Nico (Chant+Guitare) et Stef (Guitare) - TAGADA JONES par ..::JU::.. - 6594 lectures
20 ans de passion musicale, 20 ans d'activisme et de live, 20 ans d'indépendance et de revendications, 20 ans passés à jouer, enregistrer et tourner. 20 ans de Punk/HxC. Respect.
Et forcément, 20 ans, ça se fête !

Fraichement auréolé de la sortie de leur nouvel (excellent) album, "Dissident", TAGADA est surtout un groupe passionnant et bavard, qui a toujours beaucoup de choses à raconter et à revendiquer...

Voici une interview très intéressante de Nico et Stef, réalisée fin décembre, avant un concert du groupe...




Salut les Tagada !! Merci de me recevoir, déjà ! C'est un vrai plaisir de passer du temps avec vous.
Vous avez fait plusieurs dates récemment, ça se passe bien ?
Nico Oui on a fait une dizaine de date déjà, à l'occasion de la sortie de notre DVD; mais le gros de la tournée c'est en 2014. Et oui ça s'est très très bien passé ! Avec 3 ou 4 dates complètes.
En ce moment on a un planning assez chargé, avec la préparation et la sortie de notre CD/DVD live, on a enchaîne avec plusieurs dates, puis on est entré en studio afin d'enregistrer le nouvel album, qui sortira le 17 février.NdJU : Interview réalisée fin décembre...
C'est un peu le "vrai" album des 20 ans, avec 20 titres, avec des nouveaux morceaux bien sur, mais aussi des reprises et des collaborations.

20 ans de Tagada, bravo et respect. Vous avez du en faire un paquet d'interview, en 20 ans...?
Stef Ouaip c'est clair, surtout Nico !
Nico C'est sur ! Quand on se dit qu'on a du faire, dans 1600/1700 concerts en 20 ans, à raison d'une, 2 ou 3 interview par soir de concert, c'est sur que oui, on en a fait déjà un bon petit paquet...

Bon, du coup, j'ai pensé à vous, et je me suis dit que ça serait sympa si je changeait un peu l'approche de mes questions.
Si ça vous dit, je vais introduire chaque question par un extrait de parole d'une de vos chansons, extrait qui posera la thématique de ma question. Mais faudra avant que vous retrouviez le titre du morceau ..!

Nico Haha, tu veux nous faire bosser !
Ouais normalement on devrait y arriver ..! (rires)

"On aura au moins essayé, De faire ce qui nous plait, De vivre sans filet"
Stef : DIY !!
Nico Ouais, facile !! On la joue en plus, celle là.
DIY, indépendant depuis toujours, ça fait partie de l'identité Tagada Jones ...
Nico Oui, c'est même plus que ça, on a vraiment tout bâti autour de ça.
Via la structure Enragés, aujourd'hui ?
Nico Oui, en fait quand on a créé le groupe, on s'est fait entuber de quelques dizaines ou centaines de francs par un pote qui était un peu manager, et tout de suite on s'est dit : on va tout gérer nous même, esprit Punk à fond. Donc on a monté notre propre structure pour tourner, notre structure pour sortir des disques, pour être indépendant et autonome tout de suite.
Ah oui donc Enragés date du tout début du groupe ?
Nico Ouais, mais il n'y avait même pas de nom à l'époque, on gérait ça au travers d'une asso'. C'est en 96, je crois, qu'on a créé vraiment l'asso Enragé. Mais bon, notre premier skeud est sorti en 95, via cette structure qui n'avait pas vraiment de nom. C'était vraiment le début du DIY total pour nous, et le début d'Enragé quelques temps plus tard.


Aujourd'hui, la petite asso Enragé est devenu "grande", comment fonctionne-t-elle exactement, qui la gère?
Nico En gros, de l'aventure du départ, il ne reste que Séverine et moi. Les premiers membres sont partis au fur et à mesure, et on s'est retrouvé tous les 2 pour gérer l'asso. Les autres membres du groupe ne sont pas forcément intéressé par ça, donc ce sont des personnes plus ou moins extérieurs au groupe qui ont petit à petit fait grossir l'asso.
Petit à petit l'activité à grossit, et aujourd'hui Enragés fait bosser 5 personnes à temps plein, sans compter des centaines d'intermittents par an, en fonction des concerts.

Pas mal ! La petite asso est devenue grande. Donc aujourd'hui, l'activité dont tu parles regroupe Rage Tour et Enrage Prod...
Nico Oui exactement. Mais ça s'est fait vraiment progressivement ...
Au départ, on n'avait pas l'idée d'une asso en tête. On avait simplement développé des réseaux un peu partout pour jouer en France ou à l'étranger, car on a très vite, dès le début, fait pas mal d'échanges avec des groupes qui avaient le même fonctionnement que nous. On allait faire leur première partie, ils venaient faire la notre, et comme on tournait pas mal, on a rapidement tissé une sorte de réseau en toile d'araignée, avec beaucoup de contacts.

Loran résume bien ça dans notre DVD, il dit "TAGADA ils ont réussis à concrétiser les idéaux des groupes alternatifs des années 80, ils ont réussi un peu à faire ce que les Béru n'ont jamais réussi à faire"
On est les enfants de cette génération là, on a tous grandit avec ces groupes alternatifs, et forcément quand on a commencé l'aventure TAGADA, on a tout de suite eut envie d'être indépendant et autonome, car ce sont eux qui nous ont mis ça dans la tête !

Au départ, on a eu quelques contacts avec des labels, mais on a toujours refusé, uniquement car on a toujours voulu se démerder tout seul, et faire vraiment ce qu'on voulait.
Et ... 20 après, ben on est bien content de nos choix, quand on voit le bordel que c'est, avec tous les labels qui se sont cassés la gueule, tous les groupes qui se sont fait avoir ou volé, et tout ça...!

A t'entendre, au delà de vos idéaux et de cette indépendance, vous ressentez aussi de la fierté, d'être arrivé jusque là avec Tagada, tout seuls ?
Stef C'est aussi notre marque de fabrique, notre identité,
Nico Hum, oui oui, carrément ! Puis c'est aussi un beau challenge. Voir même un bon exemple aussi pour la nouvelle génération, pour les groupes qui se forment.
On retrouve de plus en plus maintenant ce fonctionnement indépendant de toutes façons. Maintenant qu'il n'y a plus d'argent, et que les labels ne financent plus, les groupes doivent se démerder tout seul, tout construire et avoir des idées par eux-même. Comme ce qu'on a fait, on n'avait pas une thune non plus au début, on a appris, on a galéré...
Mais voilà, TAGADA, c'est aussi une façon de montrer que tout le monde peut y arriver tout seul finalement


Tu m'as parlé un peu du CD Live et DVD, "20 ans d'Ombres et de Lumières", qui aborde assez bien tout ça justement.
Comme s'est déroulée la réalisation du documentaire qu'on trouve sur le DVD ?
Stef On voulait surtout avec ce documentaire montrer vraiment notre état d'esprit, et notre bonne humeur. On est pas mal porté sur la déconne, et on voulait que le documentaire soit un peu le reflet de tout ça.
On est assez fier au final, car ça montre bien l'état d'esprit qui anime le groupe, et ça nous montre vraiment tels qu'on est.
Nico Le gars qui a réalisé ce documentaire (Hervé-Jacques Passard), ça fait quasiment 15 ans qu'il vient régulièrement avec nous en tournée, donc depuis le temps il avait une base de données de vidéos assez incroyable.
D'ailleurs, au départ il pensait qu'il allait pouvoir faire un truc d'1 heure, mais lorsqu'il a vraiment commencé à bosser sur le documentaire, il s'est aperçu qu'il avait 8 ou 9h d'images exploitables ! Donc là on s'est dit, ouais ça fait un peu long là ! Va falloir faire quelque chose... haha

Ce projet de documentaire, c'est un truc que vous vouliez faire depuis longtemps ?
Nico Oui et non, en fait c'est surtout parce qu'on savait qu'Hervé-Jacques avait beaucoup de matos exploitable ; et là on était arrivé au moment de faire quelque chose avec ça...
Mais surtout, avec ce documentaire, les gens vont s'apercevoir que depuis le début, TAGADA ne s'est jamais trop pris au sérieux, mais n'a jamais fait semblant.
Il y a beaucoup de groupes qu'on croise régulièrement en concerts, et qui sortent aussi des DVD, mais dont le contenu est enjolivé ou retravaillé. Ce n'est pas vraiment le reflet de la réalité des tournées et de la vie d'un groupe.

Le pire c'est dans le Metal, faut toujours se faire un peu briller...
Quand tu regardes certains DVD, t'as l'impression que les groupes français de Metal jouent dans des supers grosses salles, avec toujours plein de monde. Mais bon, la réalité est quand même hyper éloignée de ça ! Ils jouent aussi dans des petites salles de province, se prennent parfois des bides, comme tout le monde, en fait !
Nous on voulait vraiment montrer la réalité. Dans le documentaire, il y a de tout : des festivals comme les Vieilles Charrues, mais aussi des toutes petites salles, ou un bar. Parce que c'est ça la réalité, et parce que ça nous fait toujours aussi plaisir de jouer dans des grandes salles que dans des bars !

Sans compter qu'en terme d'ambiance, entre bar et festival, c'est vraiment différent ; vous préférez quoi, à choisir ?
Nico Ah ben nous, plus on est proche du public, et plus on aime ça !
Stef Dans les festivals, on est vraiment loin des gens en fait, c'est ... différent. On nous demande parfois si c'est pas trop flippant de jouer devant autant de monde, mais en fait, c'est presque moins flippant que dans des toutes petites salles ; car là t'as vraiment la personne en face de toi, alors qu'en festival c'est un peu plus impersonnel
Nico Ce qui est déstabilisant sur les fests, c'est que tu n'as pas trop le retour du public, malgré le monde qui est présent.
Tu vois, on joue depuis tellement longtemps, qu'on ne répète plus jamais. On préfère boire un coup ensemble plutôt que de prendre nos guitares.
Et ce qu'on aime, quand on joue de la musique, c'est l'échange avec les gens. Le retour du public par rapport à ce que tu joues. C'est ça qui est important avant tout pour nous. Et quand tu joues dans un gros festival, c'est un peu démonstratif, mais tu ne l'as pas ce retour...

Oui, je comprends. Et justement, en parlant de festival, vous êtes sur l'affiche du Hellfest 2014, c'est la première fois que TAGADA JONES y est... Ca représente quoi cette date pour vous ?
Stef On a déjà joué au Hellfest l'année dernière avec le Bal Des Enragés. Donc malgré ce que je te disais sur la différence avec les petites salles, moi je suis super fier d'y jouer !
Franchement, le Hellfest c'est mon festival préféré, y'a vraiment une super ambiance.
Nico Oui on est bien sur super content. On a découvert ça avec Le Bal l'année dernière, eux c'est un peu comme nous, ils ont tout monté eux-même, et ne doivent pas grand chose à grand monde, ils se sont bien fait chier dessus aux débuts, faut pas l'oublier...
Comme quoi, les gens qui persévèrent et qui se donnent à fond réussissent toujours à quelque chose.


Allez, On repart sur un autre thème ...
"Finit de vivre sans laisser de traces, ne comptez plus que l'histoire s'efface "
Nico : Heu.... attends... 'La Relève', non ? Ah non, attends (il chantonne...), ah : 'Epidémie' !!
Oui, super ! Une chanson sur le thème d'internet, sur fait qu'on soit tous fichés, c'est ça ?
Nico Ouais, un peu, pas uniquement. On a écrit cette chanson à l'époque du passeport biométrique, mais effectivement ça tourne autour de tout ça, Big Brother, internet, plus moyen de faire un truc justement sans laisser de traces...
De toutes façons, les générations futures, ça sera encore pire, ils ne pourront vraiment rien faire sans être repérés. Même aujourd'hui de toutes façon, ça devient très compliqué de faire des trucs en loucedé. On est né dans les années 70, c'est sans doute l'époque où il y a eu le plus de libertés en France, et depuis, ben l'état grignote tout ça petit à petit...
Et depuis le temps que vous défendez ces positions, vu comme ça évolue, vous n'avez pas un peu les boules...?
Stef Si, c'est sur... Y'a un jour où de toutes façons on sera complètement coincés...
Nico Oui, et puis en même temps on ne se sent pas seul, c'est important. J'ai l'impression que les mentalités évoluent vachement. Aujourd'hui, il y a de plus en plus de gens, et des jeunes surtout, qui adhèrent ou se retrouvent là dedans.
Je me rappelle, quand on a commencé à faire des morceaux sur l'écologie ou le sexisme, dans le Punk/HxC on était quand même les premiers, personne ne chantait de truc sur ces sujets. Et on se foutait un peu de nous. Sauf qu'on avait pas tord non plus, car 20 ans après, on est toujours dans la même merde...
Mais à l'inverse les choses évoluent aussi parfois. L'écologie par exemple, c'était un de nos cheval de bataille, et y'a vraiment eu une prise de conscience là dessus, donc même s'il reste encore beaucoup à faire, c'est motivant aussi de voir que des choses évoluent.

Un peu comme en ce qui concerne la "malbouffe"..?
Nico Oui, carrément, même s'il y a encore beaucoup à faire à mon avis... Il y a quelques années, par exemple, ça avait choqué certaines personnes dans le milieu Punk quand je chantais "Pas de soucis, je veux bien payer le prix", car les gens pensaient que je disais ça car j'avais du pognon. Mais pas du tout !
C'est juste que, quand un mec cultive des produits de la terre, il y a des heures de boulot derrière, et tout ça représente un certain coût.
Et je préfère payer un peu plus cher, pour consommer local et intelligemment, plutôt que de filer mon blé à des multinationales ou des groupes agroalimentaires. Surtout qu'on a la possibilité maintenant d'acheter directement auprès du producteur, ou via des AMAP ou même des coopératives Bio.



Bref, c'est important de ne pas perdre de vue que oui, tout à un coût, mais que je préfère payer plus cher pour ne pas manger de la merde. Et en plus j'ai l'impression que ce message est maintenant bien présent dans l'esprit des gens, que ça soit les jeunes comme nos parents.

C'est vraiment un sujet qui nous tenait beaucoup à cœur, mais maintenant qu'on s'aperçoit que les mentalités évoluent dans ce sens, on ne ressent plus le besoin de continuer à faire des chansons sur ce thème. On préfère consacrer des textes à des choses qui nous tiennent autant à cœur, mais pour lesquelles il y a encore beaucoup à faire...

Depuis 2-3 ans par exemple, on a l'impression qu'il y a une forme de racisme qui se manifeste un peu, de façon latente, donc ça nous donne de nouveau envie de refaire des morceaux là dessus. On fonctionne beaucoup comme ça, on s'inspire essentiellement de nos sensibilité et de notre ressenti.

Stef C'est vrai qu'on est dans une période où, entre les médias et la politique, on sent que certaines personnes n'ont pas peur d'afficher haut et fort qu'elles sont racistes, et ça...

Nico ... on a du mal. Avant, à juste titre, c'était la honte de dire que tu étais raciste, et aujourd'hui c'est l'inverse, on voit plein de réseaux qui se revendiquent racistes, et qui sont fiers de le dire.
Donc forcément, pour nous il y a un combat à reprendre, c'est tout.


Et, je provoque un peu, volontairement, mais à votre avis, où est la frontière entre l'acceptable et le non acceptable, où s'arrête la liberté d'expression ?
Nico Sur le thème du racisme, c'est assez simple je pense : quand tu as des types qui se disent ouvertement "pro Hitler" ou ce genre de choses, comment tu veux pouvoir accepter un truc comme ça ? Là, la limite elle est largement franchie.
Enfin, y'a un moment, liberté d'expression ou pas, si tu veux on est au 21ème siècle, tu peux pas non plus faire du négationnisme sur des choses qui ont réellement eu lieu, et te dire partisan d'un type comme Hitler tout en occultant les camps de concentration ou les millions de morts. Faut arrêter les conneries à un moment donné.
Et en ce qui concerne justement le fascisme ou le racisme, est-ce vous pensez qu'il y a vraiment autant de monde qui est raciste, ou bien est-ce que ça ne serait pas plus un effet de groupe ?
Nico Ce sont aussi les médias qui l'amplifient. Moi je pense qu'il n'y a pas tant de gens que ça qui sont réellement raciste, mais ces gens sont tellement déçus de la gauche, de la droite, de la politique en général, qu'ils n'ont plus de convictions. Ils sont en colère, et ils se laissent berner facilement par des idées comme ça... Le FN par exemple en joue très bien, ils savent diaboliser tout ça, tout en faisant croire qu'ils sont pas si salopards.
Stef Puis surtout, ce qui est triste c'est que le racisme, ça vient de l'ignorance.
Tu ne connais pas, tu as des préjugés, il suffit que t'entende quelque part à la télé qu'un rebeu à cassé la gueule à quelqu'un dans la rue, alors voilà tous les rebeux sont des salauds.
C'est devenu tellement facile de généraliser, et les médias le font très bien ça.
Nico Quand tu parlais des frontières de la liberté de pensée, le dicton le résume bien, "La liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres". Et bien le racisme, clairement, ça va à l'encontre de ça, puisque les idées d'une personne vont radicalement à l'encontre d'une autre.
Stef je pense que la liberté d'expression dépend aussi des gens avec qui tu échanges... On peut discuter sans limite, à partir du moment où les gens sont ouverts au dialogue. A partir du moment où tu discutes avec des personnes qui prônent des systèmes autoritaires, contraires à la démocratie, je considère qu'on ne peut plus discuter, et que la liberté d'expression a atteint ses limites...
Tu peux rire de tout, mais pas avec n'importe qui.


On continue avec un autre extrait de morceau, à retrouver :
"Propager à grande écoute, des tonnes et des tonnes de doutes"..?
Nico Hum, "Ecowar" ? Non...
Non... la suite de la chanson est "Triste réalité, l'info parasite ses idées"
Stef : Ah oui, je l'ai en tête .... "Reality Show" !
Yes, bravo ! Depuis quelques années, le Metal apparaît de plus en plus dans les Medias ; même si c'est encore timide ou raillé, c'est en augmentation constante. Est-ce que vous pensez que le Punk, le Metal, ont vocation à être présent à votre avis dans les médias dits grand public ?
Nico C'est marrant, parce que y'a plein de monde qui me pose cette question. Et franchement, je pense que oui !
On se balade beaucoup à l'étranger, et la France est l'un des rares pays où le Metal n'a pas de place dans les médias. 'Faut pas non plus croire qu'on souhaite des émissions Metal le samedi soir à la place de Drucker, mais entre ça et le néant, il y a de la place pour 'un petit peu'.

Un pote à nous, Stef Buriez, est sans doute celui qui fait la première émission Metal à la télé, "1 Dose 2 Metal", sur l'énôrme Tv, et on voit bien que ça fonctionne, et qu'il y a un public pour ça.
Quand on voit que le Hellfest est l'un des plus gros festival en France, c'est qu'il y a beaucoup de monde qui s'intéresse au Metal, et beaucoup plus que ce que les médias veulent nous faire croire.
Mais les médias ne sont pas les seuls fautifs, l'Etat est tout autant responsable de l'équité et de la diversité. Les communes, l'état, poussent et soutiennent beaucoup de projets culturelles et notamment autour de la musique, mais essentiellement axés autour de la variété. Pas du tout axé autour des musiques alternatives, c'est quand même triste.


On continue avec un autre titre à reconnaître...
"L'homme est devenu impropre à la consommation, véritable parasite de sa reproduction"
Stef Facile, 'S.O.S.' On la joue celle-là.
Bien joué ! 2004, à l'époque, vous gueuliez pour essayer de sensibiliser les gens à défendre la planète. 10 ans plus tard, vous en pensez quoi, de l'état de la planète ?
Nico Arf, c'est triste... Mais, de toutes façons, il y a des pays qui n'en n'ont rien à foutre de tout ça, entre la Chine et les Etats-Unis... De toutes façons y'a bien un moment où ça va nous péter à la gueule, tout ça...
Et c'est pas paradoxal justement, car il y a tout de même une prise de conscience au niveau des gens, mais au niveau de la planète, ça ne fait que se dégrader...
Nico Ca ne fait que se dégrader, car il faut aussi du temps pour que ce courant de pensée, assez récent à l'échelle de l'homme, fasse son chemin dans les mentalités...
En Europe, on paye les conséquence de ce qui a été fait il y a quelques années; mais effectivement les choses changent, les pays imposent des restrictions, donc ça évolue. Heureusement...
Stef C'est la merde, mais il y a une volonté commune de faire quelque chose de mieux
Nico Mais ca a tellement été long à se mettre en place, qu'on récolte aujourd'hui les fruits des arbres qui ont été plantés il y a des années...


Une autre chanson, un autre thème
"Je voudrais juste qu'on me foute la paix, enfin faire ce qu'il me plait"
Nico (qui chantonne) : nanananananana ... heu, ben 'Zéro de Conduite' !
Hey, 100% pour l'instant !! On connait nos chansons ! (rires) Mais sorties du contexte, c'est pas si facile, en fait...
Donc, "Je voudrais juste qu'on me foute la paix, enfin faire ce qu'il me plait".
C'est quoi qui vous plait, avant tout ?

Nico Faire ce qu'on fait aujourd'hui !!! Faire de la musique, aller à la rencontre des gens, voyager..
Et on est super content de vivre une vie qui n'est pas monotone, on est indépendant, grace à ce qu'on a construit, on n'a aucune pression, on a la chance de vivre de notre passion, et c'est extraordinaire...
On roule pas sur l'or, mais en fait on demande pas plus, on est simplement heureux comme ça. Donc c'est tout ça qui nous plait, et on compte bien le faire encore longtemps !
Vous allez prochainement sortir votre nouvel album, "Dissident", qui fêtera aussi vos 20 ans... Vous avez prévu des choses spéciales pour l'occasion ?(Interview réalisée avant la sortie de Dissident...)
Nico Déjà, il aura 20 titres, pour les 20 ans... On bosse dessus depuis 2 ans, on voulait vraiment passer le cap des 20 ans avec un album qui nous ressemble, avec des collaborations, des potes qui sont venus chanter, et 2 reprises également.
On voulait vraiment faire un truc simple, et à notre image. Il n'y a pas de trig, de simulateur de son, ou de trucs comme ça, l'album est hyper naturel.
C'est sur qu'avec tous ces outils, tu arrives à des supers sons maintenant. Mais nous dès le début, on avait choisi de faire un truc plus intègre, et plus énergique, qui nous ressemble. Et on en est super contents !
Vous enregistrez comment, en mode 'live' ou instruments par instruments ?
Nico On avait fait ce mode de fonctionnement live sur l'album précédent, mais là on voulait revenir à la technique classique multi piste, instruments par instruments. Il n'y a pas spécialement de raisons, on change un peu d'album en album, ça dépend.


Un autre titre à reconnaître...
"Ceci est bien une menace, fini le temps des dédicaces"
Nico (qui chantonne....) 'Contre-courant' !
Yeah ! En parlant de contre-courant, que pensez-vous des scènes musicales alternatives en France ?
Stef Moi je la trouve vraiment intéressante, il y a quand même beaucoup de groupe. Ca bouge bien, on voit plein de p'tits jeunes qui proposent de supers trucs. La relève est là !
Nico Effectivement il y a plein de groupes, mais ils ont moins d'endroits pour jouer.... Nous quand on a commencé, on a eu la chance de pouvoir faire plein de squats, de bars, de café-concerts, mais avec toutes les lois sur le bruit, et le statut de musicien amateur non reconnu, on voit de moins en moins de lieux comme ça.
Le problème, c'est que tous les jeunes groupes qui débarquent, où est-ce qu'ils peuvent jouer..? Ils arrivent à décrocher quelques premières parties dans les MJC du coin, mais je pense qu'ils ont vraiment plus de difficultés à trouver des plans pour jouer...
C'est assez paradoxale, car à côté de ça, avec internet il n'a jamais été aussi simple de promouvoir et diffuser sa musique...
Nico Oui tout à fait ! Mais un groupe qui enregistre, et qui ne joue pas, c'est un groupe frustré... Tous les jeunes me posent toujours, toujours la même question : comment on fait pour jouer ? Il n'y en n'a aucun qui estime jouer suffisamment. Nous, tu vois, dès nos débuts, on faisait déjà 60, 70 concerts par ans. Aujourd'hui, un groupe qui débute et qui arrive à faire 10 dates dans l'année, il est déjà content... Tous ces coins qui te permettaient de commencer à jouer, et d'apprendre, ont quasiment disparus...


On continue, avec un autre thème :
"La révolution est en route, ça ne fait plus aucun doute, ça n'est plus qu'une question de temps"

Stef Les Nerfs à vif !
Bien !
La Révolution, thématique Punk, mais également une révolution musicale pour TAGADA JONES, car depuis vos débuts, vous avez pas mal évolué...
Qu'es-ce que qui vous a donné envie de changer ?

Stef On se nourrit de tout ce qu'on écoute, avant tout. Du Punk 77' on en a tous écouté, mais j'aime aussi écouter du Metal, du Hardcore, de l'Indus, et Nico pareil...
Et finalement, pourquoi rester forcément figé dans un style bien précis ? On avait une étiquette Punk, mais ce n'est pas pour ça qu'on ne devait faire que ça
Nico Puis le Punk, c'est avant tout un courant d'idées, et ce courant est plus fort que la musique.

C'est quoi du Punk, en 2013 ? Est-ce que ce n'est pas ce qu'on fait nous ..? 100% DIY, auto-produit, indépendants, on fait la musique qu'on a envie de faire, sans être enfermé dans un carcan. Totalement Punk.
Nous, on a toujours fait de la musique sans aucune barrière, sans se préoccuper du style, peu importe si ça sonne plus Hardcore, Metal, Punk... On s'en fout royalement ! C'est ça aussi, le Punk !

Un autre titre : "Sortons les camisoles, baîllonons ces fous et leurs vaines paroles"
Stef 1 Kulte (et il se met à chanter....)
En quoi vous croyez, personnellement ?
Stef En l'humanité... En espérant toujours qu'elle sera meilleure. Et je crois aussi en l'humain.
Nico Les croyances religieuses, on n'en n'a pas. Mais je n'ai rien contre les personnes qui croient en une religion, si ça peut les aider à avancer et à ne pas voir le noir partout, tant mieux... Comme souvent, ce sont les extrémistes qui font chier, pas ceux qui vivent simplement leur croyance.
Stef Tant que la religion n'essaye pas d'empiéter sur les droits des gens, pour faire valoir leurs idées, je les respecte aussi.
Nico Après, il y a aussi d'autres choses auxquelles je suis sensible ; pas forcément des religions, mais plutôt des croyances. Moi par exemple, j'ai eu la Force Indienne, à un concert... C'est un truc particulier, pas une croyance, mais quelque chose qui te pousse à accepter ou croire qu'il y a des choses un peu ésotériques qu'on ne maitrise pas, mais qui ne sont pas du vent
Et c'est quoi, ça, la force indienne ?
Nico Il y a quelques années, une tribu indienne (issue d'une réserve américaine) était à Lille pour un colloque, pour défendre leur cause ; il y avait des ricains qui voulaient utiliser leur réserve pour construire un observatoire. Le chef indien a voulu, le soir, rencontrer des personnes un peu contestataires, à l'encontre du système ou de la politique. L'organisateur savait qu'on jouait le soir, et leur a proposé de les emmener à un concert Punk...
Et à la fin du concert, le mec est venu nous voir, avec le Chef indien et le sorcier, en me disant qu'ils avaient vu et adoré le concert et qu'ils voulaient me donner la force indienne... Moi je ne savais pas du tout ce que c'était, mais évidemment j'ai accepté, et ils ont fait des incantions et tout...
Depuis, bon, je ne sais pas du tout ce que ça m'a apporté... Mais pour la petite histoire, 2-3 fois j'ai croisé des personnes, que je ne connais absolument pas, qui ne me connaissent pas, mais qui viennent me voir et me disent 'toi, tu as la force indienne'..... Il y quand même des choses non explicables, qui se passent, et qui font réfléchir...
Stef Moi c'est pareil, un jour j'ai rencontré un druide, et il m'a filé la force bretonne. C'est pour ça que je deviens un peu alcoolo...
(Rires...)


Allez une dernière, et après je vous fout la paix.
"Maintenant, c'est à nous de mettre l'image, de la couleur et du son dans le paysage"
Nico Facile, c'est 'La Relève'.
Parfait ! 20 ans d'activisme, 20 ans de musique et de concerts. Est-ce que vous pensez qu'après 20 ans, vous avez justement réussit à mettre un peu de couleur et de son dans le paysage ?
Stef Hum... Peut être un peu, oui...
Quand on voit en concert tous les p'tits jeunes qui viennent nous voir, peut être qu'on sera le petit grain de sel qui lui permettra de voir les choses autrement
Nico L'image, j'en sais rien ; Du son, par contre, on en a mis plein ! On en a mis 1600 ou 1700 fois, donc ça, ca va... (Hahah). La couleur, et bien on espère égayer un peu la vie des gens, et je pense qu'on a pas mal réussit. En général il y a une grande partie des gens qui sont content, et nous le font savoir. C'est à notre échelle, c'est sur, mais c'est déjà ça.

Moi je trouve que vous avez pas mal réussi à metttre un peu tout ça, au moins dans le paysage culturel, car je rencontre régulièrement des personnes, issu du public Metal ou non, qui connaissent TAGADA JONES de nom, sans en avoir entendu une note...
Nico Oui, c'est aussi pour ça qu'on reçoit des propositions pour faire de la politique... Haha !
Ben oui, mais c'est avec le temps, je pense. A force de tourner, de participer à des festivals, à force de mettre des affiches un peu partout, des flyers, les gens retiennent parfois ton nom. On fait quand même 50 dates par an minimum, en France, donc ça participe aussi à faire tourner le nom Tagada Jones...

Bon, c'est la nouvelle année (Interview réalisée fin décembre...... Oui, oui, désolé pour le délai), et il existe une coutume, c'est de se souhaiter plein de trucs sympa. Vous voudriez vous souhaiter quoi ?
Nico 20 autres années de bonheur !
Haha, génial ! C'est ce que je voulais vous souhaiter
Stef Qu'on soit encore là à 60/70 ans à faire les cons
Nico On ne peut pas tricher dans la musique, donc à part des soucis de santé, tant que notre petite flamme sera présent dans nos cœurs, il y a de fortes chances pour qu'on continue comme ça encore longtemps
Et bien j'espère que ça durera encore au moins 20 ans comme ça !
Merci beaucoup à vous deux, pour tout !

Nico & Stef Merci à toi, c'était super !!




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