Nasty Samy - THE BLACK ZOMBIE PROCESSION par VSGREG - 6398 lectures
Je n'avais jamais entendu parlé de Nasty Samy avant d'avoir entre les mains le volume 3 de THE BLACK ZOMBIE PROCESSION. En grattant un peu derrière la backcover du CD, on se rend vite compte que le leader du groupe est un vieux de la veille ... musicien au sein de SECOND RATE, HAWAII SAMURAI, HELLBATS, DEMON VENDETTA et d'autres groupes, rédacteur/pigiste pour la presse et des zines en tout genre, activiste forcené de la scène française.
Une rencontre passionnante !





1. Tu reviens du X-TREM FEST qui a eu lieu dans le Sud de la France, à Albi, où tu as joué avec THE BLACK ZOMBIE PROCESSION. Comment s'est déroulé votre set et le feedback du public ?

Excellent festival, sur tous les points… Notre horaire de passage était à double tranchant cependant, à 22h, super créneau… mais coincés entre les deux têtes d’affiches de la soirée, à savoir juste après Gojira et juste avant Les Sheriff, deux groupes attendus comme des messies sur ce festival, pour des raisons différentes ! Donc délicat, mais on s’en est très bien tiré, super réponse du public et chroniques élogieuses de notre concert dans les différents reports parus après le festival. Positif à fond pour nous.


2. L'X-TREM FEST doit être un festival qui te correspond bien avec son affiche mêlant Metal, Hardcore et Punk, je me trompe ?

Exactement, je pense que ce brassage est bénéfique pour tout le monde : le public, les groupes et l’organisation. Et l’univers de the Black Zombie Procession est à la croisée des chemins de ces styles, ce genre de festival est clairement adapté à notre formule… coincé sur une affiche entre le revival thrash d’Havok, le hardcore ultra énergique de Sick of It All, Raised Fist ou Biohazard, le death à l’ancienne d’Obituary, la précision mécanique de Gojira et j’en passe… ça me va !


3. L'X-TREM-EFEST rappelle d'ailleurs beaucoup les débuts du HELLFEST - voire du FURY FEST. Aujourd'hui le HELLFEST est devenu un festival Metal avant tout. Penses-tu qu'il soit si difficile de mélanger les différentes cultures pour réussir ?

Effectivement, l’X-Trem-Fest se positionne dans la même dynamique que les premières éditions du Hellfest (le Fury Fest n’étant en fait que le premier nom de ce festival). Le Hellfest continue de brasser les genres, quoiqu’on en dise, on peut y trouver des groupes de hard rock plutôt mainstream, de heavy traditionnel, de metal extrême (thrash/death/black), de post metal mais aussi de revival rock 70, de punk et de hardcore… en passant par les styles qui mixent un peu tout ça, genre metal core, speed punk, etc. Donc oui c’est majoritairement metal, parce que les têtes d’affiches sont de gros noms de la scène metal et affilié, mais il y a une bonne partie de l’affiche qui ne rentre pas tout à fait dans cette case… et c’est une bonne chose, je pense. Encore une fois, je pense que le mélange est bénéfique pour tout le monde… qui a envie de rentrer dans une toute petite case et d’y périr d’asphyxie ?? Pas moi !


4. Pour les lecteurs qui ne te connaissent pas et qui vont découvrir THE BLACK ZOMBIE PROCESSION, peux-tu rapidement présenter THE BLACK ZOMBIE PROCESSION et ton rôle au sein du groupe ?

J’ai fondé The Black Zombie Procession en 2006, quasiment comme un projet solo, un truc fourre tout et récréatif. Je voulais sortir un album un peu différent, sans contraintes, tout composer de A à Z, jouer les guitares et les basses, écrire les paroles, et demander à des potes musiciens de venir me filer un coup de main de temps en temps pour le chant et la batterie. Rien n’était spécialement prémédité au début, à part le fait de sortir un album bricolé touchant à plusieurs styles, du punk hardcore plus ou moins mélodique, plus ou moins frontal, au rock un peu plus vintage, en passant par quelques songs avec des riffs plombés et heavy. Je voulais juste faire un album axé autour de cette culture bis et horrifique que j’affectionne tant, parce que je trouve que toutes ces musiques correspondent bien à la culture bis en général, c'est le même esprit et le même univers… Mon principal but, c’était de dépasser le cadre du simple gimmick et mettre cette spécificité au même plan que la musique… avec des songs inspirées par toute la culture qui me berce depuis que je suis gamin, à savoir les films d’horreur (slasher, splatter gore, vigilante, fantasy, action, etc.), les comic-books ricains et la littérature populaire (fantastique, polar/pulp, etc.). Le but était de se cacher derrière le terme « horror rock », scène très peu représentée en France, alors qu’elle est très développée aux États-Unis. Voilà comment tout ça a commencé, comme un disque de fanboy.

Puis j’ai sorti un deuxième album en 2008, avec un line-up différent, dans un style un peu plus ciblé sur le punk hardcore mélodique moderne, avec beaucoup de riffs musclés et une prod' bien calibrée, mais toujours dans le même délire quant à l’esprit « horror rock », avec d’ailleurs une pochette signée par le grand Ed Repka.



J’ai mis le groupe en stand by pendant 5 ans, fortement occupé à tourner et enregistrer avec d’autres groupes, français et étrangers… j’ai recommencé à composer de mon côté, contacté plusieurs musiciens une nouvelle fois, dont mon pote EliBat (chanteur guitariste du groupe Hellbats) pour qu’il gère le chant et les lyrics, et je suis retourné en studio, pour cette fois-ci cibler le délire sur un style Crossover Thrash Core influencé par pas mal de groupes qui m’ont marqué quand j’étais ado… ce qu’on appelait tout simplement le crossover au tout début des années 90… j’avais en tête un groupe qui ferait le lien musical entre The Accused, Prong, Gwar, Suicidal Tendencies et l’univers de Danzig, avec quelques clins d’œil du côté des groupes New-Yorkais tels Leeway, Merauder, Cro-Mags, etc.
Donc jouer la carte retro sans forcément tomber dans le piège revival thrash classique. Moi je continue à appeler ça de l’Horror Core…

Ce troisième album a été mis en boîte en trois ans, principalement à cause de mon implication dans pas mal de groupes actifs à cette période là…. « Vol III : the Joys of Being Black at Heart » est sorti en Avril 2014 et nous sommes actuellement sur la route pour en faire la promo.


5. THE BLACK ZOMBIE PROCESSION vient de sortir son troisième album qui commence à avoir un écho favorable au sein de la scène Metal, autant dans la presse écrite que sur le web, comment expliques-tu que les 2 premiers soient passés plutôt inaperçus auprès du public Metal français ?

Effectivement, le troisième album est vraiment bien reçu par la presse, autant nationale que spécialisée, du magazine au zine papier en passant par les sites pointus et blogs divers et variés… ça fait plaisir ! Tout le monde a vraiment l’air surpris par cet album puisque personne ne nous attendait sur ce terrain de jeu… Grosso modo, on a toujours été hors cadre, trop metal et heavy pour les punks, et définitivement trop mélodique et trop rock pour les métalleux pur jus… Mais avec cet album, on a choisi notre camp, avec des références clairement appuyées et assumées sur la culture thrash et hardcore metal… du coup, la presse et les sites metal nous découvrent…

Certains chroniqueurs étaient ultra surpris par la maturité et le professionnalisme du groupe, parce qu’ils pensaient avoir à faire à un tout nouveau groupe proposant un premier album, sauf que tous les musiciens du line-up actuel du groupe tournent depuis plus de dix/quinze ans et ont tous joué sur plusieurs disques dans divers groupes et que la structure qui nous épaule (Kicking Rds) bosse à fond depuis 2006… Personnellement, je joue de la guitare ou de la basse sur une quinzaine d’albums depuis 1998 et j’ai joué environ 1000 concerts partout en Europe avec une dizaine de groupes différents… C’est en fait le troisième album de BZP (sans compter un EP vinyl et quelques titres glissés sur des compilations) et on a déjà joué une centaine de concerts, donc on sort un peu du cadre du « premier album d’un groupe tout frais »…

Les deux premiers albums ont fait leur chemin dans la scène punk, hardcore et indé, qui n’a absolument aucune connexion avec la scène metal (tout du moins en France !). Ces deux premiers albums ont plutôt bien fonctionné mais s’adressaient à un autre public je suppose, même si en composant ces 3 albums je ne me suis pas demandé à qui je m’adressais en particulier, je n’ai pas dans l’habitude de coincer la musique dans de petites niches… Ces 2 premiers albums ont eu une bonne revue de presse également et ont suivi leurs chemins, mais dans d’autres magazines et dans d’autres créneaux. Tout ceci est très révélateur du cloisonnement extrême des scènes rock/metal en France…





6. Avoue qu'il est tout de même assez étrange de voir un groupe fondé par quelqu'un qui a joué dans des groupes de punk mélodique ou de surf music se lancer dans un Crossover Thrash Hardcore qui sonne très metal ! Pourquoi avoir attendu aussi longtemps avant de vouloir jouer du metal ?

Je n’ai pas vraiment « attendu longtemps avant de jouer du metal » pour reprendre ton expression puisque mes premiers groupes, quand j’étais ado’, étaient des groupes de metal, tendance thrash/death et hardcore crossover… je suis de la génération qui a connue l’explosion des scènes thrash et death, les scènes de la Bay Area et de Tampa, c’est ce que j’écoutais quand j’étais au collège et lycée, il y a eu un boom de la scène metal à cette époque, puis la scène scandinave est arrivée, plus mélodique, et d’un autre côté il y avait cette scène hard core américaine qui était de plus en plus influencée par le metal (dans le riffing et le son), c’est tout ça qui m’a accompagné quand j’étais plus jeune, j’ai appris à jouer de la guitare sur des groupes de heavy, de thrash, de speed, de death et de hard core bourrin…

En arrivant à la Fac, fin 90, j’ai fondé un groupe de punk mélodique (influencé par la scène américaine) qui a laissé une petite trace dans la scène française, on était influencé par des groupes comme Husker Du par exemple, on a pas mal tourné, sorti des disques et ça m’a mis le pied à l’étrier dans cette scène, tout simplement. Ensuite, tout n'est qu’histoire d’opportunités, de contacts, de réseaux, j’ai été beaucoup sur la route, en studio, avec divers groupes, j’étais dans cette dynamique « rock »… J’ai même joué en formule acoustique, avec ma femme à la guitare, pour une sorte de pop alternative country, un skeud enregistré aux Etats-Unis… j’ai joué dans un power trio qui envoyait du grunge assez gras, comme ça se jouait dans les années 90… J’ai également joué, et joue encore, dans des groupes de surf music, car c’est un style que j’adore tout simplement, méconnu en France, mais pour moi ce n’est pas si éloigné que ça du metal, c’est ultra axé guitare, c’est instrumental avec beaucoup d’influences diverses (musiques traditionnelles, etc.) et il y a un univers très particulier, très lié au cinéma de genre… J’ai aussi joué avec un groupe ricain, Dumbell, qui envoyait la sauce façon MC5, Zeke, Stooges et même Motorhead sur certains plans… j’ai aussi joué avec un australien Simon Chainsaw, dans un délire purement rock australien, façon the Saints, Radio Birdman, une sorte d’action rock bien graisseux aussi.
Bref pour moi c’est un grand voyage musical… je n’ai jamais voulu m’enfermer dans un style prédéfini.

En France, les métalleux ont un drôle de rapport avec le mot « punk »… c’est un terme qui va un peu plus loin que les Bérus, Exploited, Sex Pistols et les Clash… et c’est pas forcément un terme qui veut dire « musique mal jouée et mal produite »… je le précise car j’ai pas mal de potes métalleux qui ont une vue un peu condescendante sur ce terme… mais le mot ‘punk’ (et par extension ‘hard core’) a une autre connotation dans la culture populaire ricaine (et anglaise aussi)… qui peut aussi bien labelliser des groupes comme Dead Kennedys, Poison Idea, Youth of Today, Black Flag, Minutemen et Bad Religion ! C'est plus qu'un style musical, quoi.

Puis en 2005, quand je me suis retrouvé pour la première fois sans groupe, en plein break de concerts et tournée, j’ai décidé de refaire un projet solo qui lorgnerait ici et là sur quelques plans thrash et plus globalement des trucs heavy rock…
Pour moi, franchement, tout part du blues, tu vois ? Le rock n roll en est un dérivé du blues, et tout ce qui vient après est une branche de l’arbre généalogique du rock… le classic rock des années 70, le prog’, le punk, le hard core, le heavy metal, le speed metal, le thrash, le death, etc. Tout vient du rock and roll… celui qui me dit le contraire devrait juste creuser un peu le sujet.
Perso’, je n’ai jamais vraiment cessé d’écouter du metal, il y a des périodes où je m’y suis plus intéressé que d’autres, mais j’ai toujours eu les oreilles sur ces trucs de thrash, de heavy et de death metal que j’avais découvert étant môme. Le fait de revenir à mes premiers amours pour ce troisième album s’est fait naturellement… pour ce nouvel album, c’est vraiment vers ce trip crossover que je voulais aller.

Pour moi le therme horror rock est hyper large… ce n’est même pas un style musical en soi, c’est un délire bien particulier avec des codes bien précis. Les groupes qui rentrent dans ce trip horror peuvent être d’horizons très différents, mais au final ils renvoient la même chose… je mets dans le même panier des groupes comme the Accused, the Cramps, Necrophagia, Samhain, Cannibal Corpse, Screaming Lord Sutch, Calabrese, Hellbillys, White Zombie, Misfits, Banane Metalik, Cradle of Filth, Screaming Jay Hawkins et Mortician !


7. Comme tu le précises TBZP évolue dans une veine Crossover de la fin des 80’s, si tu devais citer les 5 albums cultes de cette époque, lesquels choisirais-tu et ... surtout pourquoi ?

Plutôt que de tirer 5 albums (beaucoup trop restrictif), je vais juste te lister les groupes de cette époque (la toute fin 80 et les débuts 90) que j’apprécie particulièrement… le Crossover est un terme assez large… voici les groupes, qui, pour moi, définissent l’esprit crossover, dans le sens « mélange », des trucs que j’ai découvert à l’époque et que j’écoute pour la plupart encore maintenant : MOD/SOD, Gwar, The Accused (mes préférés, certainement parce qu’ils tapaient aussi dans le délire horror), Suicidal Tendencies, Crumbsuckers, Leeway, Uncle Slam, D.R .I, Ratos de Porao, Excel, Evil Dead, Cro-Mags, Prong. Je nomme aussi « crossover » des groupes qui sont venus à peine plus tard, qui était un peu plus mid-tempo, parce qu’ils ne jouaient pas à proprement parlé un thrash classique mais s’en influençaient fortement, des groupes comme Channel Zero, Intricate, par exemple. C’est aussi une partie de mes influences.


8. Le revival thrash et crossover battait son plein il y a quelques années avec MUNICIPAL WASTE en tant que leader. Que penses-tu de ce renouveau ? Peut-on dire que TBZP fasse parti de ce revival ?
C’est maintenant une scène vraiment saturée… Non, je ne pense pas faire partie de cette scène, même s’il y a quelques groupes excellents dans cette vague retro thrash. Mes préférés sont Ghoul, qui sont là depuis un moment, qui donnent aussi dans le trip horror… j’aime bien aussi Toxic Holocaust, ils sortent clairement du lot, sur scène je trouve ça ultra frontal et j’apprécie particulièrement l’univers du chanteur guitariste Joel Grind. Suicidal Angels sont hyper efficaces aussi, mais ils sont à l’image de beaucoup de groupes dans ce sous genre, c'est-à-dire un peu trop respectueux des aînés, très classiques dans leur approche. Trop peut-être. Je comprends les nouvelles générations qui s’excitent devant ces groupes, mais perso’ j’ai quand même souvent l’impression d’entendre les seconds (voire troisième) couteaux de l’époque…. qui me faisaient déjà moyennement frétiller quand j’étais ado’ !

Quoiqu’il en soit, il y a définitivement des influences thrash dans nos titres, c’est certain, mais notre spectre musical est ouvert sur d’autres sonorités, comme le hard core mid-tempo et le rock super musclé… en fait je me concentre sur le riffing, je veux un truc vraiment efficace, puissant, et on balance quelques ambiances très cinématographiques pour pimenter le tout.

Je trouve que Municipal Waste ont fait un bien fou quand ils sont arrivés, il y a une dizaine d’années, ce côté fendard et décomplexé, ça a un peu décoincé le trip metal/thrash qui se prend parfois un peu trop au sérieux… mais ce qui était leur force est devenu leur faiblesse, un côté quasi « pastiche » qui peut parfois être un peu lourdingue.
En France, j’ai adoré l’album de Perversifier (« Perverting the Masses »), un must have.



9. Peut-on dire que tu es un nostalgique de l'époque de la fin des 80s où le crossover a émergé, outre la musique, la scène était-elle différente de celle d'aujourd'hui ?

Non, je ne suis pas spécialement nostalgique de cette scène en particulier, en tout cas pas QUE de scène scène… j’adore vraiment cette période là car c’est une tranche de vie qui a beaucoup comptée pour moi, l'adolescence… C’est une période charnière où tu prends tout dans la gueule... j’étais vraiment curieux, boulimique de culture, de groupes, de concerts, de comic-books, de romans, de films, de disques, c’est une période où tu as faim, tu découvres, tu tries, tu essaies de comprendre… J’ai été marqué au fer rouge par les années 80 et 90, et je garde un excellent souvenir de ces années là. Je pense que tout était moins cloisonné, ça me semblait plus décomplexé aussi, plus fou, tout était permis, sans se soucier de la police du bon goût… c’était une période moins cynique, tout simplement.


10. La fin des 80s était aussi marquée par une vraie culture du Do It Yourself - héritée du punk – dans le monde du metal avec les groupes qui publient leurs démos, le tape trading et le fanzinat. Peut-on dire que c'est un mode de fonctionnement, voir mode de vie pour toi ?

Le DIY est encore en vigueur, et bien vivace, dans la scène punk hardcore et la scène metal underground, c’est même un mode fonctionnement qui tend à se solidifier vu la décrépitude du business musical et culturel actuel. Pour ma part, je publie des fanzines depuis une grosse quinzaine d’années (des zines axés ciné bis/horror, musique, comic-books, littérature populaire, etc.)… Mais avec mes groupes, je ne peux pas vraiment dire que j’évolue dans le pur esprit Do It Yourself puisque j’ai toujours été aidé par des labels, des distributeurs et diverses structures... tous les albums de The Black Zombie Procession ont été sortis par le label Kicking Records (en activité depuis 8 ans, qui compte environ 70 productions à son actif), et le nouvel album est distribué nationalement par PIAS, donc dispo’ en magasin un peu partout. Idem pour les autres groupes dans lesquels j’ai joué, je n’ai jamais sorti moi-même mes propres disques, tout mon catalogue est -ou a été- géré par des labels et des distributeurs, chacun son job.

A la fin des années 80, il y avait un côté bricolage évident car tout restait à faire, toutes les techniques, même les plus artisanales, étaient bonnes à prendre pour communiquer avec d’autres gens à l’autre bout du pays voire de la planète, idem pour les groupes qui voulaient faire tourner leurs démos et se faire des contacts. Pas d’Internet, juste du papier, un stylo et quelques timbres… Là, en 2014, quand je vois des groupes de la scène underground (punk ou metal) qui sortent leur prod’ en format K7, c’est un gimmick, rien d’autre. Là, du coup, on est en pleine nostalgie, on mime ce qui s’est fait il y a 25 ans, on calque un délire pour faire comme les tontons, sauf que la manière de produire, d’enregistrer, de distribuer et d’écouter des disques a énormément changé… sortir une k7 en 2014, honnêtement je ne vois pas l’utilité, hormis de rentrer dans une logique de merch’ un poil trendy. Autant un fanzine papier a encore une vraie fonction, celle de contrer cette culture de l’information rapide et non traitée d’Internet, sans compter un plaisir de lecture évident, tenir une publication dans les mains, tourner les pages, lire et relire les articles, archiver, etc. Mais écouter une k7… Un vinyl, oui carrément, car contrairement à ce qu’on essaie de nous faire croire, ce support n’a jamais vraiment disparu, et qu’il s’inscrit aussi dans une tradition de l’objet, que l’on peut prendre le temps d’écouter, que l’on peut archiver, que l’on peut même exposer dans sa discothèque, et je ne parle même pas des caractéristiques de son qui sont évidemment différentes du support CD ou des formats digitaux…
Bon après, je dis ça, mais je regarde encore des films en support VHS, ha ha ha…


11. Je parlais de nostalgie des années 85-90 en référence à ton projet de livre sur la scène death française de l'époque. Comment vous est venu l'idée de ce bouquin ?

Il existe de superbes ouvrages qui archivent les scènes nord-américaines et scandinaves. En les lisant, je me suis dit que la scène Thrash /Death française, des années 1985/1995 grosso modo, méritait elle aussi d’être archivée. A un niveau personnel, certains des groupes de cette scène m’ont fait passer de sacrés bon moments à l’époque, et ils font partie des premiers groupes que j’ai vus en concert…
L’idée de rencontrer ces groupes, les plus importants et ceux qui sont restés dans l’ombre, et de revenir en détail sur cette période, via des interviews fleuves et des témoignages, me semblait hyper intéressante.
J’ai soumis l’idée à mon pote Jérémie Grima, qui venait tout juste d’écrire la biographie de Sup/Supuration (« Trace Ecrite », chez Camion Blanc)… Son livre, c’était en quelque sorte un premier pas vers un ouvrage plus global sur cette scène française fourmillante, souvent mésestimée et méconnue des plus jeunes générations. Je lui ai demandé s’il était partant pour co-écrire le livre avec moi, il a accepté sans réfléchir, et on s’est mis au travail dans la foulée.


12. Quand tu vois que Noise sort un dossier qui correspond exactement au thème de ton livre dans leur dernier numéro, tu le prends comment ?

Je n’ai pas l’exclusivité du sujet, ça ne me pose aucun problème… C’est Olivier Badin qui propose cet article. On l’a d’ailleurs interviewé pour le livre (après avoir su qu’il préparait un article sur le sujet), puisqu’on a rencontré quelques journalistes de l’époque, et quelques journalistes actuels qui ont connus cette époque. Ça fait déjà une dizaine de mois que l’on travaille activement sur ce livre, ça a dû lui donner des idées, je me dis qu’il est impossible qu’il n’en ait pas eu vent… mais c’est une bonne chose de proposer ce genre d’article dans un magazine plus porté sur des scènes modernes.

L’idée, avec ce livre, est de porter la flamme de cette scène, de se rappeler qu’il y a eu des groupes qui ont bricolé et qui ont posé les bases d’une scène extrême… donc, tous les moyens sont bons pour mettre un peu de lumière sur le sujet, c’est positif. Je n’ai pas encore lu cet article… la grosse différence, c’est qu’on traite d’une énorme partie de la scène et pas seulement des 8 gros noms de l’époque, on a fait un gros tour d’horizon de cette scène, via de longues interviews, on a privilégié le côté « histoire orale », on a également creusé du côté des activistes, des fanzineux, des illustrateurs, des tape-traders, des labels, des journalistes, et on fait un gros boulot d’archivage en ce qui concerne les flyers, les affiches, les visuels. On veut proposer un gros bouquin, soigné, bien présenté, et respectueux du mood de cette période. On veut vraiment éviter le côté « thèse sur le metal », on veut un livre qui soit agréable à lire.


13. N'as-tu pas le sentiment qu'on idéalise un peu trop cette époque à grand coup de "C'était mieux avant" ? Les années 2000 et 2010 ont tout de même pas mal d'avantages sur cette époque la non ?

Alors nous, dans ce livre, on idéalise pas du tout cette époque, ce n’est pas du tout l’angle d’écriture que l’on a choisi… notre but étant simplement de documenter, d’archiver et de laisser la parole aux personnes qui ont été impliquées, par un moyen ou un autre, dans cette scène. Notre volonté est de permettre aux gens qui ont vécu tout ça, en spectateur ou en acteur, de pouvoir se remettre la tête dedans et de se rappeler quelques bons vieux souvenirs ; mais ce livre sera aussi un moyen pour les générations qui sont venues après cette scène originelle de pouvoir creuser sur le sujet, un bon moyen de constater que le metal extrême (comme on l’appelle de nos jours) a des racines solides dans ce pays.

Quant au fameux « c’était mieux avant », sans forcément y souscrire, je trouve plutôt sain que chaque générations aient ses propres bornes culturelles… les années 60, 70, 80, 90 et 2000 (et même avant, bien entendu) ont leurs propres bases culturelles, que ce soit en cinéma, en musique, en littérature, en BD. Il est tout à fait naturel que les gens qui aient grandi dans ces décades soient touchés (voir traumatisés, ha ha) par ce qu’ils ont connu et traversé. Ce qui n’implique pas forcément un rejet des choses plus actuelles, bien entendu.

Personnellement, pour ce qui est des sujets qui m’intéressent et me divertissent, à savoir le cinéma, la musique et la littérature/bd, je privilégie la fin des années 70, les années 80 et les années 90 parce que ce sont celles qui m’ont façonné… Et plus largement, je dirais que le ciné d’horreur a connu son heure de gloire dans ces années, c’est indéniable, idem pour le metal et le hardcore, dur de nier que ces périodes ont vu éclore les plus grands groupes dans les styles thrash/death/black ainsi que dans les courant punk et hardcore.
Quand j’ai envie de poser un skeud de thrash sur ma platine, je vais plus facilement mettre un Megadeth, Anthrax, Kreator, Forbidden, Hirax, Sadus de l’époque qu’un groupe actuel qui ne fait que calquer la formule des ces groupes… Idem pour le death, je vais préférer écouter un groupe issu de la grande scène de Tampa plutôt que d’acheter un groupe moderne reprenant les mêmes codes en se cachant derrière la formule « old school revival »… ça me semble logique, non ?
Même si dans les nouveaux groupes, il y a ça et là des groupes intéressant, aucun problème sur ce point.

Au ciné, en terme d’horreur, depuis 20 ans, il n’y a quasiment que des remakes, des séquelles, des préquelles et des reboots… Pour les comics, tu peux constater que les rééditions de back catalog chez Marvel par exemple, ça doit représenter 70% de leurs sorties actuelles… Bon, en BD, il y aussi de supers trucs dans les nouveaux titres, je ne veux pas faire des raccourcis trop faciles.

En musique je ne vois quasiment que des vagues revivalistes : du revival thrash, de revival black originel, du revival prog’, du revival 70s, de revival death à l’ancienne, du revival post-punk, du revival hardcore 80, etc. Le business culturel est tourné vers le passé, car tout a été fait, refait et re-re fait, tout simplement. C’est un cycle continu et immuable. Tu ne peux pas pointer du doigt un mec en lui disant « hé mec, tu es nostalgique, vieux crouton ! », alors toute la société du spectacle, de la musique, du cinéma et plus globalement du divertissement regarde dans le rétroviseur et nous ressert le même plat réchauffé, encore et encore. Affirmer que tout a été fait, et d’une manière plus décomplexée, plus naturelle, plus spontanée, ce n’est pas se poser comme un nostalgique indécrottable, c’est juste être conscient de ce qui nous entoure, et de ne pas être dupe.

Pour revenir à BZP, je pense que le disque peut être apprécié autant par un mec qui bloque sur les scènes fin 80/ début 90 que par un môme qui écoute du metal core ou du hardcore fortement métallisé... je pense qu'on a su éviter le piège du truc trop passéiste.



14. Comme on vient d'évoquer les bouquins en cours, parlons de celui qui vient de sortir à savoir “Explosions Textiles – Mon premier T-shirt de Groupe”. Peux tu en dire plus sur cet ouvrage et ce qu'on va retrouver dedans ?

Ce livre est un recueil de 45 textes, écris par des musiciens, des journalistes, des auteurs, des illustrateurs et des activistes. Il est sorti cette année (mars 2014), publié par Kicking Books et ma structure Everyday is Like Sunday Edition, trouvable à peu près partout (et sur mon site). Le sujet est simple : le premier T-Shirt de groupe acheté. C’est souvent une belle expérience… On parle souvent du premier disque, du premier concert, mais rarement du premier T-Shirt, et pourtant ça a une grande importance. Personnellement je suis obsédé par les T-shirts (de groupes, mais aussi de films). Le choix du bon T-shirt, c’est un rituel sacré tous les matins, depuis que je suis ado’.
« Quel est ton premier T-Shirt de groupe ?», c’est une question que je posais il y a quelques années à tous les mecs que j’interviewais pour mon fanzine. J’ai pensé que ça ferait une très bonne idée de livre.


15. Pourquoi le 1er T-Shirt et non "Son T-shirt préféré" ? Le premier est souvent une façon de montrer sa rébellion et son identité, c'est quelque fois un choix par défaut plus qu'un choix de passion ?

Le « T-shirt préféré » pourrait trop souvent se rapprocher du « T-shirt de son groupe préféré »… et ce n’est plus du tout la même question. Là, ce que je voulais, c’est rentrer dans le délire de « la première fois ». Le déflorage, quoi. A travers le prisme du « premier T-Shirt », il y a toute une histoire, un contexte, des anecdotes qui y sont liés… c’est souvent durant la période adolescente, au collège ou au lycée, y sont accolées des histoires marrantes, voire touchantes. C’est effectivement souvent un T-shirt de groupe assez connu, de hard-rock ou de punk classique, et c’est aussi -comme tu le soulignes- souvent un moyen de se différencier, une explosion soudaine de personnalité, une envie de se démarquer, un truc juvénile mais aussi un geste pour sortir un peu de la masse. Et c’est pour ça que ça a son importance… Ça aboutit toujours sur une histoire intéressante, avec son lot de nostalgie chaleureuse. Ça peut aussi être lié à un premier concert, avec tout ce que ça draine comme souvenirs croustillants.


16. Aujourd'hui le T-Shirt est un souvent le meilleur moyen d'aider financièrement un groupe. Triste constat des années numériques ?
Le T-shirt (et le merch’ en général) a toujours été un élément important et déterminant dans les styles metal/rock/punk/hardcore… ce qui n’est pas du tout le cas dans les autres musiques, en fait. C’est vraiment une particularité du rock et de ses dérivés. Mais là, depuis quelques années, effectivement, le T-shirt semble avoir pris le pas sur le disque lui-même pour les groupes en tournée… dommage collatéral dû à l’effondrement du business musical et, en grande partie, au téléchargement aveugle et intempestif. En ce qui me concerne, j’aime bien ramener un t-shirt d’un concert que j’ai bien aimé, en guise de souvenir tout simplement, sachant que les albums peuvent être facilement trouvables en boutiques ou sur le net, tandis que le T-Shirt n’est souvent dispo' que sur les stands des groupes.


17. De ton côté, vis tu de la musique et de toutes tes différentes activités ?

Je ne suis pas intermittent du spectacle, si c’est ta question… puisqu’en France c’est le seul moyen de (sur)vivre de la musique et ce n’est pas forcément un statut adapté à la réalité quotidienne du musicien qui joue du rock ou du metal.
Mais mes activités fonctionnent plutôt pas mal, entre les tournées (j’ai fait quelques belles années, même si en ce moment j’ai volontairement décéléré), les concerts ponctuels, le merch en tournée et sur mon site, un peu de sacem de temps en temps, des virements spedidam ici et là pour honorer quelques sessions en studio avec d’autres groupes, la publication annuelle de mon zine ou de livres, etc., c'est du bricolage mais ça roule plutôt correctement, tout ce que je récupère est réinvestit dans mes activités musicales ou mes publications, c’est un espèce de fond de roulement. Pour le reste j’écris dans la presse, je pige pour quelques magazines, ça met du beurre dans les épinards même s'il ne faut pas être très gourmand... et je bosse quand j’en ai besoin dans des jobs pourris, donc purement alimentaires, à mi-temps… des jobs qui me permettent de mettre un peu de blé de côté, des trucs vraiment ponctuels, qui dépannent. Pour synthétiser, je ne fais pas la distinction entre la musique et l’écriture, tout est lié, les disques, les concerts, les fanzines, les livres, les piges, tout ça compose mon petit univers, une activité se nourrit de l’autre, c’est indissociable.



18. Le punk et le metal ont toujours eu beaucoup de mal à se mélanger en France dans les 80s et 90s où les metalleux trouvaient que le punk était "une musique basique trop mal produite" et les punks rejetait le look ou le folklore de la scène. Aujourd'hui, les groupes de punks sont mieux accueillis par les metalleux (comme le prouve les concerts des Sherifs au Motocultor ou à l’X-TremeFest). Comment expliques-tu cela ?

Effectivement, dans les années 80 il y avait clairement un clivage entre les deux genres. D’un côté le hard rock/heavy metal traditionnel et de l’autre le punk/hardcore. Mais les deux camps se sont influencés l’un et l’autre, dans la plupart des cas ces scènes se sont durcies d’ailleurs… Les scènes thrash, death, black et grind sont allées puiser dans les racines punk et hardcore pour le côté frontal, énergique, spontané et sans concession… et de l’autre côté le punk hardcore s’est largement nourri de la scène metal au fil des années, dans le son et même le jeu… Il n’est d’ailleurs pas rare de voir de photos promos de groupes de metal avec des T-Shirt de groupe punk/hardcore et des groupes de punk/hardcore avec des T-Shirt de groupes metal… Les deux scènes se vampirisent, c’est une bonne chose. Ces deux styles sont des réactions à la musique/culture de masse, normal que leurs chemins aient fini par se croiser.


19. Pourtant en mélangeant le punk et le metal, on peut créer des trucs uniques. Tu peux me citer quelques exemples de groupe qui te tiennent à cœur ?

Déjà, pour moi, le mouvement thrash est la rencontre évidente de ces deux styles. Tu ajoutes des gouttes de punk et de hardcore dans le speed metal du début des 80’s et tu obtiens l’essence même du thrash , tout simplement. Et, par extension, il y a eu la scène crossover, qui est un sous genre du thrash lui-même, avec des côtés hardcore encore plus prononcé, dans le tempo, le jeu, l’imagerie et même les thèmes des lyrics. Ca me semble le plus bel exemple de la rencontre des cultures punk et metal. Les groupes crossover que j’ai cité dans une question précédente rentrent tous dans ce cas de figure…


20. Je gère VS depuis 15 ans et au fil des années, j'ai connu ou bossé avec un paquet d'activistes en tout genre. Comme je te l'ai dis avant l'interview, je suis surpris qu'on ait attendu 2014 pour échanger. Je te donne donc la parole pour mettre à l'honneur quelques activistes de la scène qui sont comme toi dans l'ombre et dont le travail mériterait plus d'exposition.

Yep, bizarre, je dis toujours qu’on « vit sur une petite planète », et bien pas tant que ça finalement… En général les gens aiment bien pouvoir tout mettre dans une case, lier une personne à un style, un groupe ou à une activité précise… quand tu touches à tout et que tu es sur plusieurs créneaux, dans plusieurs styles, sur plusieurs supports, ça rend les choses plus compliquer à comprendre et à assimiler… comme je le disais, je suis à cheval sur les culture hardcore, punk et metal, je touche aussi à la culture ciné et comics, aux podcasts, au fanzinat, à l’édition, à l’organisation de concert, etc. Trop d’informations tue l’information je suppose… mais c’est comme ça que je prends plaisir à faire mon truc.

Il y a un paquet d’activistes en France, dans toutes les scènes et dans tous les créneaux… il y a des dizaines d’excellents fanzines centrés sur la culture bis/horror (très peu liés à la scène metal d’ailleurs, ce qui m’a toujours étonné), de très bons fanzines sur la culture punk/hardcore DIY, de bons zines sur la scène metal extrême… il y a beaucoup d’émissions radios, de podcast, d’organisateurs de concert, de distributions indépendantes, de micros-labels, d’illustrateurs… Impossible d’en sortir un plutôt qu’un autre…. Mais tout semble un poil cloisonné. Il faut juste être curieux, décoincer de son ordinateur de temps en temps, aller aux concerts (petits et gros), lire la presse auto-éditée, garder les oreilles ouvertes sur plein de styles musicaux qui vont dans le même sens, bref il faut ratisser large et rester vivant, quoi.


21. Pour conclure, on passe à des petites questions :

- VS s'appelait VIOLENT SOLUTIONS au début : un nom qui évoque en toi
le hardcore ou le metal ?


Un nom qui m’évoque surtout la song de Sacred Reich sur le « Ignorance » ! Et voilà un groupe qui se pose bien dans notre discussion, puisque Sacred Reich, en plus d’être un groupe que j’adore, rentre clairement dans les sujets qu’on a abordés. Ils jouaient clairement un thrash qui sortait du lot, différent des bands de la Bay Area, influencé sur certains points par le punk hardcore, surtout dans les thèmes traités… et ils ont partagé l’affiche avec énormément de groupe crossover à l’époque… d’ailleurs pourquoi vous n’avez pas gardé ce nom, Violent Solutions ? Excellent blase !

- Tu penses quoi de la reformation des BLACK FLAG ?

J’adore Black Flag, surtout la période avec Henry Rollins… mais je ne me suis pas du tout intéressé à tout ce mic-mac de reformations et tout ce qui a suivi, les procès, etc. Il y avait la version de Greg Ginn et l’autre version avec les autres membres… L’un ou l’autre, totalement anecdotique. J’ai vu Off!, le groupe de Keith Morris (un des chanteurs de Black Flag) en concert à Los Angeles il y a quelques années, ce groupe singeait déjà à la note près le Black Flag des grandes années, idem ça ne m’a pas fait un gros effet… Black Flag sans Rollins = intérêt très limité. Black Flag en 2014 = vide absolu.

- Ton album favori de la scène française death metal 85/95 ?

Ouch, question difficile… vraiment dur de n’en sortir qu’un seul… mais je dirais « The Cube » de Supuration, « Sublime Dementia » de Loudblast, sans oublier deux albums de Massacra que j’apprécie particulièrement « Enjoy the Violence » et « Signs of the Decline »… mais bon, je pourrais citer quelques autres albums qui m’ont bien marqué à l’époque.



- Glenn Danzig qui fait un album de reprises d’Elvis, tu en penses quoi ?

Pure invention de ta part, mais pas impossible… il a déjà écrit pour Roy Orbison et Johnny Cash, reprendre Elvis est tout à fait dans ses cordes (vocales) ! Par contre, il bosse réellement sur un album de reprises de génériques de vieilles séries… Glenn is the King !

- Tu es situé géographiquement près de la frontière suisse/allemande, quel est ton regard sur un artiste comme FADADES (https://www.youtube.com/watch?v=Qp9V2bpT1cI )

Je n’ai absolument pas le temps de m’intéresser à ce genre de trucs… de même que je n’ai pas le temps de regarder des vidéos de mecs qui jouent le solo d’Eruption avec les doigts de pieds, une gamine de 2 ans et demi reprendre parfaitement les plans de Dave Lombardo sur un mini-kit ou encore un mec qui rejoue l’intégralité du premier Burzum en pétant dans un tuyau en plastique.
J’ai des tonnes de films à regarder, de livres et de comics à lire, de disques à écouter et d’albums à enregistrer, Fadades peut bien faire ce qu’il veut de ses dix doigts, ça n’aura jamais aucune incidence sur mon cycle de sommeil.

- Rob Zombie est plus doué pour le cinéma ou la musique ?

Je dirais que Rob Zombie est tout simplement un mec qui s’est donné les moyens de concrétiser ses envies afin de façonner son univers artistique. Il est cohérent de A à Z, multi-cartes et c’est un vrai passionné de culture horrifique… Que l’on aime ou pas sa musique ou ses films, il propose depuis ses débuts sa propre vision… Il a reprit le trip d’Alice Cooper et de Kiss, pour en faire une version plus moderne. Je n’aime pas tout ce qu’il a fait en solo (même si je trouve ses skeuds toujours bien chiadés, au niveau des illustrations, des samples et de la production), mais je suis un gros fan de White Zombie… J’aime bien quelques uns de ses films, son dernier en date « The Lords of Salem » est vraiment cool. Halloween 2 était bien efficace aussi, extrêmement bourrin, ça me va… Et Devil’s Rejects avait une ambiance bien poisseuse, un film jouissif. Son travail est extrêmement influencé, il y a beaucoup de références, trop parfois, mais j’ai un gros respect pour sa carrière en général. Je partage les mêmes passions que lui… il a également scénarisé de cool comics (The Nail en est le meilleur exemple)… bref il propose un univers généreux et référencé, c’est un gros travailleur, et c’est une des figures immanquables de trip horror depuis 20 ans. Total Respect.

- Elibats, c'est ton frère ou ton meilleur pote ?

Je n’ai pas de frère. J’ai une sœur, par contre. Elibats fait partie de mes meilleurs potes, c’est sûr… On partage énormément de trucs en commun, on parle le même langage et on s’intéresse aux mêmes délires…J’ai joué dans son groupe Hellbats en 2006, à la basse, un groupe à la croisée des chemins de Turbonegro des débuts, d’Unsane et the Meteors, mix de psychobilly et de heavy rock massif. Musicalement, on est complémentaires, sa vision est très proche de la mienne… Il baigne comme moi dans le trip horror et il est ouvert et pointu musicalement… On peut parler de vieux groupes garage barrés et obscurs, de surf music, de death metal de seconde zone, de comics introuvables, de films splatter gore et d’auteurs obscurs. Il est un membre important, voir décisif et irremplaçable, de la nouvelle formule de The Black Zombie Procession.

- Un dernier mot à nos lecteurs…

Merci beaucoup pour l’interview et pour le soutien. Que ceux que je n’ai pas endormi et qui veulent gratter un peu d’infos sur mes activités n’hésitent pas à aller faire un tour sur mon site personnel, tout y est : likesunday

Le site de the Black Zombie Procession : the Black Zombie Procession

La page facebook tout récente : The Black Zombie book

Mon site merch pour ceux qui veulent commander le nouvel album de BZP, mes fanzines, livres ou autre : www.nastymerch.com
Auteur
Commentaire
Kairos
IP:86.221.255.210
Invité
Posté le: 01/09/2014 à 20h28 - (1300)
Un personnage passionné et très interessant. le podcast qu'il co-anime avec Elibats (NOW IT'S DARK) est franchement sympathique pour celui qui cherche a découvrir des nouveauté, des bizarreries musicales en tous genres ou même pour se rappeler de vieilles perles.
je n'aime pas spécialement ce qu'il se faisait en musique dans les années 80, par contre je le rejoint entièrement sur le cinéma de genre des 80's, tellement plus puissant que celui d'aujourd'hui.

mabarvro
Membre enregistré
Posté le: 01/09/2014 à 20h53 - (1301)
Totalement d'accord avec Kairos. Son émission est excellente.

JTDP
Membre enregistré
Posté le: 01/09/2014 à 20h54 - (1302)
Super interview !!! Je n'y connais que dalle en culture bis, thrash, punk et hardcore mais j'ai trouvé cet échange fleuve vraiment passionnant ! Son activisme et son propos intelligent et très intéressant (notamment sur la question des revival et de l'évolution de la scène rock au sens général du terme) donne envie et fait sacrément plaisir à lire !

SABBAT71
Membre enregistré
Posté le: 02/09/2014 à 07h24 - (1303)
Un seul mot : bravo à ce mec et à cette belle interview qui me replonge dans cette ambiance de ces années là. Je me retrouve totalement dans certains passages.
Et l'album, que j'ai acheté en vinyle, ha, ha, est très bon !!!



bangala
IP:92.88.122.109
Invité
Posté le: 02/09/2014 à 15h09 - (1304)
je suis The Black Zombie Procession et les projets de Nasty Samy depuis 2008 et "Mess With The Best, Die Like The Rest" dont j'avais vu une chronique dans Sugar, magazine de skate. Content de le voir aujourd'hui sur VS! Quand on parle de "real underground" on en a là un vrai militant! Chapeau et merci pour tout!

RockandLife
IP:83.196.139.17
Invité
Posté le: 24/09/2014 à 22h47 - (1327)
J'adore c'est génial d'avoir gardé cette culture rock riche, de véritables valeurs !

Just rock !
IP:92.130.63.134
Invité
Posté le: 01/10/2014 à 19h46 - (1336)
Qlqs notes Amadeus ! Ca fait flipper grave !

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