Matgaz & Julien - MARS RED SKY par RUDY - 18446 lectures
Interview menée avec les très sympas Julien (guitare/chant) et Matgaz (batterie), sur le mini festival itinérant Up in Smoke avec en plus des Bordelais, les Ukrainiens de Stoned Jesus et les Polonais de Belzebong.
Ce soir c'est votre 17ème concert sur cette tournée sans aucun jour off, avec un groupe ukrainien et un autre polonais, comment ça va, niveau foie? Matgaz: En ce qui concerne Julien c'est simple puisqu'il ne boit pas. Sinon, écoute le foie va bien, mais tu sais on se la joue quand même tranquille sur la route. Les foies des autres ont l'air d'aller bien aussi. Julien: Oui ils sont assez sérieux en fait, je n'en ai vu aucun se mettre la tête à l'envers. Tout le monde est toujours présent pour installer/désinstaller le matériel. Ces sont de super musiciens en plus. Matgaz: Je dirais même que l'ambiance exceptionnelle, on s'entend tous hyper bien. On s'étaient tous croisés avant aussi, mais tu sais quand tu pars en tournée comme ça tous dans le même bus pour trois semaines, tu es obligé de te mettre en mode "respect des autres", sinon c'est que tu es un connard, et en plus ça risque de se savoir... Julien: c'est assez impressionnant que ça se passe aussi bien en fait.
Vous connaissiez-vous avant Mars Red Sky et si oui qui étiez-vous les uns pour les autres? Matgaz: Alors Jimmy et Julien se connaissent depuis toujours. Julien: Plus exactement 20 ans. Jimmy avait un local de répèt' avec son groupe, c'est là qu'on s'est rencontré. On est restés amis et plus tard il a été le manager de mon autre groupe Calc, qui est en suspend pour l'instant. Matgaz: Et avec mon groupe de l'époque: Headcases, on s'est croisé plusieurs fois, dont une fois sur une date à Bordeaux, au club un peu mythique de la région, le Jimmy, mais le concert a été annulé car le propriétaire du club venait de décéder. Du coup on s'est retrouvés à jouer au local de répèt' dont parlait Julien. Puis on s'est régulièrement recroisés sur les routes ou dans le public de concerts. Julien: Et quand Benoît a quitté le groupe, il nous a encouragés à continuer l'aventure Mars Red Sky, et là j'ai pensé à Matt qui était dispo. Bon sur le moment il était en tournée avec James Leg. Matgaz: Je me souviens du concert où Julien m'avait remarqué, dans une toute petite cave avec peu de monde, et je trouve ça marrant ce genre de concert où tu as l'impression qu'il ne se passe rien et en fait bah si, puisqu'il y avait Julien ce soir-là dans le public, et quand il a pensé à moi bien plus tard, c'est ce concert-là qu'il avait toujours en tête. Donc il ne faut jamais sous-estimer les petits concerts (rires).
Votre musique incite à l'imagination, vous pourriez être emballés par un projet style musique de film ou de série comme Mogwai avec Les Revenants? Julien: Ce serait le pied! J'ai toujours rêvé de faire de la musique pour accompagner des images. C'est ce qu'on fait déjà un peu avec Mars Red Sky, avec ces longues plages instrumentales aussi qui peuvent coller à des images, ou en inspirer. Matgaz: Oui maintenant les vidéos font partie intégrante de nos "shows". Et en plus de ça on avait fait un projet à Bordeaux avec une amie qui fait de la musique acousmatique (Julia Al Abed), où on projetait des images. Notre musique n'était alors plus qu'un maillon d'une chaîne. On avait vraiment pris plaisir à faire ça. Julien: On était derrière l'écran en fait.
Comme Nine Inch Nails alors Julien: Exactement. Et donc on passe un appel si un cinéaste est intéressé (rires)
Pour le nouvel album vous avez à nouveau fait appel à Gabriel Zander, pouvez-vous m'en dire un peu plus sur ce qu'est devenue cette collaboration, commencée par hasard au Brésil? Matgaz: On s'est rendu compte au Brésil qu'il était à fond dans notre musique, qu'il connaissait déjà. Après avoir enregistré les parties instrumentales du deuxième album chez lui à Rio, on lui avait refilé "Hovering Satellites" parce qu'on n'était pas trop satisfaits du premier mix à notre retour en France, et encore une fois il nous a fait un mix d'enfer, et on s'est dit que c'était lui qu'il nous fallait, donc du coup il avait aussi mixé tout le reste de l'album et donc pour le troisième on savait qu'on le voulait encore une fois. Il a la même approche que nous et il arrive à faire ressortir de notre musique ce qu'on a envie de voir ressortir. Julien: Parfois ce sont juste de petits effets, des petites conneries, comme quand il a juste ajouté un coup de tom basse juste là où il fallait. On avait vraiment envie de l'avoir pour le troisième. Mais cette fois on s'est dit qu'on allait l'inviter à la maison, prendre le temps, et on s'est pris deux semaines cette fois. Et du coup il est venu avec un Américain, Jacob Dennis, qui était déjà présent à Rio, mais on pensait alors qu'il était l'assistant de Gabriel ou quelque chose comme ça, mais en fait pas du tout ils bossent en binômes, Gabriel étant plutôt artistique on va dire, alors que Jacob est plus du côté technique des machines. Les deux bossent super bien ensemble et on a passés une douzaine de jours super agréables, détendus en plus parce qu'on était à la maison, avec un jardin, on pouvait rentrer chez nous le soir. On a fait plus de 80% du boulot dans cette maison tous ensemble.
Comment se passe l'élaboration des setlist, ensemble? Chacun son tour? Ou la setlist est figée sur toute la tournée? Julien: On a fait une résidence pour travailler les nouveaux morceaux puis la setlist s'est affinée au fil des jours pour arriver maintenant à un tronc commun de morceaux qui varient d'un ou deux suivant les soirs, et aussi on se permet chaque soir de pouvoir changer certains passages, certains arrangements. Par contre certains titres sont immuables dans leur ordre de passage comme celui d'ouverture ou deux nouveaux titres qui s'enchaînent au milieu du set. Matgaz: Maintenant avec trois albums et les EP ça devient plus difficile de faire des choix, et en même temps il y a des morceaux comme certains du premier album que les gens ont envie d'entendre et on prend ça en considération aussi. Du coup on s'est retrouvés à faire ce qu'on appelle des morceaux Frankenstein, c'est-à-dire qu'on prend un morceau que l'on arrête en plein milieu avant d'enchaîner sur un autre. Au début on s'est dit que c'était interdit de faire ça, mais au final ce n'est pas comme si on avait des morceaux de 2 ou 3 minutes... et on y est allés quoi. Au début de la tournée on faisait même un truc sur un de nos premiers titres qui s'appelle "Sadaba" et qui n'est sorti que sur un 45 tours, que l'on coupait au milieu et terminait par la fin d'un nouveau morceau "Prodigal Son", on appelait ça sur la setlist "Sadason" (rires).
Comment se révèlent être les nouvelles compos en live? Vous vous faites plaisir à les jouer maintenant que vous les avez bien en main? Julien: C'est ça, le mot c'est plaisir. Avec les automatismes qu'on a chopé on peut se lâcher un petit peu. Comme dit Robert Wyatt de Soft Machine, il y a ces moments de tension puis de relâchement et ainsi de suite que l'on ressent bien maintenant.
Le public vient-il plus pour un groupe? Est-ce différent suivant le lieu du show? Matgaz: ça dépend de l'endroit ça c'est sûr. En Slovénie par exemple c'était vraiment Stoned Jesus qui était attendu, nous plutôt à Paris c'est normal. Mais ça n'est pas arrivé que ça se vide pour un groupe. Par contre le package de trois groupes marche super bien. Il y a du monde tout le temps, pas mal de concerts complets. Julien: Oui et puis on a des bases communes, des similitudes quand même entre chaque groupe, même si il y a des différences, et donc les gens qui viennent pour un groupe risquent d'apprécier les autres. Aussi c'est la 7ème édition de la tournée Up in Smoke, du coup il y aussi des gens qui viennent parce que c'est une tournée Up in Smoke, sans forcément connaître les groupes. Matgaz: Le truc qu'on fait aussi c'est que c'est une tournée dans la tournée, c'est-à-dire que le groupe qui ouvre, le second et celui en haut de l'affiche tournent tous les soirs. Mais le temps de jeu reste le même: 1 heure par groupe.
Et vous en pensez quoi des autres groupes? Julien: Belzebong c'est excellent, un truc très lent mais hyper groovy en même temps. Matgaz: Ils ont un truc très 70's aussi dans le son et les solos qui est vraiment bien. Julien: Et Stoned Jesus ils sont hyper efficaces, puissants, et ce qui est marrant c'est qu'au fil de la tournée on se découvre des affinités musicales avec tout le monde, et par exemple Igor est comme moi fan des Red House Painters. Ou après les concerts avec les mecs de Belzebong on écoute des trucs très calmes, psyché style Donovan, les Beatles... Matgaz: Moi par contre je suis déçu parce que Stoned Jesus ils font tourner pendant les balances de nouveaux morceaux qui sont mais mortels, mais qu'ils gardent, ils ne les jouent pas sur scène. Julien: Ils préparent un nouvel album qui va être génial.
Quel est votre meilleur souvenir de tournée? Ensemble: La première fois qu'on est allés en Amérique du Sud, ça m'a retourné parce que l'arrivée à Bueno Aires et voir un club complet c'est hallucinant quoi. Il y a avait un groupe local pour faire notre première partie, mais tu voyais que les gens attendaient Mars Red Sky c'était quand même hallucinant. Et leur particularité c'est qu'ils chantent les riffs de guitare, c'est ouf! Et puis l'aventure au Brésil qui part mal pour super bien se terminer avec l'enregistrement du deuxième album avec Gabriel reste aussi un très bon souvenir. Mais en général on a eu de bonnes tournées et beaucoup de bons souvenirs.
Quel est le truc le plus fou que vous ayez vu pendant un de vos concerts? Matgaz: Bah à Paris récemment des jeunes se sont mis à pogoter, sur notre musique il faut quand même y aller quoi! (rires).
Du coup quelle a été votre réaction? Julien: Bah nous quand il y a un truc comme ça qui se passe ça nous donne envie d'y aller plus fort sur la guitare, on vient quand même de l'époque Nirvana et tout ça remonte et ça fait du bien aussi parfois, on a envie d'y aller quoi.
Vivez-vous de votre musique ou avez-vous des jobs à côté? Matgaz: Alors nous deux oui, aussi grâce à ce formidable truc que sont les intermittents du spectacle. Et Jimmy lui a décidé de continuer son activité d'agent, de booker de tournée. Nos techniciens aussi sont intermittents. Après Julien et moi avons d'autres groupes aussi qui nous font vivre: Julien avec son projet solo qui s'appelle Julien Pras, comme lui-même, et moi je tourne avec James Leg, un Américain. Et puis Jimmy s'occupe de tout ce qui est management, et il trouve les bonnes solutions pour réussir à monter des budgets pour rendre les choses viables. Julien: Et Mars Red Sky nous permet de dégager de plus en plus de bons cachets.
Si vous pouviez participer à un repas avec 4 personnes de votre choix, aussi fou soit-il, quelles seraient ces personnes? Matgaz: On peut ressusciter les morts? Moi je mettrais Bruce Springsteen, Hank Williams, Beyoncé et je ressuscite William Blake, tu vois le tableau? (rires). Julien: Moi je mettrais Robert Wyatt tiens, Paul McCartney, le poète Walt Whitman et Einstein quand même, qu'il nous apprenne des trucs (rires). Matgaz: Et peut-être en bout de table je mettrais Al Jourgensen. Julien: Ah ouais qui fait le con (rires).
Pouvez-vous me dire quand le prochain TOOL sortira?
(rires) Matgaz: ah ah c'est pas mal ça. Bah il me semble que c'est pour bientôt non?
Bah écoute ça va faire deux ans qu'on croit que c'est pour bientôt, et Maynard passe bientôt en Europe avec Puscifer... Julien: Puscifer? ah oui je vois oui. Et tu connais Gluecifer, super groupe ça. Il y a Lucifer aussi avec une chanteuse mais beaucoup moins bien (rires). Matgaz: Castafiore un peu (rires)
Un mot de la fin? Julien: Merci beaucoup et encore désolé pour le plantage de la dernière fois avec VS. Matgaz: Bah moi je te dis bon courage avec le bouquin, c'est une excellente idée, bravo, j'attends de pouvoir lire ça avec plaisir.
Superbe groupe que voilà (cocorico !).
2 très bons albums... Même si ma préférence va clairement vers la première galette qui est absolument géniale à mes oreilles. Je vais de ce pas me télécharger le dernier en date histoire de me faire une idée sur la question.
Pis pour les avoir croisé avant leur concert de Verdun cet été (auquel je n'ai même pas pu assister... PUTAIN !!!), ce sont vraiment des gars très sympas et pas bégueule.
Humungus Membre enregistré
Posté le: 25/04/2016 à 22h53 - (1973)
Bon, ben je viens de m'écouter l'album.
Très belle oeuvre une fois de plus. Une musique bien tripante et toujours cette voix "androgyne" si envoutante et si particulière.
Mais quoi qu'il en soit, je préfère toujours leur première réalisation. Bien plus lourde et Doom... Et donc plus à mon goût.
Ce soir c'est votre 17ème concert sur cette tournée sans aucun jour off, avec un groupe ukrainien et un autre polonais, comment ça va, niveau foie?
Matgaz: En ce qui concerne Julien c'est simple puisqu'il ne boit pas. Sinon, écoute le foie va bien, mais tu sais on se la joue quand même tranquille sur la route. Les foies des autres ont l'air d'aller bien aussi.
Julien: Oui ils sont assez sérieux en fait, je n'en ai vu aucun se mettre la tête à l'envers. Tout le monde est toujours présent pour installer/désinstaller le matériel. Ces sont de super musiciens en plus.
Matgaz: Je dirais même que l'ambiance exceptionnelle, on s'entend tous hyper bien. On s'étaient tous croisés avant aussi, mais tu sais quand tu pars en tournée comme ça tous dans le même bus pour trois semaines, tu es obligé de te mettre en mode "respect des autres", sinon c'est que tu es un connard, et en plus ça risque de se savoir...
Julien: c'est assez impressionnant que ça se passe aussi bien en fait.
Vous connaissiez-vous avant Mars Red Sky et si oui qui étiez-vous les uns pour les autres?
Matgaz: Alors Jimmy et Julien se connaissent depuis toujours.
Julien: Plus exactement 20 ans. Jimmy avait un local de répèt' avec son groupe, c'est là qu'on s'est rencontré. On est restés amis et plus tard il a été le manager de mon autre groupe Calc, qui est en suspend pour l'instant.
Matgaz: Et avec mon groupe de l'époque: Headcases, on s'est croisé plusieurs fois, dont une fois sur une date à Bordeaux, au club un peu mythique de la région, le Jimmy, mais le concert a été annulé car le propriétaire du club venait de décéder. Du coup on s'est retrouvés à jouer au local de répèt' dont parlait Julien. Puis on s'est régulièrement recroisés sur les routes ou dans le public de concerts.
Julien: Et quand Benoît a quitté le groupe, il nous a encouragés à continuer l'aventure Mars Red Sky, et là j'ai pensé à Matt qui était dispo. Bon sur le moment il était en tournée avec James Leg.
Matgaz: Je me souviens du concert où Julien m'avait remarqué, dans une toute petite cave avec peu de monde, et je trouve ça marrant ce genre de concert où tu as l'impression qu'il ne se passe rien et en fait bah si, puisqu'il y avait Julien ce soir-là dans le public, et quand il a pensé à moi bien plus tard, c'est ce concert-là qu'il avait toujours en tête. Donc il ne faut jamais sous-estimer les petits concerts (rires).
Votre musique incite à l'imagination, vous pourriez être emballés par un projet style musique de film ou de série comme Mogwai avec Les Revenants?
Julien: Ce serait le pied! J'ai toujours rêvé de faire de la musique pour accompagner des images. C'est ce qu'on fait déjà un peu avec Mars Red Sky, avec ces longues plages instrumentales aussi qui peuvent coller à des images, ou en inspirer.
Matgaz: Oui maintenant les vidéos font partie intégrante de nos "shows". Et en plus de ça on avait fait un projet à Bordeaux avec une amie qui fait de la musique acousmatique (Julia Al Abed), où on projetait des images. Notre musique n'était alors plus qu'un maillon d'une chaîne. On avait vraiment pris plaisir à faire ça.
Julien: On était derrière l'écran en fait.
Comme Nine Inch Nails alors
Julien: Exactement. Et donc on passe un appel si un cinéaste est intéressé (rires)
Pour le nouvel album vous avez à nouveau fait appel à Gabriel Zander, pouvez-vous m'en dire un peu plus sur ce qu'est devenue cette collaboration, commencée par hasard au Brésil?
Matgaz: On s'est rendu compte au Brésil qu'il était à fond dans notre musique, qu'il connaissait déjà. Après avoir enregistré les parties instrumentales du deuxième album chez lui à Rio, on lui avait refilé "Hovering Satellites" parce qu'on n'était pas trop satisfaits du premier mix à notre retour en France, et encore une fois il nous a fait un mix d'enfer, et on s'est dit que c'était lui qu'il nous fallait, donc du coup il avait aussi mixé tout le reste de l'album et donc pour le troisième on savait qu'on le voulait encore une fois. Il a la même approche que nous et il arrive à faire ressortir de notre musique ce qu'on a envie de voir ressortir.
Julien: Parfois ce sont juste de petits effets, des petites conneries, comme quand il a juste ajouté un coup de tom basse juste là où il fallait. On avait vraiment envie de l'avoir pour le troisième. Mais cette fois on s'est dit qu'on allait l'inviter à la maison, prendre le temps, et on s'est pris deux semaines cette fois. Et du coup il est venu avec un Américain, Jacob Dennis, qui était déjà présent à Rio, mais on pensait alors qu'il était l'assistant de Gabriel ou quelque chose comme ça, mais en fait pas du tout ils bossent en binômes, Gabriel étant plutôt artistique on va dire, alors que Jacob est plus du côté technique des machines. Les deux bossent super bien ensemble et on a passés une douzaine de jours super agréables, détendus en plus parce qu'on était à la maison, avec un jardin, on pouvait rentrer chez nous le soir. On a fait plus de 80% du boulot dans cette maison tous ensemble.
Comment se passe l'élaboration des setlist, ensemble? Chacun son tour? Ou la setlist est figée sur toute la tournée?
Julien: On a fait une résidence pour travailler les nouveaux morceaux puis la setlist s'est affinée au fil des jours pour arriver maintenant à un tronc commun de morceaux qui varient d'un ou deux suivant les soirs, et aussi on se permet chaque soir de pouvoir changer certains passages, certains arrangements. Par contre certains titres sont immuables dans leur ordre de passage comme celui d'ouverture ou deux nouveaux titres qui s'enchaînent au milieu du set.
Matgaz: Maintenant avec trois albums et les EP ça devient plus difficile de faire des choix, et en même temps il y a des morceaux comme certains du premier album que les gens ont envie d'entendre et on prend ça en considération aussi. Du coup on s'est retrouvés à faire ce qu'on appelle des morceaux Frankenstein, c'est-à-dire qu'on prend un morceau que l'on arrête en plein milieu avant d'enchaîner sur un autre. Au début on s'est dit que c'était interdit de faire ça, mais au final ce n'est pas comme si on avait des morceaux de 2 ou 3 minutes... et on y est allés quoi. Au début de la tournée on faisait même un truc sur un de nos premiers titres qui s'appelle "Sadaba" et qui n'est sorti que sur un 45 tours, que l'on coupait au milieu et terminait par la fin d'un nouveau morceau "Prodigal Son", on appelait ça sur la setlist "Sadason" (rires).
Comment se révèlent être les nouvelles compos en live? Vous vous faites plaisir à les jouer maintenant que vous les avez bien en main?
Julien: C'est ça, le mot c'est plaisir. Avec les automatismes qu'on a chopé on peut se lâcher un petit peu. Comme dit Robert Wyatt de Soft Machine, il y a ces moments de tension puis de relâchement et ainsi de suite que l'on ressent bien maintenant.
Le public vient-il plus pour un groupe? Est-ce différent suivant le lieu du show?
Matgaz: ça dépend de l'endroit ça c'est sûr. En Slovénie par exemple c'était vraiment Stoned Jesus qui était attendu, nous plutôt à Paris c'est normal. Mais ça n'est pas arrivé que ça se vide pour un groupe. Par contre le package de trois groupes marche super bien. Il y a du monde tout le temps, pas mal de concerts complets.
Julien: Oui et puis on a des bases communes, des similitudes quand même entre chaque groupe, même si il y a des différences, et donc les gens qui viennent pour un groupe risquent d'apprécier les autres. Aussi c'est la 7ème édition de la tournée Up in Smoke, du coup il y aussi des gens qui viennent parce que c'est une tournée Up in Smoke, sans forcément connaître les groupes.
Matgaz: Le truc qu'on fait aussi c'est que c'est une tournée dans la tournée, c'est-à-dire que le groupe qui ouvre, le second et celui en haut de l'affiche tournent tous les soirs. Mais le temps de jeu reste le même: 1 heure par groupe.
Et vous en pensez quoi des autres groupes?
Julien: Belzebong c'est excellent, un truc très lent mais hyper groovy en même temps.
Matgaz: Ils ont un truc très 70's aussi dans le son et les solos qui est vraiment bien.
Julien: Et Stoned Jesus ils sont hyper efficaces, puissants, et ce qui est marrant c'est qu'au fil de la tournée on se découvre des affinités musicales avec tout le monde, et par exemple Igor est comme moi fan des Red House Painters. Ou après les concerts avec les mecs de Belzebong on écoute des trucs très calmes, psyché style Donovan, les Beatles...
Matgaz: Moi par contre je suis déçu parce que Stoned Jesus ils font tourner pendant les balances de nouveaux morceaux qui sont mais mortels, mais qu'ils gardent, ils ne les jouent pas sur scène.
Julien: Ils préparent un nouvel album qui va être génial.
Quel est votre meilleur souvenir de tournée?
Ensemble: La première fois qu'on est allés en Amérique du Sud, ça m'a retourné parce que l'arrivée à Bueno Aires et voir un club complet c'est hallucinant quoi. Il y a avait un groupe local pour faire notre première partie, mais tu voyais que les gens attendaient Mars Red Sky c'était quand même hallucinant. Et leur particularité c'est qu'ils chantent les riffs de guitare, c'est ouf! Et puis l'aventure au Brésil qui part mal pour super bien se terminer avec l'enregistrement du deuxième album avec Gabriel reste aussi un très bon souvenir. Mais en général on a eu de bonnes tournées et beaucoup de bons souvenirs.
Quel est le truc le plus fou que vous ayez vu pendant un de vos concerts?
Matgaz: Bah à Paris récemment des jeunes se sont mis à pogoter, sur notre musique il faut quand même y aller quoi! (rires).
Du coup quelle a été votre réaction?
Julien: Bah nous quand il y a un truc comme ça qui se passe ça nous donne envie d'y aller plus fort sur la guitare, on vient quand même de l'époque Nirvana et tout ça remonte et ça fait du bien aussi parfois, on a envie d'y aller quoi.
Vivez-vous de votre musique ou avez-vous des jobs à côté?
Matgaz: Alors nous deux oui, aussi grâce à ce formidable truc que sont les intermittents du spectacle. Et Jimmy lui a décidé de continuer son activité d'agent, de booker de tournée. Nos techniciens aussi sont intermittents. Après Julien et moi avons d'autres groupes aussi qui nous font vivre: Julien avec son projet solo qui s'appelle Julien Pras, comme lui-même, et moi je tourne avec James Leg, un Américain. Et puis Jimmy s'occupe de tout ce qui est management, et il trouve les bonnes solutions pour réussir à monter des budgets pour rendre les choses viables.
Julien: Et Mars Red Sky nous permet de dégager de plus en plus de bons cachets.
Si vous pouviez participer à un repas avec 4 personnes de votre choix, aussi fou soit-il, quelles seraient ces personnes?
Matgaz: On peut ressusciter les morts? Moi je mettrais Bruce Springsteen, Hank Williams, Beyoncé et je ressuscite William Blake, tu vois le tableau? (rires).
Julien: Moi je mettrais Robert Wyatt tiens, Paul McCartney, le poète Walt Whitman et Einstein quand même, qu'il nous apprenne des trucs (rires).
Matgaz: Et peut-être en bout de table je mettrais Al Jourgensen.
Julien: Ah ouais qui fait le con (rires).
Pouvez-vous me dire quand le prochain TOOL sortira?
(rires)
Matgaz: ah ah c'est pas mal ça. Bah il me semble que c'est pour bientôt non?
Bah écoute ça va faire deux ans qu'on croit que c'est pour bientôt, et Maynard passe bientôt en Europe avec Puscifer...
Julien: Puscifer? ah oui je vois oui. Et tu connais Gluecifer, super groupe ça. Il y a Lucifer aussi avec une chanteuse mais beaucoup moins bien (rires).
Matgaz: Castafiore un peu (rires)
Un mot de la fin?
Julien: Merci beaucoup et encore désolé pour le plantage de la dernière fois avec VS.
Matgaz: Bah moi je te dis bon courage avec le bouquin, c'est une excellente idée, bravo, j'attends de pouvoir lire ça avec plaisir.