Vorph et Xy - SAMAEL par YANN ET OCEAN? - 3501 lectures
Un jeudi après-midi en ce début d’automne, Yann et moi avons rendez-vous dans un hôtel assez charmant du 9ème arrondissement avec les 2 têtes pensantes de Samael, Vorph et Xy. Entretien à bâtons rompus dans une ambiance cordiale, avec deux Suisses très accessibles et sympathiques, prêts à défendre le déjà controversé « Reign of Light ».


Tout d’abord bonjour… En premier lieu pouvez-vous faire le bilan de la carrière de Samael ?
Vorph : Et bien… ça fait plus de dix ans que Samael existe maintenant, on a fait 6 albums (plus, si on compte nos mcds comme des releases). Je pense que chaque album a été une étape importante pour nous.

Xy : Je ne vois pas grand chose à rajouter…


Regrettez-vous particulièrement une période du groupe ?
Xy : Non, nous ne regrettons rien. C'est sur que nos premiers albums sonnent plus « vieux », c'est moins actuel quelque part, mais ça a toujours représenté ce que l'on était à un moment donné…

Vorph : Et puis ce que l'on a fait précédemment, ça nous a amené là où nous sommes aujourd'hui. Je pense que l'on a été plus ou moins cohérents dans nos choix lorsque nous avons avancé, progressé. Nous arrivons à voir notre chemin, nous savons d'où nous venons et on sait où l'on va… Enfin, nous savons où nous sommes aujourd'hui, tout reste ouvert, nous ne nous sommes pas fixé de directive pour l'avenir.


Après ces cinq années tumultueuses et votre dernière tournée, dans quel état d’esprit et comment avez-vous préparé votre nouvel album, « Reign of Light » ?
Vorph : Je ne sais pas si on peut dire dans un ''état d'urgence' mais on était très motivés, on avait beaucoup d'énergie. Nous avons terminé notre tournée américaine et nous nous sommes mis dessus une semaine après notre retour. Le temps de se remettre en place, que l'on reprenne nos repères et nous avons commencé à travailler. Ça nous a prit jusqu'au début de l'année car c'est la première fois que l'on enregistrait tous les morceaux en version démo. D'habitude, nous avions les titres instrumentaux sans les voix. On a pu se rendre compte que certaines choses n'allaient pas, nous avons retravaillé les morceaux en fonction de la voix. Ce sont des choses que nous n'avions jamais faites avant. On a ensuite tout retravaillé pendant une semaine avec Waldemar (Sorychta), qui n'avait pas participé à l'élaboration d' « Eternal ». Nous avons passé tous nos nouveaux morceaux en revue avec lui et nous avons ensuite enregistré pendant plus de trois mois. Nous sommes partis en Suède pour le mixage, ce qui nous a pris trois semaines. Nous sommes dedans depuis la fin de l'année dernière, nous n'avons fait que ça et nous n'avions que ça en tête…


« Reign of Light » comporte beaucoup de thèmes orientaux. Comment vous est venue l’idée d’inclure ce genre de sonorités dans votre musique ?
Xy : Principalement une recherche sur ce genre de sonorités, de mélodies. C'était présent sur un ou deux titres, « Moongate » entre autre, depuis le début. Après, il y a des morceaux comme « Inch'Allah » où la touche orientale est venue beaucoup plus tard, où la ligne de base des violons était beaucoup plus classique. C'est devenu une sorte de fil conducteur, cette touche orientale, pour le reste de l'album.

Vorph : Il y a comme deux pôles sur cet album, une partie teintée orientale et l'autre plus classique …

Xy : un peu comme « Orient et Occident » …

Vorph : Ouais, c'est à peu près ça… plus ou moins, on peut voir les choses comme ça, comme deux pôles d'attractions, dans l'idée.


Depuis « Passage », vous avez un artwork qui reste dans le même esprit. Est-ce qu’il y a quelque chose derrière et qui s’occupe de l’artwork en général ?
Vorph : Généralement, je les propose puis on en discute, on regarde pour que tout le monde se mette d'accord. L'idée d'espace, c'était aussi l'idée d'infini, qu'il n'y avait pas de limite à part celle que l'on se s'impose nous même. Mais ce n'était pas forcément l'idée pour celui-là au départ. La vraie idée de cette pochette était de montrer la lumière et étant donné que l'on ne peut pas la montrer telle quelle, nous nous sommes dit que l'image la plus forte, c'était la lumière caché mais toujours prête à éclater.


On peut penser aussi à la métaphore de la lumière noire…
Vorph : Ce n'était pas dans cette orientation que nous avions choisi l'éclipse, mais ça peut effectivement aussi avoir cette représentation.


Y a-t-il un lien dans les lyrics de « Reign of Light » ? Un concept ?
Vorph : Il y a plus de paroles mais il n'y a pas vraiment de thème abordé mais plus un texte qui développe une idée individuellement.


Pas de concept autour alors …
Vorph : Non, mais comme je l'ai déjà dit plusieurs fois auparavant, quand on regarde ce que l'on a fait dans le passé, et que plus nous prenons du recul, plus on se dit que finalement il n'y avait de concept mais que ça correspond à une période, à un endroit physique voir même à un endroit psychique. Mais dans « Reign of Light » ou même dans « Eternal », je ne m'en rends pas encore compte, je n'arrive pas encore à trouver un lien entre les morceaux…


Est-ce que la scène électro-indus norvégienne ou des groupes comme The Kovenant, par exemple, vous ont influencé ?
Vorph : Non, on m'a déjà fait le parallèle avec The Kovenant mais c'est plus un hasard…


On note aussi quelques similitudes avec Rammstein sur le chant…
Vorph : On me l'a dit aussi…

Xy : …c'est vrai qu'il y a ce coté martial sur certains titres vraiment carré mais en même temps, la façon dont on l'a retranscrit, on essaye d'avoir un groove différent… Quelque part, c'est l'album qui groove le plus dans tout ce que l'on a fait jusqu'à présent, il a ce coté un peu humain pour obtenir un truc carré et dansant en même temps… Un peu les opposés qui se rejoignent.

Vorph : Même s'il y a des similitudes, des gens nous l'on dit, ce n'est pas la première fois que nous entendons ça, nous n'avons pas le même parcours. Nous sommes peut-être arrivés au même endroit à un moment, mais ce n'est clairement pas une influence pour nous, c'est un groupe que nous avons entendu … c'est vrai qu'à un moment donné, nous avions revendiqué une influence Laibach. Mais Rammstein, non.


Et The Young Gods ?
Vorph : D'une certaine manière, c'est possible car c'est un groupe que je respecte beaucoup.

Xy : Enfin là, ils sont partis dans un style… je me suis plutôt éloigné de ce qu'ils font aujourd'hui. Ils avaient un truc novateur au début avec l'album « TV Sky », j'avais beaucoup aimé ce côté travaillé, simple, guitare/machine… maintenant, est ce qu'il y a une influence ? C'est possible.

Vorph : ça nous a peut-être poussé, éventuellement, à essayer un peu la carte electro en ayant entendu ça, mais ce n'est pas une influence directe. En entendant le travail qu'ils ont fait, on s'est dit qu'il y avait des possibilités à exploiter.

Xy : C'est vrai que c'est un groupe que nous avons vu en live, c'était assez fort… impressionnant.


En parlant d’electro, votre projet Era-One, c’en est où ? Parceque dans une précédente interview, Vorph, tu avais dis que vous aviez donné les bandes à Century Media en septembre 2002… Vous n’avez pas de nouvelles ?
Vorph : Non, on ne sait pas s'ils veulent vraiment le sortir mais s'ils le font, ça sera l'année prochaine. C'était ce qu'ils nous avaient dit. Ils attendent la sortie de l'album… ils ne veulent pas le sortir en même temps. C'est une histoire de stratégie, à savoir quand est-ce qu'ils vont le sortir… La seule chose que je peux vous dire, c'est que nous avons beaucoup expérimenté sur ce projet et nous avons réentendu deux titres il n'y a pas longtemps et nous nous sommes dit qu'on aurait pu faire ça autrement donc c'est un peu frustrant de se dire que ce n'est pas sorti à l'époque et que si c'était à refaire, il y aurait des choses que l'on ferait différemment.

Xy : On verra bien les retours… Même si je rejoins Vorph dans l'idée que l'on aurait pu le faire différemment. Mais cela ne nous empêchera pas d'en faire un autre dans la lignée, un peu comme on en avait l'idée à un moment, lui donner une suite. Mais en ce qui concerne la sortie du projet, je suis sûr que ça se fera l'année prochaine. Il commence à y avoir un peu plus de discussion possible avec Century Media, donc on verra…


Vous allez entamer votre tournée en octobre pour la promo de « Reign of Light ». Allez-vous retracer la carrière du groupe, ou allez-vous surtout vous focaliser sur les derniers albums ?
Xy : Non, je pense que l'on va retracer un peu le dernier album tout en présentant des titres de « Passage » et de « Ceremony » aussi… maintenant, nous n'allons pas remonter plus loin que ça dans le sens où les deux premiers albums vont très bien ensemble mais ils sont trop différents.


Pas d’ « Into the Pentagram » alors ?
Xy : (rire) non… mais peut-être autre chose…


On peut donc s’attendre à vous voir un peu plus souvent sur scène maintenant que vous avez changé de label ? Parce que la promo d’ « Eternal » a été plutôt tardive …
Ouais, nous avons tourné trois ans après la sortie de l'album puis il y a eu une période d'un an/un an et demi où nous n'avons pas beaucoup joué, hors festival comme en France à Strasbourg avec Iron Maiden ou en Allemagne. Mais nous serons plus présents, oui. Et puis nous n'attendrons pas cinq ans pour ressortir un nouvel album. Une fois que nous aurons digéré « Reign of Light », on pourra présenter quelque chose d'autre.


L’année dernière, Vorph, tu as eu un accident, mais vous avez quand même décidé de faire la tournée, belle initiative… malgré le fait que tu jouais assis sur un tabouret avec une jambe dans le plâtre, les shows concernés ont eu un certain impact, tu vas r
Vorph : (rire) faut dire que quand j'ai eu cet accident, ça ne nous a même pas effleuré d'annuler la tournée, on se demandait si ça allait être possible mais on avait déjà annulé une tournée précédemment, on s'est dit « coûte que coûte, on va la faire » alors forcément, les concerts en ont souffert mais beaucoup de gens nous ont dit qu'entre ça et rien, bah ils ont quand même trouvé ça sympa, quoi…


Allez-vous continuer à utiliser l’écran géant sur scène ?
Vorph : Nous ne savons pas encore, mais cela fait longtemps que nous voulions inclure du multimédia dans nos concerts et on s'est dit « autant démarrer là ». Mais on a envie de développer ça … c'était pas vraiment abouti… c'étaient les prémices.

Xy : Ouais, je pense qu'il y a plein de choses à faire là dedans, ça ouvre une porte mais après, il y a aussi une histoire de moyens et de temps pour pouvoir proposer les images, certaines ont été préparées par un ami pour nous et d'autres étaient des trucs un peu plus standards. Donc, on essaye de construire ça gentiment.


C’est vrai que ça a un impact, vous avez une musique visuelle, très martiale, qui peut être appuyée par les films mais on peut quand même noter qu’au Graspop, par exemple, la projection n’a pas fonctionné…
Xy : Ah le Graspop, ça a planté là bas ! On avait à peine eu le temps de le mettre je crois. Il faut savoir qu'il y a le projecteur à monter, il faut être là avant alors que tu n'as pas forcément l'accès ou le temps pour tout préparer.


Pendant que nous sommes dans les nouvelles technologies, quel est votre rapport avec Internet, dans tout ce qui est promotion mais aussi téléchargement ?
Vorph : Nous ne l'avons pas encore vraiment vécu parce que quand « Eternal » est sorti en 1999, internet était déjà là, mais ça n'avait pas l'impact que ça a aujourd'hui. Nous ne l'avons pas vraiment subi, on verra avec « Reign of Light » si c'est différent. Je n'ai pas trop peur, je pense que c'est généralement des produits plus stables qui ont à souffrir de ce genre de problème. Mais bon, je peux me tromper, nous verrons bien.

Xy : Il y a une grande polémique là-dessus…

Vorph : Tout le monde ne voit pas la chose de la même façon…

Xy : Par rapport à ce download, nous ne pouvons pas nier que c'est aussi un moyen de promotion, tant que ce n'est pas trop abusif, ça reste très positif, ça permet à tout le monde d'écouter avant d'acheter. Tu n'achètes plus à l'aveuglette des trucs par lesquels tu peux être vachement déçu. Tu peux découvrir un groupe comme ça. Moi, je trouve ça très positif, ça permet de diffuser, c'est quand même le but… Il y a quand même le risque que cela devienne abusif où il n'y aurait plus la notion d'achat de la musique. Mais je pense que la scène metal ne doit pas être trop touchée, il y a un coté un peu plus fidèle et puis si tu aimes vraiment quelque chose, tu l'achètes. En même temps, tu downloades des choses que tu n'achèterais pas forcément.

Vorph : C'était le principe des cassettes, il y avait une polémique là-dessus même si aujourd'hui, c'est beaucoup plus large…

Xy : On ne peut pas vraiment comparer parce que la cassette, il y avait quand même besoin d'un ami qui avait le support pour le copier, c'était identique avec le CD tandis que là, c'est à l'échelle mondiale, l'échange est énorme… mais il y a aussi un coté positif donc je ne suis pas contre …


Est-ce une coïncidence, mais je trouve que la fréquentation des concerts a sensiblement augmenté, est-ce dû au téléchargement ?
Xy : Oui, mais il y a aussi un marché qui a chuté, mais quel marché ? Par rapport au metal, c'est une sorte de communauté, c'est plus fidèle. Maintenant il y a aussi un marché jetable mais surtout un abus des prix, s'ils baissent les prix, ça pousserait les gens à acheter.


C’est vrai qu’en France, le prix moyen d’un CD est aux alentours de 20€, ce qui est relativement cher quand on y pense…
Xy : En Suisse aussi c'est à peu près 20€ mais c'est déjà trop cher, on pourrait avoir des prix plus bas normalement, mais c'est aussi tout le business de la musique qui doit se remettre en question aussi : les années d'or à l'apparition du CD où le prix au passage du vinyle au CD avait déjà augmenté, c'est devenu le standard mais c'est resté au prix fort. Nous verrons bien…


Un dernier mot pour les lecteurs de Violent Solutions ?
Vorph : Et bien salutations à tout le monde, nous vous attendons sur la tournée et nous vous disons à la prochaine !


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