Arno - ARNO STROBL & 6:33 par VSGREG - 9414 lectures
L'occasion fait le larron ! La sortie du premier album de ARNO STROBL & 6:33 est donc la bonne occasion de faire une interview du larron ? NON, de faire une interview d'Arno Strobl bien sur !



1. Revenons brièvement sur ton dernier véritable projet de groupe qui etait MALADAPTIVE après le split de Carnival in Coal. Il semble que MALADAPTIVE soit mort-né ? Peux-tu revenir la dessus ?
MALADAPTIVE à l'heure actuelle est en état de survie artificielle. Les activités de Fred avec DRAGONFORCE n'aident pas le groupe à se développer, Pierre-Emmanuel est désormais papa de deux magnifiques enfants, Max est en Bretagne, et quant à moi j'ai été "remercié" du groupe après un concert que nous avons donné et qui s'est avéré très perfectible, au niveau de mon chant et de ma présence sur scène.
Je dois avouer humblement que la musique que l'on aime écouter n'est pas toujours celle que l'on est capable d'interpréter, et si la formule fonctionnait plutôt pas mal en studio, il m'a fallu me rendre à l'évidence et reconnaître que je n'ai pas été très à l'aise sur scène à chanter du heavy/thrash. J'aurais aimé que nous puissions travailler davantage car les titres que nous avions enregistrés ensemble étaient vraiment excellents, mais on ne s'improvise pas du jour au lendemain chanteur de heavy metal lorsqu'on a toujours baigné dans un style très différent. C'est un peu finalement le même principe que lorsque j'ai été invité au sein de SCARVE pour remplacer Guillaume. J'adore, mais je ne suis pas doué dans ce registre. C'est à la fois une grosse déception mais aussi une belle leçon d'humilité. Je suppose qu'on a tous besoin de temps à autres d'être "remis en place" et de ne pas se sentir tout-puissant


2. Tu reviens aujourd'hui sur le devant de l'actualité avec 6H33. Qu'est ce qui t'a convaincu de tenter l'expérience avec ces gaillards ?
Cela s'est fait très simplement. j'avais participé à leur premier album en tant que "guest", et lorsqu'ils ont commencé à composer leur EP ("GGG"), ils se sont séparés de leur chanteur. Ils m'ont donc proposé de prendre sa place pour les trois titres du EP, et j'avoue que j'ai dû un peu me faire prier car je n'avais plus vraiment envie de faire du "Carnival-wanna-be".
Mais les titres qu'ils m'ont envoyés étaient réellement très bons, et j'ai fini par accepter. La première séance d'enregistrement et la complicité musicale et humaine qui se sont développées ce jour-là m'ont directement replongé dans le bain, j'ai eu tout de suite envie d'aller plus loin avec eux. J'avais retrouvé cette espèce d'entente tacite qui régnait durant les séances d'enregistrement de Carnival. On allait tous au même endroit. Ca a été vraiment magique.


3. "The Stench From The Swelling (a true story)" est presenté comme un album de 6:33 & Arno Strobl. Comment faut-il comprendre cela ? Es-tu le nouveau chanteur de 6:33 ? Es-ce un projet "one shot" ? 6:33 est-il ton backing band ? Est-ce que mettre le nom d'Arno Strobl est plus vendeur ?
Oui, c'est un "one shot", absolument. Durant l'enregistrement du EP, 6:33 a trouvé son "vrai" chanteur en la personne de Flow, qui est excellent et colle parfaitement à l'esprit du groupe. Mais le EP avait bien marché, et nous avons eu envie d'aller jusqu'au bout de l'expérience.
Du reste, c'était un peu une nouvelle formule de proposer sa musique : on t'offre une moitié d'un disque en téléchargement gratuit, tu fais un peu monter la sauce, et quelques mois plus tard, tu sors le disque complet, cette fois-ci à l'achat.
Le marché est devenu tellement bizarre et imprévisible depuis quelques années que nous nous sommes dit : "Pourquoi ne pas tenter cela ?". On verra si les ventes sont à la hauteur du téléchargement, car le EP a tout de même été "pompé" sur le Net 2300 fois en un mois.
Maintenant, pour répondre à la question de base, "6:33 & Arno STROBL" est une façon de bien mettre les choses au clair : je ne suis pas un invité, je ne fais pas non plus partie du groupe, c'est une collaboration. Comme Stone & Charden ou Herv & Vilard.




4. De la même façon, ce nouveau disque fait suite à l'EP numérique "Giggles, Garlands & Gallows" sorti en 2012. Faut-il considérer "The Stench From The Swelling (a true story)" comme un nouvel album ? ou un EP ? la version bonus de "Giggles, Garlands & Gallows" ?
Voir 3 hahaha, la réponse est dedans aussi "STFTS" est un album à part entière, nous en avons juste divulgué une partie auparavant pour "prendre le pouls" et voir si l'association 6:33 & moi-même fonctionnait aussi bien auprès du public que nous le ressentions nous-mêmes.


5. "The Stench From The Swelling (a true story)” comporte les 3 titres de l’EP, ont-ils été retravaillé, réenregistré ou autre ?
Les trois titres ont juste été remixés et remasterisés dans la même optique que les 4 titres supplémentaires afin d'obtenir une vraie cohésion d'album au niveau du son. Ils n'ont pas été réenregistrés et rien n'y a été ajouté.
En revanche, il est possible que certaines parties des morceaux paraissent plus mises en avant à cause justement de ce remixage.


6. Peux-tu en dire plus sur les 4 titres inédits qui figurent sur l’album et non sur l’EP ? Ont-ils été composés en même temps que les 3 autres titres ? Sont-ils issus des mêmes sessions d’enregistrements ?
Nous savions d'avance que nous souhaitions inclure une reprise à l'album, et les idées ne manquaient pas. Mais "Starlight" a été tout de suite choisi à l'unanimité car ce titre est un peu chef d'oeuvre apparaissait comme une évidence. Je tiens à souligner d'ailleurs la performance vocale de Sombr I Yahn sur ce titre, la chanteurse qui nous a suivi sur tout le disque au niveau des backing vocals, et qui brille littéralement sur ce morceau.
En ce qui concerne les autres titres, ils ont tous été écrits après le EP. Nicko (guitare, et principal compositeur) avait déjà plusieurs idées dans sa poche et nous les avons donc utilisées.


7. As-tu participé au travail de compositions ou alors es-tu venu placer tes lignes quand tout était fini ?
Je suis arrivé après la bataille, comme à chaque fois hahaha.
Le fait que le groupe habite en région parisienne et moi en Belgique n'a pas aidé à ce que nous puissions travailler ensemble sur la compo des morceaux, mais à partir du moment où je fais 100% confiance aux gens avec qui je travaille, je m'en fous.
Ce qui est important c'est de se sentir "à la maison", et de savoir qu'on ne va pas te fournir des titres qui n'ont rien à voir avec ta façon de chanter ou les textes que tu pourrais écrire. Donc, comme beaucoup de gens aujourd'hui, nous avons procédé par envoi de fichiers mp3 pour nous retrouver en studio une fois les parties de chacun calées.


8. On colle facilement l’étiquette « Patton metal » à 6:33 & Arno Strobl. Le titre « I like it » en est une belle illustration. Quel est ton sentiment sur ces comparaisons ? Les trouves-tu justifiés ou pas vraiment ?
Personnellement, je m'en fous.
L'étiquette "Patton Metal" ne me dérange pas, mais je ne la revendique pas pour autant. Nous n'avons pas réinventé la roue en faisant un mélange de metal et d'autres styles, qui vont parfois jusqu'à déborder sur la variété comme sur "I Like It".
En revanche, alors que dans CinC mon chant était parfois très proche d'une "imitation" de Mike Patton, je trouve que sur cet album il est vraiment plus personnel. Les timbres ne sont plus vraiment comparables. J'ai lu un commentaire sur VS suite à la diffusion du clip qui disait "Mike Patton a trouvé son Ektomorf".
Cela m'a fait bien rire, j'avoue, mais je trouve que c'est faux. Nous ne faisons pas du "sous-Patton", l'univers musical du groupe ne se limite pas à FNM ou à Mr Bungle.


9. Après la mise à disposition de l’EP en téléchargement gratuit, vous avez décidé de sortir l’album en CD. Qu’est-ce qui vous a poussé à faire appel à ce bon vieux format physique en 2013 ?
Je pense que nous sommes tous dans le groupe attachés à ce format physique d'une part, et d'autre part les fans de musiques un peu "différentes" telle que celle nous pratiquons sont également très souvent des "fétichistes" de l'objet, un peu comme les fans de black ou de death.
Il nous semblait important d'avoir un réel objet à mettre dans les bacs, et à ne pas se cantonner au mp3. Ne serait-ce que pour l'artwork, qui reste pour nous tous une dimension essentielle d'un disque.


10. Le disque sort chez Wafflegate prod …. Un label dont je n’ai jamais entendu parler … et qui n’a aucune existence sur le web. Avoue c’est une autoproduction déguisé ?
C'est une autoproduction sans en être une. Nous avons pour ce disque signé un contrat d'édition avec "Les Editions Hurlantes" (Gojira, Dagoba...), nous nous sommes entourés d'une vraie structure de promotion (Replica), et nous sommes distribués par Season Of Mist. Wafflegate Prod. n'est pas à proprement parler un label, il est vrai, mais une structure créée par 6:33, néanmoins l'album sort dans les mêmes conditions que s'il avait été issu du giron d'un label quelqu'il soit.


11. Aviez-vous démarché des labels pour cette sortie ?
Nous n'avons même pas eu à démarcher : plusieurs labels se sont proposés à nous, et nous avions jeté notre dévolu sur l'un d'eux, un jeune label français ambitieux et dont le travail nous plaît.
Tout s'est très bien déroulé durant quelques mois, jusqu'à ce qu'au dernier moment, quasiment 3 semaines avant la sortie de l'album, de gros différends humains apparaissent entre le label manager et le management de 6:33.
Je ne m'étendrai volontairement pas sur cet épisode, mais il a donc fallu pour tenir les délais que nous avions en tête sortir le disque de façon plus "indépendante" que prévue.



12. Tu nous a confié que ce projet était un « one shot ». La situation est un peu paradoxale : D’un certain côté l’histoire est déjà finie vu que les titres sont enregistrés et le CD terminé, mais de l’autre vous assurez sa promotion et des gens vont vous découvrir. Quel est ton état d’esprit aujourd’hui vis-à-vis de cela ?
Je comprends que la situation puisse paraître paradoxale. Mais je n'ai plus envie d'être affilié à un groupe "précis". A ce jour, ce qui m'intéresse par-dessus-tout, c'est rencontrer des gens avec qui je partage une vraie vision de la musique, quel que soit le style. Je me vois très bien participer à un album de grindcore tout comme à un album de variétés.

En ce qui concerne l'album de 6:33 & AS, j'ai envie de lui laisser un peu "vivre sa vie de disque", voir quelles sont les réactions, et ensuite, nous aurons toujours le temps de voir s'il est pertinent ou non de poursuivre cette aventure. je n'oublie pas non plus que le groupe a désormais son propre chanteur, qui est un putain de frontman, et que nous tirer la bourre l'un l'autre n'aurait aucun intérêt.
Flow est tout à fait capable d'interpréter seul tous les titres de l'album, et a une présence scénique contre laquelle je ne peux lutter.
Imagine Michel Sardou et Anthony Kiedis (Red Hot Chili Peppers) sur la même scène. Je n'ai pas spécialement envie de me rendre ridicule. Nous n'avons ni le même âge, ni la même énergie, je ne suis plus le performer que j'ai été (j'ai fait un infarctus il y a un an), et je suis un peu obligé de fonctionner à "l'économie". Si 6:33 souhaite faire la promo de l'album sur scène sans moi, cela ne me pose aucun problème.
Flow chante très bien, il a une présence sur scène incroyable - avec laquelle je suis bien loin de pouvoir rivaliser - et si les fiches SACEM sont bien remplies les morceaux qu'il chantera me procureront de toutes façons des droits avec lesquels je compte ouvrir plusieurs écoles en Ouganda pour les enfants déscolarisés. Ou m'acheter une De Lorean DMC 12, j'hésite encore.


13. Arno Strobl et 6H33 se sont produits sur scène notamment lord du PMF. Que retiens tu de ces concerts ?
Nous avons eu très peu de temps pour répéter ensemble lors de ces concerts et je sortais d'une période personnelle particulièrement difficile.
Le résultat n'a donc pas été à la hauteur de ce qu'il aurait pu être, mais je ne regrette rien car les gens présents (peu nombreux, vue l'heure à laquelle nous avons joué) avaient l'air contents. En revanche, j'ai un pris un pied monstrueux à reprendre "Bark At The Moon" avec Loudblast et Christophe Godin.
Là, j'étais réellement en roue libre, il n'y avait aucun stress, juste l'impression de jouer un morceau que j'adore avec des potes.


14. Allez-vous continuer à faire des dates ensemble ? SI oui sur quoi se base la setlist, uniquement sur cet album ?
L'avenir nous le dira. J'aimerais faire quelques dates sporadiques avec le groupe où nous pourrions reprendre l'intégralité de l'album, ainsi que des titres du premier 6:33, voire pourquoi pas une reprise de CinC. Mais pour le moment, il est encore très tôt pour le dire. Je fais de toute façon entièrement confiance au groupe pour défendre les couleurs de l'album sans moi. Il y a un vrai concept derrière 6:33 (les masques etc...) et je suis un peu une "pièce rapportée" lorsque nous nous produisons sur scène. je ne pense donc pas que les concerts du groupe seul (sans moi) devraient décevoir qui que ce soit.


15. Imaginons que le disque se vendent par palettes… y a espoir de voir une suite à cette aventure ?
Encore une fois, l'avenir nous le dira, ainsi que certaines contingences typiquement liées au business. Ce n'est pas parce que tu t'entends bien avec les musiciens d'un groupe que tu fais forcément corps avec toutes les personnes qui l'entourent. Si l'album doit avoir un réel succès (ce que je souhaite), il nous faudra de toute façon remettre pas mal de choses à plat, non pas au niveau de nos relations personnelles qui sont excellentes, mais au niveau de la structure qui nous encadre.
Une fois encore, je joue dans des groupes depuis 1991, donc certains ont très bien fonctionné, et j'ai certaines exigences.
Le rôle de faire-valoir ne me convient pas du tout, j'ai bien mieux à faire. Ce n'est pas une question de "melon", juste de respect. Tout est donc possible, mais cela ne pourra se faire qu'au prix de certaines transactions


16. Bon, on a assez parlé de 6H33, parlons de toi ! Quels sont les prochains projets dans lesquels on aura la chance de t’écouter ?
Je viens de terminer l'enregistrement d'un album pour un nouveau projet qui s'appelle WE ALL DIE (LAUGHING). C'est un duo. L'autre membre du projet est Déhà, qui joue dans Imber Luminis et Maladie entre autres. C'est très différent de ce que j'ai l'habitude de faire, et c'est ce contre-emploi qui m'a séduit. La musique du groupe est une sorte de mélange entre Shining, Opeth, et Katatonia. L'album n'est constitué que d'un seul titre de 33 minutes et devrait sortir à l'automne chez Kaotoxin.



17. En dehors de tes activités sur disque, tu gères depuis un moment les compilations digitales Combat Nasal. Ces compils ont eu un beau succès d’estime. As-tu été surpris de cela ? Quel est l’avenir de ces compils ?
Comme tu le dis toi-même, il s'agit d'un succès d'estime. Mazak et moi continuons cette compilation parce que cela nous amuse, mais il est décevant de constater à quel point les gens sont peu curieux. Chaque volume est en moyenne téléchargé à 400 exemplaires, ce qui reste assez décevant comparativement au trafic qu'il y a sur le web.
Néanmoins, nous continuerons toujours à sortir des compilations, car c'est pour nous une sorte de "sacerdoce". Nous aimons exposer des groupes pas ou peu connus. Nous allons d'ailleurs dès le prochain volume inaugurer une nouvelle formule, avec un invité qui viendra nous présenter des groupes underground qu'il aime en plus des titres que nous aurons sélectionnés nous-mêmes.


18. Vous en êtes au volume 8, si on compte 15 groupes par compil, ça fait 120 groupes. Quel est le bilan de cette expérience. Il y a-t-il des groupes qui ont pu voir leur avenir changer grâce à Combat Nasal ?
Plusieurs groupes ont depuis été signés, on sorti un album etc... Cela n'a rien à voir avec la compilation ou ses effets mais c'est toujours plaisant de se dire qu'on a misé sur le bon cheval.


19. Si tu devais me sortir un top 5 (je sais je suis vache 5 c’est dur) de Combat Nasal, tu citerais qui ?
Je ne peux pas m'amuser à sortir 5 groupes, et puis tu te doutes que je vexerais pas mal de personnes hahaha.
Simplement si à ce jour j'avais les moyens de miser sur un groupe et de sortir leur premier album, sans aucune hésitation, je parierais sur les Croates de Kryn qui figuraient sur le premier volume. Je ne comprends pas que ce groupe soit toujours dans l'anonymat, alors qu'à mon sens ils enterrent 90% des productions de Nuclear Blast ou Century Media.


20. En dehors de Combat Nasal, tu écris dans la presse écrtite sous le pseudo de Charlelie Arnaud depuis …. 10 ans ? Pourquoi as-tu choisi un pseudo pour prendre le plume ?
J'ai commencé à écrire pour Hard N Heavy en 1994, à l'époque où Carnival in Coal existait toujours. Il était difficile pour moi en tant que musicien de la scène française de "critiquer" mes pairs ou d'émettre un avis sur leurs productions. Ca aurait très vite pu passer pour de la jalousie, un ressentiment personnel, ou tout au contraire un copinage excessif.
J'ai donc décidé à l'époque de choisir un "nom de plume", que je ne suis pas allé chercher bien loin puisque Charles, Elie, et Arnaud sont mes trois prénoms.


21. Après l’aventure Hard’n Heavy, et ton passage chez VS sous le pseudo Goat of Rahahaaz , tu as depuis intégré Rock Hard. Comment s’est déroulé ton arrivée ?
J'étais en manque d'écriture !!!
Et puis surtout, à l'époque, je vivais très mal le fait de ne plus être un membre actif de la scène metal, soit en tant que rédacteur, soit en tant que musicien. J'ai traversé des années assez sombres qui m'ont convaincu qu'il fallait que je me réinvestisse dans la musique. Il était impossible pour moi de rester éloigné de ce milieu. Je pense que c'est la même chose pour quelqu'un qui a travaillé dans le milieu de la boucherie ou des combles aménageables : c'est une forme de drogue.
J'ai envoyé un mail à Philippe Lageat à tout hasard, qui m'a répondu : "Appelle-moi demain". Et maintenant ça fait bientôt deux ans. Je ne l'ai toujours pas appelé mais je lui envoie mes articles et il les publie.



22. Tu gères dans Rock Hard une rubrique dans un état d’esprit très proche de Combat Nasal. Comment as-tu pu imposer ta patte dans Rock Hard ?
En arrivant, c'est la première idée que j'ai proposée à Philippe, qui a tout de suite été partant. Je trouvais qu'il manquait dans le mag une page underground, mais aucun des rédacteurs de l'époque ne semblait prêt à s'y coller réellement. J'ai donc proposé l'idée, qui a été acceptée dans la minute.


23. Rock Hard n’étant pas suffisant pour t’occuper, tu t’es lancé dans un autre magazine de la presse écrite avec Metaluna. Peux tu en dire plus sur ce nouveau canard ?
Metaluna est une sorte de chose bizarre. Le fils bâtard de Mad Movies, Hara-Kiri, Fluide Glacial, et Hard N Heavy (dont on retrouve plusieurs anciens membres). Le mag est très orienté cinéma, principalement cinéma fantastique (normal, il a été fondé par deux Mad Moviesiens), mais on y trouve aussi quelques pages musique principalement metal (le rédac chef est Rurik Sallé donc ça n'étonnera personne), ainsi que de la bande dessinée, et des filles à poil avec des seins.
Si je devais réellement donner mon avis sur le mag, je dirais j'adore le ton libre et impertinent sur lequel les choses sont traitées, mais que ça manque de zique et qu'il y a trop de cinoche, mais on ne m'a pas demandé mon avis donc je le garde pour moi. En revanche, je suis super partant pour les filles avec des seins. Et puis par-dessus tout, quand un ami comme Rurik te demande de participer à son nouveau magazine, chapeauté par Jean-Pierre Putters, tu as deux solutions : Répondre "évidemment", ou être un connard.


24. Après une 20aine d'années d'activisme dans la musique et dans la presse, tu as crée autour de toi un vrai petit réseau d'amis et des fans. Quelles sont les personnes qui comptent ou ont compté le plus dans ton parcours ?
Tu fais tout pour que je me fâche avec ceux que je vais évidemment oublier, hein ?
Il est impensable de ne pas citer Axel (Wursthorn), puisque nous avons joué ensemble durant 16 ans, et même si nous ne sommes plus du tout en contact aujourd'hui, nous avons vécu ensemble de très beaux moments.
Cyril "Mazak" Beze avec qui je réalise Combat Nasal est une autre rencontre capitale. Lorsque nous nous sommes connus en 1992, il éditait un fanzine qui s'appelait Whisper et nous sommes rapidement devenus inséparables. 21 ans plus tard, nous le sommes toujours, malgré la distance géographique qui nous éloigne.
Mais si je devais retenir une seule personne qui a marqué de façon indélébile mon parcours dans le milieu musical, il s'agirait indiscutablement de Nicolas Ramaget, auquel je fais parfois référence comme étant "ma bonne fée". Il a été le premier à signer CinC (et à monter un label pour l'occasion). De par son expérience journalistique dans Hard-Rock Magazine puis plus tard au sein de Rock Hard (sous le nom attachant de Nicolas Radégout), il m'a permis de faire la connaissance de pas mal de monde. C'est notamment lui qui m'a présenté Renaud Doucet, lequel m'a donné ma chance au sein de Hard N'Heavy et qui est lui aussi devenu un ami très proche. C'est aussi par son entremise que j'ai fait la rencontre de Phil Lageat et donc indirectement que j'ai pu entrer à la rédaction de Rock Hard plus récemment. Il est aujourd'hui en plus mon éditeur (il gère les Editions Hurlantes) ainsi que mon plus fidèle conseiller dès que j'ai une décision à prendre concernant le business. Mais c'est avant toute chose un de mes tout meilleurs amis.


25. Si il y avait un TOP15 des gens qui font le metal en France, je t'avoue que je te mettrais dedans... tu verrais qui autour de toi dans ce TOP15 ?
Et bien tout d'abord, je suis sincèrement très touché que tu me dises cela et je prends cela comme un très beau compliment.
Tout d'abord je te mettrais (façon de parler, gros dégoûtant) toi aussi dans ce Top 15 (NDLR : Fayot) car VS reste la référence indiscutable en termes de webzines français.
Mais là encore, il est difficile de répondre à cette question : le metal a 40 ans et chaque décennie a eu ses activistes. Des gens comme Jeff Bouquet ou James Petit ont par exemple à leur époque été des piliers du genre. Il est toujours délicat de faire du "name dropping"...
Aujourd'hui, le premier nom qui me vient à l'esprit est Ben Barbaud, qui a su offrir au pays son premier vrai festival. Gojira, qui a donné ses lettres de noblesse au metal français à l'étranger. Tous les gens de la presse papier qui sont de vrais passionnés, notamment mes "patrons et potes" Lageat et Villalonga, mais je pense aussi à Sven de Hard-Rock qui est un vrai "workaholic". Des gens comme Phil 'em All, Roger Wessier ou Fred Garmonbozia grâce à qui il y a encore une vie sur scène dans le pays. Guillaume Bernard de Klonosphere qui a su proposer un modèle de distribution alternatif pour tous les groupes qui étaient auparavant cantonnés à l'autoproduction pure et dure. Mika de Season Of Mist, Laurent de Listenable...
Je vais en oublier plein qui vont être vexés, je suis déjà ravi à l'idée de recevoir des messages privés ronchons sur Facebook... Euh... avec qui n'ai-je vraiment pas de envie de me prendre la tête ?...
Tiens, allez, Renaud Hantson !

26. Toutes tes activités ne te permettent bien entendu pas de vivre et de payer ton loyer ... par curiosité, tu fais quoi dans la VRAIE vie ?
Justement, je ne paye pas mon loyer hahahaha.
Non, plus sérieusement, j'ai longtemps eu des jobs alimentaires vraiment pénibles (type "centres d'appels") mais aujourd'hui, j'ai 41 ans, j'ai bien failli rester sur le carreau l'an dernier, et je n'ai plus envie de me faire chier dans un job stérile et aliénant. J'aspire vraiment à m'épanouir dans mon boulot, et donc je suis pour le moment en pleine recherche d'un job dans la presse, la communication, ou plus généralement dans un milieu culturel. Avis aux amateurs.


26. On conclut l'interview par la question qui fâche : Arnaud, pourquoi as tu quitté VS ?
En partie justement à cause de ces jobs alimentaires pourris qui te rincent complètement et font que le soir lorsque tu rentres après 8 heures de taf tu n'as même plus envie d'écouter de musique, de parler à ta femme ou de jouer avec tes gamins.
Je suis vraiment passé par des sales périodes au niveau moral, et tu es bien placé pour savoir qu'il fallait parfois me supplier pour que je rende une chronique dans les temps. Plutôt que de faire un truc à moitié ou sans grand entrain, j'ai préféré arrêter à cette époque. Et puis lorsque j'ai vu que Rock Hard me proposait un salaire à 5 chiffres, l'envie d'écrire m'est soudain revenue du jour au lendemain hahaha, c'est dingue hein, des fois, la vie !

27. UN dernier mot pour nos lecteurs
Prothèse.
Auteur
Commentaire
pj666
Membre enregistré
Posté le: 01/05/2013 à 20h05 - (624)
Une interview sincère (et drôle) en tout cas !



pj666
Membre enregistré
Posté le: 01/05/2013 à 20h24 - (625)
Une interview sincère (et drôle) en tout cas !



Jef De La Lune
Membre enregistré
Posté le: 01/05/2013 à 23h13 - (626)
Respect

pamalach
Membre enregistré
Posté le: 01/05/2013 à 23h21 - (627)
Excellent !!



FélixRome
IP:198.47.115.150
Invité
Posté le: 02/05/2013 à 10h34 - (629)
Vraiment chouette interview. A la fin, on devine le sempiternel dilemme entre pousser à fond sa passion pour la musique et s'accomplir professionnellement/ socialement. Même si l'interview est longue, j'aurais largement accepté quelle le soit encore plus et que ce dernier thème soit approfondi. Bravo encore.

Youpimatin
Membre enregistré
Posté le: 02/05/2013 à 12h09 - (630)
Excellente interview mais je dois avouer me sentir ouvertement esbaudi par le dernier mot cité par Arnaud : Pourquoi, oui pourquoi ?



Ilhan
Membre enregistré
Posté le: 02/05/2013 à 12h52 - (631)
Très classe cette interview.
Intéressante, sincère et tout... classe quoi.
Bonne chance pour trouver du taf!!!



XtranbertX
Invité
Posté le: 04/05/2013 à 09h30 - (634)
Sympa et toujours aussi agréable à lire.

Bertrand
Membre enregistré
Posté le: 07/05/2013 à 13h22 - (637)
Nooooooooon, Herv & Vilard ne sont pas morts.



bigmat0z
Membre enregistré
Posté le: 07/05/2013 à 15h14 - (640)
Superbe interview, j'adore !
Tu sais que si t'as besoin d'un batteur pour ton éventuel futur projet grind, tu sais où me joindre hein !!! :D



walkingbedd
IP:82.247.206.115
Invité
Posté le: 19/05/2013 à 10h53 - (655)
batteur de creme fouettée......c'est moi....je badigeonnerai tous les membres de 6h33 de creme fouettée, que je lécherai jusqu 'a ce que mort s ensuive.....si c pas de l amour ça!

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