Les Marseillais de THE DAWN ont, fin 2013, pondu une sacrée galette en termes de hardcore chaotique fleurant bon le grand cornu. VS est allé à la pêche aux infos et vous les rapporte dans cette interview.

Salut les gars, et merci de répondre aux questions de VS-webzine. Pour commencer, pouvez-vous nous faire un petit topo pour celles et ceux qui ne vous connaissent pas ?
On s'appelle The Dawn, on vient de Marseille, le groupe est né sous la forme d'un trio en 2005.
Avant ça on s'appelait Inmate et on a évolué sous ce nom de 1999 à 2005, c'était une version plus « metal » de The Dawn.
Le line-up d'origine de The Dawn était composé de Seb à la basse/ backing, Fred au chant lead + guitare et moi à la batterie. Nico nous a rejoints en 2011 pour apporter une plus-value artistique aux compos de l'album en cours d'écriture et surtout pour renforcer l'impact visuel et scénique.
L'été dernier Alexis (Come The Tides / Deveikuth) s'est proposé d'occuper le poste de bassiste suite au départ de Seb. Le changement de line-up s'est fait plutôt naturellement et il fait désormais partie intégrante du processus de composition et de prise de décision.
The Dawn c'est un mix entre metal, hardcore et noise, mais on retrouve aussi des éléments de death, de sludge, voire de black. C'est un melting-pot qui peut paraître un peu indigeste présenté comme ça mais ça se tient plutôt bien au final.

Votre premier album « Loud Tunes And Furry Tales » est sorti il y a déjà 8 ans. Quelle fut l’actualité du groupe entre ce premier opus et votre nouveau rejeton ?

Pour la sortie de LDAFT on a un peu tourné, notamment avec nos potes Every Reason To... de Paris.
Après ça on a végété quelques temps en terme de création et de live malgré quelques shows par-ci par-là. Nos situations individuelles ont naturellement évolué sur le plan professionnel et personnel, ça s'est ressenti sur notre rendement malgré la profonde envie et la motivation de continuer à jouer/composer et faire du live.
En fait on s'est vraiment remobilisé pour le split avec ERT... on voulait revenir avec quelque chose de neuf et repousser nos limites. On est très fier de ces morceaux, on les joue toujours avec plaisir sur scène. Ça a été un déclencheur pour la suite.
Il y a aussi eu la participation au tribute à Tantrum . C'était fun de s'approprier leur musique le temps d'un titre mais aussi de rendre hommage à ce groupe culte de l'underground français.
Dans la foulée on s'est attelé sérieusement à l'écriture du nouvel album, on avait à nouveau plein de choses à dire et l'envie de faire au moins aussi intense et violent que le précédent « opus ».

Venons-en désormais à votre nouvel album « They Die Better That Way ». Racontez-nous un peu son histoire, sa conception, et ce que vous en attendiez après autant de temps sans sortie discographique (malgré un split CD en 2010) ?
On a bossé comme des dingues sur cet album, on était très content de la voie empruntée sur LDAFT et du virage un peu plus technique abordé sur le split, on voulait donc proposer un mix des 2 approches pour garder le côté punchy et direct de nos débuts et y apporter une meilleure maîtrise et un cadre musical plus large, le tout pour une version actualisée du groupe.
On a composé plus de 20 morceaux à la base.
On les maquettait régulièrement, on les arrangeait sans cesse, ça nous a demandé beaucoup de travail technique et d'endurance. On voulait un retour en fanfare, pour nous c'était un projet ambitieux de mélanger toutes nos influences et d'en extraire notre propre identité, encore une fois.
On a écrit les paroles autour de l'idée de mort, au sens large (suicide, meurtre, euthanasie, cannibalisme, guerre, invasion alien etc...) ce sont des thèmes qui nous inspirent et qui collent bien à notre musique. Le titre de l'album s'est imposé à nous quand on a trouvé ce sample de « Texas chainsaw massacre » (cf sur l'intro de "Cannibal date"), c'était un bon résumé du message global.
Au final on a sélectionné 14 titres, et on est allé chez Thomas Tiberi pour les mettre en boîte.
On suscite un intérêt assez limité localement mais on était convaincu que cet album était très bon et on se languissait vraiment de lui donner vie et de le faire circuler.

J’avoue qu’il m’en a fallu peu pour que la mayonnaise prenne direct. Dans quel état d’esprit étiez-vous pour accoucher d’un album aussi dur, sale, et méchant ? Avez-vous fait un pacte avec Satan ?

C'est comme ça qu'on aime jouer ensemble depuis le début, les dents dehors.
Au-delà de ça pour cet album les mots d'ordre étaient noirceur et violence, partant de là c'était à nous de les synthétiser avec nos armes, et de puiser des ressources dans notre côté sombre. Donc oui Satan a été une inspiration de chaque instant on peut le dire.
On n'est pas de grands techniciens par contre on a toujours réussi à insuffler beaucoup d'envie et d'énergie dans notre musique.
Ça se sent à l'écoute de toutes nos prod , il y a cette urgence et cette haine palpable qui ne relâche jamais son étreinte. La pression est constante, mais ce n'est pas réfléchi, on compose comme ça, et on ne s'en rend compte qu'a posteriori.

On retrouve une forte touche CONVERGienne, mais avec un côté plus crade et vicieux. Est-ce une comparaison qui vous gêne à force ou pas ?
C'est une comparaison flatteuse car Converge a été une influence pour nous, et notamment pour mon jeu de batterie, mais ça reste une influence parmi d'autres. On évolue dans une scène avec certains codes récurrents c'est donc facile de trouver des similitudes entre les formations du genre. On n'essaie pas de ressembler à tel ou tel groupe mais plutôt d'être nous-mêmes et je pense qu'on y arrive. A la limite c'était plus le cas sur notre 1er album qui était plus punk et sensiblement imprégné de la période "Jane Doe" / "You fail me".
Par contre je peux citer un paquet de groupes qui les singent complètement et qui seraient bien emmerdés avec ta question !! (rires)

Pourquoi avoir utilisé cette illustration d’un lycanthrope pour orner votre second disque ? Vous aimez danser avec les loups ?

C'est Seb le bassiste qui était en charge de tout l'univers visuel du groupe, il avait carte blanche sur le plan artistique et beaucoup de bonnes idées. Je sais qu'il souhaitait un visu efficace et sombre pour TDBTW, qui rappelle à la fois le thème des lyrics et la violence des compos. Il nous a soumis plusieurs propositions et on a retenu celle-là, qui est assez classique mais reste une bonne pochette dans le genre.

Le sud de la France n’est pas, à ma connaissance, un gros vivier concernant le metal, mais de votre point de vue, qu’en est-il réellement ?
Je peux surtout parler de Marseille et de ses environs.
Pour la culture rock en général c'est pas l'El Dorado, même si il y a pas mal de formations et de gens passionnés qui essaient de faire vivre le truc, ce que je salue. Mais ça reste très minoritaire, et souvent assez classique ou mainstream.
Pour l'underground et un groupe comme nous c'est juste l'exil, on se sent seuls au monde et il faut batailler sévère pour exister localement.

Vous avez remis le couvert avec Virgil pour ce second album, pourquoi avoir re-signé avec TRENDKILL (SEVERAL BLEEDS à l’époque de « Loud Tunes And Furry Tales ») ?
On bosse avec Virgil depuis le maxi d'Inmate sorti en 2003, il a toujours suivi notre évolution, et apprécié notre musique. Il nous a offert de jouer avec pas mal de groupes (Knut, Converge, Today is the day, Every time I die, etc...) ce qui nous a donné une certaine exposition.
On a donc une bonne relation et il ne nous impose rien, notamment en terme de promo live, il sait qu'on tourne peu et malgré tout il nous soutient, et il fait confiance à nos choix artistiques. C'est un partenariat confortable et je doute qu'on ait cette liberté ailleurs.

Quels sont vos plans pour 2014 ? Une tournée est-elle sur les rails ?
Comme je le disais sur la question précédente on tourne assez peu, faute de réelles disponibilités et de réseau de connaissances solide pour mettre de vraies tournées en place.
On devait tourner avec Anorak en octobre et ça ne s'est pas fait au final, pour les raisons évoquées ci-dessus, alors on s'est rabattu sur des dates par-ci par-là.
Pour 2014 on va essayer de continuer à bouger autant que possible, notamment sur des weekends.
Par ailleurs on travaille déjà sur 2 projets, dont un LP qui devrait voir le jour avant l'été et un maxi qu'on finalisera dans la foulée.

Merci d’avoir répondu à nos questions, je vous laisse le mot de la fin :
Un grand merci à toi et à VS pour l'intérêt que vous portez à The Dawn.
A ceux qui ne nous connaissent pas, chopez "They Die Better That Way", écoutez-le d'un trait et fort, TRES FORT, c'est comme ça que vous en apprécierez le message.
Rendez-vous courant 2014 pour la suite, qui sera HEAVY et EVIL à souhait.
SATAN IS REAL.