- PAY TO SIGN ! par VSGREG - 6238 lectures
Retrouvez sur cette page les interviews in extenso réalisées dans la cadre de notre article "Paye et tu signes"


Interview de Mr Z - ex-détecteur de talent chez un label international.
Mr Z a souhaité conserver l'anonymat.

Est-ce que la pratique de demander aux groupes de payer pour être signé sur un label est quelque chose de plutôt récent ou ce genre de deal existait déjà par le passé ?
Personnellement je dirais qu'une « boîte » qui demande à un groupe de payer pour signer un contrat n'a rien d'un « label » mais est plutôt un prestataire de services qui se propose d'aider – contre rémunération – un groupe à se faire connaître (comme un PR ou un manager) ou voir sa musique distribuée (comme un distributeur).
Un label – qu'il soit underground ou moins – est une structure – qui se limite parfois à une seule personne – qui se propose d'investir du temps et de l'argent afin d'aider un groupe.
La base de la relation est un échange.
Le groupe X fait confiance au label Y et vice versa. X va écrire de la musique, l'enregistrer, avec souvent un certain soutien financier de Y qui se chargera de produire le support final et de le distribuer. Le but de cette démarche peut – dans le cas d'un label underground – être le plaisir de soutenir un groupe sans aucun but lucratif, tandis que les plus grosses structures étant des sociétés à part entière, elles auront aussi à l'esprit l'idée de récupérer leur mise de départ voire de faire un certain bénéfice (sorry, on n'est pas tout à fait dans le monde des Bisounours) ce qui ne les empêche pas de fonctionner souvent au coup de cœur et donc de parfois perdre de l'argent.


Ce genre de pratique existait-elle au sein du label pour lequel tu travaillais ?
Absolument pas.


Quels types de contrats classiques sont proposés par les labels aux groupes ?
Dans les grosses structures le contrat type est le suivant : le groupe X reçoit du label Y une avance sur royalties qui lui sert à financer l'enregistrement de sa musique. Une fois cet enregistrement dans la boîte, le label Y produit les Cds ou les vinyles et les met sur le marché via son réseau de distribution. Sur chaque Cd ou vinyle vendu, le groupe touche un certain pourcentage de royalties. Une fois que le montant de royalties du groupe dépasse l'avance reçue pour le studio, le groupe commence à percevoir des royalties.
Les contrats des grosses structures contiennent également le plus souvent des budgets pour la réalisation de visuels (artworks, photos, vidéos) mais aussi des budgets destinés à soutenir financièrement le groupe lorsqu'il embarque sur une tournée.
Ces contrats prévoient le plus souvent que le label Y détient les droits d'exploitation de tel ou tel enregistrement du groupe X mais il arrive aussi que le contrat prévoit que le label Y a uniquement l'autorisation – via une licence – d'exploiter ce même enregistrement pendant une certaine durée, les droits sur celui-ci revenant ensuite dans les mains du groupe.

Dans les structures underground il n'y a bien souvent pas de contrat mais plutôt un accord verbal ou écrit via email où le label Y offre au groupe X de sortir sa prochaine démo ou son prochain album et de le distribuer via sa distro et celles d'autres labels underground. La plupart des labels underground offrent un budget couvrant au moins une fraction du prix du studio ainsi qu'un pourcentage (souvent 10 ou 15%) des Cds ou vinyles qu'il produira avec l'enregistrement dont question.
Il n'y a dans l'underground bien souvent aucun paiement de royalties et le groupe est le plus souvent libre d'aller voir ailleurs quand bon lui semble. Que le label soit gros ou petit il s'efforcera de promouvoir ses sorties selon ses moyens.
Pour un label underground, ces moyens sont généralement fort limités tandis que les grosses structures dépensent beaucoup d'argent dans ce but et travaillent sur le long terme, les contrats de ces grosses structures portant généralement sur 3 albums voire plus.


D'après toi, comment certains labels et certains groupes en sont arrivé la ?
A mon sens l'origine de cette pratique découle de la démarche tordue des groupes. Je m'explique ! Pour beaucoup de groupes, signer sur un label est un aboutissement en soi alors qu'il n'en est strictement rien.
Ce qui est un aboutissement, c'est signer sur le label qui convient pour son groupe. Cela se remarque fortement via la quantité incroyable de promos de groupe ayant 6 mois d'expérience que reçoivent toutes les grosses structures.
Ces groupes – composés souvent d'ados ayant découvert le métal avant-hier – et n'ayant à offrir que de la musique de piètre qualité. A côté de cela, les structures underground reçoivent aussi très souvent des mails envoyés à 57456434654 labels underground d'un groupe X qui souhaite se faire signer à tout prix.
A mon sens cette façon de procéder de la part des groupes témoigne d'une méconnaissance totale de la façon dont on obtient un deal avec un label quel qu'il soit. Tellement habitués à obtenir tout et tout de suite via google ou youtube, ils s'imaginent qu'il suffit d'envoyer un Cdr promo pour signer sur EMI. Cela témoigne également selon moi d'un manque de respect total des groupes vis-à-vis de leur musique qu'ils tentent de fourguer lamentablement à n'importe quel label comme on tente de fourguer à la rombière de moins 50 ans une quantité invraisemblable de merdes en bourrant chaque jour sa boîte aux lettres de dépliants publicitaires.
Pour finir, cette façon de procéder témoigne d'un manque de respect vis-à-vis du label qui n'est vu que comme un moyen d'éviter de devoir économiser quelques centaines d'euros pour aller en studio alors que le groupe qui prend le temps de trouver le label qui lui convient recevra bien plus que de l'argent pour enregistrer son prochain album et notamment le soutien de quelqu'un qui comprend et aime vraiment sa musique.

Comme j'imagine que beaucoup de membres de jeunes groupes liront ceci, voici quelques petits conseils et remarques à leur attention :
1° Si votre groupe a moins de 6 mois d'existence, vous n'êtes sûrement pas prêts pour signer sur un label. Good things need time !!!
2° Prenez le temps de trouver le label qui convient à votre groupe en regardant par exemple avec quels groupes ce label bosse déjà.
3° Si vous écrivez à l'un ou l'autre label, personnalisez vos mails ou lettres en expliquant par exemple pourquoi vous aimeriez être signés sur ce label et pourquoi vous pensez que vous y serez à votre place sans pour autant vous présenter comme les prochains Iron Maiden.
4° Prenez le temps de comprendre comment fonctionne la scène dans laquelle vous voulez évoluer, en écrivant par exemple à des groupes plus expérimentés afin d'obtenir l'un ou l'autre conseil. Il n'y a pas de question idiote !!!
5° Même si ça vous fait bander de repomper les riffs merdiques de Re-Load dans la cave du pavillon de banlieue de vos parents, ça sert à rien d'écrire au label de Metallica, restez réalistes et oubliez les gros labels. Ces grosses structures paient des gens pour découvrir les « jeunes talents » et votre Cdr promo a 99% de chance de finir à la poubelle.
6° Ayez du respect pour votre musique : ne tenter pas de la fourguer à un label de polka tout ça parce que vous avez été trop fainéants pour vérifier que le label auquel vous vous apprêtez à écrire est bien un label de métal.
7° Il est parfaitement possible de faire progresser votre groupe sans label mais pour ça il faut comprendre que vous gratter les couilles devant Facebook en spammant vos « amis » avec des invitations à aimer la page de votre groupe ne vous mènera pas au Madison Square Garden.
8° Ne rêvez pas, vivre du métal est excessivement rare mais il est parfaitement possible de prendre son pied en jouant dans un groupe tout en gagnant le Smic à la mine.
9° Payer pour signer sur un label c'est comme payer pour baiser. C'est pratique mais c'est pas vraiment la même chose que taper dans l'œil de la blonde aux gros seins que vous relookez depuis des mois à la cantine de l'usine.

J'ai pas vraiment envie de m'étendre sur les « labels » qui demandent aux groupes de payer pour les signer, ils n'ont rien à voir avec ce qu'est réellement un label et profitent juste de personnes pressées et un peu naïves. J'invite ces pseudo labels à s'interroger très sérieusement sur leur démarche.


Quel est ton point de vue sur ce genre de deal payant entre un label & un groupe ?
C'est triste et - malheureusement - très révélateur.


A l'heure où on peut tout s'acheter - des fans facebook aux vues sur youtube à aujourd'hui sa propre signature sur un label - on ne peut plus se fier à rien. Quels conseils donnerais-tu aux lecteurs pour faire de vraies découvertes ?
Il suffit d'être curieux et objectif je pense. Un groupe qui a 100 likes sur Facebook n'est pas forcément moins bon qu'un groupe qui a une page A4 de pub dans le dernier Terrorizer payée par son label. Mais pour découvrir le groupe qui a 100 likes sur Facebook et qui est génial il faut sortir de cette logique du tout, tout de suite … et ça c'est pas gagné !




Interview de Nico - labelmanager de Kaotoxin records.

Proposes-tu des deals aux groupes dans lesquels ils doivent payer pour obtenir différents types de services ?
Nico : Non, jamais. Kaotoxin base intégralement son activité sur le développement de nouveaux talents et, dans ce cadre, même si l'argent est forcément toujours un besoin en tant que moyen, ça n'est jamais la finalité en soi.
Tâchant de bâtir une image au label, essentiellement basée sur la qualité d'un catalogue artistique tournant autour de groupes intenses et sombres, quelque-soit le style musical, le label perdrait beaucoup à fonctionner de la sorte et qui plus est, beaucoup sur le long terme, ce qui serait encore plus dommageable pour une structure encore aussi jeune que la notre.
La seule exception à ça a été la compilation « In Grindo Veritas », sous-titre de façon explicite « A COLLECTIVE Work of Grindcore Intoxication », pour laquelle chacun a payé sa part afin que le projet puisse voir le jour et je profite d'ailleurs de cette opportunité pour remercier tous les groupes présents qu'ils l'ont rendue possible ! Ce projet, en particulier, a toujours été le notre –celui des groupes et du label- et a toujours été considéré et promu comme tel, mais ce fut la seule exception, si l'on peut dire étant donné qu'il s'agit surtout d'un travail collectif à mon sens, à notre démarche.


Est-ce une pratique dont tu as entendu parler ? si Oui de quels types de deals as-tu eu echo ou connaissance ?
N : Oui, j'en ai entendu parler.
Cependant, ça n'est pas une nouveauté (ça existant déjà dans les années 90). Par contre, et ça n'est pas là de la langue de bois, j'ai bien mieux à faire et bien trop peu de temps pour le faire, pour me pencher sur ce que fonts les autres, en dehors d'écouter les diverses productions que nos collègues d'autres labels nous envoient parfois.


Quels pourraient être les avantages pour un groupe de signer un deal 'payant' vis à vis d'un deal de licence classique ?
N : Tout dépend de ce que l'on appelle un « deal payant » et des conditions offertes en contrepartie.
Si un groupe tient absolument à une version LP de son album et que le label ne peut se le permettre étant donné le coût d'un tel support et se voit proposer par le label d'en payer le pressage, je ne considère pas ça comme un « deal payant », mais comme un partenariat.
Si, maintenant, on parle de « faire un chèque » pour se retrouver sur un catalogue, là, c'est bien différent et j'ai du mal à voir l'avantage que ça pourrait procurer aux groupes. Nous avons quelques groupes en distribution, ce qui est bien différent, qui ont donc payé eux-mêmes leur pressage (à prix coûtant), parce que nous avions vraiment envie de bosser avec eux mais n'avions pas forcément les moyens au moment où ils nous ont contacté, mais je mets quiconque au défi de faire la différence entre ces groupes et ceux que le label a directement signé en termes de traitement, de considération ou de promotion : ce sont « nos groupes » autant que les autres et je ne considère vraiment pas ça comme « un deal payant ».
J'ai entendu parler de « labels » demandant des montants parfois importants pour faire partie de leur catalogue et si je faisais partie des groupes concernés, je me demanderai en premier lieu si, basant une relation sur l'argent dès le début, il y aurait vraiment quelque-chose à « gagner », artistiquement parlant, à un tel partenariat.
Si le groupe est bon, il est bon, et nombreux seront les labels tentés de proposer des deals de distribution pour bien moins cher qu'un « deal payant » et offrir les mêmes, voire de meilleures, conditions en termes de promotion ou distribution tout en bâtissant une relation groupe/label basée sur l'artistique et le développement du groupe plutôt que sur l'argent à se faire.
De toute façon, nous, on n'en fait pas, de l'argent, alors, bon, c'est dire si on n'est pas faits pour ce genre de deals ! (rires)


Comprends-tu les motivations d'un groupe d'accepter ce genre de deal ?
N : Je peux comprendre l'enthousiasme et l'envie d'un groupe de sortir sa production, quelqu'en soit le coût, mais je pense qu'à un certain niveau, en arriver à payer pour obtenir un deal, c'est aussi un manque d'investissement promotionnel du groupe dans la mesure où ce ne sont pas les labels qui manquent (il y en a certainement un bon millier actifs ces temps-ci, quelque soit leur « taille ») et ils finiront toujours par trouver celui qui voudra bien bosser avec eux, gratuitement, si la production en question en vaut la peine.
C'est juste une question d'investissement promotionnel du groupe (je parle en temps, pas financièrement) pour se faire repérer par un label et, surtout, de professionnalisme et de patience, ce dernier point étant bien souvent celui qui manque à nombre de groupes. Ce que je veux dire est que, si tu as un bon album, avec une bonne production, un bon artwork et que tu sais démarcher de façon convaincante, sachant prouver à ton futur partenaire que tu es capable, à minima, d'écrire un mail clair, précis, dans un français ou un anglais acceptable, que tu es capable de tourner et faire parler de toi sur les réseaux sociaux et le web en général, il n'y a aucune raison que tu ne finisses pas par trouver un partenaire valable. Ca prend juste du temps, mais le jeu en vaut la chandelle, à mon sens.
Réaliser, promouvoir et sortir un album coûte souvent bien plus au label que ce que l'on peut imaginer et, même s'il ne s'agit pas de faire de l'argent, ils ont, les labels, à minima besoin d'être rassurés sur le fait de ne pas perdre le peu de fonds qu'ils ont. C'est bien souvent une question de survie, pour eux, comme pour tout groupe. Ca l'est pour nous, en tout cas.


As-tu déjà reflechi à proposer ce genre de deal aux groupes ?
N : Non, clairement.
Je préfère encore un crowdfunding permettant de bâtir une communauté de fans impliqués dans la réalisation d'une future production, ce que nous tâchons de faire avec nos Kaotoxin SideBlasts Series (https://www.facebook.com/KaotoxinSideBlastsSeries) avec lesquelles nous tâchons de développer des side-projects de nos artistes, plutôt que de demander de l'argent à un groupe.


Que proposes-tu aux groupes qui signent avec toi ?
N : A nouveau, ce n'est pas de la langue de bois, mais ce serait très long à détailler et, surtout, ça ne regarde que les groupes en question.
Pour autant, globalement, nous proposons ce que n'importe quel autre label propose : promotion, distribution, édition, royalties, copies… De plus, en toute honnêteté, au-delà du « contrat » qui est surtout un moyen pour nous de clarifier les moyens, objectifs et droits de chacun dans le cadre d'une collaboration, c'est surtout une question d'entente et de vision à plus ou moins long terme entre le label et ses artistes qui prédomine dans le cadre de notre relation avec « nos » groupes et nous avons souvent fait bien plus pour eux et avec eux que ce qui est contractuellement prévu. Si nous partageons la même vision des choses et que nous sentons que notre relation est équilibrée et que le groupe fera tout ce qu'il peut pour aider à notre développement mutuel, il n'y a aucune raison que nous ne fassions pas de même. C'est une relation gagnant-gagnant. Certains groupes, et on en parle bien peu (les labels ayant toujours tendance à « avoir le mauvais rôle » dans cette scène), se servent aussi des labels et attendent tout d'eux et ne faisant rien pour établir une relation dans laquelle chacun à a gagner pour le bénéfice de tous. Fort heureusement, ça nous est très rarement arrivé.


N'as tu pas le sentiment d'être dans une sorte de concurrence déloyale vis à vis des labels qui demandent aux groupes de payer. Ils ont obligatoirement plus de moyens pour faire de la promo, de la pub et cie qu'un label comme toi qui doit tout investir de sa poche ?
N : Oui et non.
Oui, effectivement, sur le court temre. Cependant, j'ai plus tendance à voir les choses sur le moyen ou long terme. Je n'ai pas de nom à te donner parce que je n'en n'ai pas en tête à vrai dire, mais je pense que le public finit toujours par différencier les mauvrais groupes "signés parce qu'ils ont payés" des bons et les bons groupes qui se sont fait avoir par ce genre de deal finissent toujours par s'en libérer et la promo faite à grand renfort de l'argent du groupe les aide dans tous les cas sur le long terme, quelque soit le nouveau label sur lequel ils signeront par ailleurs après.
Au final, le plus compliqué en tant que label manager, c'est surtout de faire comprendre aux artistes signés chez toi que, effectivement, X ou Y a bien plus de promo qu'en étant signé chez toi, mais qu'il y a une raison à ça... :D


A l'heure où on peut tout s'acheter -des fans Facebook aux vues sur Youtube à sa signature sur un label- on ne peut plus se fier à rien. Quels conseils donnerais-tu aux lecteurs pour faire de vraies découvertes ?
N : As-t'on déjà pu se fier à quoi que ce soit, finalement ?
Une partie de la presse a toujours fonctionné sur le fait de mettre en avant les artistes dont les labels achètent de la pub, une partie des tournées a toujours fonctionné sur le fait que les groupes d'ouverture payent, etc.
Le seul moyen qui a toujours existé et qui existera toujours reste la curiosité des fans. Ca m'attriste, mais j'ai tendance à penser que ça manque un peu. Quand je vois le succès de groupes tels que Metallica qui, pour moi, n'ont pas sorti un album valable depuis près de 25 ans et la difficulté qu'il y a à faire parler de groupes tels que les nôtres qui, chacun à sa manière et toute proportion gardée, en valent tous la peine (c'est un avis subjectif, forcément, et je conçois que l'on puisse voir les choses autrement), je me dis que ça n'est que ça, la différence : arrêter de supporter de mauvais groupes parce qu'ils ont « gros » ou ont eu un passé formidable mais considérer chacune des sorties comme étant aussi intéréssante, à priori, qu'une autre, quelque soit la renommée ou l'image du groupe. Internet est un formidable outil pour ça. BandCamp ou YouTube sont de formidables plateformes pour découvrir de nouvelles choses à écouter et ça ne coûte rien, il n'y a juste qu'à fouiller un peu et on y trouve des pépites. Charge aux gens de découvrir ces talents et à les supporter, s'ils veulent que cette scène continue à être vivante, diverse et passionnante.
Des gens comme Arno Strobl et Cyril Mazak font un travail de découverte toujours passionnant, avec leurs compilation « Combat Nasal », par exemple. Je n'aime pas tout ce qu'ils découvrent, loin s'en faut, mais il y a toujours une grande qualité dans la sélection. La télécharger dès qu'elle sort devrait être un réflexe pour chacun des lecteurs :D. Sinon, tant que tu me laisses la parole, j'en profite pour glisser un coup de promo, pas de raison (rires) : nous venons juste de sortir deux compilations digitales gratuites, « Weapons of Self-Destruction », basées sur nos sorties 2012 (10 titres) et 2013 (17 titres). Elles sont disponibles sur http://listen.kaotoxin.com . Si découvrir de nouveaux artistes vous tente, ça peut être un bon début (rires) !
Merci à toi, Grég', et à toute l'équipe de VS pour tout le soutien au label et à ses artistes et pour votre intégrité, aussi !




Interview de Michael Berberian - Labelmanager de Season of Mist

Est ce que la pratique de demander aux groupes de payer pour être signé sur un label est quelquechose de plutôt récent ou ce genre de deal existait déjà par le passé ?
Non, c'est récent.

C'était bien plus facile de se faire signer avant, quand j'ai débuté (milieu des 90's). Mais la baisse des ventes liée à internet a rendu la tâche de se faire signer difficile. Je ne crois pas qu'il y ait intrinsèquement beaucoup plus de groupes qu'avant : de tout temps, il y a eu pléthore de groupes. Internet les a juste rendus plus visibles, alors qu'avant, ça sortait moins facilement du local de répét'. Internet a vraiment changé la donne de ce côté-là, en diminuant les ventes et en augmentant le nombre de groupe visibles !

Je ne dis pas ça négativement, il faut juste s'adapter et se rendre compte qu'une grosse partie de ce qu'un label faisait « avant » dans le développement de carrière d'un groupe est maintenant à la charge de ce dernier, qui a des outils à sa disposition (social networks, etc).

Donc étant donné que c'est BEAUCOUP plus difficile de se faire signer, ceux qui peuvent essayent de sortir le chéquier.


Ce genre de pratique existe-elle au sein de ton label ?
Non, mais pour être tout à fait honnête : The Old Dead Tree, que je n'étais pas forcément chaud pour signer, est arrivé avec une méga subvention d'un comité d'entreprise pour la promo. Ca n'était pas vraiment « payer pour être signé », car on devait fournir des factures, mais d'avoir la promo payée, ça a aidé à la signature. C'est la première fois qu'on avait ce genre d'offre. Après; il se trouve que leur premier album, « The Nameless Disease », est fantastique. Le groupe a pu décoller, faire un buzz... Je ne le regrette absolument pas, car l'album est magnifique.

Il y a un autre exemple : Nothnegal. On me propose un groupe pionnier dans sa région du monde. En plus, le mec me dit : « Tu peux venir en vacances chez nous avec ta femme et ton gosse ». Je dis pas non, je suis pas con non plus ! C'est de la corruption ? Peut-être. Mais on est très loin de n'importe quel homme politique hein, j'ai appris des meilleurs... L'intégralité des systèmes des subventions à la musique est corrompue. On n'y a pas droit, on n'est pas copains. Et plus largement, l'intégralité de l'administration ou je vis, notre belle ville de Marseille, est corrompue jusqu'à la moelle. Alors oui, j'ai accepté une semaine de vacance au soleil. Jetez-moi la pierre !

Donc voilà, j'ai fait mon coming out, j'ai eu deux fois des avantages en nature dans des négociations avec des groupes. Vos commentateurs invités vont me traiter de vendu, sale capitaliste et me lyncher (virtuellement, hein).

Si on en revient au sujet :
Après je ne vois pas la différence avec la plupart des labels franco-français qui sont gavés de subventions. Nous, chez Season, on ne fait pas partie de ces cercles-là. On est trop con, trop punk… Et moins je vois le gouvernement, mieux je me porte, donc pas question de lui donner un droit d'accès à ce que je fais.

Mais au final, entre un groupe qui offre un paiement à un label pour se faire signer et un label qui va signer un groupe uniquement s'il sait qu'il va chopper un sub derrière par copinage, what's the difference ? De quels types de contrats as-tu eu echo ou connaissance ?
Bah de contrats où le groupe paye 50% du pressage, ou une somme fixe, etc.

Après y'a plus intelligent. Il y avait un label aux US qui marchait de la manière suivante : fournir un label clé en main à des GROS groupes (Mötley Crüe par exemple, mais Ace Frehley aussi avait tenté l'expérience il me semble). En gros : vous sortez vous-même votre album, nous on vous fournit un service de label entier (promo, distribution, marketing, digital, expéditions, comptabilité, etc.) pour une somme fixe par mois. Car même si 3 crétins crient encore « un label ça sert à rien », les mecs n'ont pas forcément envie de faire eux-mêmes les paquets, la compta, la distribution, mettre les metadonnées en place pour le digital, etc. Un label, c'est plein de gens spécialisés dans plein de choses. Après, certains comme Steve Vai ont sincèrement essayé de faire tout eux-mêmes. D'autres ont préféré prendre une solution clé en main offerte pas une boite US qui avait développé ce concept. Perso, je trouve ça intelligent.

Car après tout, pourquoi pas ? Un label c'est un service. C'est un travail qui, s'il est bien fait, représente BEAUCOUP de monde et beaucoup d'heures de travail.
Donc un gros groupe peut l'acheter pour une durée donnée.

Mais un petit groupe non signable (car ne générant potentiellement pas assez de ventes en l'état) qui offrirait de partager le risque avec un label qui va investir son temps, son carnet d'adresses et son savoir, pourquoi pas s'il veut se donner une chance ? Ca ne me semble pas du vol à main armée. Il faut voir que pour les petits groupes, le boulot n'est PAS RENTABLE a 90% du temps. Vu ce qu'une machine comme Season « coûte » au mois, un petit groupe qui vend 500 copies, ben ça marche pas, on ne peut plus le faire. C'est facile à comprendre. Donc on est obligés de signer plus gros.

Mais que des petits labels disent « mon activité est de t'aider dans ta première étape de ton groupe, je t'amène un minimum de savoir, de promo, de distrib, on partage les frais.. », pourquoi pas.
Encore une fois Season ne le fait pas, qu'on soit bien clair. Mais ça ne me choque pas quand on comprend vraiment l'économie d'un label.


D'après toi, comment certains labels et certains groupes en sont arrivé la ?
Je pense déjà avoir répondu à ta question juste avant.
Par le passé, un petit label pouvait espérer faire un peu d'argent sur des petits groupes : c'était le cas pour nous pendant un moment ! Mais bon, vu les ventes de disques et ce que nous filent Spotify, Deezer et YouTube, je pense qu'à moins d'aller faire la manche pour compléter, c'est inenvisageable de nos jours.


Quel est ton point de vue sur ce genre de deal entre un label & un groupe ?
C'est un échange de service. Après faut voir à ce que le deal ne soit pas biaisé non plus : si on partage les risques, on partage les revenus (si ça marche).


A l'heure où on peut tout s'acheter - des fans facebook aux vues sur youtube à aujourd'hui sa propre signature sur un label - on ne peut plus se fier à rien. Quels conseils donnerais-tu aux lecteurs pour faire de vrais découvertes ?
Y'a pléthore de choix, mais je trouve que c'est encore plus facile qu'avant de repérer les bons trucs.

Certains musiciens sur Spotify ont des playlists qui me font découvrir des trucs tous les jours. Certain mecs de groupes, ou de la presse, postent souvent leur découverte sur Fbook, et très honnêtement il y en a quelques-uns qui m'impressionnent. Ils ont un coup d'avance, tout le temps.

Certains sites web sont bien informés et ont des chroniqueurs de qualité (wink wink nudge nudge).

Faut quitter la main stage du Hellfest et oser s'aventurer tôt sous les tentes, y'a des trucs à découvrir.

L'information est là pour qui n'est pas trop fainéant et daigne aller la chercher. Sinon, il ira voir Motörhead (RIP bientôt) ou Soulfly (RIP talent) pour la énième fois à son festival favori, ou il élira le nouveau Machine Head « album de l'année » dans les magazines…





Jehan Fillat - Labelmanager d'Apathia Records

Proposes-tu des deals aux groupes dans lesquels ils doivent payer pour obtenir différents types de services ?
Non, c'est totalement contre la vision que l'on a d'un label.
On est assez « old-school » dans la manière d'aborder les choses, quand on sort l'album d'un groupe, c'est avec une vision sur le moyen/long-terme, en se disant que l'argent investi servira de base pour frapper plus fort à la sortie de leur prochain album. C'est une logique d'accompagnement.

Est-ce une pratique dont tu as entendu parler ? si Oui de quels types de deals as-tu eu echo ou connaissance ?
Malheureusement oui. J'ai entendu parler de deals ou le groupe doit se démerder pour gérer/payer le pressage eux-mêmes, et derrière, de devoir payer pour se faire signer et au final avoir quelque chose qui ressemble plus à un attaché de presse que d'un label, en tout cas c'est ce que je perçois.

Quels pourraient être les avantages pour un groupe de signer un deal 'payant' vis à vis d'un deal de licence classique ?
La distribution dans les bacs. Je n'en vois pas d'autre réellement, parce que la promotion qui sera faite ne sera forcément pas à la hauteur d'une vraie boîte de promo dont c'est le boulot à 100% (avec l'impact sur le ventes que ça peut avoir).

Comprends-tu les motivations d'un groupe d'accepter ce genre de deal ?
Pas vraiment, peut-être un manque d'expérience, de vision des choses, je n'en sais vraiment rien. Ou peut-être le fait de se dire « on paye, ça va forcément être un truc bien ». Mais très souvent, j'ai l'impression que ce n'est que de la poudre aux yeux l'espace d'un temps, parce que le choix des groupes ne se fait pas sur leur qualité, mais sur « qui peut payer », tout en ayant l'air « assez bankable », et sur le long-terme, je ne pense pas que ça paye vraiment.

As-tu déjà reflechi à proposer ce genre de deal aux groupes ?
Jamais, et ce n'est pas prêt d'arriver. Il arrive qu'un groupe vienne vers nous avec son CD déjà tout prêt (ou presque), et dans ce cas, on leur propose un deal de distribution, qui leur coûte l'équivalent des frais de ports pour nous faire parvenir les skeuds.
La marge sur les ventes que l'on prend sur ce genre de deal est assez faible et ne sert qu'a (essayer de) rembourser les frais d'envois aux médias ou à notre distributeur américain. Et si on décide de leur acheter un encart de publicité dans X magazine en complément de la promotion que l'on fait, c'est Apathia qui sort l'argent, pas le groupe. Leur rôle est de faire de la musique, le notre de la promouvoir.

N'as-tu pas le sentiment d'être dans une sorte de concurrence déloyale vis à vis des labels qui demandent aux groupes de payer. Ils ont obligatoirement plus de moyens pour faire de la promo, de la pub et cie qu'un label comme toi qui doit tout investir de sa poche ?
On pourrait dire que oui dans un certain sens, où l'argent injecté dans la promotion permet surement de décrocher plus de choses qu'Apathia n'a pas actuellement -une distribution française en magasin, par exemple-, mais je trouve presque ça trop simple de dire "c'est tant et on vous signe". Il y a forcément moins de "rage" derrière, moins d'envie de s'impliquer pour un groupe, et quelque part, moins de prise de risque.
C'est presque une solution de facilité dans un sens, de signer des groupes parce qu'ils payent, plutôt parce qu'on croit réellement en eux.
Je me souviens la première fois que j'ai entendu le mix du second album de Pryapisme, c'était un déclic, dans ma tête il FALLAIT qu'on les signe, je ne me voyais pas leur dire non, leur album m'a mis littéralement sur le cul. Pareil pour le premier album d'Heart Attack, on a tous dis oui directement! Ils m'ont même fait aimer le Thrash alors que je ne suis pas du tout client du genre à la base, c'est dire! C'est ça qu'on recherche réellement, des albums qui nous retournent totalement, parce que c'est ceux-là qui marchent bien, en définitive. Alors qu'un groupe qui se pointe avec les billets, bon... obligatoirement t'as pas le même effet, quelque part tu t'en fous un peu, ils ont payé, t'as plus qu'a faire le job, ni plus ni moins. Tu n'iras pas bosser comme un malade pour eux, parce que tu ne te sens pas autant impliqué.
Et puis quand ça marche au moins, t'as vraiment un putain sentiment de fierté, du travail accompli, et si en plus, le groupe te dit qu'il est content de ton job, alors c'est parfait, et t'en sors grandi.

A l'heure où on peut tout s'acheter - des fans facebook aux vues sur youtube à aujourd'hui sa propre signature sur un label - on ne peut plus se fier à rien.
Quels conseils donnerais-tu aux lecteurs pour faire de vrais découvertes ?

Le même conseil qu'on s'applique pour choisir nos groupes : se fier à ses oreilles. Il n'y a pas meilleur juge. Que le groupe soit signé de manière « traditionnelle », qu'il ait payé ou qu'il soit auto-produit, le fait de revenir sur un album dans le temps prouve qu'il est bon, le reste, ça n'importe pas trop au final…
Il faut juste être un peu curieux pour dénicher des petites perles, et il n'y a pas besoin d'aller bien loin, on a un gros paquet de groupes très talentueux en France





Mathias Jungbluth de THROATRUINER Records
Proposes-tu des deals aux groupes dans lesquels ils doivent payer pour obtenir différents types de services ? Est-ce une pratique dont tu as entendu parlé ? si Oui de quels types de deals as-tu eu echo ou connaissance ?
Ouais j'ai déjà eu des échos de trucs moyennement propres, genre le groupe doit payer tout son pressage et en offrir une partie au label, qui en contrepartie faisait juste la promo, d'autres où le groupe a l'obligation de payer une grosse partie du truc ou de faire suffisamment de préventes pour que le label ai rien à sortir ou presque pour le pressage...

Quels pourraient être les avantages pour un groupe de signer un deal 'payant' vis à vis d'un deal de licence classique ? Comprends tu les motivations d'un groupe d'accepter ce genre de deal ?
Disons que pas mal de groupes ont une vision assez naïve et obsolète du milieu, qui consiste à croire qu'il est nécessaire d'avoir plein de logos pour pouvoir "faire professionnel" et avancer.
Des groupes, c'est pas ça qu'il manque, des labels/structures (solides ou boiteux), par contre y'en a déjà moins, donc ça m'étonne pas que certains se fassent enfumer juste pour pouvoir coller un logo sur leur album.
Après par principe, si la condition pour qu'un label sorte ton album, c'est de lâcher du blé, c'est que ça sent pas hyper bon. En tant que label, mon rôle c'est de prendre des risques sur un groupe parce que je crois vraiment en lui et que je pense qu'il mérite plus d'être entendu que d'autres; alors que si la décision vient du fait que le groupe accepte de me filer des thunes ou pas, y'a des questions à se poser en terme de motivation.

As-tu déjà reflechi à proposer ce genre de deal aux groupes ?
Bah j'essaie de proposer ce qui est le mieux pour eux et moi, donc non.

Que proposes tu aux groupes qui signent avec toi ?
Je leur refile 20% de ce qu'on presse (vinyle, CD ou merch), ce qui est le deal le plus courant et pratique pour tout le monde dans les milieux hardcore/punk/metal et cie. Parfois je leur demande de mettre un peu la main à la pâte pour avoir quelques copies/shirts en rab' à prix coûtant (ce qui est toujours utile pour ceux qui tournent un minimum), et puis après je m'occupe de gérer le pressage, la promo et cie. Les groupes payent leur studio/artwork, ce qui est une bonne chose, puisqu'ils restent ainsi propriétaires de leur musique (pratique au cas où je voudrais devenir un gros con en utilisant leurs morceaux contre leur volonté) et ça nous permet de conserver ce bon vieux deal "poignée de main" où on peut se faire confiance mutuellement. Au final on a une relation assez horizontale où on s'entraide, et tout le monde s'y retrouve.

A l'heure où on peut tout s'acheter - des fans facebook aux vues sur youtube à aujourd'hui sa propre signature sur un label - on ne peut plus se fier à rien. Quels conseils donnerais-tu aux lecteurs pour faire de vrais découvertes ?
Ouais c'est là tout le cynisme de l'époque; toute visibilité peut s'acheter, on va te dire "ah bah tout marche comme ça ma bonne dame" mais c'est pas comme si c'était une raison pour aller dans ce sens. On se doute bien d'où viennent tes 5000 fans facebook alors que t'as une demo et jamais joué au-delà du périph', tes tournées en premières parties de gros trucs alors que t'as jamais rien accompli, ou tes interviews aux questions impersonnelles dans tel ou tel magazine alors que t'as un encart de pub 3 pages après. Après si ça peut permettre à certains de soulager leur petit désir de notoriété tant mieux hein, mais bon, y'a pas grand chose de gratifiant dans le fait de payer pour se faire mousser de manière éphémère.
Pour découvrir des trucs cools, il faut juste prendre le temps de faire son tri; blog personnel ou magazine, label qui sort des cassettes à 50 exemplaires ou vinyle/CDs à 20 000 exemplaires, il y a des passionnés partout, faut juste savoir ce qu'on aime et à qui se fier.
Des outils comme Bandcamp font également qu'il n'a jamais été aussi facile de se faire son propre avis, pour peu qu'on soit un minimum curieux.
Après pour conclure je vais m'écarter un peu du sujet mais bon... Ça peut sembler paradoxal de la part d'un mec qui a un label et bosse pour les groupes, mais je dirais jamais assez aux groupes d'apprendre à tracer leur route tous seuls sans rien attendre de qui que ce soit. Si vous avez la flemme ou trop d'ego pour mettre les mains dans le cambouis pour faire avancer votre groupe, faut pas s'attendre à ce quelqu'un daigne le faire à votre place. Qu'ils en soient à leur première sortie ou pas, les groupes avec qui j'ai la chance de travailler ont cette motivation de pousser leur truc aussi loin qu'ils le peuvent, et cette détermination se ressent à tous les niveaux.




Alexandre Saba (fondateur du label M & O MUSIC et de la structure de promotion M & O
OFFICE) & Julien V. (chargé des radios)

Proposes-tu des deals aux groupes dans lesquels ils doivent payer pour obtenir différents types de services ?
Alexandre Saba : Non.
Il y a 2 types de contrat que le label M & O MUSIC propose aux groupes (Distribution ou Licence).
La contrat Distribution est un contrat tout simple qui fait le relais entre le distributeur pro (pour les magasins) et le groupe. M & O Music prend en charge toute cette logistique avec les op et mise en avant magasins...etc.
Dans le contrat de Licence, le groupe achète des cd au label. Le groupe vend ses cd aux concerts et le label ne prend aucun pourcentage sur ces ventes de cd vendus aux concerts. C'est 100% pour le groupe.
Le label prend en charge le pressage des cd et cd promo. Nous envoyons + de 200 cd promo à différents médias (mags, webzines, radios, tourneurs...etc). Le suivi promotionnel hebdomadaire est fait par la suite. Il y a également toute la logistique des op et mises en avant en magasins pour une meilleure exposition du groupe.
La distribution physique du label s'étend sur plusieurs pays du monde, mais avec la conjoncture actulle du marché du disque, si le groupe n'a pas de dates et/ou tournées dans les pays distribués physiquement, la distribution ne sera que digitale dans les pays où le groupe ne joue pas. La distribution digitale est mondiale d'entrée de jeu.

Quels types de services proposes M&O Music aux groupes ? Quels sont les différentes options proposées ?
Alexandre Saba : Comme dis plus haut, si le label signe un groupe en Licence, le label prend en charge les pressages (cd + cd promo), le suivi promotionnel auprès des médias et toute la logistique de distribution physique et digitale avec les op et mise en avant.
Depuis quelques temps maintenant, nous proposons un deal global (distrib physique + digitale) quand le groupe a un tourneur et des dates autour de la sortie, à ce jour c'est le nerf de la guerre. Pas de dates autour de la sortie de l'album = un coup d'épée dans l'eau pour l'album, même avec un bon suivi promo.

Quel sont les avantages pour un groupe de signer un deal 'payant' vis à vis d'un deal de licence classique ?
Alexandre Saba : En ce qui concerne le label M & O Music, les groupes ne nous payent pas pour avoir un service. Nous sommes là pour les mettre en avant au maximum.
Si tu payes un service, ça devient de la presta de service. Par exemple, le groupe paye une structure pour s'occuper de leur promotion...etc...
La structure M & O Office ( www.m-o-office.com ) est une structure qui s'occupe du suivi promo de groupes et à plusieurs autres types de services.
Julien V. : En effet M & O Office gère le suivi promo et plusieurs offres de services. Je tiens à préciser que la promotion d'un groupe et d'un album même si on passe beaucoup de temps dessus ne débouche pas toujours à un buzz. Actuellement les médias sont envahis depuis quelques années, car faire de la musique devient quelque chose à la porté de tous. Nous sommes dans l'ère du numérique et du home studio. En conséquence les gros médias doivent faire du tri et
bien souvent vont mettre en avant les acteurs très actifs de la scène. Ceux qui ont beaucoup d'actus, qui ont une grosse base fan et aussi ceux qui correspondent à l'image de la radio. Sinon il y a aussi une question de timing, comme par exemple « All Dogmas We Hate » qui a eu un mini buzz au USA en 2013. Il a fallu du temps pour que le style colle aux goûts du moment. C'est à ce moment là, qu'on a du réagir en conséquence, créer des visuels, des concours et communiquer au maximum avec les radios intéressées.

A l'heure où on peut tout s'acheter - des fans facebook aux vues sur youtube à aujourd'hui sa propre signature sur un label - on ne peut plus se fier à rien. Quels conseils donnerais-tu aux lecteurs pour faire de vrais découvertes ?
Alexandre Saba : Personne n'achète sa place chez M & O Music. Le groupe nous envoit son album à écouter et si on aime on propose un deal et nos contitions, si le groupe accèpte, c'est parti ! La musique pour moi reste la chose pour laquelle je me base pour signer un groupe. Après il y a tout le reste à prendre en compte, tout ce qu'il y a autour du groupe (booker, dates, tournées...), mais la musique du groupe est ce qui fait me décider ou non pour une signature.
A ce jour, je fais toutes mes découvertes musicales sur le net, facebook, youtube...etc. Il y a quelques temps, je recevais pleins de cd par la poste à ecouter..., maintenant, ceux sont des liens, ça va plus vite on va dire, mais je reste quand même fan de l'objet, mais ça, c'est générationel :)
Julien V. : Il est vrai que tout s'achète, mais le public n'est pas dupe, c'est fini l'époque où les mots « Vu à la télé » étaient un argument de vente ou de promotion. De nos jours seules la proximité et la sincérité réussissent à faire durer un artiste.
Question découverte, je passe beaucoup de temps à chercher de nouvelles découvertes via Facebook, Youtube et Noomiz.

Il y a t-il une obligation pour un groupe d'acheter un certain nombre de cds si ils signent un deal de licence ?
Alexandre Saba : Si on part du principe d'un contrat Licence M & O Music, le groupe doit vendre des cds aux concerts. Si le groupe n'a rien à vendre aux concerts, c'est « contre productif » pour le groupe. Le label ne prend aucun pourcentage sur les ventes des cd aux concerts, tout est pour le groupe. Pour cela, il doit en acheter au label. Le groupe gère son stock de cd pour les lives à 100%.

Il y a t-il des groupes qui n'ont acheté aucun cds ?
Alexandre Saba : Si c'est un contrat de Distribution pure, le groupe gère son stock global de cd, du pressage à la vente de cd aux concerts.




Interview de Mike guitariste du groupe YORBLIND, ex-CARNAL LUST

Tu fais ou as fait partis de plusieurs groupes avec lesquels tu as souvent eu un nouvel album finalisé et autofinancé de A & Z comment s'est déroulé le démarchage des labels ?
De la façon la plus consensuelle du monde !
On peut considérer que nous démarchions les labels comme on peut chercher un employeur.
Nous déterminions une liste de structures susceptibles d'être intéressées par la musique du groupe, envoyions nos copies promotionnelles avec toutes les infos possibles afin d'intéresser ceux-ci et prenions notre mal en patience afin d'obtenir des réponses à nos demandes, positives ou non.
C'est un petit peu différent maintenant, dans la mesure où de plus en plus de labels demandent l'envoi de titres au format numérique. C'est plutôt une bonne chose selon moi, quand on connaît les moyens financiers d'un groupe et le montant des frais postaux, surtout en ce qui concerne l'étranger. Cependant, il faut être conscient du fait que les labels sont généralement submergés de travail, il est très souvent nécessaire d'être encore plus organisé de son côté afin de relancer certaines personnes, ou de se rappeler à son bon souvenir...
Pour être tout à fait honnête, ces démarches ne sont pas des plus agréables quand on considère le fait que jouer de la musique passe avant tout.
Cela est très chronophage pour parfois peu de résultats, mais c'est une étape par laquelle on doit passer si l'on souhaite développer son groupe.


Quels types de propositions avez-vous reçu ?
Nous avons pour la plupart du temps reçu des propositions de contrat de licence.
Sans trop rentrer dans les détails, c'est le type de contrat où le label est responsable du financement de la fabrication, de la promotion et de la distribution de ton album sur une période définie. Le groupe s'est au préalable occupé de la production, c'est à dire de l'enregistrement en studio avec tout ce que cela implique, des visuels, etc...
Les contrats reçus étaient plus ou moins négociables, présentaient plus ou moins d'avantages et étaient souvent reconductibles. Ce qui nous a d'ailleurs valu quelques déconvenues parfois... Disons que Pervade Productions ne manque à personne.
Je ne m'étalerai pas sur certaines propositions « étranges » ou peu sérieuses que l'on a pu découvrir...

Avez-vous reçu des propositions où vous deviez payer pour être signé ? Si Oui, quelles étaient les variantes et ce que proposaient les labels comme service en contrepartie ?
Non, ça ne nous est encore jamais arrivé mais je connais bien ce genre de pratiques.

Des groupes payent pour acheter des fans sur Facebook, pour faire un tour support, pour avoir des vues sur youtube, payer pour être signer te semble t-il choquant ou une option de plus ?
Rien ne me semble choquant dans la mesure où chaque structure ou chaque groupe est libre de faire ce qu'il veut !
Pour ma part, je trouve que nous vivons une époque étrange où parfois l'image semble prendre une place plus importante que la musique elle-même.
Tous les groupes ou presque veulent s'exposer un maximum et cela passe par Facebook, Youtube, Tweeter, etc...
Ce sont devenu des outils de communication incontournables et je peux comprendre le fait que certains jeunes groupes achètent une part de leur « notoriété » pensant que cela va vite les propulser en avant.
C'est quelque chose que je ne me vois pas faire. A mon humble avis, il est impossible d'évaluer les résultats par rapport aux coûts que cela peut engendrer. Est-ce que 5000 vues en plus pour une vidéo postée sur Youtube vont apporter à un groupe plus de dates de concert si musicalement l'auditoire n'accroche pas.. ?
Cela n'engage que moi, mais je pense qu'un groupe peut utiliser son argent de façon moins risqué et plus utile.
C'est un peu plus délicat concernant le fait de payer pour faire un tour support car c'est une exposition bien différente à mon avis !
L'exposition est physique et bien réelle. Jouer de la musique en live en première partie de « grands noms » dont vous pouvez être fans est un aboutissement pour de nombreux musiciens mais c'est aussi à double tranchants. Le bilan peut être très positif (du point de vue du public, de la vente de merch, des contacts) mais également très difficile à subir financièrement parlant. Un groupe se doit d'être bien conscient de tous les paramètres.
Beaucoup de facteurs peuvent entrer en jeux afin de prendre à un moment la décision de prendre part ou non à ce type de projets : l'importance du ou des groupes de tête d'affiche, le moment opportun pour se lancer, la possibilité de tourner dans des pays encore non visités et où le public semble demandeur, etc...

Penses-tu que payer pour signer chez un label est une option intéressante et envisageable pour un de tes groupes ?
Il faudrait qu'un contrat soit incroyablement intéressant et respecté à 100% pour que je puisse seulement commencer à y songer ! Le cas échéant, quels moyens aurais-je pour défendre les intérêts de mon groupe ?
De plus, même si je comprends parfaitement qu'un label se doit d'agir dans une certaines « logique commerciale », je trouve plus intéressant et valorisant le fait de travailler avec des personnes qui sont davantage passionnées par la musique que par un portefeuille bien garni... Cela me rassure dans un certain sens, le Metal étant avant tout une musique de passionnés.


Le marché du disque est hyper concurrentiel, te sens tu défavorisé vis à vis d'autres groupes avec plus de moyens qui arrivent à signer, tourner, s'afficher dans les médias papier ou web ou encore s'acheter un e-following web uniquement grâce à leur propre argent ?
Défavorisé non ! Bien-sûr, je ne vais pas nier le fait qu'avoir des moyens financiers importants peut faciliter bien des choses. Ne serait-ce que de pouvoir se concentrer sur l'essentiel : la musique.
Il est certain que cela prend beaucoup de temps et d'énergie de promouvoir, de communiquer, chercher des dates intéressantes, etc... C'est une véritable organisation !
Mais je crois sincèrement qu'avec de la persévérance, de la motivation et surtout de la passion, un groupe peut arriver aux résultats qu'il souhaite.
Le plus difficile étant de bien garder le cap et ne pas oublier certaines notions autres que pécuniaires : le partage, l'échange, l'entraide et surtout le plaisir de créer de la musique.
Chaque étape dans la vie d'un groupe peut prendre plus ou moins de temps mais sont à mon avis indispensables pour bien comprendre son propre fonctionnement. Je pense que payer pour « aller plus vite » peut être destructeur au final.
Ce que nous vivons actuellement va changer dans les prochaines années et ce que nous connaissons sous une certaine forme évoluera encore et encore...




Interview de Micky - chanteur au sein du groupe ALL DOGMAS WE HATE

ALL DOGMAS WE HATE a sorti son premier opus "Back to reality" en 2012 via M&O Music. Vous avez renouvelé votre confiance à M&O Music pour votre prochain opus "Human Wrath" qui sortira fin avril. Avez vous démarché de nouveaux labels pour ce second opus ou avez vous choisi de continuer avec M&O Music ?
Nous avons choisi de continuer notre collaboration avec M&O car nous sommes satisfait de leur travail.


Vos 2 albums ont ils été autofinancés de A & Z ou avez vous eu des aides extérieures ? (de la production à l'artwork)
Aucune aides extérieures, l'album a été entièrement auto financé


Avez-vous participé au financement de la sortie du disque via M&O Music ? Deviez vous payer un montant pour être signé chez M&O Music ?
Nous avons payé une participation pour être signé dans le but d'avoir une distribution à l'international, ce qui est quasiment impossible par ses propres moyens. (Note de la rédaction : la participation dont parle All dogma we hate semble être les cds achetés par le groupe auprès du label)


Il y avait-il des services à la carte ou s'agissait-il d'un package ? Que restait-il à la charge de votrel label ?
Le label propose un package dans lequel il de charge de la promo et de la distribution...


Comprends tu que le fan de métal peut se sentir " berné " en apprenant que le groupe a financé la signature sur un label ?
Je ne comprends pas le fait que le fan puisse se sentir "berné", un groupe auto produit finance aussi sa visibilité.

Le crowdfunding (ou l'appel à des souscriptions/precommandes) est-il pas une solution intéressante pour vous ?
Le crowdfunding pourra effectivement être une solution à étudier si nous grossissons d'ici là.




Mr. X, chanteur du groupe XXX
Mr X a souhaité conserver l'anonymat.
Comme de nombreux groupes, vous aviez votre nouvel album finalisé de A & Z, comment s'est déroulé le démarchage des labels ?
X : Démarchage classique, envoi de CD ou MP3 pour faire découvrir l'album aux labels.


Pour les propositions où vous deviez payer pour être signé quels étaient les variantes et ce que proposaient les labels comme service en contrepartie ?
Il s'agissait d'un contrat payant : 2600 EUR à la signature pour une promo+distro européenne (magazines+webzines).
On a fourni le master prêt pour le pressage et avons donc payé toute la production de l'album (enregistrement, mixage, mastering).
Le label a avancé les frais de pressage de CD, mais les récupère sur les ventes et reste propriétaire des stocks. Pareil pour la GEMA/SACEM.
La label nous a « offert » 100 CD et assure une distribution européenne en bacs.
On touche 70% sur les ventes (CD + digital).

Il y avait-il des services à la carte ou s'agissait-il d'un package ?
C'était plutôt un package. On a pu négocier sur 1 ou 2 points mais pas grand chose.


Que restait-il à la charge de votrel label ?
Rien, le label n'a pris aucun risque !
Il a été payé pour faire la promo et prend une part sur les ventes pour la distribution. Il a simplement avancé les frais de fabrication des CD's.
La marge de manoeuvre du label est large, c'est nous, le groupe qui prenons les risques pour lui. Le label détient les clés de la distribution internationale, inaccessible aux petites structures comme les groupes. On peut dire que dans l'industrie musicale actuelle il y a clairement une segmentation pyramidale du circuit et que les groupes sont la base.
Alors petite parenthèse, dans la musique de varieté qui brasse des grosses sommes, on va jusqu'à noyauter la base, on prend des musiciens-acteurs qu'on forme avec des coach, les groupes ont très nettement laissé la place aux "artistes" solo de toute manière, s'il y en a, ce sont des équipes instrumentalisées. Les labels ont donc le pouvoir jusqu'au bas de la pyramide, c'est très pratique pour eux.
Dans le business métal, je parle du circuit de vente bien sûr, pour les groupes de petite envergure, les labels attendent quand même pas mal à ce qu'il y ait une sécurité musicale, le style est censé etre bien défini.
Au delà des frontières du genre, ca devient un peu fantaisiste malheureusement.
Et la fantaisie a de fait un coup, si tu sors des clous tu payes plus le label qui voudra bien te prendre.


Comprends-tu que le fan de métal peut se sentir " berner " en apprenant que le groupe a financé la sortie du disque ?
Pas vraiment, la musique est la même avec un label ou non…
C'est simplement qu'on a décidé de se donner les moyens de toucher un maximum de personnes à notre niveau.
Si il existait des fans de métal qui se sentaient bernés en apprenant qu'un groupe finance la sortie du disque, c'est qu'ils placeraient les labels comme seuls juges compétents de la qualité musicale, comme seuls juges habilités à dénicher les talents, comme des autorités impartiales et omniscientes, et qu'il croiraient en dieu sans doute.
C'est peut-être aussi qu'ils croiraient que les labels subviennent à tout le volet financement, pub, distri, édition et production... et que les groupes sont des gangsters ultra-libéraux coupables de vouloir se faire encore plus de fric, déjà qu'ils roulent sur l'or...
Je préfère ésperer qu'il n'y a pas trop de personnes qui pensent comme ca.


Aujourd'hui les groupes payent tout, l'enregistrement, le pressage, le label, le tour support, les fans facebook, la pub dans la presse etc. On pourrait dire que les groupes font encore tourner le marché UG du disque... qu'en penses tu ?
Je ne sais pas si on peut tourner les choses comme ça. Ce ne sont pas les groupes qui achètent les disques au final…
C'est clair que les acheteurs sont sensiblement moins nombreux qu'avant internet. Par contre la transformation du circuit de vente a generé des choses qui font que maintenant les groupes sont obligés de plus gérer eux memes les parties dont s'occupent les managers, d'une manière c'est profitable au marché UG, dans le sens où certains choisissent de rester maitre de la distribution, développent des réseaux, montent des associations...
C'est sur, les rangs des milieux UG grossissent, vu la politique des labels, le manque d'offre.


Le crowndfunding (ou l'appel à des souscriptions/precommandes) n'etait il pas une solution intéressante pour vous ?
C'est une solution qu'on a envisagé un instant, mais n'étant pas tous fans de ce procédé on a préféré la méthode plus classique.
Ce n'est pas vraiment au public de prendre le risque pour les groupes je trouve.
C'est normalement aux labels de le faire ! Mais vu qu'ils se dérobent à leurs obligations aujourd'hui, on a préféré prendre ce risque financier à notre compte.
Mais la question de l'appel à financement est vraiment d'actualité, tout le monde devrait y réflechir.
En dessous d'un seuil de popularité, c'est à dire de rentabilité les labels se dérobent et les groupes se saignent, ou du moins dans un premier temps si il arrivent à rentrer dans leur frais - ce qui n'est pas gagné d'avance.
On peut facilement voir que le système de vente traditionnel n'est plus viable.
Il y a quelques années, les groupes apportaient de la musique et des personnes se chargeaient de la rendre accessible, maintenant pour avoir accès à la production de musique, on est obligé de négocier avec ces sociétés commerciales qui utilisent les musiciens. Le schéma est carrément inversé.
On va donc de plus en plus avoir besoin de se réapproprier les moyens de diffusion, et du coup on va vers la constitution de réseaux parallèles, underground et moins largement distribué.
On va aussi plus bosser avec des gens concernés directement par la condition de musicien, peut etre vers plus d'entraide, et de l'autre côté chez les labels classiques, vers plus d'uniformité et vers un long délitement de qualité, et une dégradation des statuts des musiciens dans les contrats.
L'appel à financement est donc un outil de plus en plus utilisé, révelateur de cette situation.
Et accessoirement, ca peut etre une solution de secours dans nombre de situations je pense.
Pour nous, nos avis divergeaient, dans le sens où pour certains d'entre nous, le fait de demander une aide est inenvisageable, malgré le contexte.
C'est une question à la fois d'éthique personnelle et surtout, je crois, de contexte économique, le système évoluant, il est difficile d'avoir la même position qu'il y a 10 ans, comme j'ai pu en parler dans mes réponses.




Mr Y membre du groupe français XYZ
Mr Y a souhaité conserver l'anonymat.

Comme de nombreux groupes, vous aviez votre nouvel album finalisé de A & Z, comment s'est déroulé le démarchage des labels ?
On avait bien sûr entendu parler du label ABCD et à peu près au même moment où je m'apprêtais à les démarcher (pendant le maquettage de l'album) un ami qui bosse en radio et qui est donc en contact avec eux, est venu me voir « çà vous dirait de sortir votre disque chez ABCD ? Je leur ai parlé de vous ». Le reste s'est enchaîné naturellement. Je n'ai donc pas galéré à chercher un label pendant des mois, même si j'avais contacté auparavant quelques autres structures histoire de.

Quels types de propositions avez-vous recu ?
Le deal classique de tout groupe appartenant au label ABCD; on fournit les albums finalisés et pressés et le label nous fait profiter de son réseau de distribution, s'occupe du plan promo (magazines, webzines, télés, radios…) et on bénéficie de sa visibilité lors par exemple de l'édition de compils distribuées lors de gros festivals aux côté d'autres groupes plus connus.
Les frais d'attaché-presse restent à notre charge ainsi que les encarts presse. Enfin, nous retouchons l'intégralité des ventes des albums moins la part distributeur. Le label ne touche rien dans l'opération.

Pour les propositions où vous deviez payer pour être signé quels étaient les variantes et ce que proposaient les labels comme service en contrepartie ?
Du coup je n'ai connu çà que lorsque je cherchais un label -que je ne citerai pas- pour notre premier album, un truc totalement bidon où le soit disant label te payait le pressage mais voulait savoir avant combien tu comptais lui racheter de disques par la suite (pour les vendre en live !!) de manière à s'assurer qu'il ne prenait aucun risque tout en restant propriétaire et bénéficiaire des disques restants.
De plus il travaillait avec d'obscurs réseaux de distribution qui sentaient l'arnaque à plein nez (pléonasme ?!). Inutile de dire que j'ai refusé cette connerie.

Il y avait-il des services à la carte ou s'agissait-il d'un package ? Que restait-il à la charge de votrel label ? Pourquoi avoir choisi le label avec qui vous avez signé ?
Car il nous permettait d'être aux côtés de groupes dont nous étions fans et que çà nous apportait une plus grande assise pour tout ce dont j'ai parlé avant.

Aujourd'hui, votre album est sorti depuis plusieurs mois, es-tu satisfait du rapport qualité/prix ?
Oui tout a plutôt bien fonctionné, ABCD a bien géré et on a bénéficié d'une bonne couverture. C'est toujours plus intéressant que de se pointer tout seul avec son disque sous le bras car même si financièrement parlant on a dépensé grossièrement la même somme que pour l'album précédent au totale autoproduction, on a pu toucher des gens qu'il aurait été difficile d'avoir par nous-mêmes.
Au final, je vois ça comme un système « gagnant-gagnant », où le label ne prend certes pas d'énormes risques mais fait profiter de son réseau au groupe qui lui-même ne dépense pas plus que s'il était seul dans son coin pendant que le label fait grossir ses rangs avec des artistes qu'il aime. Vu la situation du disque (j'exclue évidemment les usines qui ont du fric à investir dans la soupe de base), ça me paraît la meilleure des solutions, cette espèce de mutualisation des ressources.

Comprends-tu que le fan de métal peut se sentir " berner " en apprenant que le groupe a financé la sortie du disque ?
Non pas vraiment, je ne vois pas en quoi c'est le problème du fan de savoir qui a payé quoi. C'est un fonctionnement complexe dans tous les cas, même lorsque le label casque. Sinon il faudrait aussi leur expliquer que quand ils achètent le dernier Johnny ils filent la plupart de leur fric au distributeur par exemple et que finalement leur chanteur préféré ne touche que dalle.

Le crowndfunding (ou l'appel à des souscriptions/precommandes) n'etait il pas une solution intéressante pour vous ?
Quand on a sorti le disque c'était beaucoup moins à la mode que ces derniers mois donc on ne s'est pas vraiment posé la question.

Si c'était à refaire ... tu ferais la même chose ?
Oui probablement, sauf si Universal me propose un contrat avec beaucoup de zéros.


Auteur
Commentaire
funerarium
Membre enregistré
Posté le: 24/04/2014 à 00h21 - (1142)
interview hyper sympa. Je ne sais pas si ca parlera aux gens qui n'ont pas de groupe, mais ca me parle à moi qui ait un label underground. 100% d'accord.



buru
Membre enregistré
Posté le: 13/01/2016 à 22h07 - (1875)
Crowdfunding : un terme qui m'énerve encore plus que chiasse / impôts / lundi!



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