Arno Strobl - WE ALL DIE (LAUGHING) par SHEB - 5552 lectures
L'année est a peine entamée que voilà déjà l'un des prétendants au titre de l'album de l'année qui déboule. WE ALL DIE (LAUGHING) c'est la rencontre d'Arno Strobl et de Déhà et le résultat est des plus monstrueux. Longue interview avec Arno Strobl.


Peux tu nous parler de ta rencontre avec Déhà ?
C'est assez simple, Déhà m'a contacté un jour sur un réseau social bien connu, parce qu'il était fan de CARNIVAL IN COAL et de fil en aiguille, en discutant, il m'a fait écouté des choses qu'il faisait et j'ai trouvé ça vraiment impressionnant, et puis il m'a dit, tiens ça te dirait qu'on fasse quelque chose ensemble, ce à quoi j'ai bien entendu répondu: "Tu m'étonnes !" donc, on a continué à discuter et il m'a sorti de nulle part cette espèce d'énorme titre qui ne s'appelait pas encore "Thoughtscanning" à l'époque mais qu'il avait déjà maquetté en bonne partie et qui ressemblait déjà au titre tel qu'il est aujourd'hui, en me disant "tiens, ça je sais pas quoi en faire ça correspond à aucun de mes projets, (NDLR: Déhà à plusieurs dizaines de projets à son actif) est ce que tu le sentirais de chanter là-dessus ?" et moi ça m'a carrément botter parce que ça correspondait à rien de ce que j'avais fait auparavant, j'étais à l'époque encore dans 6:33 dont on avait quasiment terminé l'album mais je me demandais déjà ce qu'allait être l'après car je savais qu'avec 6:33 ce n'était qu'une collaboration ponctuelle et j'avais également envie de prendre les gens à rebrousse-poil et de faire quelque chose que je n'avais jamais fait. Dés la première écoute du morceau, j'avais déjà des idées en tête donc j'ai du lui répondre un grand oui.


Quand on connait ton amour du format "single", on peut être assez étonné de te retrouver embarqué dans une aventure de 33 minutes. Cela ne t’a pas fait peur ?
Je suis effectivement un gros fan du format chanson radio et je n'aime pas les groupes qui sortent des longs trucs. L'exception qui confirme la règle étant bien sûr "Crimson" d'EDGE OF SANITY et également un autre album d'un groupe belge qui s'appelle RENAISSANCE.
Ce que j'ai adoré dans ce morceau dés le départ c'est qu'il y avait des thèmes qui revenait et yavait de quoi faire réellement... pas des refrains à proprement parler mais il y avait des thèmes récurrents et donc de quoi ne pas se perdre dans le morceau. Moi, ce qui m'emmerde chez les groupes comme OPETH et compagnie qui font des morceaux de plus de 10 minutes, c'est justement les longues jams instrumentales et là ce n'était pas du tout le propos. On était d'accord dès le départ qu'il y aurait du chant de manière très régulière, ça ne serait pas un truc instrumental qui se barrerait dans la nature à un moment sans que l'on sache où ça nous mène. C'est très structuré, il y a des thèmes qui reviennent et c'est cette idée qui m'a séduite parce que finalement le morceau quand tu l'écoutes, tu te rends compte que tu peux facilement le découper toi même, dans ta tête, en plusieurs parties. D'ailleurs au niveau du texte et dans le livret de l'album, on le découpe vraiment en sept ou huit parties. Ce découpage était déjà bien vu dés le départ et c'est pourquoi ça ne m'a pas fait peur.


L'univers musical était-il déjà clairement défini dés le départ ou bien a-t-il fallu que vous vous entendiez ? Car toi comme lui avez des influences vraiment diverses et variées.
En fait c'est venu très naturellement. Lui connaissait très bien ce que je faisais. Moi, je connaissais beaucoup moins, ce que lui faisait, mais par contre dés le départ, on n'a pas cherché à se brider ou à se fixer de limites même si lui m'a un peu freiné dans certaines idées, des trucs qui me reviennent naturellement, des trucs un peu too much, alors par moment il me disait "Faudrait refaire ce phrasé".
Au final, je suis content car l'album nous ressemble autant à l'un qu'à l'autre. Ca lui ressemble car forcément c'est un truc super dépressif et dark mais ça me ressemble aussi car j'ai pu exprimer des trucs qui étaient en moi depuis super longtemps et que j'avais vraiment envie de lâcher.
C'était comme une espèce d'entente tacite dés le départ, car de toute façon quand il m'a envoyé le morceau, je savais qu'il n'était pas question de faire des plans zouk dessus et en plus cela ne m'intéressait pas car j'essayais aussi, quelque part, de cacher mon image de mec qui fait tout le temps des trucs rigolos, ce qui est en fait un gros malentendu.
Ce qui est marrant, c'est que même si on ne se connaissait ni d'Adam ni d'Eve, dès le premier jour où on a bossé ensemble, on avait l'impression de se connaître depuis toujours, un peu comme avec les mecs de 6:33 auparavant.


Les paroles sont de toi ?
Chacun a écrit ce qu'il chante.

Il y a quand même une unité ?

Oui, bien sûr. On y a foutu toutes nos névroses... Déhà est dépressif, je suis dépressif. Ca peut paraître cliché mais cet album, c'était aussi une façon de sortir un peu tout ça, de presser le furoncle et de sortir tout le jus. On a donc mis nos névroses en commun et à 80% chacun chante ce qu'il a écrit et on chante également chacun quelques parties écrites par l'autre parce qu'on trouvait que cela correspondait mieux au niveau du phrasé, de notre façon de chanter, etc...


Vers le milieu du morceau on peut entendre un sample tiré du film "Le cœur des hommes", un choix pas très metal, si ?
C'est un film qui m'a beaucoup marqué, je suis un gros fan de cinéma français, de toute cette école Bacri, Jaoui et tout ce genre de trucs et je place ce film très haut dans mon panthéon de films favoris et dans ce film, il y a cette phrase de Darroussin "Qu'est ce que je ferais si j'étais moins con ?" qui prenait tout son sens dans le texte car finalement c'est un peu l'histoire de la vie et en tout cas l'histoire de nos vies telle qu'on la raconte dans le disque. On avait pensé mettre un sample de film dans ce long passage instrumental et j'ai repensé à cette phrase qui m'avait longtemps tourné dans la tête et j'ai proposé à Déhà qui m'a regardé d'une manière qui disait "Deal !" et voilà, c'est aussi simple que ça.


Le nom du groupe était prévu dès l'origine ou bien est-il venu après ?
Dès le départ, quand on a commencé à bosser ensemble, on s'est dit qu'il faudrait bien un nom de groupe, donc on a commencé a proposé différentes choses... J'avais proposé IDARGOS qui est le nom du félon dans Goldorak mais Déhà a un projet qui s'appelle IDARLE donc cela faisait vraiment très proche... Mais j'ai toujours rêvé de faire un projet qui s'appellerait IDARGOS donc si un jour quelqu'un qui fait du black metal a envie de monter un tel projet, qu'il m'appelle, je suis preneur ! Déhà m'a en fait proposé ce nom de groupe qui est en fait un titre de chanson de je ne sais plus qui (NDLR: The Angelic Process) et c'est un truc qu'il avait en tête depuis bien longtemps et je trouvais que ça collait vraiment bien à l'atmosphère.


Je reviens sur la durée du morceau, est-ce que travailler une telle pièce c'est un travail vraiment différent ou bien les parties dont tu me parlais tout à l'heure ont-elles été bossées individuellement ?
C'est forcément un travail différent dans le sens où, quand tu travailles sur des chansons différentes comme j'ai pu le faire avec CARNIVAL IN COAL ou 6:33, tu changes d'univers à chaque chanson. Là, le confort, c'est que tu bosses sur une seule chanson et tu restes tout le long dans le même univers, le même état d'esprit. Changer de chanson, c'est un peu comme changer de peau à chaque fois. Après, effectivement, on a travaillé chaque partie comme des chansons à part entière et on a réarrangé chaque partie avec les idées de chacun car j'ai aussi collaboré aux arrangements même si 85% du boulot a été fait par Déhà. Paradoxalement, c'est peut-être plus simple que de travailler sur un disque de huit ou dix titres.


C'est quand même un sacré suicide commercial, non ?
Si, complètement et c'est pour ça que j'ai un peu peur car je me rends compte que ce n'est pas facile a appréhender par tout un chacun... Ca va aussi poser des problèmes en termes de promotion car ça ne va pas être possible de placer des titres sur des compils ou de mettre une vidéo en ligne. Quelque part c'est un peu risqué commercialement mais on a la chance d'avoir Nico de Kaotoxin qui dés qu'il a entendu le morceau nous a signé tout de suite et c'est à lui que tout ces problèmes vont incomber mais il n'a jamais hésité un seul instant. Donc, nous on a regardé le gamin qu'on a fait ensemble et lui nous a dit "oui, bien sûr" donc avec un partenaire comme ça qui lui, est sensé être le garant de la partie finances et qui est très emballé, on a pas cherché à comprendre, quoi mais c'est vrai que ça va poser des problèmes avec notre belle société de consommation actuelle où tu écoutes 15 secondes d'un truc et tu zappes si ça ne te plaît pas. Là, c'est un morceau qui demande quand même un effort. Faut rentrer dedans et si tu n'écoutes que les 15 premières secondes, tu vas entendre un arpège qui tourne en boucle. Je pense donc qu'avec la culture actuelle, pas mal de gens vont passer à coté de l'album mais je pense aussi que certaines scènes... Je pense par exemple à la scène shoegaze... qui peuvent s'intéresser à l'album car ce sont des gens qui ont la culture des trucs un peu lents qui se développent sur la longueur.


Tu me parlais de Nico de Kaotoxin, est ce que c'était un choix évident qui s'est imposé à vous ou bien y-a-t-il eu d'autres possibilités ?
Il avait déjà été envisagé de bosser avec Kaotoxin avec 6:33 mais au final ça ne s'est pas fait. Moi, j'ai rencontré Nico il y a quelque chose comme deux ans et sa vision du business et sa façon de bosser m'ont tout de suite complètement conquis. C'est quelqu'un qui bosse encore à l'ancienne, à la parole donnée, à la tape dans la main et c'est vraiment ce que je recherchais pour mes futurs projets. De plus, Déhà l'a connu quasiment au même moment et a apprécié sa façon de bosser aussi et c'était évident quand on a fait l'album qu'on allait le faire écouter à Nico en priorité et que si lui ne le sortait pas, on aurait peut-être essayé d'aller voir ailleurs mais on voulait vraiment travailler avec lui et on lui envoyait régulièrement des nouvelles parties de l'album et il était à chaque fois très emballé... Et ça fait très cliché, mais je dirais que c'est le troisième membre du groupe... Avec le deuxième Nico qui est Nicolas Ramaget, notre éditeur qui lui est le quatrième membre du groupe qui croit autant en l'album que nous et les deux Nico vont se déchirer le cul pour que l'album ait son petit succès.


Tu parlais de l'enregistrement, comment ça se passe l'enregistrement d'un morceau pareil ?
Alors en fait, on a fait une démo de l'album en trois ou quatre fois. A l'époque Déhà qui habite maintenant en Bulgarie, habitait à Mons et moi j'habitais à Namur. C'était pas très éloigné. Je suis allé chez lui trois fois en on avançait par tronçon... sept / huit minutes la première fois, une quinzaine de minutes la seconde fois et le reste la troisième fois. On avait alors le morceau entièrement "démotisé" et la quatrième fois que l'on s'est vu on s'est enfermé pendant trois jours et on a enregistré tout le morceau de A à Z. On a tout refait au propre et c'est la version définitive.



Quelques mots sur la pochette ?
J'ai eu la chance d'être contacté sur Facebook par un gars qui s'appelle Maxime Taccardi qui est un peintre absolument incroyable et qui était un gros fan de CARNIVAL. On a beaucoup discuté et un jour il m'a dit que si d'aventure j'avais besoin d'un visuel pour un projet plus sombre, il aimerait beaucoup travailler avec moi. J'ai vu dans sa galerie cette pochette devant laquelle je suis resté bloqué pendant de longues minutes. Je lui ai donc demandé s'il accepterait qu'on l'utilise, ce qu'il a fait dans l'heure avec grand plaisir. Il y a également six autres peintures de lui dans le livret. Il a déjà bossé pour un paquet d'autres groupes, pas mal de groupes de black metal... Il a fait des T-shirts pour NECROPHAGIA, ce qui est quand même une référence... C'est un type dont le boulot gagne à être connu, j'invite tout le monde a aller voir ce qu'il fait sur sa page Facebook (NDLR: https://www.facebook.com/maxime.taccardi).


Parlons un peu du mastering qui a été fait par El Mobo qu'on connait pour avoir entre autre bossé avec GOROD ou OTARGOS, n'avais tu pas peur que le résultat soit un peu clinique ?
Oui, c'était ma crainte au début, j'ai mis du temps à me faire au son car la démo d'origine avait un son très "gras" auquel je m'étais vraiment habitué et les premiers essais que nous a envoyé Fred m'ont vraiment déstabilisé. C'était beaucoup plus clean, la batterie était vraiment plus en avant, plus triggée et j'ai vraiment mis du temps à m'y faire. J'étais content de bosser avec lui car je savais que l'on aurait un gros son mais j'avais un gros doute sur ce son très défini, très clean alors que notre démo sonnait finalement beaucoup plus black metal. A force de réécouter, je me suis habitué à ce son et je suis content, surtout du mixage car je trouve qu'il a réussi à mettre en valeur tout ce qui devait être mis en valeur et c'est vraiment bien.


Ya t'il des chances que l'on puisse un jour voir WADL en concert ?
C'était une idée au tout départ, avant que Déhà ne parte en Bulgarie. On s'était dit qu'on allait probablement monter un line-up live pour essayer de promouvoir l'album sur scène. J'adorerais vraiment que ça se fasse car on a déjà reçu pas mal de propositions de coup de main de la part de personnes vraiment intéressantes... Mais il ne faut jamais dire jamais... Avec lui en Bulgarie et moi sur Lille, cela risque d'être un petit peu délicat mais bon... je pense que l'on attendra d'avoir ressorti autre chose avant de monter sur scène.


Ca n'est donc pas un one-shot, WADL est amené à continuer à exister après la sortie de l'album ?
Oui, c'est une certitude. Il y a déjà un EP qui est dans les tuyaux et il y aura de toute façon un deuxième album après et ensuite on verra... On va fatalement rebosser ensemble... Je ne pense pas me tromper en disant que c'est un des principaux projets de Déhà même s'il en a 60.000 et en tout cas, moi c'est mon nouveau groupe.


En dehors de ça d'autres projets ?
Oui, fin avril, je devrais faire de la scène avec Christophe Godin et son groupe de metal fusion GNÔ mais ça c'est un pur one-shot et puis c'est toujours en pourparlers mais ça se précise, peut-être faire quelques dates live avec CARNIVAL pour les quinze ans du premier album "Vivalavida".


Auteur
Commentaire
cyril_glaume
Membre enregistré
Posté le: 13/01/2014 à 12h39 - (1043)
"...peut-être faire quelques dates live avec CARNIVAL pour les quinze ans du premier album "Vivalavida"



OUAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAIIIISSS !!!!!



Félix Rome
IP:80.10.161.177
Invité
Posté le: 15/01/2014 à 11h39 - (1044)
15 ans de vivalavida! Je suis vieux,...

xuaterc
Membre enregistré
Posté le: 15/01/2014 à 21h45 - (1045)
"...peut-être faire quelques dates live avec CARNIVAL pour les quinze ans du premier album "Vivalavida"



OUAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAIIIISSS !!!!!


je cite)

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