- JéRéMIE GRIMA par SHEB - 4759 lectures
Ce n'est pas tous les jours qu'un groupe de métal français voit un livre qui lui est consacré sortir. L'occasion était donc trop belle d'aller poser quelques question à Jérémie Grima, auteur d'un pavé de plus de 500 pages consacré à SUPURATION/SUP.


Salut Jérémie et merci de répondre à mes questions. Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Salut Sheb. Merci à toi de me laisser m'exprimer dans les colonnes de VS ! Je m'appelle donc Jérémie Grima, j'ai 38 ans, j'écoute du Metal depuis que j'en ai 15 ou 16 et je passe beaucoup de mon temps libre à bosser sur divers projets en rapport avec cette musique. Ce livre, « SUP/Supuration Trace Ecrite », m'a occupé pendant deux années entières.


Quel a été ton premier contact avec SUPURATION ou SUP ? Qu'est-ce qui t'a plu chez ce groupe ?
J'ai découvert Supuration au tout début de l'année 1994 lors d'un concert à L'Elysée Montmartre. Le groupe y partageait l'affiche avec Loudblast et Carcass. J'arrive donc à la salle à l'heure et, dès les premières notes de « The Cube », je me prends une baffe monumentale. A l'époque, le Death était encore en plein essor et beaucoup de groupes continuaient à sortir d'excellents albums, dont certains avec une personnalité très forte. Mais malgré cela, je n'avais jamais rien entendu de comparable à Supuration. Ces rythmes speed, alliés à des mélodies envoûtantes et surprenantes, cette voix d'outre-tombe, ce côté complètement hypnotique, j'ai eu un coup de foudre complet et dès le lendemain, je me ruais sur tout ce que je pouvais trouver concernant le groupe.


Comment t'es venu l'idée d'écrire un livre sur SUP ? Quel en était le but ?
L'idée m'en est venue lors d'un concert que j'ai organisé en 2011, à la MJC pour laquelle je travaille, dans les Yvelines. J'ai fait jouer SUP et j'ai rencontré les membres du groupe, que je n'avais jusqu'alors que brièvement croisés à certains de leurs shows. Le courant est bien passé et j'ai décidé suite à cela de rédiger un papier sur eux pour un webzine pour lequel j'écrivais à l'époque. Mais pendant la préparation de celui-ci, je me suis retrouvé d'un côté avec une liste de questions longues comme le bras à leur poser, et de l'autre, aucune information précise concernant le groupe. Le fait est que celui-ci est toujours resté super discret, médiatiquement parlant. Et pourtant, les Loez n'ont jamais arrêté de bosser depuis 20 ans. Ils ont composé, certes, des albums, mais ont également sorti des brouettes de bootlegs, des DVDs, ont composé des BO de films... J'ai donc eu l'idée de m'atteler à la rédaction d'un livre qui reviendrait sur leur histoire et sur la place à part qu'ils occupent dans le milieu du Metal.


Tu en as d'abord parlé a l'éditeur ou au groupe ? Le nom de Camion Blanc s'est-il immédiatement imposé à toi ?
J'ai tout d'abord envoyé un e-mail à Camion Blanc car je ne me voyais pas me lancer dans l'aventure sans avoir la garantie que mon travail serait publié. Une fois leur approbation reçue, j'ai contacté Ludovic Loez, de SUP, qui s'est montré partant également. Quant au choix de l'éditeur, le fait est que c'est le seul et unique que j'ai contacté. Je suis un lecteur de leurs publications et c'est, selon moi, l'éditeur indépendant qui se bouge le plus pour promouvoir la littérature liée au Metal. Peut-être en reparlera-t-on plus loin dans l'interview, mais j'en profite pour dire que je suis régulièrement outré de lire les commentaires qui fustigent le boulot de Camion Blanc. En effet, les éditeurs dans le milieu du Metal, et même dans la sphère Rock en général, ne se bousculent pas au portillon, loin s'en faut. Aujourd'hui, Camion Blanc est le seul à éditer d'une part des traductions des biographies majeures du style («La Fièvre de la Ligne Blanche», « Dirt », « Moi, Ozzy », etc) et surtout, est parmi les seuls (si l'on met de côté les éditeurs undeground comme Kicking Books, Kerosene, etc, qui sont, eux, plus orientés punk) à prendre le risque de sortir des livres sur les musiques extrêmes qui ne trouveraient preneur nulle par ailleurs (je pense par exemple à l'excellent «Abécédaire pour les Musiciens en Galère », de Nicolas Muller, à la traduction d'Arno Strobl et David Perez pour l'indispensable « Swedish Death Metal », et à mon bouquin, évidemment). Chaque passionné de culture Metal se devrait de célébrer comme il se doit l'opportunité qu'il a de pouvoir tenir entre ses mains ce genre d'ouvrage, au lieu de tirer bêtement sur l'ambulance.


As-tu eu des difficultés à convaincre l'une ou l'autres des parties ?
Pas du tout, bien au contraire. En fait, lorsque j'ai envoyé mon e-mail à Camion Blanc, je ne connaissais personne chez eux et mon message était donc une bouteille à la mer. J'estimais avoir peu de chances d'obtenir la moindre réponse. Mais dès le lendemain, Dom Franceschi, le directeur de publication, a pris contact avec moi et nous avon entamé les discussions sur les tenants et les aboutissants du projet. Quant aux SUP, c'est la même chose. J'ai téléphoné à Ludo pour lui demander l'autorisation d'écrire sur le groupe, et surtout lui demander de prendre part au travail. La discussion a dû durer montre en main 5 minutes et au bout de ce temps, un premier rendez-vous était déjà calé pour que nous puissions commencer à bosser.


Le livre se présente sous la forme d'entretiens que tu as eu avec les différents intervenants, ce format a-t-il toujours été ton idée première ?
Oui, tout à fait. Dès le départ, j'avais une idée précise du livre que je voulais écrire. Dans un premier temps, je voulais m'écarter de l'« analyse académique de la musique et des textes » ou de l'inventaire exhaustif que l'on retrouve dans pas mal de publications et qui, personnellement, ne m'attire pas forcément en tant que lecteur. Ensuite, je voulais à tout prix baser le livre sur des témoignages du groupe, bien sûr, mais aussi de son entourage, des ses collaborateurs, de journalistes spécialisés, de leur label, de leur manager, etc. Le but était en effet de raconter l'histoire du groupe sous plusieurs angles, à travers différents regards, mais aussi de replonger le lecteur dans le contexte général de la scène Metal tout au long de la carrière du groupe, depuis le tape-trading jusqu'à la crise du disque, en passant par les années fastes du Death Metal. J'ai donc récolté des heures et des heures d'interviews de toutes ces personnes et j'ai monté mon histoire d'après toute cette matière.


Y a-t-il des personnes qui ont refusé de participer ou des personnes que tu n'a pas réussi à retrouver ?
J'ai été relativement pugnace et j'ai donc quasiment réussi à retrouver l'intégralité des personnes que je désirais rencontrer. Malgré cela, et c'est mon seul regret par rapport à ce travail, je n'ai pas réussi à localiser Bruno Donini, par exemple, qui a travaillé sur la production d'Anomaly et de Room Seven. Ce n'est pas faute d'avoir essayé mais le monsieur a réellement disparu de la circulation. C'est dommage, car il aurait été intéressant qu'il nous raconte les séances d'enregistrement de ces deux albums dont le travail en studio a été énorme. Sinon, tout le monde a joué le jeu et s'est montré super enthousiaste quand il s'est agit de parler de SUP et de Supuration. Le groupe jouit d'un grand respect et compte beaucoup d'admirateurs dans la sphère Metal, qui ont tous répondu présent dès le contact engagé avec eux. Le seul à m'avoir baladé pendant six mois pour rien et a avoir réussi à me faire perdre patience en ne répondant jamais à mes mails, est un journaliste que j'aurais vraiment aimé avoir dans le livre car il a été très important dans la découverte de groupes au début des années 90, dont Supuration. Par respect, on taira son nom en disant juste qu'il écrivait dans un gros magazine de Hard Rock et utilisait un pseudo emprunté à un groupe culte de Death Metal hollandais.


As-tu été le seul maître à bord du bateau-livre ou bien l'éditeur a-t-il eu son mot à dire ?
Dom Franceschi a été le directeur de publication parfait. Il m'a laissé carte blanche pour toutes les décisions que j'ai prises et a été présent, du début à la fin du travail, lorsque j'avais besoin de conseils ou de soutien. Camion Blanc ne m'a pas fait couper une seule ligne du livre et m'a même laissé choisir le design de la couverture en toute liberté. A noter que c'est Matthieu Carton, le graphiste à l'origine des pochettes de SUP et Supuration depuis 2003qui l'a réalisée. Notre collaboration à tous a été excellente.


Que réponds-tu à ceux qui disent que 34€ c'est trop cher ?
Et bien on rejoint ce que je disais plus haut concernant les critiques formulées à l'égare de Camion Blanc. Avant de dire que 34€ est un prix trop élevé pour un livre, il y a un certain nombre de questions à se poser. La première, c'est de savoir ce que représentent ces 34€ dans nos modes de consommation actuels. Prenons des exemples : 34€, c'est quasiment le prix que tu mets pour aller voir un mauvais film au ciné avec ta copine sans même pouvoir l'inviter au McDo, c'est 3 fois moins cher qu'une place pour Metallica au Stade de France où tu suivras le concert sur un écran géant, et c'est 20 fois moins cher qu'un iPad qui ne te sert pas à grand chose de plus que ton vieux PC. Un livre en revanche, c'est beau, ça sent bon, ça se lit une ou mille fois, ça en jette dans ta bibliothèque, ça se lit partout, tout le temps, ça se consulte, ça se feuillette, ça s'annote, et accessoirement, ça instruit et ça fait passer un bon moment. Pour moi, cela justifie le fait de sortir 34€ de son portefeuille. Et pour info, il est moins cher en téléchargement numérique, si vous avez tout dépensé dans un iPad... Ceci étant dit, et pour être plus pragmatique, un livre, qui touche un public ultra spécifique et qui sort en France chez un éditeur qui ne bénéficie d'aucune subvention, ne PEUT pas coûter moins de 34€. Entre les frais de fabrication à faible tirage, de distribution et de fonctionnement de la maison d'édition, on ne peut franchir cette barre au risque de perdre de l'argent et de couler la boite en deux ans. La situation est différente aux USA où les livres, écrits en anglais, ont cette chance de pouvoir s'exporter dans le monde entier et donc de se vendre en grandes quantités, faisant baisser leur coût. Mais en France, un livre comme SUP/Supuration Trace Ecrite coûte 34€ ; c'est un fait, personne n'y peut rien, personne du côté de Camion Blanc ne spécule avec l'argent des lecteurs (quitte à vouloir se faire de l'argent, je ne pense pas qu'ils auraient choisi de sortir des livres sur le Grindcore ou le Punk Alternatif), et cela empirera si les gens arrêtent de soutenir l'édition en n'achetant plus de livres.


Comment peut-on se procurer "Trace écrite" ?
Sur le site de Camion Blanc, par exemple (http://www.camionblanc.com/). Comme pour les groupes, le fait d'acheter directement sur le site soutient à 100% les instigateurs du disque ou du livre, et permet de financer d'autres projets sans dépendre d'intermédiaires.


Envisages-tu de renouveler cette expérience d'écriture un jour ?
Oui, tout à fait. Je suis en train de plancher sur mon prochain livre qui s'appellera Metal Bunker. Au départ, il y une émission de radio / podcast audio du même nom que j'anime à raison d'un épisode toutes les deux semaines. Le principe : « C'est la fin du monde. Ils ont une place dans le Metal Bunker mais ne pourront prendre avec eux que trois disques : lesquels et pourquoi ? ». J'invite donc un musicien issu de la scène Metal, et nous discutons des trois disques sans lesquels il ne pourrait vivre. J'en suis à l'épisode 8 et lorsque j'en aurai enregistré 30, je consignerai tout cela dans un livre qui sera donc une anthologie de disques, pas forcément Metal, choisis par les acteurs de la scène eux-même. Si vous voulez jeter une oreille aux premiers épisodes de l'émission, ça se passe ici : http://metalbunker.podomatic.com/


Outre l'écriture tu as de multiples autres talents... veux-tu nous en parler ?
Outre l'écriture tu as de multiples autres talents... veux-tu nous en parler ?
Pour le talent, je ne sais pas mais oui, je suis quelqu'un d'actif et j'ai pas mal de projets sur le feu dans divers domaines, dont la radio avec ce podcast, Metal Bunker, justement. Sinon, je suis également le leader du groupe The Black Noodle Project, qui s'inscrit dans un rock/metal/planant, au carrefour d'influences diverses et variées comme Pink Floyd, Agalloch, Anathema, Bohren und der Club of Gore, ou encore des BO de films comme celles des Goblin ou de John Carpenter. Notre cinquième album est actuellement en cours de mixage et devrait sortir l'hiver prochain. Je joue également dans une formation toute fraîche répondant au doux nom de Kländathüü (avec deux membres de Eyes Front North), avec laquelle nous venons de reprendre un morceau de Watain qui doit figurer sur une compile tribute à sortir aux States. Cela devait être un one shot mais les choses se sont tellement bien passées que nous allons continuer à bosser ensemble sur ce projet.


Un dernier mot ?
Oui. J'ai lu il y a peu un commentaire sur un forum, à propos de mon livre, dans lequel la personne se demandait l'intérêt de passer deux ans à écrire un livre qui sera lu, tout au plus, par 60 personnes. Outre le fait que j'espère quand même en vendre légèrement plus, ce qui est d'ailleurs en bonne voie, ce qui m'a le plus choqué dans ce commentaire est que certaines personnes puissent penser qu'il faille attendre d'être sûr que quelque chose fonctionne, ou suscite un intérêt quelconque, pour initier des projets. J'aurais envie de dire à cette personne qu'avec cette philosophie, finalement ultra consumériste et attentiste, nous serions bien en peine aujourd'hui d'écouter du Death, du Black, et plus généralement du Metal. L'histoire de notre musique s'est bâtie sur des volontés de créer, sans attendre de retour, juste par amour de la musique.
Tu as un groupe pour lequel tu donnerais ta vie mais qui n'intéresse que ta mère et on chien ? Tant mieux, les autres ne savent pas ce qu'ils loupent. Tu veux organiser un concert mais tu as peur qu'il n'y ait que tes camarades du club de jeu de rôles dans le public? Tant pis, vous serez peu mais entre gens de bonne compagnie. Le Metal, c'est une résistance, un engagement, une passion, une dévotion. Ce n'est pas un investissement sur l'avenir ou un placement financier. Et ceux qui passeraient à côté de cela n'auraient, je le pense, rien compris à cette musique.
Voilà, sur ce, merci à toi, Sheb. Au plaisir de partager une bière avec toi au Hellfest, et long live Rock'n Roll !


Auteur
Commentaire
grozeil
Membre enregistré
Posté le: 12/07/2013 à 11h29 - (772)
Bah moi, cette interview m'a donné carrément envie de lire ce bouquin et de me réintéresser à ce groupe que j'ai lâché il y a une dizaine d'années.



pyofan
Membre enregistré
Posté le: 12/07/2013 à 11h49 - (773)
Super bouquin, dévoré en qq jours les pieds en éventails.

On y apprend plein de trucs sympas etc, on y trouve la traduction des textes des différents albums et un petit jeu symboles/alphabet du plus bel effet.

En + de l'univers de SUP/Supuration, ça m'a permis de me replonger dans l'époque dorée de ma jeunesse inscouciante !

Merci !!



Youpimatin
Membre enregistré
Posté le: 12/07/2013 à 11h53 - (774)
Superbe interview. Je compte me le commander d'ici peu.



Hexenkind
Membre enregistré
Posté le: 12/07/2013 à 12h07 - (775)
Achat pour moi... j'aime quand un mec défends son proejt comme cela !!! Bonne continuation ...



pj666
Membre enregistré
Posté le: 12/07/2013 à 12h13 - (776)
Je l'ai acheté en version numérique, très bon livre, j'ai appris plein de choses sur l'un de mes groupes favoris !



TheUgly
Membre enregistré
Posté le: 12/07/2013 à 12h28 - (777)
Interview super intéressante.

C'est bon de voir des gens se bouger, oser et réussir à concrétiser leurs projets un peu insensés.

Bravo !



Bertrand
Membre enregistré
Posté le: 12/07/2013 à 13h12 - (778)
Super itw.
Heureux et fier d'avoir "Trace Ecrite" dans ma bibliothèque ! (encore) félicitations @ Jérémie :)



Antony HDCR
IP:92.154.165.57
Invité
Posté le: 12/07/2013 à 22h55 - (779)
super bouquin d'un super mec :-)

hammerbattalion
Membre enregistré
Posté le: 12/07/2013 à 23h17 - (780)
Très bonne interview sur un groupe qui se démarque clairement de ses pairs. D'accord avec lui sur le prix des livres Camion Blanc, j'imagine qu'ils préfèreraient en vendre 500 à 15 euro que 250 à 30. Pas d'accord par contre sur la qualité de certains de leurs livres, le niveau de traduction de la bio de Motörhead rend la lecture très désagréable par exemple, je ne fais pas une généralité, puis, toutes les bonnes médiathèquesproposent du Camion Blanc, çà permet de ne pas se ruiner.

J'aime bien la charge sur môssieur Pestilence.



Ginzu
Membre enregistré
Posté le: 14/07/2013 à 17h13 - (783)
Belle itw
Je trouve que le bouquin, que j'ai lu en kindle, qui est bien utile, mérite une version longue !!
Faut retrouver donini, publier ce qui ne l'a pas été. Etc. Alors ça risque d'être redondant mais quand on aime...
Par exemple mustaind a fait une version augmentée de sa bio qui se lit bien, certes ce n'est qu'un chapitre ou deux en plus.
Alors oui ce n'est ici que pour une dizaine de pelés. Et pourquoi pas un texte en ligne complémentaire, uniquement kobo,kindle pour limiter les coûts?

Bref je suis en train de relire le bouquin, j'adore le passage d'hervé coquerelle sur l'accordéon.


Tahiti Bob
Membre enregistré
Posté le: 28/07/2013 à 00h57 - (794)
Merci à Sheb pour l'interview et à Jérémie pour le livre (et le boulot que ça représente).

Après lecture de l'interview, je me suis dit que j'allais devoir passer à côté pour cause de localisation (US) mais j'ai pu trouver et acheter la version numérique sur kindle!

Je l'attaque ce soir avec SUP dans les écouteurs...
:-)



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