Erlend Hjelvik, hurleur en chef des norvégiens de KVELERTAK, a papoté avec Bras Cassé au détour d’un comptoir sombre de Toronto, quelques minutes avant le dernier concert donné par le groupe en terre nord-américaine.

Personne n'arrive à prononcer le moindre mot en norvégien, mais KVELERTAK fait maintenant partie de notre vocabulaire à tous. Tout d'abord bravo ! Pourquoi ce choix ?

On a commencé en 2006 sans ambition particulière, on a donc pris un nom norvégien car on ne pensait pas sortir de nos frontières. Tout naturellement, j'ai commencé à chanter dans notre langue maternelle et puisque qu'on n'a jamais vraiment cherché à être sérieux vis-à-vis du groupe, tout s'est fait naturellement en norvégien.

La Norvège ne se ressent pas dans votre musique. D'où vous vient cette patte si caractéristique ?

Tout vient de notre compositeur principal Bjarte. Pour lui, notre groupe doit être catchy et heavy avant tout. Il écoute beaucoup de choses différentes, des BEACH BOYS à DARTHRONE, et puise à droite à gauche ce qu'il trouve de mélodique. C'est lui le patron de la musique de KVELERTAK.

De quel univers vous sentez-vous le plus proche ? Comment définissez-vous votre style ?

Très difficile à dire. Toi, comment nous définirais-tu ?

Bras Cassé : Je dirai une base rock, parsemée de punk, hardcore voire quelques légères touches de black, tout du moins sur le riffing du premier album.

Ah bien vu, je n'avais jamais vu ça comme ça et je trouve ça assez juste. Pour être franc avec toi, personne ne saurait, même au sein de groupe, réellement définir notre style. Donc globalement, on considère que l'on fait du rock tout simplement.

Aimez-vous TURBONEGRO ?

Bien sûr. Ça a été une grosse influence au tout début, mais moins maintenant.

Quelles sont justement vos plus grosses influences ?

Au tout début de la création du groupe, on était très attiré par les groupes Norvégiens plus rock comme TURBONEGRO, ENSLAVED, mais aussi des Suédois comme HELLACOPTERS. Les influences étaient en grande majorité scandinaves au début, mais plus vraiment maintenant. Et je ne sais pas vraiment ce que Bjarte a dans la tête, donc difficile à dire.

Savez-vous où s'est vendu le mieux votre premier album ?

On a fait un vrai carton en Norvège, en restant 6 mois dans les charts de notre pays. Dès que le second est sorti, on est tout de suite entrés à la première place sans en être sortis à ce jour. On marche bien aussi en Allemagne puis dans le reste de la Scandinavie.

"Meir" est la copie conforme du précèdent album, avec la même ambiance, même cover, même prod, même riffing, ce qui est à la fois une agréable continuité mais aussi une légère redite. Pourquoi aussi peu d'évolution ?

Une fois de plus, on n'a pas vraiment réfléchi à tout ça au moment de la composition. Les 11 titres ont été composés l'été dernier en un laps de temps très court, de manière très instinctive. On est très satisfaits de cet album, qui est le prolongement naturel du précèdent. Chaque membre maîtrise mieux son sujet, mieux son instrument, a une meilleure connaissance du milieu et donc cette nouvelle mouture est clairement notre personnalité d'aujourd'hui. Je trouve aussi que le son est meilleur que sur le premier, qui était beaucoup trop compressé et gonflé, avec cette fois-ci une prod' plus rock, plus dynamique, avec plus de couches de sons.
Pour en revenir à ta première remarque sur les similarités que tu trouves très (trop) importantes entre les 2 albums, on n'avait pas envie de nos fans soient surpris par un trop grand écart. Et le principal est que cela sonne toujours KVELERTAK, ce qui était notre souci premier.

Pourquoi n'y-a-t-il plus de riffing black sur cette seconde galette?

On a en toujours je trouve, même si oui, il y en a beaucoup moins que sur le précèdent. Mais on les cache plus... et on évolue surtout.

Pas de Satan, ni de tête de mort, ni de crucifix sur votre pochette ou dans vos paroles. Le Metal peut-il être joyeux ?

Je le pense, oui. Même si nos paroles n'ont aucune gaieté, notre musique nous reflète, et ce n'est pas parce que nous sommes Norvégiens que nous ne trouvons rien de beau ou joyeux. La majorité du temps, quand j'écoute du Metal, cela me donne la patate, le sourire et j'y trouve une force positive. Une fois scène, on est vraiment heureux, c'est ce que l'on aime faire, pas besoin d'une quelconque imagerie.

Vous venez de signer avec Roadrunner. N'avez-vous pas peur que le grand méchant vous mange tout cru ?

Pas vraiment. On a signé un bon deal avec eux et l'album était bouclé avant de s'engager. Donc non, nous ne sonnerons pas comme NICKELBACK ou autre. Et je suppose qu'ils nous voulaient dans leur équipe parce qu'ils aiment notre musique avant tout, sans vouloir la modifier.

Vous êtes uniques sur la scène Metal aujourd'hui et avez provoqué un réel engouement. Quand vont arriver les poursuivants et que vont-ils proposer sous votre influence?

Ils sont déjà là, plusieurs groupes suivent nos traces en Norvège et s'inspirent de notre musique, mais ne la copient tout de même pas. Ça ne nous gêne pas, c'est plutôt un honneur, surtout qu'aucun combo à ce jour n'a quitté les frontières. Et puis c'est le signe de notre réussite.

Etre tête d'affiche sur une tournée Nord-Américaine est une vraie réussite. Puisque Toronto ce soir est votre dernière date, quel est votre bilan de cette tournée ?

Une vraie réussite, sincèrement, surtout sur la Côte Ouest et le Texas où tout était complet à l'avance. Et surtout, il y a une grande population de filles qui vient à nos shows et on trouve ça génial. Les grands dadets aux cheveux longs et à veste à patchs, ça va 5 minutes.

La scène Française s'émancipe, grossit, se bonifie. Comment la percevez-vous et écoutez-vous des groupes de notre belle patrie ?

J'adore GOJIRA, ces mecs sont ultra pros et vraiment sympas. Il faut aussi que je découvre en priorité DEATHSPELL OMEGA. Malheureusement, ma culture de la scène Metal Française, hormis ces groupes, est nulle.

Le black Metal Norvégien est-il mourant ?

Non, je ne peux pas te laisser dire ça. OBLITERATION et NEKROMANTHEON proposent du super son. Je trouve le nouveau DARKTHRONE vraiment génial. Il y a beaucoup de bons groupes actuellement sur la scène black Norvégienne. Sans oublier mon second groupe, DJEVEL. Nous sortons notre nouvel album cette année. Des membres de KOLDBRANN, URGEHAL et un ancien batteur live de GORGOROTH nous ont rejoint.

Dernière question. Quelles sont vos prochaines échéances et que pouvons-nous vous souhaiter ?

On va se reposer à la maison quelques semaines avant de reprendre la route pour quelques festivals cet été, majoritairement en Allemagne et Norvège. On avait vraiment envie de jouer au HELLFEST aussi, mais pour je ne sais quelle raison, cela ne se fera pas. On risque de tourner aussi tout l'automne et l'hiver. Puis nous allons sortir notre prochain album, je l'espère, en tout début d'année prochaine. KVELERTAK est notre passion, mais aussi notre emploi, nous n'aurions de toute manière pas le temps de faire autre chose. En tout cas, merci pour tout, ça fait plaisir de parler de KVELERTAK avec un Français.