- BASTARD FEAST par TARGHOST - 5117 lectures
Avec son deuxième album, "Osculum Infame", qui fait la part belle à un hardcore métallisé noir de chez noir, BASTARD FEAST frappe juste et fort. Le temps où le groupe oeuvrait dans un sludge poisseux sous le sobriquet d’ELITIST semble aujourd’hui définitivement révolu tant celui-ci excelle dans l’exercice du style protéiforme, qui passe en revue les tendances métalliques les plus extrêmes.
Taylor, guitariste de cette formation, lève le voile sur cette bête hideuse et répugnante…




Salut Taylor, quelles sont les dernières nouvelles pour BASTARD FEAST ?

Hello ! A vrai dire, tout roule pour nous. Le nouvel album recueille de bons feedbacks et nous allons prochainement annoncer quelques shows en tant que support pour une grosse tournée américaine qui démarre dans quelques semaines (la première date de cette tournée a lieu le 31 octobre à Sacramento avec EYEHATEGOD, POWER TRIP et IRON REAGAN).

Vous avez choisi il y a quelques temps d’abandonner le nom d’ELITIST pour celui de BASTARD FEAST. J’imagine que c'est pour éviter toute confusion avec le groupe californien ?

Entre autres, mais avant tout parce que le nom ELITIST n’était plus vraiment opportun, il ne représentait plus ce que nous sommes aujourd’hui, en tant qu’individus, en tant que groupe. Et pour cause, nous avions à peine vingt piges quand nous l’avions trouvé. Il était donc temps d’opter pour un nom qui soit plus en accord avec notre style, lourd et agressif. Ensuite, comme tu l’as évoqué, nous n’avons rien en commun avec ce groupe de metalcore mielleux, qui, au passage n’a même pas essayé de nous contacter pour en discuter, indépendamment du fait que nous portions ce nom depuis nos débuts.
Tant mieux finalement…



"Osculum infame" n’est pas porteur de message positifs, c’est le moins que l’on puisse dire ! Qu’est-ce qui vous pousse à écrire des choses aussi négatives ?

BASTARD FEAST puise son influence dans la haine de l'humanité. Il se pose en rempart contre cette espèce de mentalité de troupeau qui gangrène notre société. Cela ne date pas d’hier, nous avons tous grandi en pensant quelque chose n'allait pas dans le monde qui nous entoure. Et plus le temps passe, plus nous avons besoin d’extérioriser ce que nous ressentons à ce sujet. Cette angoisse se transforme lentement et sûrement en un sentiment d’aigreur, d’amertume pour tout ce qui nous entoure.

Ces émotions négatives prennent forme quand BASTARD FEAST monte sur scène : il n’y a aucune alternative, pas de faux semblants, nous balançons cette haine viscérale, ce dégoût profond et le public prend cela de plein fouet.

Je n'en doute pas, tant "Osculum infame" exhale la haine et le dégoût de la première à la dernière seconde. Le premier morceau, "Bloated city" est à ce titre un vrai carnage. Sur celui-ci, vous évoquez un lieu qui semble fort peu accueillant. S’agit-il de Portland, votre ville natale ?

C’est une remarque intéressante. Par certains côtés, c’est bien de Portland dont il s’agit, par d’autres, non. C’est plutôt une métaphore qu’a utilisé Joshua, notre chanteur, qui vaut autant pour la scène de Portland que pour toutes les autres scènes du monde entier où pullulent des promoteurs sans foi ni loi, des groupes peu sincères…
En prenant un peu de recul, je dirais qu’il s’agit finalement d’une déclaration de guerre, d'un appel aux armes contre cette mentalité.

Revenons à la musique. Le dernier titre de l’album, "Synthetic messiah", se distingue vraiment du reste de l’album. Ce morceau est lourd, dissonant, oppressant, il constitue d’ailleurs la seule trace sludge de votre passé ELITISTien. Dans quel état d’esprit ce morceau a-t-il été composé ? Comment êtes-vous rentrés en contact avec Stevie Floyd (TAURUS) et Wrest (LEVIATHAN) qui s’y sont invités ?

C’est le seul morceau à avoir été composé, presqu’improvisé en studio. Nous l’avons conçu comme un véritable champ libre pour les expérimentations, une feuille blanche que pouvaient noircir d’autres âmes en peine. Nous avons donc laissé carte blanche à Stevie et Wrest pour y apposer leur aura maléfique et le résultat est sans appel ! "Synthetic messiah" est empreint d’une lourdeur et d’une mélancolie que seules ces deux personnes pouvaient apporter. Ce sont également des amis proches, des tatoueurs émérites qui ont pratiqué leur art sur de nombreuses parties de nos corps !
Pour faire simple, c’est exactement le genre de personnes avec qui nous rêvions de travailler, Wrest et Stevie sont simples, généreux, authentiques. Nous n’aurons jamais de mots assez forts pour les remercier d’être venus gratifier "Synthetic messiah" de leurs grognements bestiaux.

Par ailleurs, LURKER OF CHALICE et LEVIATHAN sont aussi quelques-unes de mes plus grandes influences...



L’artwork est particulièrement sombre. Peux-tu nous présenter l’artiste qui est derrière tout cela ?

Bien sûr, il s’agit d’Anthony Lucero, qui avant tout est un ami de longue date de BASTARD FEAST. Nous l’avons rencontré alors qu’il était bassiste de GAZA, il se chargeait également de la création des visuels pour le groupe (Anthony Lucero est aujourd’hui le préposé aux vocalises au sein de CULT LEADER, formation uber heavy signée chez Deathwish, oui, le monde est petit). Quand "Osculum infame" commençait à prendre forme, nous n’avons pas hésité un seul instant à le solliciter afin qu’il créée quelque chose de bien noir et evil en rapport avec les textes et l’ambiance de l’album. Nous n’avons pas été déçus du résultat : c’est un artiste formidable.

Cette pochette représentant un hérétique qui expie ses péchés est vraiment réussie, on sent presque les flammes de la damnation nous lécher les orteils…

Comme je te le disais, Anthony nous connaît bien. Il a su traduire ce sentiment de peur et de dégoût que nous voulions mettre en images avec l’artwork. Regarde cet homme qui souffre sur le bûcher, il lance un ultime appel à l’aide mais il est trop tard. Et cette femme qui se lamente, au premier plan, elle ne peut plus rien pour lui et doit accepter ce fait, elle doit vivre avec ce fardeau.
Mais ce n’est que l’une des interprétations possibles de ce dessin, chacun d’entre nous peut y voir ses propres terreurs, ses peurs les plus profondes. A ce sujet, l’illustration ainsi réalisée en noir et blanc possède un vrai feeling old school, elle reflète à merveille la violence de notre musique, les vils instincts dont elle se nourrit.
Le message est clair, enfin sombre plutôt : la fin du monde est proche, prenez place, voilà un lieu idéal d’où vous pourrez la contempler !

Bûcher, flammes, Inquisition. Témoigner du péché sans fournir la preuve de la culpabilité. Penses-tu, près de huit siècles plus tard, que le "Patriot Act", mis en place depuis les attentats du 11 Septembre, en vertu duquel tout citoyen américain peut dénoncer son voisin s'il soupçonne un comportement déviant, est une sorte d'Inquisition moderne ?

Encore une fois, je crois sincèrement en une fin du monde imminente. Que celle-ci intervienne demain ou dans cinquante ans, il suffit de regarder autour de nous pour s’en rendre compte : les terres sont surexploitées, les rivières polluées, les ressources épuisées, les paysages dévastés. L’homme a agi égoïstement pendant tous ces siècles sans jamais penser qu’à un moment ou à un autre, quelqu’un devrait payer l’addition.

Quant au "Patriot Act", celui-ci n’a aucune valeur à nos yeux. Il n’est qu’un des multiples outils d’intrusion du gouvernement dans la vie quotidienne du citoyen américain, à qui celui-ci a confié sa destinée sans sourciller. Dans ce sens, c’est bien une Inquisition des temps modernes dont il s’agit et BASTARD FEAST s’inscrit contre, et plus largement, contre toute tentative de contrôle, telle qu’elle soit.
Imagine un instant si tous les citoyens se dressaient comme un seul homme et manifestaient leur défiance à l’égard de cette poignée de manipulateurs. Rends-toi compte, pendant que nous sommes en train de parler, dans le monde entier, des centaines de personnes meurent dans des conflits pour lesquels ce cher gouvernement a engagé notre pays. Pour qui ? Pourquoi ?

Que de léthargie, que de complaisance…il est temps que tout cela change.



Revenons à un sujet plus léger…quoique. Vous avez fêté live la sortie de votre nouvel album avec GRAVES AT SEA, PRIMITIVE MAN et HEXIS. Comment le public a-t-il réagi en découvrant vos nouveaux morceaux ?

Sacrée soirée ! Comme je te disais au début de l’interview, sur scène, BASTARD FEAST, c’est un moment de violence pure. Alors forcément, les réactions étaient pour le moins variées lors de ce show : nos amis étaient là pour faire la fête, un paquet de kids déchaînés moshaient comme des dingos sur le devant de la scène et derrière, les gens paraissaient hébétés, presque choqués par un tel déferlement de haine et de violence sur leurs pauvres esgourdes. C'était intense.

A ce sujet, avez-vous des habitudes particulières avant de monter sur scène ?

Oui, nous fumons plein de mauvaises herbes avant de jouer ! Un petit shot de tequila dans la foulée et nous voilà fin prêts à en découdre. A partir de ce moment, nous rentrons dans une bulle où nous oublions tout, femmes, familles, potes…C’est un véritable rituel shamanique qui prend forme lorsque nous montons sur scène.
Ce que nous aimons le plus, c’est voir la peur, le dégoût dans les yeux du public. Nous ne trichons pas et donnons tout : de la sueur, du sang, des larmes.
Tout ces ingrédients font de BASTARD FEAST une expérience live inoubliable.

En parlant de scène, j’aimerais que tu nous parles de celle de Portland. Si je ne me trompe pas, de gros calibres comme YOB ou TOXIC HOLOCAUST sont originaires du coin ?

Putain mec, YOB ! Voilà un groupe vraiment heavy ! Pour ne rien gâcher, ce sont des musiciens talentueux et super accessibles, ils auront toujours une place un peu particulière dans nos cœurs.
Je recommande aussi RITUAL NECROMANCY pour ceux et celles qui recherchent un death metal bien burné et evil. Le nouveau LEVIATHAN ne devrait plus tarder à sortir, je peux te garantir qu’il va mettre une bonne claque derrière les oreilles des derniers sceptiques ! Quant à TAURUS, cette formation pratique un black metal original auquel il ajoute une bonne dose de musique orientale, cela devrait plaire aux fans de BLUT AUS NORD.
Enfin, pour les amateurs de crust/grind les plus téméraires, testez NIGHTFELL, groupe composé d'ex-membres de TRAGEDY et ALDEBARAN : vous m’en direz des nouvelles !

Quant aux autres groupes du coin, franchement, je ne suis pas leur actualité. Je te le disais au début, il n’y a pas de véritable esprit de scène à Portland et comme dans toutes les scènes, il y a toujours un paquet de branleurs qui mettent le paquet sur l’image ou le matos et relèguent des concepts comme l’inspiration ou la création en arrière-plan…next please.

Taylor, nous arrivons à la fin de cette interview, merci pour ce temps passé ensemble, c’était cool. Bon vent à BASTARD FEAST !

Merci pour l'interview, j’espère que l’on se croisera un de ces jours en France. En attendant, prenez vite votre aller simple pour les ténèbres, ruez-vous sur cette abomination qu’est "Osculum Infame”...
Auteur
Commentaire
Jus de cadavre
Membre enregistré
Posté le: 17/10/2014 à 14h03 - (1348)
Putain bonne ITW, ils croient en ce qu'ils font, et j'aime ça bordel !


blast777
Membre enregistré
Posté le: 18/10/2014 à 22h55 - (1349)
excellente ITW et les titres qui trainent à droite à gauche sont très bon.
Je vais m'y pencher un peu plus.

Poney
IP:174.93.206.206
Invité
Posté le: 19/10/2014 à 20h30 - (1350)
Et voila la bonne découverte de cette fin de semaine. Merci pour l'ITW

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