- - PAYE & TU SIGNES ? par VSGREG - 6072 lectures
En 2014, nous avons décidé de donner une suite au dossier "Le metal a t-il le goût de l'argent ?" réalisé en mai 2011 pour aborder un nouveau sujet lié aux relations entre le metal et l'argent.

Une pratique nouvelle - et surprenante au premier abord - s'est en effet repandue dans la petite sphère metal. Aujourd'hui certains groupes sont prêt à payer pour voir leur nom apparaitre au sein de la discographie d'un label.


1 - Le schéma classique label/groupe

Faisons tout d'abord un petit rappel sur le schéma classique des contrats qui lient un groupe et un label.

Donnons la parole à Mr Z, ex-détecteur de talent chez un label international - qui a voulu conserver l'anonymat - qui nous détaille le fonctionnement habituel :
Dans les grosses structures le contrat type est le suivant : le groupe X reçoit du label Y une avance sur royalties qui lui sert à financer l'enregistrement de sa musique. Une fois cet enregistrement dans la boîte, le label Y produit les Cds ou les vinyles et les met sur le marché via son réseau de distribution. Sur chaque Cd ou vinyle vendu, le groupe touche un certain pourcentage de royalties. Une fois que le montant de royalties du groupe dépasse l'avance reçue pour le studio, le groupe commence à percevoir des royalties.
Les contrats des grosses structures contiennent également le plus souvent des budgets pour la réalisation de visuels (artworks, photos, vidéos) mais aussi des budgets destinés à soutenir financièrement le groupe lorsqu'il embarque sur une tournée.
Ces contrats prévoient le plus souvent que le label Y détient les droits d'exploitation de tel ou tel enregistrement du groupe X mais il arrive aussi que le contrat prévoit que le label Y a uniquement l'autorisation – via une licence – d'exploiter ce même enregistrement pendant une certaine durée, les droits sur celui-ci revenant ensuite dans les mains du groupe.

Dans les structures underground il n'y a bien souvent pas de contrat mais plutôt un accord verbal ou écrit via email où le label Y offre au groupe X de sortir sa prochaine démo ou son prochain album et de le distribuer via sa distro et celles d'autres labels underground. La plupart des labels underground offrent un budget couvrant au moins une fraction du prix du studio ainsi qu'un pourcentage (souvent 10 ou 15%) des Cds ou vinyles qu'il produira avec l'enregistrement dont question.


L'underground, le mot est lâché, que représente t-il aujourd'hui dans un marché où même les groupes supposés gros ont du mal à vendre 1000 exemplaires de leur album.

Comment un label fait-il pour vivre en signant des groupes qui vendent peu et qui ne font ainsi pas gagner d'argent au label ?
Michael Berberian - labelmanager du label Season of Mist - nous précise ainsi

Par le passé, un petit label pouvait espérer faire un peu d'argent sur des petits groupes : c'était le cas pour nous pendant un moment ! ... (aujourd'hui) pour les petits groupes, le boulot n'est PAS RENTABLE à 90% du temps.
Vu ce qu'une machine comme Season « coûte » au mois, un petit groupe qui vend 500 copies, ben ça marche pas, on ne peut plus le faire... donc on est obligés de signer plus gros.


Mais avant de devenir gros, les groupes doivent pouvoir grossir. Si les labels établis ne peuvent plus supporter leurs développements ... on retrouve ainsi des labels jeunes qui sont encore là pour cela !

Nico de Kaotoxin témoigne ainsi
Kaotoxin base intégralement son activité sur le développement de nouveaux talents


On retrouve ce même discours du côté de Jehan Fillat du label Apathia Records qui ajoute
Quand on sort l'album d'un groupe, c'est avec une vision sur le moyen/long-terme, en se disant que l'argent investi servira de base pour frapper plus fort à la sortie de leur prochain album. C'est une logique d'accompagnement.


Dans certains cas, les accords et les "contrats" avec les groupes ne sont plus aussi détaillés et carrés, Mathias Jungbluth à la tête du label Throatruiner Records nous donne les détails de ce qu'il propose aux groupes à son catalogue
Je leur refile 20% de ce qu'on presse (vinyle, CD ou merch), ce qui est le deal le plus courant et pratique pour tout le monde dans les milieux hardcore/punk/metal et cie.
Parfois je leur demande de mettre un peu la main à la pâte pour avoir quelques copies/shirts en rab' à prix coûtant (ce qui est toujours utile pour ceux qui tournent un minimum), et puis après je m'occupe de gérer le pressage, la promo et cie.
Les groupes payent leur studio/artwork, ce qui est une bonne chose, puisqu'ils restent ainsi propriétaires de leur musique (pratique au cas où je voudrais devenir un gros con en utilisant leurs morceaux contre leur volonté) et ça nous permet de conserver ce bon vieux deal "poignée de main" où on peut se faire confiance mutuellement.


Avec ces éclairages, on peut déjà déceler une réalité plus proche où le groupe met logiquement la main à la poche pour le studio et l'artwork pour aboutir à un contrat "tape dans la main" proche de celui plus habituel de la licence.

Et c'est parmi ces labels plus petits qui aident au développement des jeunes groupes qui sortent souvent leurs premiers opus, que l'on retrouve aujourd'hui des labels qui proposent aux groupes de bosser ensemble ... en payant un droit d'entrée.

Une pratique choquante ?
Michael Berberian ne partage pas cet avis :

Que des petits labels disent « mon activité est de t'aider dans ta première étape de ton groupe, je t'amène un minimum de savoir, de promo, de distrib, on partage les frais.. », pourquoi pas.
(...) Season of Mist ne le fait pas, qu'on soit bien clair. Mais ça ne me choque pas quand on comprend vraiment l'économie d'un label.




2 - S'agit-il d'une pratique nouvelle ?

Michael Berberian commence par affirmer que c'est une pratique récente ... avant de revenir dessus en expliquant que cela existait par les passé mais ... pour de grosses formations.
Explications :

Il y avait un label aux US qui marchait de la manière suivante : fournir un label clé en main à des GROS groupes (Mötley Crüe par exemple, mais Ace Frehley aussi avait tenté l'expérience il me semble).
En gros : vous sortez vous-même votre album, nous on vous fournit un service de label entier (promo, distribution, marketing, digital, expéditions, comptabilité, etc.) pour une somme fixe par mois. Car même si 3 crétins crient encore « un label ça sert à rien », les mecs n'ont pas forcément envie de faire eux-mêmes les paquets, la compta, la distribution, mettre les metadonnées en place pour le digital, etc. Un label, c'est plein de gens spécialisés dans plein de choses. Après, certains comme Steve Vai ont sincèrement essayé de faire tout eux-mêmes. D'autres ont préféré prendre une solution clé en main offerte pas une boite US qui avait développé ce concept. Perso, je trouve ça intelligent.

Car après tout, pourquoi pas ?
Un label c'est un service. C'est un travail qui, s'il est bien fait, représente BEAUCOUP de monde et beaucoup d'heures de travail.
Donc un gros groupe peut l'acheter pour une durée donnée.


La vraie nouveauté semble plutôt être que ce sont les groupes de bien moindre envergure qui font appel à des labels "payants" ... ou qui sont sollicités par ces derniers.

Pourquoi faire appel à ce genre de services ?

Matthias de Throatruiner
... pas mal de groupes ont une vision assez naïve et obsolète du milieu


Jehan d'Apathia
...peut-être un manque d’expérience, de vision des choses, je n’en sais vraiment rien. ... très souvent, j’ai l’impression que ce n’est que de la poudre aux yeux l’espace d’un temps


Nicolas de Kaotoxin
Je peux comprendre l’enthousiasme et l’envie d’un groupe de sortir sa production, quelqu’en soit le coût, mais je pense qu’à un certain niveau, en arriver à payer pour obtenir un deal, c’est aussi un manque d’investissement promotionnel du groupe dans la mesure où ce ne sont pas les labels qui manquent (il y en a certainement un bon millier actifs ces temps-ci, quelque soit leur « taille ») et ils finiront toujours par trouver celui qui voudra bien bosser avec eux, gratuitement, si la production en question en vaut la peine.
C’est juste une question d’investissement promotionnel du groupe (je parle en temps, pas financièrement) pour se faire repérer par un label et, surtout, de professionnalisme et de patience, ce dernier point étant bien souvent celui qui manque ...


Mr Z
A mon sens l’origine de cette pratique découle de la démarche tordue des groupes. Je m’explique ! Pour beaucoup de groupes, signer sur un label est un aboutissement en soi alors qu’il n’en est strictement rien.
Ce qui est un aboutissement, c’est signer sur le label qui convient pour son groupe. Cela se remarque fortement via la quantité incroyable de promos de groupe ayant 6 mois d’expérience que reçoivent toutes les grosses structures.




3 - Que propose la plupart des labels aux groupes à travers un deal payant...

Rentrons dans le vif du sujet en parlant de ce que les groupes obtiennent en contrepartie d'un label où il est nécessaire de participer au financement de sa sortie.


Alexandre Saba, fondateur du label M & O MUSIC a bien voulu nous expliquer comment il fonctionnait et ce qu'il proposait aux groupes. Il affirme ainsi que chez M&O Music, il ne faut pas payer pour être signer ... Alexandre explique clairement que le musique reste la chose la plus importante à ses yeux

Personne n'achète sa place chez M & O Music. Le groupe nous envoit son album à écouter et si on aime on propose un deal et nos contitions, si le groupe accèpte, c'est parti ! La musique pour moi reste la chose pour laquelle je me base pour signer un groupe. Après il y a tout le reste à prendre en compte, tout ce qu'il y a autour du groupe (booker, dates, tournées...), mais la musique du groupe est ce qui fait me décider ou non pour une signature.


Alexandre Saba nous précise ainsi les différents types de contrats qu'il soumet aux groupes
Il y a 2 types de contrat que le label M & O MUSIC propose aux groupes (Distribution ou Licence).
La contrat Distribution est un contrat tout simple qui fait le relais entre le distributeur pro (pour les magasins) et le groupe. M & O Music prend en charge toute cette logistique avec les op et mise en avant magasins...etc.
Dans le contrat de Licence, le groupe achète des cd au label. Le groupe vend ses cd aux concerts et le label ne prend aucun pourcentage sur ces ventes de cd vendus aux concerts. C'est 100% pour le groupe.
Le label prend en charge le pressage des cd et cd promo. Nous envoyons + de 200 cd promo à différents médias (mags, webzines, radios, tourneurs...etc). Le suivi promotionnel hebdomadaire est fait par la suite. Il y a également toute la logistique des op et mises en avant en magasins pour une meilleure exposition du groupe.


Si on peut résumer, il n'y a ici pas de droit d'entrée chez M&O Music. Mais dans le cadre d'un contrat de licence, le groupe doit acheter ses propres cds auprès du label.
On en déduit que M&O Music ne signera jamais de projet purement studio :-)

Si on part du principe d'un contrat Licence M & O Music, le groupe doit vendre des cds aux concerts. Si le groupe n'a rien à vendre aux concerts, c'est « contre productif » pour le groupe. Le label ne prend aucun pourcentage sur les ventes des cd aux concerts, tout est pour le groupe. Pour cela, il doit en acheter au label. Le groupe gère son stock de cd pour les lives à 100%.


Le groupe ne paye donc pas pour signer chez M&O Music, mais il y a bien un échange d'argent du groupe vers le label.

Donnons la parole aux groupes, car ce sont bien eux qui sont au cœur de ce débat et qui prennent les décisions aujourd'hui. En poussant le bouchon un peu plus loin, on pourrait presque dire que dans certains cas en 2014, c'est le groupe qui décide de signer chez le label XXX ... et non le label XXX qui décide de signer le groupe !

Mr. X, chanteur du groupe XXX - Mr X a souhaité conserver l'anonymat - a bien voulu nous donner les détails du contrat payant qu'il a signé avec un label international.

Il s'agissait d'un contrat payant : 2600 EUR à la signature pour une promo+distro européenne (magazines+webzines).
On a fourni le master prêt pour le pressage et avons donc payé toute la production de l'album (enregistrement, mixage, mastering).
Le label a avancé les frais de pressage de CD, mais les récupère sur les ventes et reste propriétaire des stocks. Pareil pour la GEMA/SACEM. La label nous a « offert » 100 CD et assure une distribution européenne en bacs. On touche 70% sur les ventes (CD + digital).


Vous avez envie de lui demander ce qui restait-il à la charge du label ?
On l'a fait pour vous :

Rien, le label n'a pris aucun risque !
Il a été payé pour faire la promo et prend une part sur les ventes pour la distribution. Il a simplement avancé les frais de fabrication des CD's.
La marge de manoeuvre du label est large, c'est nous, le groupe qui prenons les risques pour lui.


Passons au témoignage de Mr Y membre du groupe français XYZ - Mr Y a souhaité conserver l'anonymat - qui a signé un deal payant avec un label français ABCD.
Voici les détails de la proposition qu'il a signé :

Le deal classique de tout groupe appartenant au label ABCD; on fournit les albums finalisés et pressés et le label nous fait profiter de son réseau de distribution, s'occupe du plan promo (magazines, webzines, télés, radios…) et on bénéficie de sa visibilité lors par exemple de l'édition de compils distribuées lors de gros festivals aux côté d'autres groupes plus connus.
Les frais d'attaché-presse restent à notre charge ainsi que les encarts presse. Enfin, nous retouchons l'intégralité des ventes des albums moins la part distributeur. Le label ne touche rien dans l'opération.



Un des points importants pour les groupes qui signent sur un label payant est de pouvoir diffuser sa musique de façon internationale via une distribution en magasin

Micky - chanteur au sein du groupe ALL DOGMAS WE HATE signé chez M&O Music précise ainsi

Nous avons payé une participation pour être signé dans le but d'avoir une distribution à l'international, ce qui est quasiment impossible par ses propres moyens.
(Note de la rédaction : la participation dont parle All dogma we hate semble être les cds achetés par le groupe auprès du label)




4 - Une nouvelle concurrence ... déloyale ?

Pour le fans de musique metal que nous sommes, la signature sur un label est souvent un gage de qualité.
Le label forge son image à travers ses sorties et il est fréquent que l'on s'intéresse aux sorties de certains labels car on a aimé ce qu'ils ont sortis par le passé.

Nombreux d'entre nous ont ainsi fait confiance les yeux fermés à des labels comme Roadrunner, Osmose, Nuclear Blast ou encore Listenable, étant certain par avance de la qualité du disque et du style du groupe.
D'autres labels sont ultra spécialisés dans des styles spécifiques comme Prophecy Productions ou Debemur Morti .. chaque nouvelle sortie est ainsi attendue avec curiosité et confiance par les fans ... des labels en question !

De la même façon, il est indéniable qu'une signature et un petit logo sur le disque donne souvent plus de poids à un album qu'une autoproduction.
Ne parlons pas du prestige qu'apporte à certains groupes français le fait de pouvoir montrer que leur musique dépasse nos frontières grâce à la signature sur un label étranger.

Alors en tant que fans, ne sommes-nous pas bernés par ces signatures payantes ?
Mr X et Y nous répondent.

Mr. X, chanteur du groupe XXX
...la musique est la même avec un label ou non…
Si il existait des fans de métal qui se sentaient bernés en apprenant qu'un groupe finance la sortie du disque, c'est qu'ils placeraient les labels comme seuls juges compétents de la qualité musicale, comme seuls juges habilités à dénicher les talents, comme des autorités impartiales et omniscientes, et qu'il croiraient en dieu sans doute.
C'est peut-être aussi qu'ils croiraient que les labels subviennent à tout le volet financement, pub, distri, édition et production... et que les groupes sont des gangsters ultra-libéraux coupables de vouloir se faire encore plus de fric, déjà qu'ils roulent sur l'or...
Je préfère ésperer qu'il n'y a pas trop de personnes qui pensent comme ca.


Mr Y membre du groupe français XYZ
Je ne vois pas en quoi c'est le problème du fan de savoir qui a payé quoi. C'est un fonctionnement complexe dans tous les cas, même lorsque le label casque. Sinon il faudrait aussi leur expliquer que quand ils achètent le dernier Johnny ils filent la plupart de leur fric au distributeur par exemple et que finalement leur chanteur préféré ne touche que dalle.


Aujourd'hui, si l'argent et le financement des sorties par les groupes viennent semer le doute chez les auditeurs, une nouvelle forme de concurrence "déloyale" peut aussi apparaitre.
Cette consurrence se met en place entre :
- les labels qui demandent aux groupes de payer et qui ont plus de moyens pour faire de la promo, de la pub etc.
- et un label classique qui doit tout investir de sa poche.

Alors concurrence ou pas ?
Jehan de Apathia nous donne son point de vue :
On pourrait dire que oui dans un certain sens, où l'argent injecté dans la promotion permet surement de décrocher plus de choses qu'Apathia n'a pas actuellement -une distribution française en magasin, par exemple-, mais je trouve presque ça trop simple de dire "c'est tant et on vous signe". Il y a forcément moins de "rage" derrière, moins d'envie de s'impliquer pour un groupe, et quelque part, moins de prise de risque.
C'est presque une solution de facilité dans un sens, de signer des groupes parce qu'ils payent, plutôt parce qu'on croit réellement en eux.


Nico de Kaotoxin nous livre ses impressions sur cette concurrence
Oui, effectivement, sur le court temre. Cependant, j'ai plus tendance à voir les choses sur le moyen ou long terme. Je n'ai pas de nom à te donner parce que je n'en n'ai pas en tête à vrai dire, mais je pense que le public finit toujours par différencier les mauvrais groupes "signés parce qu'ils ont payés" des bons et les bons groupes qui se sont fait avoir par ce genre de deal finissent toujours par s'en libérer et la promo faite à grand renfort de l'argent du groupe les aide dans tous les cas sur le long terme, quelque soit le nouveau label sur lequel ils signeront par ailleurs après.
Au final, le plus compliqué en tant que label manager, c'est surtout de faire comprendre aux artistes signés chez toi que, effectivement, X ou Y a bien plus de promo qu'en étant signé chez toi, mais qu'il y a une raison à ça... :D


Mais cette concurrence ne touche t-elle pas les groupes également ?
Si pour être crédible auprès du public, il vaut mieux être signer qu'en simple autoproduction ... c'est exactement la même chose vis à vis des tourneurs ou organisateurs de dates.

C'est ainsi que Mr Y membre du groupe français XYZ témoigne que grâce au travail du label payant
...on a pu toucher des gens qu'il aurait été difficile d'avoir par nous-mêmes.


Nous avons demandé à Mike de YORBLIND, ex-CARNAL LUST si il se sentait défavorisé vis à vis d'autres groupes qui ont peut être plus de moyens et qui font appel aux services de labels payants

je ne vais pas nier le fait qu'avoir des moyens financiers importants peut faciliter bien des choses.
Ne serait-ce que de pouvoir se concentrer sur l'essentiel : la musique.
Il est certain que cela prend beaucoup de temps et d'énergie de promouvoir, de communiquer, chercher des dates intéressantes, etc... C'est une véritable organisation !
Mais je crois sincèrement qu'avec de la persévérance, de la motivation et surtout de la passion, un groupe peut arriver aux résultats qu'il souhaite.
Le plus difficile étant de bien garder le cap et ne pas oublier certaines notions autres que pécuniaires : le partage, l'échange, l'entraide et surtout le plaisir de créer de la musique.
Chaque étape dans la vie d'un groupe peut prendre plus ou moins de temps mais sont à mon avis indispensables pour bien comprendre son propre fonctionnement. Je pense que payer pour « aller plus vite » peut être destructeur au final.


Pour les groupes, c'est ainsi bien entendu une affaire de moyens, de choix et d'éthique. Un indicateur positif est que les groupes qui font appel à des labels payants sont satisfait du résultat.

Micky - chanteur au sein du groupe ALL DOGMAS WE HATE
Nous avons choisi de continuer notre collaboration avec M&O car nous sommes satisfait de leur travail.


Mr Y membre du groupe français XYZ

...tout a plutôt bien fonctionné, ABCD a bien géré et on a bénéficié d'une bonne couverture. C'est toujours plus intéressant que de se pointer tout seul avec son disque sous le bras car même si financièrement parlant on a dépensé grossièrement la même somme que pour l'album précédent au totale autoproduction, on a pu toucher des gens qu'il aurait été difficile d'avoir par nous-mêmes.
Au final, je vois ça comme un système « gagnant-gagnant », où le label ne prend certes pas d'énormes risques mais fait profiter de son réseau au groupe qui lui-même ne dépense pas plus que s'il était seul dans son coin pendant que le label fait grossir ses rangs avec des artistes qu'il aime.



Parlons brièvement de notre point de vue à nous, VS-webzine - média Internet présent sur le web depuis 15 ans.
Aujourd'hui, la majorité des gros labels n'envoient plus de CDs promos, ils se contentent d'envoyer des fichiers watermarked et attendent que la presse web leur rendent un service et une exposition de façon entièrement gratuite. Ce ne sont pas les seuls, les labels plus petits font souvent aussi appel aux promos numériques.

Dans notre cas, comme nous ne sommes pas favorable à cet outil promo (pour de multiples raisons), les labels qui souhaietnt travailler avec VS établissent une proximité avec nous .. et finissent par nous faire parvenir des promos comme ... c'était monnaie courante il y a tout juste 3/4 ans.

Les labels "payants" eux, envoient beaucoup plus souvent des CDs promos voir des versions finales à notre équipe de redaction, ce qui est toujours un vrai plus pour écrire une chronique.

Pamalach rédacteur chez VS depuis mars 2008 confie ainsi
"nous" apprécions que les labels soient encore attachés à une certaine tradition matérialiste ... très agréable quand, en tant que chroniqueur, tu reçois le skeud "complet".


Le revers de la médaille est que la qualité n'est pas toujours au rendez-vous.
On peut avouer ainsi les disques envoyés par certains labels ont souvent du mal à trouver preneur dans l'équipe de VS-webzine, tant l'étiquette du label est assimilée à un niveau de qualité bien faible.



5 - Bilan

Comme nous avons tenté de le démontrer, il va falloir arrêter de se fier au logo présent sur la backcover du CD à côté du code barre.
Mais le label est-il le seul repère à remettre en question ?

Aujourd'hui un groupe qui a les moyens peut tout se payer : l'enregistrement, le pressage, le label, le tour support, les fans facebook, les vues sur youtube, la pub dans la presse etc.
A quoi peut-on se fier au final ?


Nico de Kaotoxin
As-t'on déjà pu se fier à quoi que ce soit, finalement ?
Une partie de la presse a toujours fonctionné sur le fait de mettre en avant les artistes dont les labels achètent de la pub, une partie des tournées a toujours fonctionné sur le fait que les groupes d'ouverture payent, etc.
Le seul moyen qui a toujours existé et qui existera toujours reste la curiosité des fans. Ca m'attriste, mais j'ai tendance à penser que ça manque un peu. Quand je vois le succès de groupes tels que Metallica qui, pour moi, n'ont pas sorti un album valable depuis près de 25 ans et la difficulté qu'il y a à faire parler de groupes tels que les nôtres qui, chacun à sa manière et toute proportion gardée, en valent tous la peine (c'est un avis subjectif, forcément, et je conçois que l'on puisse voir les choses autrement), je me dis que ça n'est que ça, la différence : arrêter de supporter de mauvais groupes parce qu'ils ont « gros » ou ont eu un passé formidable mais considérer chacune des sorties comme étant aussi intéréssante, à priori, qu'une autre, quelque soit la renommée ou l'image du groupe.


Matthias de Throatruiner
c'est là tout le cynisme de l'époque; toute visibilité peut s'acheter, on va te dire "ah bah tout marche comme ça ma bonne dame" mais c'est pas comme si c'était une raison pour aller dans ce sens. On se doute bien d'où viennent tes 5000 fans facebook alors que t'as une demo et jamais joué au-delà du périph', tes tournées en premières parties de gros trucs alors que t'as jamais rien accompli, ou tes interviews aux questions impersonnelles dans tel ou tel magazine alors que t'as un encart de pub 3 pages après. Après si ça peut permettre à certains de soulager leur petit désir de notoriété tant mieux hein, mais bon, y'a pas grand chose de gratifiant dans le fait de payer pour se faire mousser de manière éphémère.



Si on ne peut plus se fier à grand chose, nous avons demandé aux différents interlocuteurs de nous donner leurs petits conseils pour découvrir de nouveaux talents ?

Matthias de Throatruiner
Pour découvrir des trucs cools, il faut juste prendre le temps de faire son tri; blog personnel ou magazine, label qui sort des cassettes à 50 exemplaires ou vinyle/CDs à 20 000 exemplaires, il y a des passionnés partout, faut juste savoir ce qu'on aime et à qui se fier.
Des outils comme Bandcamp font également qu'il n'a jamais été aussi facile de se faire son propre avis, pour peu qu'on soit un minimum curieux.



Nico de Kaotoxin
Des gens comme Arno Strobl et Cyril Mazak font un travail de découverte toujours passionnant, avec leurs compilation « Combat Nasal », par exemple. Je n'aime pas tout ce qu'ils découvrent, loin s'en faut, mais il y a toujours une grande qualité dans la sélection. La télécharger dès qu'elle sort devrait être un réflexe pour chacun des lecteurs :D.



Michael de Season of Mist
Y'a pléthore de choix, mais je trouve que c'est encore plus facile qu'avant de repérer les bons trucs.
Certains musiciens sur Spotify ont des playlists qui me font découvrir des trucs tous les jours. Certain mecs de groupes, ou de la presse, postent souvent leur découverte sur Fbook, et très honnêtement il y en a quelques-uns qui m'impressionnent. Ils ont un coup d'avance, tout le temps.

Certains sites web sont bien informés et ont des chroniqueurs de qualité (wink wink nudge nudge).
Faut quitter la main stage du Hellfest et oser s'aventurer tôt sous les tentes, y'a des trucs à découvrir.

L'information est là pour qui n'est pas trop fainéant et daigne aller la chercher. Sinon, il ira voir Motörhead (RIP bientôt) ou Soulfly (RIP talent) pour la énième fois à son festival favori, ou il élira le nouveau Machine Head « album de l'année » dans les magazines…



Mr Z - ex-détecteur de talent chez un label international.
Il suffit d'être curieux et objectif je pense. Un groupe qui a 100 likes sur Facebook n'est pas forcément moins bon qu'un groupe qui a une page A4 de pub dans le dernier Terrorizer payée par son label. Mais pour découvrir le groupe qui a 100 likes sur Facebook et qui est génial il faut sortir de cette logique du tout, tout de suite … et ça c'est pas gagné !



Jehan d'Apathia
(Je donnerais le) même conseil qu'on s'applique pour choisir nos groupes : se fier à ses oreilles. Il n'y a pas meilleur juge. Que le groupe soit signé de manière « traditionnelle », qu'il ait payé ou qu'il soit auto-produit, le fait de revenir sur un album dans le temps prouve qu'il est bon, le reste, ça n'importe pas trop au final…
Il faut juste être un peu curieux pour dénicher des petites perles, et il n'y a pas besoin d'aller bien loin, on a un gros paquet de groupes très talentueux en France



Alexandre de M&O Music
A ce jour, je fais toutes mes découvertes musicales sur le net, facebook, youtube...etc. Il y a quelques temps, je recevais pleins de cd par la poste à ecouter..., maintenant, ceux sont des liens, ça va plus vite on va dire, mais je reste quand même fan de l'objet, mais ça, c'est générationel :)



On laissera la conclusion à Matthias de Throatruiner (ex-redacteur chez VS-webzine)

Après pour conclure je vais m'écarter un peu du sujet mais bon...
Ça peut sembler paradoxal de la part d'un mec qui a un label et bosse pour les groupes, mais je dirais jamais assez aux groupes d'apprendre à tracer leur route tous seuls sans rien attendre de qui que ce soit. Si vous avez la flemme ou trop d'ego pour mettre les mains dans le cambouis pour faire avancer votre groupe, faut pas s'attendre à ce quelqu'un daigne le faire à votre place. Qu'ils en soient à leur première sortie ou pas, les groupes avec qui j'ai la chance de travailler ont cette motivation de pousser leur truc aussi loin qu'ils le peuvent, et cette détermination se ressent à tous les niveaux.



NB :
Retrouvez sur cette page les interviews in extenso réalisées dans la cadre de notre article "PAYE et TU SIGNES"
Auteur
Commentaire
Jean-Guy
IP:62.23.27.114
Invité
Posté le: 22/04/2014 à 10h41 - (1117)
Une chose est sûre : C'est tjrs le groupe qui est le dindon de la farce et le dernier a récolter le fruit de son travail, surtout dans ce milieu pourri qu'est le métal.
Maintenant il faut payer pour tout pour avoir un minimum de visibilité, pour au final être bien souvent traité comme de la merde (concerts, contrats, royalties ridicules...), c'est écoeurant.

ReeKo
Membre enregistré
Posté le: 22/04/2014 à 11h00 - (1118)
Dossier très intéressant qui montre bien que la période actuelle n'est pas des plus fun... Entre les salles où il faut payer ... pardon avancer les entrées, les labels où il faut payer ... pardon collaborer et le piston, pardon le réseau, faire de la musique en 2014, c'est tout sauf un sacerdoce.

Blukbluk
IP:82.237.110.228
Invité
Posté le: 22/04/2014 à 11h01 - (1119)
C'est dommage qu'il n'y ait pas de distinction dans l'article entre les labels "professionnels", c'est à dire qui doivent gagner de l'argent, et les autres, comme Apathia, qui sont associatifs: les gens qui y bossent ne gagnent pas leur vie avec cette activité. La logique n'est donc pas la même, c'est normal qu'ils ne proposent pas tous la même chose aux groupes.
Donc si d'un côté les labels pros sont obligés de faire du profit alors que les autres peuvent se permettre de signer qui ils veulent, je suppose que les labels qui font payer les groupes se situent quelque part entre les deux.

nouncy STWM
IP:93.5.190.78
Invité
Posté le: 22/04/2014 à 11h13 - (1120)
Très intéressant à lire en tout cas quelles que soit les positions des uns ou des autres.

De notre coté, chez send the wood music (même si nous ne sommes qu'un bébé label), si on devait répondre à cela, je pense que je résumerais à :

"Payant ou pas, Le label est un support au groupe mais il ne fait pas tout à la place du groupe.
Si tu veux que ton groupe soit visible, il te faut te donner les moyens, il ne s'agit pas uniquement d'argent, mais aussi du temps que tu accordes à ton groupe et à la relation que tu as avec ton label, vos partenaires respectifs, entreprendre des choses ensembles, qui marchent ou pas. A coté de cela, un peu de sous pour appuyer certaines démarches promo il faut pas mentir, c'est bienvenu aussi.

La magie n'opère pas à tous les coups, tout ne s'achète pas, la musique c'est subjectif. On ne peut pas plaire à tous. Mais l'effort, le REEL effort est parfois au moins un peu récompensé.

Chez nous, tu ne payes pas pour signer, mais je
comprends que certains labels aient tendance à se couvrir (parfois un peu trop tout de même).

Mais quand un label sort un CD d'un groupe en développement, ou d'un groupe de moyenne envergure et qu'il vend 10 albums, que le groupe demande des reports de ça ou de ça, qu'il demande des tonnes de choses car il considère que le label est là pour ça, ne supporte pas l'échec ou la critique , et que ce même groupe ne renvoie uniquement que sur ses liens d'achat personnels, ne parle pas de toi et fini par vendre 10 CD sur le shop du label, cela ne paye même pas les timbres pour envoyer ses albums en promo... La plupart qui en arrivent là n'en ont même pas conscience, ils ne savent même pas combien d'heures le label lui, aura passé à essayer de vendre ces 10 putains de CD... combien d'argent cela aura coûté, combien d'énergie, de soucis et de logistique pour vendre 10 CD...

Alors si on devait en plus payer le temps de travail sur un seul groupe... le groupe serait endetté pour 10 ans... c'est pour cela qu'il faut souvent passer par l'étape associative avant d'avoir une politique d'entreprise, faut être passionnés certes, mais aussi réalistes sur les possibilités et le marché du disque, et surtout l'implication des groupes avec le label.


Il ne faut pas laisser tomber ceux qui feront la musique de demain au profit de ceux qui l'ont faite hier, mais il faut aussi que les groupes comprennent qu'un label ne peut exister que si il vend un minimum pour qu'il puisse au moins continuer à se développer et donc indirectement développer ses artistes.

Alors, non tu payes pas... mais tu te bouges, car on est pas magiciens."

//Nancy

et encore
IP:95.141.119.51
Invité
Posté le: 22/04/2014 à 11h15 - (1121)
on peut ajoute un nouveau dossier

PAYER POUR TOURNER


et oui les copains, une tournée ça va entre 7000 et 11000 euros (grossomerdo hein, image non contractuelle vous énervez pas) pour une ouverture.

vivivi que tu espère "rentabiliser" en vendant trois quatres t-shirt devant des salles à moitié rempli.

tu peut ajouter que certains labels americains font payer des sommes astronomiques pour être dans le fond de tiroir.

conclusion,

le talent, on s'en bat les noix, le succès, ça s'achète!

merci, au revoir.

RunForestRun
Membre enregistré
Posté le: 22/04/2014 à 11h23 - (1122)
Il y a une donne essentielle qui est abordée dans certaines des interviews mais rarement mise en avant, à savoir que les groupes
1 - ne sont pas tous bons
2 - ne sont pas tous sincères dans leur démarche
3 - sont responsables de leur existence, c-a-d que personne ne leur a rien demandé. C'est eux qui débarquent et demandent qu'on s'intéresse à eux. A ce titre, j'ai toujours abhorré les "artistes" qui chouinent en long en large et en travers pour se plaindre. C'est trop dur ouiinnn ouiiinnn !!
Et puis "artiste", c'est pas un métier. C'est un état de fait, un adjectif qualificatif.

Au final je pense qu'un groupe qui possède un ensemble de qualités trouvera toujours chaussure à son pied, sans investir de sa poche. Le business de la musique se dégrade pour de multiples raisons mais celle du trop-plein de starlettes la tête dans les étoiles me semble souvent mise de côté alors qu'elle est essentielle (rappelez vous de cette maxime post-moderne "quand y en a un ça va, c'est quand y on a plusieurs qu'il y a des problèmes").

Les labels payants @ co ne sont apparus QUE parce que le marché s'engouffre dans toutes les niches et offre à n'importe quel clown un petit sentier vers ses rêves de gloire.
Ces gens ont besoin d'un sérieux "reality check" sur la réelle valeur de leur musique, mais le juste ordre des choses et la hiérarchisation des savoirs-connaissances-compétences ne sont plus les valeurs dominantes de nos sociétés occidentales (comme quoi, ça part d'un problème plus vaste). Donc on se paye son rêve de musique comme on se paye son rêve d'aventure en faisant un Safari à 5000 euros.






deadlight
Membre enregistré
Posté le: 22/04/2014 à 11h28 - (1124)
Cet article nous a interpellé. Car dans notre cas, ce procédé ne nous a jamais séduit et nous n'avons jamais proposé ça à un artiste. Le plus amusant est qu'il nous est arrivé de nous voir proposer ce genre de procédé par les artistes!
Quelques exemples amusant mais respectant l'anonymat:
- un groupe X vient nous voir pour nous proposer de sortir son deuxieme album. Le "vient nous voir" est proprement choisi car le groupe vit dans notre secteur, nous nous connaissons depuis quelques années. X ayant une notorieté purement locale malgré un premier album sorti prés de 4 ans avant dont la promotion fut inexistante. Nous refusons de collaborer avec X invoquant certains faits: X a une notorieté locale alors que nous travaillons au niveau national/ international, leur premier album fut un échec total (financier, promotionnel) et ils pratiquent en plus un style qui ne colle pas avec notre catalogue (ils jouent du pop rock et si vous suivez notre actu vous savez que c'est pas notre marque de soda préférée). Meme si je ne suis pas voyant (j'ai d'ailleurs une amie qui excelle dans ce domaine, merci Nathalie!) je dis au groupe que sortir cet album representerai un échec financier en premier lieu. Et là, le leader de X nous répond "si c'est une question d'argent, on est prets à tout prendre en charge, à te payer. Ce que l'on veut c'est avoir le logo d'un label sur notre album de maniere à paraitre plus crédibles auprés du public, des salles, organisations de concert, medias. Tu n'as rien à perdre et en plus tu gagnerai des sous".
-un groupe Y nous demande si on serait interessés pour sortir leur album à une periode où notre agenda de sorties est complet complet. Nous invoquons donc le fait que nos budgets sorties sont calés sur un agenda de sorties complet et qu'il nous est impossible de pousser les murs et de débloquer d'autres fonds (je vous jure, en Ariège on continue de chercher le trésor des Cathares). Le leader de Y nous répond que comme X ils sont préts à tout prendre en charge pour avoir notre logo sur leur disque et ce pour les mêmes raisons. Ajoutant la phrase suivante "ben oui, ça a changé tout ça. C'est fini, maintenant c'est plus au label d'aider le groupe mais au groupe d'aider le label" sur un ton aussi franc qu'un commercial de Cetelem (félin de porcelaine se transforme en suricate-private joke). Nous ne sommes pas interessés pour investir argent, temps, énergie sur ce groupe et là dessus c'est le manager qui vient rajouter une couche, nous vantant les mérites du groupe et allant meme jusqu'à dire que c'est ce groupe sur lequel on devrait se consacrer car nos autres groupes signés eux, n'ont RIEN A NOUS APPORTER. Fin de l'histoire.
Outre le concept du "pay to sign", cet article met en lumière des points interessants et qui sont de circonstance pour nous en ce moment.
Je cite l'article
-2° Prenez le temps de trouver le label qui convient à votre groupe en regardant par exemple avec quels groupes ce label bosse déjà.
3° Si vous écrivez à l'un ou l'autre label, personnalisez vos mails ou lettres en expliquant par exemple pourquoi vous aimeriez être signés sur ce label et pourquoi vous pensez que vous y serez à votre place sans pour autant vous présenter comme les prochains Iron Maiden.
4° Prenez le temps de comprendre comment fonctionne la scène dans laquelle vous voulez évoluer, en écrivant par exemple à des groupes plus expérimentés afin d'obtenir l'un ou l'autre conseil. Il n'y a pas de question idiote !!!
5° Même si ça vous fait bander de repomper les riffs merdiques de Re-Load dans la cave du pavillon de banlieue de vos parents, ça sert à rien d'écrire au label de Metallica, restez réalistes et oubliez les gros labels. Ces grosses structures paient des gens pour découvrir les « jeunes talents » et votre Cdr promo a 99% de chance de finir à la poubelle.
6° Ayez du respect pour votre musique : ne tenter pas de la fourguer à un label de polka tout ça parce que vous avez été trop fainéants pour vérifier que le label auquel vous vous apprêtez à écrire est bien un label de métal.

Jehan
Membre enregistré
Posté le: 22/04/2014 à 12h54 - (1129)
"comme Apathia, qui sont associatifs: les gens qui y bossent ne gagnent pas leur vie avec cette activité. La logique n'est donc pas la même, c'est normal qu'ils ne proposent pas tous la même chose aux groupes."

Certes, notre but est différent, mais dans un sens, ça ne change pas le rapport à l'argent : si y'en a plus, ça ferme.
Le jour où la balance penchera trop du côté des pertes et qu'on ne pourra plus renflouer les caisses/avancer les thunes à coup de centaines -voir plus- d'euros de notre poche à la place des groupes (comme ce doit être le cas dans pas mal de labels similaires au notre, je pense), bah... kapout.
Surtout qu'on ne marche pas aux subventions non plus, et personnellement, je partage l'avis de Michael à ce sujet.

GzU
Membre enregistré
Posté le: 22/04/2014 à 13h16 - (1130)
Très intéressant comme article et comme témoignages !

Alors, moi, mon avis de non-musicien, non-label, juste de fan de metal c'est qu'en fait ça montre bien une évolution dans ce marché de la musique !
Je pense que ce payer pour sortir son disque, n'est qu'une voie qui s'est ouverte car le marché du disque comme il fonctionnait avant ne peux plus fonctionner de la même manière !
Ce qui est bien par contre, c'est que au lieu de remplacer une manière par une autre, elle la complète je trouve !
Car effectivement, quel label va payer pour vendre 200 CD sur 5 ans, et s'ils payent, ils payent combien ? 50€ ?

Se qui est bien à mon avis c'est qu'il y a plein de possibilités aujourd'hui pour un groupe, et qu'ils peuvent choisir celle qui leur convient :
- autoprod/autoprmo/autotournée, car aujourd'hui, avec peu de moyen tout cela est possible (peut-être moins pour la tournée, je ne sais pas...) avec ce fameux internet
- les labels à l'ancienne
- payer pour sortir un CD vite, pour montrer à sa maman qu'on a réussit dans la musique ! (humour !)

Perso, je trouve toutes les démarches bonnes, et votre article montre bien la logique des groupes, que je trouve bonne, qui ont choisi cette dernière solution !

Le seul problème c'est juste de choisir un point de vu ! Si celui-ci est de juger sur le ratio durée du groupe/sorti de CD, ok ça peut vous gêner, mais moi j'ai choisi la musique ! Et si on choisi la musique, le seul truc que je veux c'est pouvoir acheter un CD de cette musique qui me plait énormément !
Donc, je fouine sur le net, on échange avec des potes, on se fait des soirées découvertes/écoutes/bières, et quand un truc nous ou m'accroche, je cherche à écouter un peu plus (merci internet) et puis j'achète le CD, qu'il soit autopromo ou cher Nuclear !
Parfois, je contact directement le groupe, donc s'il a des CD c'est parfait ! (Surtout qu’apparemment si on leur achète direct c'est 100% de pognon pour eux, que demande le peuple ?)
Et prendre ce temps pour sa musique, je trouve que c'est mon "taff" de fan.
Donc que le marché s'organise pour me proposer les plus de groupes et le plus de CD possible, ça ne me choc pas !

Car le vrai indicateur est-ce que se serai pas le fait qu'aujourd'hui il y a BEAUCOUP plus de CD qui sortent chaque semaine qu'il y a 5 ou 10 ans ?
Alors c'est sûr la qualité est bien plus dilué, mais c'est mathématique : + de sortie + de merde, mais + de sortie + de bijoux aussi !

Finalement, perso, je mise tout sur mes échanges avec les potes, mon temps investi pour me faire des opinons, je dois rater beaucoup de super CD, mais le monde est trop vaste pour moi de toute façon !
Que les groupes choisissent le mode de distri/prod qui convient le mieux à leur philosophie, car au finale les choix se multiplies.
Que les labels proposent de plus en plus de deals différents, tant que c'est tournée vers la musique.
Et que tout se fassent en bonne intelligence !

MAIS on n'évitera jamais à un groupe de se faire entuber si son seul désire est de voir sa musique gravé sur un bout de plastique, emballé et étiqueté au rayon FNAC, non ?

Fred / INHUMATE
Membre enregistré
Posté le: 22/04/2014 à 16h34 - (1136)
Niveau UG, parce que je ne connais que ça, il y a quelques années les groupes ne payaient que le studio, les labels le pressage, promo, etc... Tout est expliqué plus haut.

Maintenant les groupes payent le studio et un peu plus...

Maintenant toujours, comme dit "et encore", les groupes payent aussi pour tourner...

Finalement, c'est jean-guy qui a dit vrai : "Une chose est sûre : C'est tjrs le groupe qui est le dindon de la farce et le dernier a récolter le fruit de son travail"

INHUMATE, 24 ans d'autoprod, des CD et plein de concerts, zéro problèmes :-)

Mais effectivement, comme il est dit dans l'article : "pour être crédible auprès du public, il vaut mieux être signer qu'en simple autoproduction..." D'où notre absence de nombreux medias et festivals "hype" français, mais nul n'est prophète... dit-on... n'est-ce pas les anonymes de VS :D ?

coke&whore
Invité
Posté le: 22/04/2014 à 22h37 - (1137)
Question ?

Combien M&O Music vend t'il les CDs au groupe ? Au prix de production (0.70 € à 1 €) ou bien 3/4 € pièce?

Lolilol
IP:83.202.8.244
Invité
Posté le: 22/04/2014 à 23h02 - (1138)
5 balles pièce, et derrière, c'est de la merde, aucune promo et aucun suivi. De la balle.

JTDP
Membre enregistré
Posté le: 23/04/2014 à 11h07 - (1139)
Encore un super dossier très intéressant sur les pratiques dans le milieu du Metal !!!



noohmsul
Membre enregistré
Posté le: 23/04/2014 à 12h35 - (1140)
Dossier très intéressant !

buru
Membre enregistré
Posté le: 23/04/2014 à 13h59 - (1141)
Être signé ou pas, c'est aussi un choix:
Après avoir été signé pour notre premier album, Psychobolia a opté pour sortir son 2ème album en autoprod, et là on a plus de contrôle sur le produit de nos ventes, chaque soir qu'on joue on vends facilement 20 albums et c'est 200€ de plus qui rentrent dans notre compte (soit environ 170€, déduction faite du pressage!) afin de financer notre prochain album.
Bien sur, on aimerait bien être signé sur un gros label (en particulier pour gagner en visibilité et faire plus de dates - en France comme à l'étranger), mais en attendant, on préfère gérer cela comme une petite entreprise que d'être signé sur un tout petit label qui au final ne nous apportera pas grand chose.
Autre élément non-mentionné mais tout aussi important: avant, les tournées servaient à faire la promotion des albums, aujourd'hui les albums servent plutôt à promouvoir les tournées/dates (même si une bonne prestation live générera toujours des ventes de CD)! Un groupe qui souhaite gagner son pain avec sa musique doit obligatoirement faire un max de dates (hors Darkthrone/Burzum bien sur!) afin de toucher des éventuels cachets (pas évident dans le métal) et vendre un max de merch (CDs/tshirts/strings/etc.)...et tout groupe qui compte vendre des CD en vendra plus à sa table de merch qu'en rayon de disquaire. (Pour preuve, y'a qu'à compter le nombre de fois que Cannibal Corpse, Slayer, Napalm Death, Steel Panther, etc. passent chez nous à Paris...ou alors ils adorent notre vin rouge!)




TheUgly
Membre enregistré
Posté le: 24/04/2014 à 18h31 - (1143)
Super intéressant ! Bravo.

Il y a aussi maintenant les groupes qui font tout eux-mêmes comme par exemple Truckfighters et Black Space Riders, bientôt chroniqués ici. Je ne manquerai pas de le souligner du coup ;-)



Fred / INHUMATE
Membre enregistré
Posté le: 24/04/2014 à 21h37 - (1144)
"maintenant "
lol

Monceau
Membre enregistré
Posté le: 28/04/2014 à 00h17 - (1151)
Très intéressant ce dossier sur un des sujets de la cuisine interne.

Je peux très bien comprendre les groupes qui acceptent ou même proposent ce genre de deal par désespoir. La démarche de recherche d'un label est très fastidieuse, souvent ingrate, décourageante, voir humiliante. Et pourtant ce ne sont pas les groupes nuls dans beaucoup de cas. Ils ont leur fan-base et ils sont sincères et pourtant personne ne veut d'eux. Injuste !

En contrepartie je ne crois pas en cette démarche. Déjà pour le groupe - payer pourquoi pas mais pas pour un label. Comme dit dans une des interviews : "Payer pour signer sur un label c'est comme payer pour baiser". Si le groupe a des moyens, vaut mieux investir dans une agence de promo et une agence de booking (je suis d'accord avec le monsieur SOM qu'à chacun son taff).

Un label dans le milieux UG reste pour moi une affaire de cœur. Forcement, si le milieux n'est pas réputé pour brasser des millions, sur quoi marchent des hommes? Sur du pur enthousiasme. Et cette matière là ne s’achète pas avec quelques euros.

En plus si on regarde une autre définition du mot "label" : "Marque, délivrée par un organisme, qui garantit la qualité d'un produit destiné à la vente." C'est ce que j'attends d'un label et avec l'histoire des sous ça devient très biaisé.

Donc promouvoir, distribuer le groupe pour une participation financière - ok, mais n'appelez pas ça "un label".

OncleFür
Membre enregistré
Posté le: 28/04/2014 à 20h08 - (1153)
Les temps ont changés, et c'est la faute aux groupes qui sont prêts à vendre leur mère pour tourner, être signer, etc, tout le monde a une mère, alors que le talent... Tout ça sous couvert de "se donner les moyens pour réaliser leur rêve"...

Je me demande combien de groupes cultes aujourd'hui perceraient s'ils naissaient maintenant. On étouffe la créativité des groupes, car un autre, qui est une machine de guerre en marketing prend la place de celui qui a du talent.

Il y a malgré tout un aspect positif à tout ça: ça pousse au cul à faire encore mieux. Mais s'il n'y a vraiment aucune opportunité donné à ceux qui ne sont pas prêts à se vendre, c'est bien inutile.

OncleFür
Membre enregistré
Posté le: 28/04/2014 à 20h12 - (1154)
Après, ma réponse est très manichéenne j'en conviens: un groupe balèze en marketing n'est pas forcément dénué de talent. Mais qu'il est triste de voir d'excellents groupes payer voire même faire des appels au dons (là aussi une putain de pratique qui me donne envie de gerber) pour pouvoir tourner.

LADLOProd
Membre enregistré
Posté le: 06/01/2016 à 11h46 - (1867)
Je ne lis cet article que maintenant, très occupé à l'époque. J'avoue ne pas avoir lu les commentaires mais voici une petite réaction à chaud. Tiède froid congelé pour vous.

Perso, je ne connais assez peu de labels qui font payer les groupes pour signer chez eux. C'est pas le genre de chose dont on parle vraiment, ca reste assez tabou. Mais bon, si derriere le groupe touche 70% en royalties sur les ventes, quelque part ca se compense, si l'album se vend bien. Que l'on voit la participation du groupe comme un service payant, ne me choque pas non plus. Chacun est libre de gerer son groupe comme il l'entend, l'essentiel est de savoir ce qu'il veut en faire.

Par contre, je ne sais plus qui disait que cela expliquait pourquoi certains labels prenaient plus de pub que d'autres et que c'etait la raison à donner aux groupes qui jalousent. A titre personnel, je trouve injuste de dire cela car ce n'est pas forcement le cas. Par exemple, LADLO investit beaucoup dans la promo avec 300 cds digipack originaux envoyés pour chroniques et gagnés par le biais de concours, et plusieurs milliers d'euros de pub payante pour chaque salve de sorties. Clairement, chaque pub n'est pas remboursée par les ventes qu'elle apporte, c'est un gouffre financier. Mais nous voyons la promotion comme une démarche globale. Acheter une pub nous assure du rédactionnel. De plus, chaque action participe à la promotion de l'album, c'est leur concomitance qui fait une bonne promo et nous permet de rentrer dans nos frais. J'aime utiliser le terme de matraquage promotionnel, car c'est un peu ça. Plus une personne lambda tombera sur le nom du groupe, plus on aura de chance qu'elle jete une oreille.

Attention, je ne sous entend surtout pas que plus il y a de promo, mieux un album se vend. Ca serait utopique de penser ca, car une bouse, reste une bouse... Et quelque soit son nombre d’écoutes sur bandcamp, ou youtube, une bouse digitale ne déclenchera pas l'envie d'acheter la même bouse en physique. La qualité intrinsèque de chaque album est donc primordiale. La promo permet juste une meilleur exposition, mais c'est la musique qui reste l’élément déclencheur pour l'achat. C'est elle qui donne aussi envie au fan lambda d'en parler à ses amis ou sur les réseaux sociaux. Le bouche à oreille est la troisième phase de la promotion, mais elle n'est pas entre nos mains... Elle dépend de la pertinence de notre choix de signature, et aussi beaucoup de chance. Tous les bons groupes ne font pas le buzz.

LADLOProd
Membre enregistré
Posté le: 06/01/2016 à 12h05 - (1868)
Je ne lis cet article que maintenant, très occupé à l'époque. J'avoue ne pas avoir lu les commentaires mais voici une petite réaction à chaud. Tiède froid congelé pour vous.

Perso, je ne connais assez peu de labels qui font payer les groupes pour signer chez eux. C'est pas le genre de chose dont on parle vraiment, ca reste assez tabou. Mais bon, si derriere le groupe touche 70% en royalties sur les ventes, quelque part ca se compense, si l'album se vend bien. Que l'on voit la participation du groupe comme un service payant, ne me choque pas non plus. Chacun est libre de gerer son groupe comme il l'entend, l'essentiel est de savoir ce qu'il veut en faire.

Par contre, je ne sais plus qui disait que cela expliquait pourquoi certains labels prenaient plus de pub que d'autres et que c'etait la raison à donner aux groupes qui jalousent. A titre personnel, je trouve injuste de dire cela car ce n'est pas forcement le cas. Par exemple, LADLO investit beaucoup dans la promo avec 300 cds digipack originaux envoyés pour chroniques et gagnés par le biais de concours, et plusieurs milliers d'euros de pub payante pour chaque salve de sorties. Clairement, chaque pub n'est pas remboursée par les ventes qu'elle apporte, c'est un gouffre financier. Mais nous voyons la promotion comme une démarche globale. Acheter une pub nous assure du rédactionnel. De plus, chaque action participe à la promotion de l'album, c'est leur concomitance qui fait une bonne promo et nous permet de rentrer dans nos frais. J'aime utiliser le terme de matraquage promotionnel, car c'est un peu ça. Plus une personne lambda tombera sur le nom du groupe, plus on aura de chance qu'elle jete une oreille.

Attention, je ne sous entend surtout pas que plus il y a de promo, mieux un album se vend. Ca serait utopique de penser ca, car une bouse, reste une bouse... Et quelque soit son nombre d’écoutes sur bandcamp, ou youtube, une bouse digitale ne déclenchera pas l'envie d'acheter la même bouse en physique. La qualité intrinsèque de chaque album est donc primordiale. La promo permet juste une meilleur exposition, mais c'est la musique qui reste l’élément déclencheur pour l'achat. C'est elle qui donne aussi envie au fan lambda d'en parler à ses amis ou sur les réseaux sociaux. Le bouche à oreille est la troisième phase de la promotion, mais elle n'est pas entre nos mains... Elle dépend de la pertinence de notre choix de signature, et aussi beaucoup de chance. Tous les bons groupes ne font pas le buzz.

ouaih
IP:86.217.115.125
Invité
Posté le: 11/01/2016 à 12h29 - (1873)
Mais ça fait longtemps que ce "systeme" existe, des labels pourris comme ça il y en a eu pleins dans les années 90's. Totalement raison avec jean guy, les dindons ce sont les groupes qui se font baiser....bref le support physique est de toute façon mort ou presque.

Doc martinet
IP:77.149.169.181
Invité
Posté le: 12/01/2016 à 20h05 - (1874)
Tant qu il y aura des clients, il y aura des péripatéticiennes. Qui est le plus à blâmer? Quand on accepte une sodomie, il ne faut pas en vouloir à la terre entière si ton trou du cul devient la highway to Hell. C'est la même chose avec la presse et certains webzines. Avec une pub ou un peu d'argent, le disque d'écoute plus vite et s'apprécie mieux, c'est un milieu de copinage. On parle de ses amis, on ignore au mieux les autres et au pire on répand son fiel pour soulager sa conscience, si t as pas envie de sucer des queues , ne reste pas à genoux la bouche ouverte

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