Mathieu - SOFY MAJOR par PAMALACH - 4135 lectures
Encore engourdi par l'écoute d'un "Idolize" puissant et énergique, c'est avec grand plaisir que Pamalach à été rencontrer Mathieu de SOFY MAJOR pour une interview passionnante.


Salut SOFY MAJOR ! Votre nouvel album "Idolize" est dans les bac ! Comment vous sentez vous à l'aube de cette sortie ?
Mathieu (basse / chant) : Motivés plus que jamais ! On rentre tout juste de la première partie de la session des tournées promos d'Idolize, une douzaine de jours avec nos copains de Pord et on a déjà très envie de repartir.



Pour ceux qui ne savent pas, vous avez été enregistré cet album aux Etats Unis et il à bien failli ne jamais voir le jour. Est ce que vous pouvez raconter aux lecteurs de Vs quelles ont été vos péripéties au pays de l'oncle Sam pour qu'IDOLIZE sorte ?
Alors pour faire vite, nous sommes arrivés aux USA fin Octobre 2012 pour enregistrer notre nouvel album IDOLIZE.
Trois jours après notre arrivée, soit un jour avant le début de la session de tracking, l'ouragan Sandy est passé sur New York dans la nuit du 29 Octobre et a entièrement détruit le studio dans lequel nous devions enregistrer, détruisant au passage notre matériel et l'intégralité du matériel d'enregistrement.
Suite à ça, nous avons pas mal clochardisé dans NY avant que notre producteur Andrew Schneider ne trouve une solution de secours, dans des circonstances pas évidentes pour lui parce qu'il venait de perdre tout le matériel qu'il avait accumulé pendant les 20 dernières années, ainsi que tout le bâtiment qu'il avait réaménagé pour y loger le studio Translator Audio. Au passage l'endroit comprenait une quinzaine de locaux de répétition anéantissant au passage le matériel de tous les groupes de Brooklyn y répétant. Bref c'était un bon début pour un voyage de 6 semaines.
Quand Andrew nous a annoncé qu'on devait enregistrer ce disque parce que ça faisait des mois qu'on en parlait et qu'on avait traversé un océan pour travailler avec lui, on s'est dit que finalement ça allait le faire et qu'on ne manquerait pas l'occasion de bosser avec un type aussi motivé que lui !


Vous avez enchainé ensuite par un voyage de six semaines aux states que vous décrivez comme du "mysticisme ultime, la stupidité, le mauvais gout et le film catastrophe sans effet spéciaux". Qu'est ce que ces concerts ont eut de spécial par rapport à ce que vous avez fait jusqu'a présent ?
Tourner aux USA, c'est difficile. La tradition dans la plupart des pays d'Europe continentale c'est d'accueillir les groupes autour d'un repas, d'héberger le groupe, etc... Là-bas tu n'as pas tout ça, tu te démerdes. On y était préparé, y compris financièrement, mais les évènements que nous avons vécus juste avant les sessions d'enregistrement ont fait que la tournée était d'autant plus difficile. Les concerts que nous avons donnés étaient mémorables, le pays a une réputation assez dure pour le groupe moyen qui tourne dans des conditions de groupe indé. Nous avons rencontré un paquet de gens supers, d'autres rencontres moins cools, mais dans tous les cas tout étaient complètement dingue et démesuré. Les groupes avec lesquels nous avons partagé l'affiche étaient tous très bons, c'est surprenant de voir un aussi gros niveau, j'avais eu le même sentiment quand nous avions joué en Scandinavie.


Dans le dossier de presse, on peut lire que Dave Curran à été important pour vous aider aux USA. Il à pour projet d'ailleurs de sortir une "Peel session" du groupe chez Coextinction Records. Qu'est ce que c'est une "Peel Session" ?
Dave nous a bien sauvé la mise. C'est lui qui a mis tout le matériel de Pigs et d'Unsane à disposition pour qu'on puisse enregistrer, c'était un plan B en or quoi ; il nous a filé un gros coup de main quand l'ouragan nous est tombé dessus, sans ça je pense qu'on était à la rue. Coextinction Records sortent la plupart de leurs productions dans ce format, un peu à la manière de Homme qui avait fait ses fameuses Desert Sessions.
Si un groupe qu'ils apprécient est de passage à Brooklyn, ils leur proposent de venir enregistrer quelques chansons chez eux. Ça a été le cas pour Shrinebuilder de passage à NY, et pas mal d'autres artistes ont collaboré avec eux : Cave In, Pigs, Julie Christmas, Unsane, etc... La proposition de la part de Coextinction Records tombait à pic et du coup on a profité de nos séances d'enregistrement là-bas pour mettre trois titres inédits dans la boîte qui sortiront bientôt chez eux.


Ce nouvel album va sortir sous plusieurs formats (K7, digital, Cd, Vynil) et aura trois couleurs disponibles. Pourquoi le choix de proposer des couleurs différentes et qu'est ce que vous pensez du "retour" du format K7 ?
Le format vinyle, c'est parce qu'on a toujours été convaincu que l'objet en tant que tel est le seul support physique digne d'intérêt. Avoir une belle discothèque, c'est comme avoir une belle bibliothèque ; tu peux collectionner les BDs et les Comics comme tu collectionnes les disques. Un artwork et une galette en 30*30cm c'est quand même autre chose que quelques fichiers MP3 ou un digipack un peu vieillot. Les différentes couleur, c'est uniquement pour laisser le choix à l'auditeur ; certains préfèrent une configuration de couleur, d'autres personnes n'en ont rien à carrer et se tournent tout de suite vers le vinyle noir réputé pour être de qualité sonore supérieure (c'est peut-être moins le cas aujourd'hui en 2013 car la qualité des pressages a considérablement augmenté). Ensuite c'est aussi le label qui décide, les vinyles colorés ont tendance à partir plus vite car ils présentent un aspect "édition limitée". Concernant la K7, il y a deux raisons : certaines personnes sont fans de l'objet, ça permet de faire un joli artwork plutôt soigné. Le label canadien avec qui on a travaillé fournit un super boulot, ils sérigraphient un artwork, et ça donne tout de suite un très bel objet. Ce qu'il y a de bien aussi c'est que la K7 est encore très présente notamment en Asie du Sud-Est où le vinyle n'est pas aussi populaire et où l'on y achète des K7 comme on peut acheter des CDs en Europe.


Bon parlons maintenant plus particulièrement de l'album. Quelles différences faites vous par rapport à votre premier opus ?
Je pense qu'il y a un côté plus urgent, plus raw, voir plus live. "Permission to Engage" s'écoutait d'un bloc, il est peut-être plus évident de revenir sur Idolize parce qu'il est moins monolithique que son grand frère. La principale différence pour moi c'est le chant : plus de lignes mélodiques (sans tomber dans le chant lyrique insipide), moins de growls. C'était un véritable défi que d'apprendre à chanter, et de composer avec un quatrième instrument, mais j'y ai vraiment pris plaisir. Ce qui était important pour nous c'était d'ouvrir le champs des possibles et la voix est de toute façon un élément clef dans un groupe.



Je me gourre peut être mais je sens particulièrement l'influence d'un THE MELVINS sur certaines composition. Je me plante ?
Il y a des groupes qui mettent tout le monde d'accord dans Sofy Major, les Melvins en font partie. Dave Curran est leur sondier en live, j'ai eu l'occasion de les rencontrer plusieurs fois lors de leurs concerts en Europe et leurs shows sont toujours parfaits à mes yeux, surtout avec les années. Je pense qu'ils n'ont jamais été aussi bons en live. Leurs disques sont très variés et d'une qualité d'écriture vraiment monstrueuse, c'est un des derniers groupes indépendants issu des années 80 à être aussi actif et je trouve ça incroyable, c'est un vrai bon groupe de Metal joué par des Punks. Anal Cunt avait d'ailleurs fait une chanson qui s'appelait "When I think of true Punk Rock bands I think of Nirvana and The Melvins", ils avaient raison.


Votre son est mortel. Avez vous beaucoup travaillé pour en arriver à un tel bloc décibelique ?
Depuis le départ, le mot d'ordre était d'élaguer et d'obtenir la chaîne d'enregistrement la plus pure et la plus efficace, mais qui puisse être aussi retranscrite en live. Quand nous avons cherché avec qui nous pourrions travailler sur notre premier album Permission To Engage, on s'est simplement dit : "regardons au dos des pochettes de nos disques favoris qui a enregistré et mixé la session".
Notre choix s'est porté sur le Visqueen d'Unsane qui est pour moi l'un de leur meilleur album, c'est là qu'on a contacté Andrew Schneider. Pour lui le tracking devait être le plus simple possible : un bon ampli vers un bon micro vers un bon preamp vers un bon système d'acquisition. La formule Power Trio est parfaite pour ça, on a toujours été des nerds des amplis et des guitares et avons toujours travaillé d'arrache-pied pour se procurer le matériel que l'on voulait et arriver à sonner comme on le souhaitait. Au début tu tâtonnes beaucoup, tu as des ratés, tu te plantes, mais à la fin quand tu trouves la bonne formule, c'est le panard, ça vient avec les années.
Ça, allié à la possibilité de bosser avec Andrew sur du matériel qu'il maîtrisait, c'était le combo parfait. Si tous les musiciens sont en phase, que le moindre coup de médiator est joué en même temps que le coup de kick, il n'y a pas de raison qu'un disque sonne mal et là le producteur peut se faire plaisir. C'est drôle parce que la mode en ce moment c'est la loudness war, tous les disques sonnent hyper compressés et hyper forts, mais pas organiques pour un sou. J'entends énormément de groupes sortir des disques avec un son de taré très stéréotypé (solo de cymbales, snare pas naturelle, guitares ultra-fortes mais pas imposantes) mais dont l'intensité n'est quasiment jamais retranscrite en live. Andrew nous avait prévenu dès le départ qu'il ne bosserait pas sur un projet de ce type, il nous a dit : "je veux que ça sonne 'gutsy'", et du coup on lui a donné notre bénédiction.


Vous être un power trio. Est ce que vous vous autorisez un jour à évoluer avec d'autres musicien où la formule de liberté offerte par le trio vous convient parfaitement ?
On a commencé à 5, puis 4 et maintenant nous sommes 3. Il y a quelques années de ça, on avait bossé sur un live avec un ami à nous qui s'occupe de la plupart de nos arrangements numériques. Aujourd'hui la formule power trio nous convient parfaitement, mais si un jour quelqu'un nous donne l'occasion de travailler sur un projet bien spécifique et qui nous botte, on sera heureux de revoir notre copie pour une occasion particulière. Les Melvins le font avec la formule Lite, et ça marche très bien, l'important c'est de bosser sur chaque projet à fond et de fournir un spectacle de qualité. Comme je te le disais, être à trois, ça réduit forcément les possibilités, mais du coup tu as tendance à te concentrer beaucoup plus certains aspects fondamentaux de la musique : le groove, les variations d'intensité, le riff, etc... En ce moment tout le monde fait du ciné-concert, c'est typiquement quelque chose que je n'aurai pas vrament envie de faire avec mon groupe, sauf pour choper des subventions et gagner du pognon (ce concept est généralement très subventionné par les institutions).


Pouvez vous nous parler un peu du split que vous avez fait récemment avec Membrane ?
On les avait rencontré à l'hiver 2010/2011, et on avait été séduits par leur concert. On leur a proposé de partir avec nous en tournée et de faire un plateau commun sur une douzaine de dates. L'expérience s'est tellement bien passée qu'on s'était dit qu'il fallait repartir 6 mois plus tard, mais avec un disque cette fois-ci. C'était chose faite, et on a donc fait deux tournées avec eux, soit une grosse vingtaine de jours en France et en Europe pour promouvoir le vinyle que nous partagions. Membrane en live, c'est hyper impressionnant, hyper solide et travaillé. A chaque concert partagé avec eux, on s'est pris une calotte, le son est massif. Le fait est que ce sont aussi des mecs vraiment cools, et comme tu le sais, les choses ne se seraient pas faites de cette manière si le courant n'était pas passé entre eux et nous. Leurs foies et les nôtres sont dans le même état pour ainsi dire.


Quels sont les groupes ou artistes que vous écoutez actuellement ?
En ce moment pas grand chose de nouveau, pas mal de Jazz genre Mingus, Eddie Gale, Ornette Coleman, les Jazz Messengers... J'ai revu les Swans aussi il y a pas longtemps et je me replonge dans leur discographie du coup. Je suis souvent sur la route à cause de mon boulot (routier mais pas trop..), et je me tape de bons trajets de connard en général, du coup j'ai toujours des trucs pas finots sur mon téléphone, que je peux écouter très fort à 4h du matin pour ne pas m'endormir au volant et éviter de mourir dans une glissière de sécurité, du Death un peu bas du front par exemple, genre Entombed ou Obituary avec un litron de café de bon matin ça marche bien. Finalement la plupart de la musique que j'écoute, c'est sur la route, vu la fréquence soutenue des tournées et le job que j'ai.



Que peut on vous souhaiter pour l'avenir ?
Du beau temps ! Et aussi "bonne route" !


Avez vous un mot pour les lecteurs de VS ?
Buvez des bières, beaucoup ! Et merci à toi et à VS au passage.


Auteur
Commentaire
josh
IP:31.37.177.239
Invité
Posté le: 03/07/2013 à 15h07 - (755)
excellent groupe, excellent album, excellente interview...

AnusFraicheur
Membre enregistré
Posté le: 03/07/2013 à 15h19 - (756)
Des gars qui en veulent et qui ne plaignent pas. La classe.

AnusFraicheur
Membre enregistré
Posté le: 03/07/2013 à 15h24 - (757)
Des gars qui en veulent et qui ne plaignent pas. La classe.

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