble vouloir faire du groupe américain une priorité, c’est pourquoi nous avons eu la chance d’obtenir une interview des deux guitaristes, Brendt Allman et Gary Wehrkamp. Il est même largement permis d’espérer voir le groupe avant la fin de l’année sur notre territoire. Il était grand temps !


Vous avez pris encore plus de temps que d’habitude pour préparer ce nouvel album. A quoi est-ce dû ?
Brendt Allman : D'abord, nous avons longuement cherché un nouveau contrat de maison de disques et nous voulions le meilleur possible. Nous savons que nous ne deviendrons jamais riches en jouant cette musique, mais autant essayer d'obtenir le plus possible, n'est-ce pas ? De plus, nous voulons nous surpasser à chaque nouvel album, et ça, ça prend beaucoup de temps ! Enfin, nous devons travailler chacun de notre côté entre les albums car lorsque nous nous y mettons, c'est à 110 %.


Quel fut le point de départ de Room V ? Un mot ? Un riff ? Une histoire?
Gary Wehrkamp: Brendt et Chris (Ingles, le clavier) ont travaillé sur quelques idées de chansons, tout comme Mike (Baker, le chanteur) et moi, tandis que Carl (Cadden-James, le bassiste) récupérait ces différentes idées. Quand il a commencé à arranger tout ça, il s'est trouvé assez inspiré pour développer une histoire, un concept. Il ne devait faire que trois chansons, mais il a ressenti un réel flot de créativité, nous avons donc décidé de construire tout l'album sur les bases qu'il avaient fondées. Mike a également aidé aux nouvelles chansons et ajouté des idées de textes, etc. Bref, un vrai travail d'équipe, de ceux qui donnent les meilleurs résultats.

Brendt : Il y a eu comme un effet boule de neige. Je dirais que « The Archer Of Ben Salem » a donné le « la » pour tout l'album.

Gary : Pour Tyranny, l'histoire a inspiré la musique, cette fois, ce fut le contraire. Mike a transmis à l'histoire les émotions qu'il a ressenties en écoutant la musique. Excepté pour quelques instrumentaux.


Plus précisément, comment se passe le processus de création ?
Brendt : Gary et moi avons passé beaucoup de temps ensemble pour faire cet album, c'est la première fois ! Généralement, j'écris surtout avec Chris. Peut-être le fait que Gary et moi habitions loin l'un de l'autre explique-t-il cela. En tout cas, nous avons bien ri en travaillant ensemble et je suis sûr que Gary a beaucoup appris (rires) !
Gary : Brendt est un bon ingénieur du son, tout comme Carl. Quant à moi, je possède un studio. Cela nous permet d'avancer de façon très concrète sur les chansons. Souvent, Brendt, avec ou sans Chris, programme des parties de batterie, ajoute quelques guitares, des cordes ou de l'orgue, puis me l'envoie. J'ajoute à mon tour quelques éléments, avant de passer le tout à Carl ou Mike. A l'inverse, je peux être à l'origine des chansons, les transmettre aux autres, etc. Le plus souvent, Mike écrit les textes, mais dans le cas de ce concept, c'est Carl qui a gardé les chansons très longtemps en nous promettant de nous les renvoyer alors que cela n'arrivait jamais ! Mike et moi finissions par dégoter une copie des paroles de Carl et par nous débrouiller avec ! Bref, nous travaillons beaucoup en groupes, en binômes. Sur Room V, j'ai ressenti une grande alchimie en faisant équipe avec Brendt.


Room V est décomposé en actes III et IV. L’histoire serait-elle une suite de l’album Tyranny sur lequel on trouve les actes I et II ?
Brendt : C'est ça. Elle fait tout autant réfléchir que celle de Tyranny, mais va encore plus loin dans l'horreur si je puis dire. D'autant que les événements décrits dans cet album ne sont pas si éloignés de la réalité, du moins d'une possible réalité. De façon plus prosaïque, nous espérons que les auditeurs qui ne connaissent pas l'album Tyranny auront envie de se pencher sur son cas, ne serait-ce que pour avoir l'histoire complète !


Justement, dans quels buts écrivez-vous ces histoires ? Pour vider votre sac ? Pour inciter les gens à penser ?
Oui, nous cherchons à impliquer l'auditeur au maximum. Et peut-être à lui ouvrir certaines portes ou fenêtres. Nous avons de la chance d'avoir cette possibilité et surtout un public prêt à écouter. Ce que les auditeurs obtiennent et comprennent de l'histoire dépend de la façon dont ils se sont immergés dedans.

Gary : Ces histoires sont des extensions de nous-mêmes. Carl est le principal parolier, ce sont donc sa voix et ses idées que l'on entend en premier lieu. Mais nous essayons de donner le plus de profondeur possible à nos chansons, d'aller même au-delà de l'histoire. Notre musique incite, je l'espère, le public, à réfléchir, à découvrir les détails de l'élaboration d'une production musicale. Notre but est le même avec les textes.


Room V est un disque très mélancolique, reste-t-il aussi dynamique que les deux précédents ?
Brendt : Je dirais qu'il est au moins aussi dynamique, dans la mesure où il couvre les styles à la fois agressif et doux. Il y en a pour tous les goûts. D'un point de vue global, oui, c'est un album mélancolique, voire dépressif. L'histoire est effrayante, enfin, je trouve, si l'on pense à l'époque dans laquelle on vit (NDNG : nous n'arriverons pas à en savoir plus, mais nous pouvons déduire des titres de chansons tels « Death Of A Mother », « Lamentia », « Dark » ou encore « Torn » que nous n'avons effectivement pas affaire à Poison !).


L’idée de départ, de perte, revient assez souvent dans vos textes. Par exemple, dans la chanson « Spoken Words » sur Tyranny (« I promise I won’t go away / I will be there ») et dans « Comfort Me » sur Room V (« now you’re close to me, I beg you baby, ple
Gary : Pour l'impact émotionnel. Plus le sentiment est fort, plus il est facile d'écrire dessus et d'en faire ressentir une forte part. Ici, il s'agit de la morsure du départ.
Brendt : Ce sont parmi mes passages favoris… et nous avons beaucoup d'échos sur ces chansons. Cela parle aux gens, l'idée de perdre quelqu'un nous touche tous car nous l'avons tous vécue d'une façon ou d'une autre.


Qu’est-ce que cela a changé pour vous d’être signé chez Inside Out ? Espérez-vous devenir plus grands en Europe ?
Gary : Et bien j'attends depuis l'âge de 17 ans de dépasser le mètre 80 et même si Inside Out a proposé son aide, je crois que c'est trop tard !
Brendt : Tu peux acheter des platform boots à la Kiss ! Sérieusement, je crois que nous sommes à un assez bon niveau de popularité en Europe, dans la moyenne en tout cas ! Evidemment, j'espère que la promotion va désormais être meilleure sur ce territoire, de façon à ce que plus de gens nous connaissent et achètent nos disques, même s'ils ne pourront pas voir à quel point nous sommes grands sur les photos !


Qu’en est-il de votre succès aux Etats-Unis?
C'est déjà moins bien ! Nous ne perdons pas espoir, mais pour que cela change, nous devrons d'abord détruire toute l'industrie du disque !


Ecoutez-vous des groupes de metal actuels ? Avez-vous autant d’exigences avec la musique que vous écoutez qu’avec celle que vous composez ?
Gary : Absolument ! J'ai tendance à tout analyser en détails, mais je suis heureusement capable de me détacher de ça et de profiter simplement des mélodies. Je n'écoute pas de metal moderne, mais j'apprécie des trucs assez progressifs comme Ayreon (NDR : il a participé au projet) Dream Theater ou même Spock's Beard (NDR : tiens, des groupes américains !). Des artistes vraiment talentueux !
Brendt : Je peux écouter beaucoup de choses différentes, du moment que je ressens des émotions. Dernièrement, j'ai pas mal écouté Type O Negative et Tool (NDR : ça alors, des groupes américains !). Je suis moins exigeant que je l'ai été. Vous pouvez trouver dans ma chaîne hi-fi des albums de Tori Amos, Kate Bush, Charlotte Martin (NDR : une chanteuse/pianiste américaine grosso modo dans la veine des deux précédentes), The Sundays… Oui, j'adore les Sundays, la simplicité efficace de leur musique m'épate. Mais quand je compose, j'essaie de ne rien écouter d'autre.


Que voudriez-vous ajouter pour finir ?
Gary : Restez positifs et saisissez toutes les chances qui s'offrent à vous. Soyez vous-mêmes et gardez Shadow Gallery sur votre platine CD aussi longtemps que vous pourrez ! Si nous avons la chance de satisfaire vos oreilles, nous considérons notre voyage comme une réussite et nous sommes heureux d'avoir eu l'opportunité de vous divertir !
Brendt : Pareil ! Et aussi : arrêtez de jeter vos libertés par la fenêtre. Nous ne travaillons pas pour le gouvernement, c'est lui qui travaille pour nous !


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