Luca Minieri - ILLOGICIST par TONTON - 2321 lectures
Qu’on les encense ou qu’on les taxe de plagiaires, ILLOGICIST ne laisse personne indifférent dès qu’il s’agit de parler de techno-death et de la succession du regrété Chuck Schuldiner.
Petit entretien avec Luca Minieri, chanteur guitariste du groupe transalpin, pour faire le point, quelques mois après la sortie de « Subjected ».
Tout d'abord, je voudrais savoir comment vous en êtes arrivé à travailler avec Crash Music ? Est-ce que cela a été facile pour vous de trouver un deal ? Y'avait-il d'autres labels intéressés ?
Luca : Après la sortie de ''Dissonant Perspectives'' en 2002, nous avons envoyé des promos à travers le monde à presque tous les labels et médias pour faire circuler le nom et trouver un deal. Nous avons d'abord reçu des propositions émanant de petits labels. Les choses ont pris de l'ampleur après avoir été promus « démo du mois » dans le magazine français Hard'n'Heavy.
Crash music nous a contacté et proposé un contrat pour trois albums. C'était la meilleure offre qui nous était proposée. Après une brève concertation nous avons pris, d'un commun accord, la décision de signer avec eux.
Comment s'est déroulé l'enregistrement de l'album ? Votre ancien batteur avait quitté le groupe, puis il est revenu, comment est-ce que cela s'est négocié et pourquoi avoir décidé d'intégrer les trois titres de "Dissonant Perspectives" ? Vous n'aviez pas
Luca : Après la signature, nous avons commencé à travailler sur les nouveaux titres. Nous avons décidé d'inclure les morceaux de « Dissonant perpectives » parce qu'ils étaient dans la lignée des nouveaux et aussi parce que la démo n'avait pas bénéficié d'une bonne distribution.
Pour l'histoire du batteur… oui, nous avons eu des problèmes car Remy avait quitté le groupe pour diverses raisons musicales. Nous étions sans batteur mais en tant que co-fondateur du groupe, il était normal que Remy joue sur l'album. Aussi nous avons réussi à la convaincre de revenir pour l'enregistrement.
Nous avons enregistré dans mon propre studio (le « Dissonant studio ») et nous sommes ensuite allé à Helsinki au Finnvox studio pour le mixage et le mastering.
Est-ce que ce n'était pas un peu délirant d'aller mixer en Finlande, alors que vous auriez pu faire cela à moindre coût ? N'est-ce pas un peu trop ambitieux de votre part que de vouloir mixer et masteriser au Finnvox ? Avez-vous le sentiment que le Finnvo
Luca : Nous avons décidé de nous rendre au Finnvox pour le mixage parce que nous voulions un son, à la fois, puissant et clair comme du cristal. Nous pensons que Mikko Karmila est un maître dans ce genre. Nous aurions peut-être pu mixer l'album nous même mais après un mois d'enregistrement, de pré-production, j'ai préféré céder ma place pour les sessions finales, je n'aurai pas eu la même objectivité, je pense.
Nous avons été très satisfaits du travail que le Finnvox a fourni car c'est exactement ce que nous cherchions.
Est-ce que tu ne crois pas que la production de "Convicted" renforce l' influence de DEATH sur votre musique ? Un mix différent n'aurait-il pas mis davantage en valeur la personnalité du groupe ?
Luca : Je ne crois pas qu'un son provenant d'une production quelconque puisse réellement apporter une influence plus profonde ou plus légère, même si je dois admettre que la production cristalline et claire réalisée par Mikko Karmila est très proche des productions classiques du Morrisound studio et donc de celles de DEATH dans « Individual thought Patterns ». Bien des groupes, au cours de ces dernières années, ont plus volontiers opté pour un son plus clair plutôt que pour un son plus lourd et plus chaotique.
Je ne sais pas encore si nous retournerons au Finnvox pour le prochain mixage. Peut-être que j'essayerai de m'en occuper moi-même. Cela serait peut-être un choix à étudier de près.
Ta formation d’ingénieur du son est-elle un atout pour le groupe ou plutôt un handicap ? Si ta formation technique est sans doute d’un grand secours, est-ce que tu ne te sens pas, parfois, limité par les moyens à ta disposition ? Est-ce que ce n’est pas u
Luca: Je crois vraiment que mon expérience d'ingénieur du son est d'une grande aide au groupe parce que cela nous laisse la possibilité de faire des essais d'arrangements pendant les sessions d'enregistrement. Cela nous a permis également d'économiser un peu l'argent sur les fonds avancés par Crash music pour les investir dans le mixage, le mastering dans un célèbre studio.
Je serais heureux d'avoir le matériel idéal dans mon petit studio mais pour le moment il est tout juste suffisant pour enregistrer un album de rock ou de métal. De ce fait, je pense sincèrement que nous procéderons de la même façon pour notre prochain disque.
J’ai entendu parlé de la création d’un studio plus performant. Est-ce que ce projet est toujours d’actualité ? Comptes-tu devenir le Mikko italien ?
Luca :(Rires)...non..non...pas le Mikko italien...j'essaye seulement de rendre mon studio plus professionnel et de travailler sur la musique que j'aime. Oui, je travaille sur la possibilité d'agrandir mon studio dans un futur proche…En tout cas, je m'y emploie.
Pourquoi avoir utilisé les titres de “Dissonant perspective” la seconde démo et avoir totalement ignoré ceux de la première maquette « Polymorphism of death » ? Est-ce que cette période du groupe est un souvenir honteux ?
Luca : Non, absolument pas, nous ne renions pas les titres de ''Polymorphism of death'' mais nous pensons que nous avons évolué vers une démarche plus progressive et puis les nouvelles compos de l'album étaient plus proches de celles de « Dissonant perpectives ». J'aime beaucoup les premiers titres que nous avons enregistré avec le groupe et je pense que nous les ré-enregistrerons bientôt avec l'actuelle formation et surtout avec un meilleur son.
Je crois savoir que les réactions face à votre album ont été plutôt enthousiastes. Notamment dans votre pays d’origine, alors qu’en général les groupes italiens sont un peu boudés du public transalpin. Est-ce que tu t’attendais à ce que les médias soient
Luca : Oui, les groupes italiens ne sont, en général, pas très appréciés ni à l'étranger ni même en Italie. Pourtant nous avons eu beaucoup de retours positifs de la part des médias et nous en sommes plutôt contents, même si je ne m'intéresse plus trop aux chroniques. Par moment j'ai le sentiment que les personnes qui écrivent des articles sur l'album ne l'ont jamais écouté. Et puis, je ne pense pas qu'une quelconque review pourrait modifier ma vision des prochaines compositions d'ILLOGICIST. « Subjected » a été le premier pas pour ILLOGICIST mais j'espère que nous évoluerons avec le prochain cd. Nous ne voulons pas jouer toujours la même rengaine. L'arrivée de Sergio à la batterie a considérablement ouvert notre champ de possibilités
Au sujet de Subjected, comment expliques-tu le fait que vous ayez terminé le mixage et le mastering en décembre et que l'album ne soit sorti que l'été dernier ?
Luca : Argh, tu as raison ! On devenait dingue à force d'attendre la sortie de « Subjected ». J'ai envoyé le mastering définitif au label, début janvier. Au début, la date de sortie initiale devait être en mars… puis avril… enfin en mai, pour finalement sortir en juillet. Le label a eu des problèmes de mise en place de distribution et malheureusement cette nouvelle distribution a de profondes lacunes. Ainsi en France, en Allemagne et en Italie, la distribution est mauvaise sans que je sache pourquoi. Crash music n'est pas un petit label, mais il y a quelque chose qui cloche ! Ils ont des problèmes de distribution et je suis inquiet pour les centaines de personnes qui m'écrivent pour savoir où se procurer le cd. Tous les efforts promotionnels n'auront, en définitive, servi à rien.
Des centaines de personnes cherchent le disque ? Hum tu n’exagères pas un peu là ? La situation ne s’est-elle pas améliorée depuis la sortie du disque ?
Luca : Non, l'album n'est pas si facile à trouver en Europe et particulièrement en Italie. Si les gens m'écrivent c'est surtout pour me dire qu'ils ne le trouvent pas… et, la plupart du temps, ils l'ont déjà downloader sur un P2P, en attendant d'acquérir l'original. La situation semble s'améliorer doucement. Par exemple j'ai découvert que Crash music était distribué en Russie par CD Maximum mais que « Subjected » n'est pas encore sorti là-bas. Nous sommes un peu déçus par cette situation : pas de promotion dans les magazines à part des chroniques et des interviews ; pas de publicité …etc. Je sais que la situation est meilleure aux USA. On ne sait pas trop quoi penser de tout ça… nous verrons bien.
Justement puisque tu parles des USA… « Subjected » a bénéficié de bons retours en Europe mais comment cela se passe-t-il outre Atlantique ? Après tout votre musique est très américaine dans son approche, comment la presse américaine perçoit-elle un groupe
Luca : ''Subjected'' a été très bien accueilli par la presse métal américaine mais également par des magazines spécialisés dans le progressif. Nous sommes content de cela, ils ont été très intéressés par notre travail et notre approche instrumentale. L'agence promotionnelle était plutôt enthousiaste devant l'intérêt que le nom du groupe a suscité dans la scène métal US. Tu dis que nous jouons comme un groupe américain… oui, je suis d'accord avec cela ou plus précisément, je préfère dire que nous ne sonnons pas comme un groupe européen même si notre label a écrit dans notre biographie que jouions un métal à la suédoise… Là encore, j'ai été déçu par cette description. Enfin, je n'aime pas trop tout le business qu'il peut y avoir autour de la musique… Je préfère jouer et c'est tout.
Je sais que tu es ou étais en contact avec Jane Schuldiner, la mère de Chuck. Comment as-tu fait sa connaissance alors que tu ne connaissais pas son fils ? Est-ce que tu lui as envoyé une copie de "Subjected" et si oui, cet envoi a-t-il suscité des réacti
Luca : Il y a quelques années, je suis entré en contact avec Kees et Yvonne Kluitman qui avaient un fansite sur DEATH du nom d'''Empty words'' (c'est d'ailleurs maintenant le seul site officiel de DEATH et CONTROL DENIED sur le net). J'ai commencé à les aider sur l'aspect graphique du site. Un jour Jane m'a envoyé un mail : elle avait reçu notre démo « Dissonant perspectives » et elle avait été impressionnée par la musique qui lui rappelait celle de Chuck. Aussi elle m'avait demandé de lui envoyé des cds. Cela a été un grand honneur pour moi. Je ne lui ai pas encore envoyé « Subjected » mais je compte bien le faire bientôt. C'est une femme extraordinaire !
Hum, je crois qu’elle est déjà mariée Luca. Désolé pour toi…
Luca : (rires)… oui, je crois aussi.
Pour revenir au groupe cela fait presque une année que « Subjected » a été enregistré. Où en êtes-vous de la composition de sa suite ? Est-ce que l’arrivée de Sergio a ouvert des horizons nouveaux pour le groupe et comment un batteur de blues peut-il s’in
Luca : Nous avons commencé à composer des nouveaux titres pour le prochain album. Je pense que nous serons prêt avant l'été prochain et qu'il pourrait sortir vers la fin de l'année 2005. J'ai déjà enregistré quelques idées mais, comme tu l'as dit, l'arrivée de Sergio nous a ouvert de nouvelles possibilités. Avec son approche à 360° de la batterie et son parcourt funky-jazzy-prog ce n'est pas difficile à imaginer. Sergio est un excellent technicien, doté d'un très bon groove. Je crois que c'est ce qui manque le plus dans ce que nous avons enregistré sans lui. Quant à son rattachement au métal, il a toujours été fan de METALLICA, il adore DEATH et le jeu de Richard Christy sur « The Sound of Perseverence »…
Tu as composé “Subjected” presque seul… Cela veut-il dire que tu es le seul à diriger les orientations du groupe ? Est-ce que votre façon d’écrire a changé pour évoluer vers un travail plus démocratique ?
Luca : (rires)… non, je ne suis pas un dictateur. C'est juste dû au fait que nous avons eu des problèmes de line-up à l'époque de « Dissonant Perspectives ». C'était avant l'arrivée de Diego et Emi, nous n'étions plus que deux dans le groupe à ce moment là, juste Remy et moi. En temps normal je suis assez rapide quand il s'agit de composer de nouveaux titres mais j'aide aussi les autres à développer leurs idées. Ils les enregistrent et me les donne pour que je travaille les arrangements avec de la batterie en format midi. Ensuite nous commençons à étudier, à créer une ligne instrumentale. Je pense et j'espère que mes compagnons seront plus actifs dans l'écriture du nouvel album (rires). En tout cas c'est ce que nous tentons actuellement. Vous pouvez compter sur un prochain disque plus puissant, plus violent mais aussi plus éclectique, je pense. Quant aux textes, je suis le seul à m'y intéresser donc…
Avant de nous quitter, quelle-est ta playlist actuelle ?
Luca : En ce moment j'écoute beaucoup"Miss Machine", le dernier Dillinger Escape Plan que j'adore! Donc je dirais:
1.The Dillinger Escape Plan - "Miss Machine"
2.Pestilence - "Testimony of the Ancient" (je suis en train d'étudier mes morceaux préférés avec la guitare)
3.Cryptopsy - "None so live"
4.Spastic Ink - "Ink Compatible"
5.Meshuggah - "Nothing"
C'est déjà la fin de notre entretien… derniers mots avant de retourner dans tes montagnes ?
Luca : (rires) …mes montagnes...tu me prends pour une chèvre ou quoi ?(ndt : dois-je répondre ?) Merci beaucoup à toi et à Violent Solutions pour cet interview.
J'espère que les metalheads français écouteront notre album "Subjected" et j'espère que les choses s'amélioreront pour la distribution européenne. Nous cherchons des concerts donc, si quelqu'un veut nous inviter à sa fête d'anniversaire, pas de problèmes (rires). Il doit seulement nous contacter à illogicist@illogicist.com . Merci encore pour le support, Cheers and drink up!
Petit entretien avec Luca Minieri, chanteur guitariste du groupe transalpin, pour faire le point, quelques mois après la sortie de « Subjected ».