A l'occasion de la sortie du livre "Sous un ciel de plomb" 400 pages écrit par Robert Culat & Nicolas Bénard, nous vous proposons une interview de Nicolas Bénard co-auteur et chercheur sur le metal !



1 - Revenons sur le dernier livre sorti chez Camion Blanc que tu as publié en duo avec Robert Culat et qui était consacré à OPETH : "Damnation & Délivrance". Quel regard as-tu sur ce livre aujourd'hui ?
Un regard positif, même si, évidemment, il y a toujours des choses qu’on aurait pu faire différemment. Quelques regrets, aussi, surtout pour l’éditeur qui a soutenu le projet : le livre s’est très mal vendu. C’est triste, mais c’est comme ça.

2 - As-tu pu avoir des retours vis à vis de lecteurs ou de musiciens ? Si oui à quelles occasion reçois-tu ces retours ?
Aucun retour de la part des musiciens du groupe. Et pourtant, ils sont au courant de la parution du livre. J’ai reçu des avis positifs, notamment via Facebook, de lecteurs qui ont eu le courage d’investir temps et argent dans sa lecture. Je les en remercie.

3 - Avez-vous pu échanger avec des membres d’OPETH avant ou après la sortie du bouquin ?
J’ai rencontré M. Akerfeldt il y a bien longtemps de cela (je crois que c’était en 2001 ou 2002), lorsque j’animais une émission radiophonique… Robert aussi il me semble… Mais les temps ont changé. Il nous a été impossible d’obtenir la moindre interview avec lui, ou avec n’importe quel autre membre du groupe. Ni avant, ni après. La rançon de la gloire, je suppose…




4 - Aujourd'hui, vous présentez un nouveau livre co-écrit par le duo que tu formes avec Robert Culat. Peux-tu nous dire le pourquoi du comment de la formation de ce duo et de votre travail en commun ?
Tout d’abord, j’apprécie vraiment Robert, son engagement dans tout ce qu’il entreprend, même si nos vies sont différentes. C’est un vrai passionné, un prêtre éclairé, si l’on peut dire, qui ne considère rien comme acquis, et n’affiche aucune certitude. C’est une posture que je défends moi aussi. Je trouve par ailleurs que notre association (un historien athée et un prêtre catholique) fonctionne plutôt bien : je serais bien incapable de faire ce qu’il fait, et j’espère que c’est réciproque.

5 - Après OPETH, pourquoi avoir choisi KATATONIA comme sujet de votre nouveau livre ?
Robert m’a soumis l’idée, et j’ai mis quelque temps à accepter. Pour être honnête, je ne suis pas un grand fan du groupe, mais j’ai voulu comprendre ce qui pouvait séduire un public aussi éclectique, derrière une musique aussi mélancolique. Je me suis donc pris au jeu, mais si prochaine collaboration il y a, elle émanera cette fois de moi.

6 - Peux-tu donner l'eau à la bouche aux lecteurs qui hésitent encore à acheter ce livre ? Qu'allons-nous trouver dans ce livre ?
Une magnifique couverture, une analyse « culturaliste » de l’objet d’étude (production, diffusion, réception : une approche que très peu d’auteurs adoptent à l’encontre de la musique métal) et une réflexion pertinente sur le discours du groupe. Les études de ce genre sont très rares, ce qui est dommage, car elles permettent de mieux cerner l’imaginaire des artistes et leur posture au sein des sociétés contemporaines.

7 - KATATONIA & OPETH possèdent de nombreux points communs artistiques & musicaux. Vois-tu des points communs dans leurs parcours & discographie respectives ?
La quête de l’évolution (réussie ou ratée), le refus du conformisme, un certain goût esthétique et… la même nationalité. Ce sont aussi deux groupes qui forment un réseau d’amitiés très solide.

8 - Avez-vous déjà des idées d'artistes à qui vous souhaiteriez consacrer un nouveau livre ?
Pour ce qui me concerne, Paradise Lost. Mais je ne suis pas sûr que Robert me suive sur ce terrain-là, au regard notamment du nombre de textes qu’il lui faudrait analyser.

9 - En dehors de ton livre, tu es chercheur sur le thème du metal, peux-tu nous en dire plus sur la nature des tes travaux à l'heure actuelle ?
Je suis en train de travailler sur l’évolution de l’image de l’artiste métal. Mon interrogation est la suivante : comment l’artiste métal, figure tutélaire, icône sacralisée dans les années 1980-1990, est devenu au fil des ans une personne « comme les autres », que ce soit par sa propre volonté, ou sous la pression de la presse spécialisée. J’espère pouvoir publier les résultats en 2016 (toujours chez Camion Blanc).

10 - Lors de la publication d'une news récente sur le thème des chercheurs du métal, quelques lecteurs n'ont pas compris l'intérêt de tels travaux. Peux-tu les éclairer ?
Comprendraient-ils l’intérêt de travaux sur les fluctuations du prix du blé dans les années 1770-1780, pour expliquer que la Révolution française fut aussi une révolution verte ? Le cas échéant, ils comprendront que les études sur les phénomènes culturels contemporains nous renseignent sur l’image que les artistes ont de leur époque, qu’ils traduisent à leur public, un témoignage dont la valeur est inestimable pour qui veut mieux « sentir » l’air que nous respirons tous chaque jour.




11 - Quels sont les disques qui passent sur ta platine actuellement ?
Les derniers Ghost, Shape Of Despair, Slayer, Annihilator et Amorphis. Des choses plus anciennes, aussi : 6 :33 & Arno Strobl, Barren Earth, Leprous, Macabre Omen, Melechesh, MiLS, Mirrorthrone, etc. Par contre, le dernier Iron Maiden est une ignominie.

12 - Un dernier message pour nos lecteurs.
Je sais que ce type d’ouvrage coûte cher, et comprends que les lecteurs de VS préfèrent investir dans l’achat de disques ou de places de concert. Néanmoins, j’espère que certains auront la curiosité de jeter un œil à nos travaux, et à ceux d’autres auteurs qui partagent leur passion pour la musique.