Philippe Miralles (guitare chant) - DISTRESS par DARK TRANQUILOU - 2000 lectures
C’est toujours la même chose, c’est quand on a les lunettes sur la tête ou les clefs de la voiture dans les mains qu’on les cherche partout, et même dans les endroits les plus improbables comme le congélateur. Qui ne s’est jamais lancé dans de telles recherches avant de constater bêtement qu’elles étaient aussi vaines qu’inutiles ? Aujourd’hui on ne cherche pas des clefs mais un album magistral de doom death, on peut toujours le chercher en Scandinavie (le congélo) mais on ne le trouvera pas pour la simple et bonne raison que le groupe est français, qu’il s’appelle DISTRESS et que son second album The mourning Sign est aussi indispensable que les objets cités en préambule.


Avant toute chose, faisons les présentations de rigueur. Distress, ou, quand, comment, pourquoi et avec qui ?
DISTRESS s'est formé il y a environ 8 ans à Strasbourg, et notre but a toujours été de créer une musique métal qui sortirait des sentiers battus. Nous jouons un mélange à la fois très dynamique et sombre de doom (pour l'atmosphère) et de death (pour la puissance), avec des influences thrash ou heavy et même des ambiances gothiques. Les changements de line-up ont été nombreux, mais le groupe est aujourd'hui totalement stable, avec Eric Lorentz à la guitare, Thibaut Xhaard à la basse, Laurent Haas à la batterie et moi-même, Philippe Miralles au chant et à la guitare. Notre 1er album, Close To Heaven, est sorti en 2001, et après 3 ans de boulot acharné nous sommes très fiers de sortir ce nouvel album nommé The Mourning Sign.


The Mourning sign est votre deuxième album et fait suite au très remarqué « Close to heaven ». j’imagine que pas mal de choses ont du changer depuis la sortie de ce premier disque?
Nous avions enregistré Close To Heaven à deux (Laurent et moi), Eric a rejoint le groupe un peu après et a enregistré The Mourning Sign avec nous. Thibaut est dans le groupe depuis un peu plus d'un an, mais est déjà un membre aussi impliqué que les autres. Je suis heureux de voir que cet album va bénéficier d'une bonne promo et nous sommes tout à fait prêts à assurer de bons concerts. Notre démarche est plus professionnelle et j'ai l'impression que certaines personnes attendaient vraiment ce disque. Close To Heaven n'était pas parfait mais avait reçu de bonnes critiques, dont certaines vraiment excellentes, et cela nous a encouragé et rassuré. On ne peut pas parler de pression car notre ambition est exclusivement artistique. Il fallait que The Mourning Sign soit à la fois la suite logique de Close To Heaven et totalement différent de celui-ci. La seule solution était de faire les choses spontanément en ne pensant qu'à la qualité du résultat final. Il n'y a rien dans ce disque que je ne revendique pas à cent pour cent.


Ce nouvel album va confirmer votre statut de valeur sure de la scène française, pouvez vous revenir sur sa réalisation ?
La période qui entoure la composition et la réalisation de The Mourning Sign a été extrêmement difficile sur bien des plans et mener ce projet à terme a été un véritable chemin de croix. Toutes les frustrations et la colère qui ont menées à créer une musique aussi torturée sont bien réelles et ont finalement été bénéfiques. The Mourning Sign est le fruit d'une véritable période de crise, et je suis tellement heureux et soulagé de constater que ce 2eme album surpasse le 1er de la tête et des épaules. Tout y est bien supérieur, de la composition jusqu'au son en passant par les paroles et la cohésion d'ensemble. Nous avons réussi à créer un style unique pour un album sombre et intense, abouti et profond. J'espère qu'on parlera surtout de The Mourning Sign comme d'une création à part, qui offre une alternative à tout ce qui sonne faux et calculé.


L’ambiance qui se dégage du disque n’est pas très joyeuses, quels sont vos thèmes de prédilection et de quoi parle cet opus ?
C'est un album qui parle d'expériences douloureuses et de déceptions mais aussi du courage qui naît lorsque l'on se retrouve confronté à des situations inextricables. La musique et les textes sont indissociables et les thèmes principaux de The Mourning Sign sont sans aucun doute la colère et la révolte contre tout ce qui bride les individualités, empêche d'avancer sereinement ou pire, vous ramène constamment à vos traumatismes. Il me semble que l'éducation, les conditionnements sociaux et familiaux, et même nos amis les plus proches nous influencent et nous transforment malgré nous pour nous uniformiser, et nous finissons par oublier jusqu'à nos propres désirs. Le monde est rempli de gens qui n'ont même pas commencés à se connaître eux même car tout ce qui est personnel et introspectif est vu comme étrange ou même dangereux. Les textes de The Mourning Sign sont ceux d'une personne qui refuse de continuer à souffrir pour les erreurs des autres, qui a accepté de s'écouter, de se débarrasser des principes et de l'auto censure et de rassembler son courage pour se réapproprier sa vie par tous les moyens. Empêcher quelqu'un de réaliser ce travail d'introspection est une traîtrise et une insulte inacceptable. Revendiquer son individualisme est devenu vital dans un monde de morts vivants.


Ce n’est un secret pour personne, les groupes français souffrent d’un cruel manque de reconnaissance à l’étranger. pourtant quand on écoute votre album on se dit qu’il n’a vraiment pas à rougir face aux concurrents étrangers. Quels objectifs vous êtes vou
Je te remercie du compliment et j'espère que beaucoup de gens le penseront aussi. Disons que nous sommes ambitieux mais patients. Lorsqu'on est dans l'œil du cyclone les choses sont plus simples. Quand vous composez et enregistrez un album le seul objectif est d'en être totalement satisfait sur tous les plans. Ensuite viens la 2eme phase où nous devons en quelque sorte partager le résultat. Et là ça se complique car ce qu'on a crée avec nos tripes se retrouve jugé, noté. Il vaut mieux se blinder contre ça et ne rien attendre des autres, garder en tête que seule la musique compte. Bien sûr nous voulons qu'un maximum de gens puissent écouter The Mourning Sign et nous essayerons toujours de faire la meilleure promo possible mais je pense que se fixer des objectifs précis amènent d'énormes déceptions. Nos objectifs sont de progresser et d'aller de l'avant, de développer DISTRESS dans la voie qui nous convient.


Comptez vous profiter vous de votre position géographique pour faire des dates dans les pays limitrophes ou vous donnez vous comme priorité la conquête du territoire français dans un premier temps ?
Ce n'est qu'une question d'opportunités, et, en toute honnêteté, il est encore plus difficile de trouver des dates en Allemagne qu'en France (d'autant qu'aucun de nous ne parle allemand ce qui, pour eux, est assez discriminatoire). Mais nous sommes définitivement ouverts à tout.


Outre la maîtrise instrumentale, la versatilité du chant est un des points forts de votre musique ; pourquoi avoir pris ce chemin qui est peut se révéler casse gueule à la moindre erreur ? D’un côté ce choix se révèle payant puisque cela renforce la riche
Pour moi le chant est ce qui importe le plus. C'est ce qu'il peut y avoir de plus expressif et personnel. C'est la véritable expression de l'âme du disque. On peut régler ou imiter un son de guitare, mais le chant demande un engagement personnel très fort. Et en effet il est très facile de se planter lorsqu'on essaye de moduler. Personnellement j'ai essayé de coller à la musique à chaque moment pour souligner la cohérence et la force de l'ensemble. Dans DISTRESS c'est une démarche naturelle et nécessaire pour rendre justice aux morceaux et aux textes, qui sont à la fois très émotionnels et complexes. Je ne suis pas facilement satisfait de mon chant, donc je bosse dur pour qu'il soit à la hauteur. Mélanger voix death, voix claires graves ou plus lyriques est une démarche dont j'ai besoin.


Quelles sont tes influences au niveau du chant clair? Je le trouve personnellement très poignant notamment sur le dernier titre.
Merci. Je t'avoue que je suis bien plus satisfait du chant sur The Mourning Sign que sur Close To Heaven. C'est plus proche de ce que j'avais en tête. Par contre je ne sais pas si on peut parler d'influences car je n'essaye surtout pas d'imiter quelqu'un mais plutôt de créer un timbre et une texture qui colle à la base musicale. Mais j'aime bien sûr beaucoup de chanteurs et je me suis entraîné pendant des années à chanter sur des titres d' OPETH ou d'ANATHEMA, dont les chanteurs sont de véritables dieux sur terre. J'adore PINK FLOYD, Les BEATLES ou ALICE IN CHAINS. J'aime aussi le chant démentiel de vortex sur The Archaic Course de BORKNAGAR ou celui de Michael Stanne sur le Projector de DARK TRANQUILLITY. Tous ces chanteurs m'ont vraiment touchés et font partie de mon petit monde.


Au niveau guitare il y a quelques tapings très intéressants sur ce disque, est ce une résurgence d’un passé plus heavy ?
Probablement. Mais une fois de plus je ne réfléchis jamais aux influences quand on compose. Le heavy est une vieille influence qui ressort forcément d'une manière ou d'une autre, mais c'est loin d'être la plus importante.


De toutes façons vous êtes plus guitare sèche que synthés, pensez vous que l’utilisation abusives de ces derniers nuit au style que vous pratiquez ?
C'est bien possible mais j'aime les claviers. Je suis guitariste et chanteur avant tout et nous n'avons pas de claviériste dans le groupe, nous ne pouvons donc pas les reproduire sur scène et c'est pour cela qu'il n'y a que de petites touches de clavier sur nos albums. Quand on joue une musique aussi sombre et cathartique que la notre les synthés ont la fâcheuse tendance à devenir vite poussifs ou larmoyants. Je préfère les sons organiques, plus crus et sincères, moins glaciaux. Mais cela colle très bien à d'autres groupes qui jouent sur d'autres ambiances.


Les racines musicales de Distress sont à rechercher de quels côtés ? J’imagine qu’un groupe comme opeth ne vous laisse pas indifférents ? Vous avez d’ailleurs pas mal d’éléments en commun avec ce groupe avec toutefois une touche moins « psyché », j’ai bon
Oui, on adore OPETH. Mais son influence se ressentira peut-être plus sur notre prochain album, car c'est finalement assez récent et ce n'est pas l'influence principale de The Mourning Sign qui est à chercher du coté du doom anglais comme PARADISE LOST, MY DYING BRIDE ou ANATHEMA, mais aussi chez des groupes plus violents comme DIMMU BORGIR, SAMAEL ou NEVERMORE. Il est amusant de voir que Close To Heaven était assez psyché alors que nous ne connaissions pas OPETH.


En tant que groupe de Doom Death, comment voyez vous l’avenir de ce style ? Les vétérans de my dying bride sont plus vivants que jamais, les finlandais ne cessent de repousser les limites de la désolation avec des groupes comme shape of despair ou tyranny
Nous n'avons pas du tout l'impression d'appartenir à une scène précise et le doom est simplement un style que nous aimons écouter parmi beaucoup d'autres et nous aimons surtout en jouer. L'important une fois de plus est d'avoir une démarche personnelle, et tous ces groupes sont excellents. DISTRESS essaye en quelque sorte de dynamiser le doom en le mélangeant à des rythmes plus soutenus et en prêtant une attention particulière au chant. Ce style, comme tous les autres, se portera bien tant que des groupes innoveront en y apportant quelque chose de frais. Je pense que le doom est un style qui se prête bien aux expérimentations et à une démarche introspective. Actuellement c'est une des scènes les plus novatrices et intéressantes.


Pour pouvoir apprécier pleinement votre musique il faut posséder une réelle ouverture d’esprit. De nombreux éléments s’y côtoient comme, du chant clair, du chant death, des plages atmosphériques et d’autre nettement plus agressives. Cette ouverture d’espr
C'est encore un des plus beaux compliments qu'on puisse nous faire. Je pense que c'est surtout représentatif d'une certaine mentalité. Nous sommes constamment focalisés sur le fait de créer, nous écoutons beaucoup de musique et toutes ces influences resurgissent, consciemment ou non. Celui qui reste bloqué dans son petit monde est totalement perdu quand il entend quelque chose de nouveau, et moi je ne peux pas supporter tout ce qui est réducteur et essaye de contenir la création dans de petits tiroirs mesquins. Il faut se libérer des principes pour être enfin soi-même, et il faut être soit même pour créer.


Justement, vous imposez vous des limites ? Il n’y a d’ailleurs pas de synthés ni de chant féminin, est ce là des chemins que vous pourriez envisager dans le futur?
La seule limite est que cela doit nous plaire. Il est tout à fait possible que DISTRESS utilisent d'avantage tout ces éléments atmosphériques sur un prochain album. Il est aussi possible que cela n'arrive pas. Il faudra que ce soit bien fait et pas juste pour le plaisir de les utiliser. Nous le ferons au bon moment ou pas du tout.


Je crois que j’ai fait le tour, vous avez carte blanche pour les dernières lignes de cette interview.
Merci à V.S. pour cette interview et merci à tous ceux qui s'intéressent ou s'intéresseront à DISTRESS. Notre musique n'est pas la plus facile d'accès qui soit mais ce n'est pas son but premier. Le but d'une musique est selon moi de libérer celui qui l'a crée et d'enrichir celui qui l'écoute. J'aimerais aussi saluer tous les groupes français : notre jour viendra, tenez bon!

thundering records / manitou music
www.thundering-records.com


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