Richard Loudin - NYDVIND, BRAN BARR par URIEL - 1454 lectures
Richard Loudin, ce nom vous est selon toute vraisemblance peu ou pas du tout familier. Mais il est déjà plus probable que vous ayez déjà croisé la route d’un ou plusieurs des groupes dans lequel l’individu est impliqué, d’autant plus que pas mal d’entre eux ont une actualité brûlante. Car Richard Loudin, sociétaire de longue date de l’underground parisien, est un homme de tous les combats. C’est pour cette raison que VS a jugé intéressant de lui consacrer un long entretien destiné à explorer en long comme en large le quotidien d’un passionné qui se donne corps et âme pour faire exister ses convictions. Leçon de stakhanovisme appliqué en trois actes dont le premier met les feux sur la facette pagan du prisme…


Salut Richard, et merci d’honorer Violent Solutions de ta plume ! Cette interview risque d’être longue. Est-ce que ta cafetière fonctionne bien ?
Hello Bertrand, non ma cafetière ne fonctionne pas, elle n'est d'ailleurs même pas branchée. Je n'aime pas le café, sauf à la fin d'un bon repas… Pour cette interview, je me contenterai de quelques litres de bière !


Au cours de cet entretien nous allons évoquer les nombreux projets dans lesquels tu es impliqué. Mais avant tout une question d’ordre général : est-ce que pour toi le fait de s’investir dans la scène metal s’accompagne nécessairement de la multiplication
La question que tu me poses, tu penses bien que je me la pose également en permanence et ce depuis pas loin de 10 ans maintenant ! Evidemment, vu d'un œil extérieur, la multiplication de tous ces groupes et projets peut paraître bien exagérée. En fait, je ne saurais expliquer de manière rationnelle comment tout cela a commencé. Pour que tout le monde comprenne la raison de mes nombreux projets, peut-être faudrait-il remonter aux origines de mes activités. Je me souviens qu'aux débuts de Despond en 1995, nous en avions marre de notre groupe de death metal dans lequel nous étions depuis 1993, ce dernier avait vraiment du mal à progresser. Le changement d'orientation musicale et la naissance de Despond nous a donc ouvert à tous de nouvelles perspectives et un véritable nouveau souffle. Je me demande même ce que je serais devenu si nous n'avions pas pris cette décision de changer complètement à cette époque… Peut-être aurais-je arrêté la musique plus rapidement, et je ne serais pas là à te répondre. En fait, lorsque nous avons fondé Despond, c'était vraiment la grande période du black metal scandinave qui montait en flèche et les groupes se multipliaient sans cesse. En parallèle à cette scène, on pouvait également assister à l'émergence d'une autre scène, cette fois-ci orientée vers un style musical très différent puisque dark ambient médiéval, mais finalement très proche de la scène black metal dans le contexte et la philosophie. D'ailleurs, ces fameux projets solos étaient le plus souvent ceux de membres de groupes de black metal (Wongraven et Neptune Towers n'en étant que les plus célèbres, mais une multitude de groupes undergrounds peuplaient cette scène dark atmosphérique). C'est dans cette mouvance que j'ai créé mes premiers projets solos : Black Orchid, Mantar et Garden of Dreams. J'ai longtemps gardé l'anonymat au sein de ces projets parallèles afin de jouer sur cette ambivalence entre mes activités « officielles » qu'étaient Despond et mon label, et par ailleurs mes sides-projects beaucoup plus délirants et torturés, dont les concepts étaient bien souvent en total décalage avec ce qui se faisait dans la scène. Après avoir expérimenté des musiques telles que le doom et le dark ambient, j'ai par la suite monté un projet de death grind avec le guitariste de Despond. Ce projet nommé Disembodied a sorti une démo tape en 1998 et cela nous a permis d'exprimer une de nos autres influences qu'était le grind. Influence que nous ne pouvions évidemment pas exprimer au sein de Despond. Cela peut effectivement paraître étrange aux lecteurs de voir que les mêmes personnes pouvaient à la fois faire du doom et du grind, mais crois-moi, nous nous sommes vaiment éclatés avec Disembodied. Et puis, j'ai toujours écouté du grind et j'avais envie d'en faire aussi, ne serait-ce que le temps d'une démo ou deux, alors nous avons décidé de tenter l'expérience. Disembodied n'a pas eu l'occasion de continuer… Ensuite, est venu le temps de Bran Barr, groupe de metal celtique que j'ai fondé avec Patrick, un copain de lycée. Bran Barr était en fait son projet personnel qu'il avait imaginé depuis un long moment déjà, un groupe qu'il voulait intégralement dédié aux mythologies celtiques. Musicalement, nous étions en pleine influence de groupes comme Enslaved mais aussi Absu, dont le contenu mythologique était très présent, et dont la musique nous plaisait aussi énormément. Bran Barr fut donc un nouveau moyen pour moi de m'exprimer dans un tout autre registre que mes autres groupes de l'époque. J'adorais déjà la scène pagan metal (qui ne portait pas encore véritablement ce nom) et nous avons donc travaillé ensemble avec un line-up complet pour créér notre premier album en 2000. Progressivement, j'étendais donc l'éventail de mes groupes, et je satisfaisais ainsi de plus en plus mon envie de créér et de jouer. Il restait encore quelques parcelles de musique que je souhaitais encore explorer : le black metal pur et le viking metal. C'est ainsi que j'ai fondé successivement Nunkthul en 1999 et Nydvind en 2000, ces deux nouveaux groupes ayant pour objectif d'explorer ces deux styles sus-cités. Nunkthul est également longtemps resté un projet « clandestin », où j'usais de pseudonymes afin de me couvrir. La démo que j'ai sorti en 1999 a très bien marché, et j'ai alors décidé de continuer dans cette voie… Il m'a fallu pas mal de temps pour préparer un album complet, et au moment où j'écris ces lignes, cet album est en cours de mixage. Nydvind est un projet très different car il a tout de suite démarré comme un véritable groupe. Je n'y ai pas ressenti le besoin de me dissimuler, même si nous usons tous de pseudonymes dans ce groupe, nous y évoluons à visage découvert. Nydvind a été ma réponse à tous ces groupes scandinaves pagan que j'adore (Kampfar, Isengard, Storm) mais aussi Skyforger, Primordial, Empyrium… Nydvind a beaucoup progressé au cours de ces trois dernières années pour aujourd'hui devenir mon groupe principal. Voilà, avec cette vision plus précise de mon parcours, je pense qu'il est plus clair de comprendre les motifs de cette multiplication d'activité. J'aurais vraiment ressenti un manque si l'un ou l'autre de ces projets n'avait pas vu le jour, et me dire que j'ai eu la chance d'explorer toutes les musiques qui m'ont fait vibrer depuis des années me donne la plus grande joie. Que ce soit dans le doom, l'atmosphérique, le grind, le black ou le pagan metal, toutes ces musiques ont joué un rôle primordial dans mon parcours personnel, et il me paraissait naturel de les vivre à fond. Evidemment aujourd'hui, et compte tenu que certains de mes projets ont pris une certaine ampleur, j'ai décidé de réduire le nombre de mes projets. Disons plutôt que j'ai désormais fait la part des choses et je me suis fixé des priorités. En 2003, j'ai participé à 4 albums et cela fait déjà beaucoup, mais je ne compte plus les autres projets qui sont malheureusement restés dans l'ombre, faute de temps et de moyens. Cette année, je compte bien donner vie à d'autres idées qui couvent depuis longtemps, je pense notamment sortir un album avec Black Orchid mon projet de space ambiant, avec lequel j'avais sorti une démo en 1997. Je pense également avancer avec mon projet de stoner doom et pourquoi pas, enregistrer un CD avec ce groupe. 2004 sera aussi une année riche en albums puisque sortiront les seconds albums de Bran Barr, Nydvind et Monolithe, ainsi que le premier album de Nunkthul. Peut-être suis-je parti sur un rythme de 4 albums par an, qui sait ? Cela serait totalement fou, mais je suis prêt à relever le défi.


Nydvind est le groupe dont l’actualité est la plus immédiate, puisque l’album « Eternal Winter Domain » vient tout juste de voir le jour. Es-tu satisfait des premières retombées au niveau de la presse et des fans ? De mémoire, peux-tu rapporter la princip
En effet, nous sommes actuellement en pleine actualité autour de Nydvind, dont le premier album est sorti en Septembre 2003. Le suivi de cet album est un travail de tous les jours, et nous faisons en permanence le point avec Sacral Productions. Toutes les réponses reçues à ce jour ont été positives, et j'attend toujours la première chronique vraiment sévère. J'ai reçu quelques critiques négatives de part et d'autre, notamment sur le net, mais elles restent très minoritaires. Je crois qu'on peut être très fiers de ce premier album et je pense que la majeure partie de ceux qui l'ont écouté nous le confirmerons. Evidemment, je ne suis pas satisfait à 100% de cet album qui contient son petit lot de défauts, mais je pense que nous sommes toutefois parvenus à un excellent résultat compte tenu des moyens qui ont été mis en œuvre pour l'élaborer. Au fil des chroniques, je dirais que ce qui est le plus souvent mis en avant comme point positif est la mélodie des guitares, la qualité des voix et des acoustiques. Par contre, nous avons reçu quelques critiques sur notre usage de la boite à rythme (notre plus gros regret sur cet album) et le son de guitares souvent jugé trop froid et trop synthétique.


Quand on jette un œil au cahier des charges du label Sacral Productions, l’arrivée de Nydvind chez eux relève presque de la logique. Comment s’est déroulée la prise de contact et l’accord de signature ? Avais-tu délibérément démarché ce label avec espoir,
Evidemment, Sacral Productions était le label le plus adapté à nos besoins et nos envies pour ce premier album. En fait, je connaissais Cédric depuis un moment déjà, avant même que je sois amené à lui parler de Nydvind, car il s'intéressait déjà à Bran Barr. Nous avons été mis en relation par le biais de Belenos qui sont également des amis à nous (Loic Cellier leur leader a pendant un moment été membre de Nydvind). Alors qu'il attendait du Bran Barr, Cedric a finalement reçu une maquette de Nydvind, et il a tout de suite adoré. Effectivement, nous lui proposions un groupe qui correspondait en tous points à ce qu'il affectionnait, tant au niveau de la musique que du concept. Après, là où nous avons été un peu déçus, c'est lorsque Cédric nous a annoncé que notre album sortirait dans le cadre de la Serie Noire, une série limitée en noir et blanc. J'ai fait un peu la tête, mais nous avons finalement décidé de suivre son idée, même si nous étions frustrés de voir notre album réduit à du noir et blanc. Pour le moment, tout se passe pour le mieux car il semblerait que l'album soit déjà sold-out au bout de 2 mois (nous avons écoulé les 500 exemplaires du premier tirage). Nous sommes satisfaits de ce que Sacral fait en terme de promotion, et Adipocère assure la distribution, donc nous avons tous les éléments en main pour faire de cet album un bon succès. Pour ce qui est de l'écurie Sacral, je ne connais en fait que très peu de groupes, à savoir Belenos et Aes Dana, dont j'apprécie la musique, avec cependant une préférence pour Belenos. J'aime aussi Asyndess, mais je ne pourrais pas commenter les autres groupes que je connais peu, mis à part Mystic Forest que je n'aime pas.


Par contre, j’ai du mal à comprendre en quoi « Eternal Winter Domain » cadre dans leur collection Série Noire aux côtés de groupes beaucoup plus black et/ou expérimentaux tels que Eikenskaden, Praeda ou Asyndess… N’est-ce là qu’un détail sans importance ?
Effectivement, je partage ton jugement. Nydvind n'avait en fait pas grand chose à faire dans la Série Noire, que Cédric me décrivait comme très sombre et très malsaine. Au départ, c'est Nunkthul, mon projet de black brutal, qui devait en faire partie, et non Nydvind. Pour des raisons de timing, nous avons finalement accepté que ce soit Nydvind, et j'avoue avoir longtemps rechigné à ce que cela se fasse. Mais nous étions tellement pressés de sortir cet album qui couvait depuis 2002 que nous avons finalement accepté de le « sacrifier » en l'intégrant dans la Série Noire.


Peux-tu présenter les musiciens qui jouent à tes côtés dans Nydvind ? Participent-ils à d’autres groupes ?
Nydvind est aujourd'hui composé de moi-même (guitare, chant), Kraban (guitare), Nesh (basse) et Stig (batterie). Nous évoluons sous ce même line-up depuis plus d'un an maintenant, après avoir eu en notre sein deux autres guitaristes. Effectivement, chacun d'entre nous évolue dans d'autres formations en dehors de Nydvind. Kraban est membre de Heol Telwen (celtique folk metal), Inborn Suffering (dark doom metal) et il participe depuis peu à Bran Barr en apportant son jeu de flûte et de bombarde. Nesh fut pendant 2 ans guitariste au sein de Bran Barr, mais il nous a quitté il y a quelques semaines, il continue d'être par ailleurs le leader de son groupe de thrash death Acromion. Enfin, Stig notre batteur, officie également au sein de Temple of Baal (black metal old school) et il fut par ailleurs le premier batteur de Penumbra, groupe qu'il a quitté avant la sortie de leur premier album.


Le terme « Nydvind » signifie-t-il comme je le suppose « vent nouveau » ou quelque chose du genre ? Quoiqu’il en soit, je trouve que la consonnance s’associe remarquablement avec la musique pratiquée… Quel est dans ton optique la notion première véhiculée
J'ai choisi le nom « Nydvind » avant tout pour sa consonnance nordique, plus que pour sa signification littérale. En fait, lorsque j'ai choisi ce nom pour le groupe, j'avais en tête quelques noms de mon invention, tous plus ou moins proches. Mais je ne souhaitais pas spécialement trouver un nom qui ait un sens précis, mais juste une consonnance. Or, il s'est avéré que « Nydvind » fut mon choix préféré, et je ne me suis pas soucié dans l'immédiat de ce que cela pouvait signifier. Je savais que « vind » signifie le « vent » mais la syllabe « nyd » était une pure invention de ma part. Je n'ai su que quelques mois plus tard que l'ensemble était proche de « ny vind » qui est la traduction de « vent nouveau ». C'est donc un peu par hasard que notre groupe possède un nom qui a une signification précise en norvégien, en tout cas ça n'était pas du tout mon but au départ. La musique de Nydvind étant clairement ancrée dans les influences scandinaves et viking metal, je voulais juste que le nom du groupe soit en parfaite osmose avec l'univers musical déployé. Et nous sommes donc très satisfaits d'avoir trouvé cet équilibre.


Lorsqu’un groupe non-scandinave se réfère de façon notoire à la mythologie nordique ainsi qu’aux valeurs et à l’imagerie qui y sont rattachées, on est toujours en droit de se demander si la projection dans cette culture exogène ne participe pas d’un choix
La situation n'est pas aussi simple que cela. Nydvind n'est absolument pas un groupe « viking ». Certes, nous nous sommes approprié l'imagerie et la symbolique scandinave, et notre nom possède une consonnance très norvégienne. Mais le parallèle s'arrête là. Nous ne nous référons à aucun moment à la mythologique nordique, nos textes sont totalement dépourvus de toute influence historique, culturelle ou religieuse. J'ai pour habitude de mettre en avant le fait que Nydvind est un groupe dédié au Grand Nord dans toute sa globalité. Ce qui nous confère donc un caractère assez abstrait et sans frontière, car indépendant de toute attache nationale ou culturelle. J'ai longtemps considéré les groupes français traitant de mythes vikings comme des imposteurs car je ne comprenais pas qu'un groupe de notre pays puisse vanter la gloire de peuplades scandinaves, encore eut-il fallu que ce groupe en question soit normand et puisse prétendre revendiquer un quelconque héritage viking ! Je n'allais donc pas moi-même entrer en contradiction avec cette position en fondant un groupe influencé par les mythologies nordiques. J'ai simplement voulu exprimer au travers de ce groupe toutes les envies et les sensations que la Nature et le Nord en particulier pouvaient m'inspirer. Et puis, la démarche de Nydvind fut tout de même au départ purement musicale car j'avais avant tout l'envie de créér une musique qui me plaisait et qui se réclamait l'héritière de ces groupes scandinaves cités plus haut. Dans ta question, tu mets en évidence une vérité : le pagan metal, comme tout Art destiné à vanter les racines et la Terre, est un style musical assez exclusif et orienté, pour ne pas dire nationaliste. Il me paraît logique que des groupes allemands évoquent l'histoire de leurs ancêtres teutons, que les Irlandais traitent des légendes celtiques ou que Skyforger raconte l'histoire du peuple letton. Tout cela est logique car le champs conceptuel de ces groupes trouve ses bases dans leurs propres racines ethniques et culturelles. Dans le cas de Nydvind, c'est très différent. Nous ne nous réclamons d'aucun héritage ethnique, nous ne nous présentons pas comme la descendance de telle ou telle peuplade, ce ne sont pas des thèmes que nous évoquons dans nos textes. Et pourtant, nous nous considérons quand même comme un groupe de pagan metal, car notre musique est comparable à celle de ces groupes, et nos thèmes sont finalement voisins, même si nous évitons tout référence ethno-culturelle. Je justifie cependant très facilement notre esthétique et notre concept, car finalement nous œuvrons au cœur de ce qui caractérise le pagan metal, à savoir l'équilibre entre l'Homme et la Nature. Nos textes ne parlent ni de divinités précises ni de cultes rituels, mais ils évoquent des scènes, des ambiances et des histoires. Le contenu et le contenant, pour reprendre ton expression, sont ici très liés et très cohérents. Nous ne nous sommes à aucun moment présentés comme un groupe viking, mais tout simplement Nordique. Et la notion de Nord est bien vaste, bien relative. Si nous avions été marseillais, peut-être cela aurait-il été un peu plus difficile à faire comprendre, et quand bien même ? Je suis pour ma part Lorrain de naissance et je possède un chalet dans les montagnes vosgiennes, cela m'a considérablement influencé dans l'élaboration du concept et de l'esthétique de Nydvind, mais je ne m'en suis pas pour autant servi comme d'une base culturelle ou géographique. Ma région est une source d'inspiration dans ce qu'elle m'offre en terme de paysages et de symboles qui procurent en moi des émotions, des sentiments. Mais je n'ai pas pour autant l'envie d'en vanter nominativement la beauté et la richesse dans mes textes, car je trouverais cela bien cliché. Nydvind est simplement un groupe destiné à matérialiser nos émotions et nos relations avec la Nature, et ce groupe est un hommage à ce que la Nature a de plus beau à nous offrir. Un hommage au Grand Nord, quel qu'il soit : français ou scandinave, peu importe à nos yeux. C'est le symbole qui prime, et non les considérations géographiques ou mythologiques.


Bien que la marque metal soit profondément tatouée sur la peau du groupe, ce sont surtout les atmosphères anciennes et neigeuses qui ressortent d’une immersion dans « Eternal Winter Domain ». Voulais-tu concevoir avant toute chose une musique à images int
Nydvind n'a pas été considéré lors de sa création comme un groupe à caractère brutal et agressif. Mes influences personnelles en terme de musique, ainsi que ma personnalité propre ont fait de Nydvind un groupe mélancolique et contemplatif. C'est effectivement ce qui nous caractérise le plus dans Nydvind : la mélancolie et la mélodie, au détriment de la brutalité pure. « Epique » est également un terme qui me convient, car cela évoque à la fois une notion de puissance, de force, mais aussi de progression naturelle et lancinante. Nydvind possède bien évidemment des influences black metal et certaines de nos compos sont crues et rapides, mais il s'agit là d'une des nombreuses facettes de notre musique, et sûrement la plus minoritaire également. Ton commentaire au sujet de Enslaved est très bien choisi car je trouve en effet que leur premier album, bien que très rapide dans les rythmes utilisés, est très mélancolique et épique à la fois. Il n'est pas facile de concilier brutalité et atmosphères. Nous avons dans Nydvind plutôt pris le parti de séparer les deux, même si certaines de nos chansons les marient à merveille selon moi.


La présence copieuse du chant clair était elle délibérée ou s’est-elle imposée au fil de la gestation du groupe ? Alors que les vocaux black semblent réservés aux partitions emportées, le chant mélodique, aussi bien hymnique que choral, s’adapte à une var
Dès le départ, l'usage de chœurs guerriers et de chants clairs était délibéré. Nydvind a commencé un peu par hasard puisque nous avons composé notre toute première chanson lors d'un jam-session avec le batteur. Et cette première chanson, encore inédite à ce jour, est la marque de fabrique de Nydvind : 12 minutes d'un pagan metal lancinant et atmosphérique, rempli de chœurs et de voix claires, et aggrémenté de guitares acoustiques. Lors de cette fameuse séance de composition improvisée, nous avions déjà posé les bases de ce que seraient les futures compositions du groupe, et ces compositions se caractérisent évidemment par l'usage incessant de voix claires. Je pense que c'est aussi ce qui fait la force de notre groupe de pouvoir générer de grandes diversités dans les voix et les ambiances. Nous utilisons tous types de chants, qu'ils soient agressifs et saturés (black et death), ou encore enveloppants (chœurs) ou cristallins (chants clairs). Sur certaines de nos nouvelles compositions, nous expérimentons l'usage simultané de voix claire et de chant black, dans la mesure où Kraban chante avec moi sur les nouveaux titres. Nous nous partageons la tâche à merveille et cela donne en effet de beaux enchaînements lyriques.


Il existe relativement peu de groupes qui osent broder des parties complexes de guitare sèche au cœur de compositions metal, et Nydvind est de ceux-là. Est-ce que tu considères cette méthode rapportée au pagan metal comme le pendant des solos dans le thra
Tout d'abord, je tiens à remercier Hollgarh (aka Loic de Belenos) pour avoir contribué à l'enregistrement de ces guitares acoustiques. Il a parfaitement executé les parties que j'avais composées et a même ajouté sa touche personnelle sur un solo acoustique que je trouve fantastique (sur « Riding Majestic Crests »). Hollgarh nous a accompagné pendant quelques mois, notamment le temps de notre tout premier concert à Paris en 2002, et il était convenu qu'il participe à ce premier album. Concernant l'usage de sons clairs, j'aurais la même réponse que pour les chants clairs : tout cela faisait partie de l'idée de départ lorsque j'ai fondé le groupe. 95% de nos chansons possèdent des breaks ou des solos de guitares acoustiques et c'est véritablement la clé de voute de notre style. Nous pouvons les utiliser aussi bien pour des passages épiques et entraînants (« Thunderhymn »), ou encore pour des breaks beaucoup plus mélodiques et mélancoliques (« Eternal Winter Domain »).


Le line-up de Nydvind est-il également un line-up de scène ? Si oui, que peut-on attendre dans ce domaine d’ici les prochains mois ?
Nous regrettons de ne pouvoir jouer plus souvent, pourtant notre line-up est parfaitement rodé pour la scène, seulement il est devenu de plus en plus difficile de trouver ou d'organiser des concerts undergrounds avec une organisation de qualité et de digne de ce nom. Nous souhaiterions jouer plus souvent, et je pense que la sortie de l'album nous aidera à trouver plus de plans à l'avenir. Pour le moment, il n'y a aucun concert de prévu, mais nous espérons organiser une tournée avec nos compères de Belenos, quelque part fin 2004. Nous avons par ailleurs de très bons contacts avec des groupes de Belgique et de Hollande. Un gros projet est également à l'étude avec Kampfar… Je pense également organiser un Pagan Fest sur Paris au cours de l'année 2004, ne regroupant que des groupes français, mais rien n'est précis pour le moment.


Peux-tu faire un récapitulatif concernant l’historique de Bran Barr et les réalisations à ce jour ? Y a-t-il des musiciens communs à Nydvind et Bran Barr (à part toi…) ?
Bran Barr a été fondé en 1995 par notre batteur Aed Morban et moi-même au chant. L'idée de départ était de créér un groupe 100% dédié aux mythes celtiques et à notre héritage culturel tiré de ces anciennes peuplades. Musicalement, nous avons rapidement progressé vers un style folk metal, alliant rythmes et mélodies folkloriques et metal extrême (black et thrash). Nous avons complété notre line-up au fil des années en recrutant deux guitaristes et en engageant plus tard deux membres d'Aes Dana. Cela nous a permis d'enregistrer notre premier album « Les Chroniques de Naerg » en 2000, que nous avons sorti en auto-production. A ce jour, cet album s'est vendu à plus de 1000 exemplaires. Dès lors, nous nous sommes plongés dans une très longue période de composition pour le 2ème album, dont nous avons finalisé l'écriture en 2003. Aujourd'hui, nous sommes sur le point d'entrer en studio afin d'enregistrer ce qui sera le successeur des « Chroniques de Naerg ». Bran Barr compte en son sein des membres de Nydvind (Kraban et moi), de Temple of Baal (Amduscias), de Aes Dana (Amorgen) et de Heol Telwen (Kraban et Hades).


Là où Nydvind chante le Nord et l’empreinte de la culture viking, Bran Barr semble avoir ses racines dans les peuplades proto-chrétiennes d’Europe Occidentale, et véhicule donc l’héritage celtique. Est-ce là la principale frontière conceptuelle entre ces
En effet, les deux groupes évolulent dans la même scène pagan metal, mais finalement n'ont pas grande chose en commun. Tout d'abord au niveau du contenu des textes et des concepts de chacun des deux groupes. Bran Barr est effectivement un groupe exclusivement orienté vers les légendes et mythes celtiques, alimentés par l'imagination de notre batteur Aed Morban, qui est le créateur de tout un univers imaginaire qui sert de trame à nos albums. D'ailleurs, les albums de Bran Barr sont tous des concepts albums à part entière, avec des passerelles plus ou moins directes les reliant les uns aux autres. Bran Barr est également un groupe beaucoup plus folklorique que Nydvind. Nous utilisons dans Bran Barr des instruments traditionnels tels que la flûte irlandaise, la bombarde, la cornemuse, le bodhran et la vielle à roue. Tous ces instruments sont à la base de ce qui caractérise Bran Barr. La musique de Bran Barr est une musique composite, alliant en permanence les airs traditionnels avec des riffs metal très agressifs, empreintés au thrash et au black metal. Notre nouvel album contiendra des titres plus épiques et plus mélodiques, incorporant des influences heavy et doom, mais Bran Barr reste un groupe énergique et dynamique. C'est le propre de tout groupe folklorique de toute façon. Les parcours de Nydvind et de Bran Barr sont assez distants l'un de l'autre, et peu de points communs viennent les relier. Nydvind est beaucoup plus récent que Bran Barr puisqu'il fut fondé en 2000, soit 5 ans après la naissance de Bran Barr. J'ai créé Nydvind en quelque sorte pour boucler la boucle de mes influences pagan : je voulais explorer la face Nord de ce style musical, tandis que Bran Barr me permettait d'en explorer la face Sud (ou Ouest devrais-je dire pour être tout à fait exact ?).


A ce que j’en ai écouté, la musique de Bran Barr possède un caractère folklorique voire festif assez affirmé. T’inspires-tu du répertoire connu des ménestrels afin de crédibiliser la substance mélodique des compos ? Dirais-tu que Bran Barr est un groupe à
La musique folklorique est, dans son essence, une musique festive et dynamique. N'étant pas compositeur au sein de Bran Barr, j'aurais du mal à te dire précisémment quelles sont nos influences en terme de musique traditionnelle. Mais il est vrai que les airs traditionnels utilisés par le groupe sont dans la continuité directe de ces fameux airs folkloriques qui font aujourd'hui office de référence dans le domaine de la musique traditionnelle, et nous nous efforçons d'en respecter les sonorités et arrangements. Nous avons déjà repris des airs traditionnels sur notre premier album, et cela sera encore le cas sur le prochain. Nous ne pouvons pas nier la dimension festive de ces airs traditionnels, et cela ne nous pose aucun souci car cela s'intègre parfaitement dans la démarche du groupe. Là où cela peut être plus délicat à gérer est lorsque nous nous retrouvons avec un air très guilleret alors que nos textes peuvent évoquer des thèmes très noirs et guerriers. C'est à ce moment là qu'il convient de reflechir savamment à la structure de nos morceaux, afin de leur donner une entité logique et progressive. Enfin, pour répondre à ta dernière question, nous voyons bien comment le public réagit lors de nos prestations scéniques, et notamment lorsque nous jouons notre fameuse chanson à boire « Righ'Beern ». Effectivement, Bran Barr peut parfois être considéré comme un groupe de folk metal festif et populaire, et pourtant si les gens s'attardent un petit moment sur nos textes, ils se rendront compte à quel point nous ne sommes loins d'une bande de menestrels dont la seule tâche est de divertir la Cour…


Quelle est l’actualité de Bran Barr ? Doit-on s’attendre à voir le groupe déferler bientôt avec un nouvel album, des concerts ?
L'actualité du groupe est assez calme. Nous ne répétons plus depuis 6 mois, car nous avons décidé de nous concentrer sur la préparation du nouvel album. L'écriture des textes est une mission qui m'incombe et qui va me demander beaucoup de temps, c'est à dire plusieurs mois. Comme pour le premier album, je m'inspirerai intégralement d'une nouvelle qui a été rédigée par notre batteur. Ce second album, tentativement intitulé « Sidh » racontera l'épopée d'un héros du nom de Fearg. Orphelin et banni par son peuple, sa destinée sera de retrouver sa place au sein de son royaume. Pour ce faire, il devra passer par une longue période de folie et d'errance au cœur du « sidh », l'autre monde dans la mythologie celtique. Ce nouvel album sera donc un concept album relatant cette épopée. Une fois les textes écrits, nous entrerons en studio (été 2004 si tout va bien) et l'album sortira en fin d'année ou début 2005. Quant à la scène, le groupe ne donne plus de concerts pour le moment, mais nous remonterons sur scène pour promouvoir le nouvel album l'année prochaine.


La scène parisienne est relativement bien fournie en groupes de pagan metal et assimilés. Dans le cadre de Nydvind et/ou Bran Barr, entretiens-tu des rapports avec tes collègues qui se consacrent à des styles analogues ? Lesquels ? Peut-on parler de colle
Notre scène pagan folk metal se développe de manière encourageante en effet. Mais nous demeurons encore assez peu nombreux. Sur Paris, je pense à Bran Barr, Aes Dana, Heol Telwen, Nydvind, et nous avons ouï dire de quelques autres groupes en province mais qui ne se font pas trop connaître donc il est difficile pour nous de les contacter. Sur Paris, Bran Barr est membre d'un collectif fondé en 2003, du nom de Anwynn. Ce collectif regroupe les groupes cités plus hauts, à l'exception de Nydvind car je n'ai personnellement pas trouvé un grand intérêt dans ce collectif. J'y suis membre par la force des choses car j'évolue au sein de Bran Barr, mais Anwynn n'est pas une association à laquelle je prends part. La dimension relationnelle joue un rôle non négligeable dans ce genre de collectif, et j'avoue ne pas ressentir beaucoup d'affinités avec les protagonistes qui y prennent part, donc je préfère prendre mes distances. Je reconnais cependant l'intérêt d'une telle entreprise et je leur souhaite bonne chance. Nous avons par contre des contacts plus directs avec des groupes comme Heol Telwen et Belenos et nous tâchons de nous partager les bons plans entre nous, ce qui sous-entend évidemment des projets de concerts communs. Nos relations sont aussi au-delà de nos frontières car j'entretiens de bons rapports avec quelques groupes de pagan étranger, et j'espère faire en sorte que ces relations aboutissent à des projets concrets de concerts et de festivals, comme cela a d'ailleurs déjà été le cas.


To be continued...


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