Timo Kotipelto - STRATOVARIUS par ARIS3AGAIN - 4333 lectures
Plus que quelques jours de patience avant la sortie de “Nemesis”, le tout dernier disque de Stratovarius... Nous avons profité de la présence à Paris de l’adorable Timo Kotipelto, la célèbre voix du combo finlandais, pour le rencontrer. Du cancer de son ancien batteur, Jörg Michael, au nouveau line-up, en passant par l’envie de perfection, mais aussi de spontanéité de son groupe, Timo s’est confié durant plus d’une demi-heure, pour notre plus grand plaisir.



Cet album semble un peu plus sombre que le précédent… Qu’en pensez-vous et comment l’expliquer ?
Oui, je suis d’accord, surtout dans les guitares. Je ne sais pas quel était notre problème ! (rires) Quand on écrit, on ne prévoit pas vraiment quel type de disque ce sera. Tout le monde peut proposer des idées dans le groupe, donc difficile de prévoir quoi que ce soit ! On avait 22 chansons, ça nous a permis d’avoir le choix. Au final, on a gardé les morceaux que tout le monde préférait. Pourquoi est-ce plus sombre ? Probablement parce que durant les années précédentes, tout n’a pas été rose. Notre ancien batteur, Jörg, a découvert qu’il avait un cancer. Tout s’est arrêté quand on a appris ça. On s’en fichait de savoir ce qu’il adviendrait du groupe ! Notre seule préoccupation était de savoir s’il y survivrait. C’était très choquant pour nous, vraiment. Il s’en est remis bien heureusement, il a été opéré, mais ensuite, c’était à mon tour d’être malade alors qu’on était en tournée ! En France, il a même fallu annuler le concert, car j’étais totalement incapable de chanter. En Espagne, quelques jours après, je ne pouvais toujours pas chanter, j’étais là, j’essayais, mais ça ne fonctionnait toujours pas. Sinon, techniquement parlant, le côté sombre peut aussi venir du fait que Matthias a un peu changé les guitares. Pas dans les solos, mais dans les riffs, il a appris de nouvelles techniques. Quand il est arrivé, il était très bon en solos, mais un peu moins en riffs. Il a beaucoup bossé depuis. Mais peut-être que le disque suivant sera plus positif, nous verrons ! (rires)

L’arrivée de Rolf à la batterie a-t-elle eu un grand impact ?
Oui, il apporte une certaine précision à notre musique ! Quand Jörg a dû quitter le groupe, il ne voulait pas que l’on prenne un clone de lui. Ce qui est normal, Jörg est un véritable personnage, difficile, voire impossible à remplacer. On s’est dit du coup que ce serait sans doute mieux de prendre quelqu’un de différent. Peut-être de plus moderne et technique. Quand on a dit à nos fans qu’on cherchait un batteur, on s’est retrouvé avec 150 vidéos Youtube ! (rires) On a choisi quatre personnes, et on a fini par prendre Rolf, car c’était le meilleur. Il apporte beaucoup de technique, mais aussi une nouvelle énergie, vu qu’il est plus jeune que nous. D’un coup, le groupe est beaucoup plus énergique ! Surtout en live, mais aussi sur l’album.

Est-ce compliqué d’avoir un musicien dans le groupe bien plus jeune que les autres ?
Non, ce n’est pas difficile du tout. Matthias a moins de 30 ans. Ce sont Jens et moi qui avons la quarantaine. Lauri est entre les deux. C’est marrant, Lauri avait l’habitude avant d’être le plus jeune mec du groupe. Maintenant, il est pile au milieu ! (rires) Ce qui est bien avec Rolf… On avait un peu peur qu’il aime boire tout le temps, ça aurait pu être un problème. Il arrive que les gens un peu jeunes, quand ils se retrouvent d’un coup devant de grands publics, se prennent pour des rockstars ou ce genre de choses. Pas Rolf. Il est très terre à terre, humble et professionnel. Je pense que c’est celui qui boit le moins dans le groupe au final ! Et puis, Rolf était un grand fan de Stratovarius, il connaît parfaitement tout notre répertoire. Parfois mieux que nous ! Si on joue des vieux morceaux, il arrive qu’on ne se souvienne pas de tout, alors que lui sait tout jouer ! Pouvoir jouer avec nous, c’est son rêve qui se réalise.



Il y a eu pas mal de changements de line-up, est-ce difficile de garder une bonne cohésion de groupe malgré tout ?
Pas vraiment ! Il n’y a plus personne du line-up d’origine depuis 1994 ou 1995, quelque chose comme ça. Mais ça semble naturel pour moi. L’année prochaine, cela fera 20 ans que je fais partie de Stratovarius. Jens est arrivé un an après moi. C’est bizarre, mais on n’est pas le seul groupe à être ainsi. Ça ne nous dérange pas, c’est génial de voir que les fans nous acceptent sans problème. Pour le dernier changement, avec Jörg, il n’y avait pas de coup d’éclat ou de rancune, il a juste choisi de partir tant qu’il pouvait encore jouer. Il n’avait plus envie, voilà tout. Le groupe est solide, plus que tel ou tel membre. Stratovarius est indestructible, c’est tout ce que j’ai à dire ! (rires)

C’est pour ça que vous avez choisi d’appeler l’EP ainsi ?
Hmm… A la base, non ! Ça parle de vivre ses relations dans le moment présent. Mais bien sûr, en y pensant… Stratovarius a failli mourir plusieurs fois, certains membres ont essayé de le détruire. Mais le groupe est toujours là. Cet album est comme un comeback. Tous les retours que j’ai eus étaient très positifs, je n’ai pas reçu autant de critiques positives des journalistes depuis un bon moment ! Au moins 1997, quelque chose comme ça.

Tu parlais de ne pas prévoir quand tu écris, est-ce important de rester spontané dans ta façon de composer ?
On ne prévoit pas ce qu’on va écrire, car on ne le sait pas. Si je savais écrire de vrais hits, je serais probablement un grand producteur millionnaire ! Mais je ne sais pas le faire et je ne veux pas le faire. Je veux écrire de bons morceaux, mais on n’a pas de formule parfaite pour le faire. On se contente de proposer des idées. Jens et Lauri écrivent leurs chansons en entier de leur côté. Certains travaillent séparément, d’autres ensemble. Mais quand on joue ensemble, on peut tous proposer des petits arrangements.

Vous êtes restés pas mal de temps en studio, contrairement à l’époque d’“Elysium”. Un côté perfectionniste ?
Oui ! C’est une malédiction. C’est positif, mais c’est aussi une malédiction, car on veut toujours faire le mieux possible. On espère à chaque fois faire mieux que la fois précédente. Je trouve que le disque sonne très bien. Et même si les ventes de CDs diminuent et que les maisons de disque n’ont plus autant d’argent à donner à leurs groupes, ce disque a coûté aussi cher que nos albums d’il y a dix ans. On met notre argent dedans pour que ça sonne gros. On pourrait le faire dans un home studio, c’est bon marché, mais ça ne sonnerait pas aussi bien. C’est comme ça qu’on veut le faire. On a passé environ quatre mois en studio, c’est en effet plus que sur “Elysium”. Mais c’est aussi parce qu’à l’époque, on avait une tournée avec Helloween derrière, on a dû se dépêcher. Cette fois, on s’est concentré, on a pris notre temps. Je pense que ça s’entend.

Ça s’entend notamment sur les voix. Tu as fait bande à part il me semble ?
Oui, je n’aime pas enregistrer dans un grand studio, l’atmosphère n’y est pas relaxante. Donc on a été dans une petite maison à la campagne en Finlande. C’était un endroit calme, où on pouvait prendre notre temps. Quand tu enregistres les voix, il faut que le chanteur se sente bien, c’est très important. Je sais que certains vocalistes préfèrent être dans un super studio, mais je préfère un petit endroit calme. On a fait toutes les voix avec Matthias de cette façon, très tranquillement. Je trouve aussi que ça s’entend à l’écoute du disque. On y a donné beaucoup d’énergie, surtout Matthias, qui dormait quasiment sur le canapé du studio. On a donné tout ce qu’on avait. Par exemple, je n’aimerais pas chanter ici [l’interview a lieu à l’étage du Hard Rock Café de Paris, NdR]. Je veux bien boire un verre, donner des interviews, mais pas chanter… Enfin, si on faisait un showcase ici avec le groupe, ce serait différent bien sûr !

Est-ce pareil avec les salles de concerts ? Tu les préfères petites et intimistes ?
Ça m’est égal… Je préfère faire un concert sold out devant 500 personnes qu’une grande salle à moitié vide. Ça dépend vraiment de l’atmosphère. Avec Lauri, on a fait un projet acoustique ensemble [Kotipelto, NdR], on a joué du coup dans beaucoup de petites salles en Finlande. J’ai appris à nouveau ce que c’est d’être en contact avec les fans, d’être tout proche. Ce n’est pas toujours possible. Parfois, tu as au moins cinq mètres d’écart avec le premier rang, ce qui est un peu dommage. Alors que quand les gens sont proches, c’est plus intimiste. Mais ce serait stupide et faux de dire que je n’aime pas les grandes salles ! C’est juste différent…



Tout dépend du public aussi j’imagine ?
Oui bien sûr ! Les fans japonais et sud-américains, par exemple, n’ont rien à voir ! Je pense que les Français sont à peu près entre les deux. Les Japonais, quand on joue, sont très silencieux, ils headbanguent un peu, mais c’est tout, ils restent très polis. Alors qu’en Amérique du Sud, on n’entend rien sur la scène, car ils sont très bruyants. En France, c’est entre les deux, les gens font du bruit, mais ils écoutent aussi. Je trouve ça bien.

Pour en revenir à l’enregistrement, j’ai entendu dire que vous êtes retournés ensuite en studio pour mettre en boîte une chanson acoustique, “Old Man & The Sea”…
Oui, mais je ne me rappelle plus où on l’a enregistré… On s’en est occupé en tout dernier. La chanson sera le bonus sur le vinyle de l’édition spéciale. C’est vraiment génial que le label nous ait autorisé à faire ça. Ce sera un objet limité, un double vinyle, un bel objet, vraiment. Le disque contient onze morceaux, l’édition spéciale treize et le vinyle quatorze. Mais comment en as-tu entendu parler ? (rires)

J’ai mes sources ! Donc ce sera une ballade acoustique ?
Oui, c’est une chanson toute douce qu’on avait écrite durant les sessions pour “Polaris”. Mais elle n’allait sur aucun album, alors on a préféré la mettre en bonus. Là, c’est une version acoustique. C’est un peu spécial, car ce n’est pas Matthias qui l’a enregistrée, mais Tuomas, qui joue dans mon projet solo. Matthias avait peur, car il ne se sentait pas à l’aise en acoustique. On est heureux que Tuomas ait pu le jouer. Il joue aussi sur “If The Story Is Over”, l’autre ballade !

Penses-tu que vous pourriez les jouer sur scène ?
Je ne pense pas que l’on fera “Old Man & The Sea”. Mais on verra… Peut-être “If The Story Is Over”, c’est une super chanson. On jouait nos anciennes ballades, il est peut-être temps de jouer la nouvelle ! Cela dépendra aussi de la réaction des fans. S’ils l’aiment, pourquoi pas !

Cette ballade est plutôt agréable dans l’album, d’autant qu’elle se trouve entre deux morceaux un peu plus agressifs !
Oui, tout à fait ! C’est un peu relaxant. Ça aurait pu être le dernier morceau, mais Matthias a finalement préféré qu’on le mette en avant-dernier. Mais je trouve qu’il a eu raison, le fait de mettre un titre un peu plus agressif en fin d’album permet de mieux le définir et le résumer. On verra si le disque n’est pas trop violent pour les vieux fans ! Mais je suis confiant, car on a eu d’excellentes réactions sur la première chanson postée sur le net. C’était étonnamment bon !



Vous avez demandé à vos fans, justement, de vous envoyer des photos de leurs objets liés au groupe. C’est une super idée, peux-tu nous en dire plus ?
On ne l’a pas encore fait, on attend encore de recevoir des photos ! Ça permet de créer une belle interaction entre le groupe et les fans. Je n’ai encore vu, mais on m’a dit qu’on a reçu des trucs géniaux. J’ai entendu que quelqu’un a fait un logo Stratovarius en métal ou quelque chose du genre ! (rires) Ça ne peut pas être plus metal ! Je ne suis pas encore sûr de tous les détails, mais on prévoit d’utiliser les photos d’objets les plus rares, mais surtout les plus marrants. L’idée est d’avoir une connexion avec les fans. Quand tu es en studio, tu ne peux pas les rencontrer. Pendant les concerts de mon projet acoustique, j’avais un peu plus de temps après les shows pour parler avec les gens. Alors que quand tu es en tournée, tu n’as même pas le temps, car il faut ranger ses affaires et on repart pour une autre ville. Cette idée de clip est intéressante pour nous aussi, car on voit un peu ce que les gens font !

On verra simplement les photos, ou vous prévoyez de jouer aussi ?
Je sais ce qu’on prévoit, mais je ne peux rien dire ! C’est chiant hein ! (rires) Je ne peux pas non plus te dire quelle chanson ce sera… Mais je peux te donner un indice… Elle est sur l’album ! Et ce n’est pas “Unbreakable”.

Il me reste dix possibilités… Je pourrais penser que ce ne sera pas la ballade pour un premier single…
Ok, neuf possibilités ! (rires) Mais là, je me tais ! (rires)

Très bien, j’arrête d’insister ! Merci Timo pour tes réponses. As-tu un dernier mot pour nos chers lecteurs ?
Oui ! J’ai vraiment envie de revenir. J’étais très déçu la dernière fois de ne pas pouvoir chanter ! Mais c’est le live. Là, on va revenir en pleine forme, avec un nouveau batteur, un nouvel album. Merci pour votre soutien. J’espère que vous aimerez le disque et que vous viendrez au concert. On va passer un bon moment ensemble, je l’espère !
Auteur
Commentaire
gardian666
Membre enregistré
Posté le: 10/03/2013 à 13h43 - (528)
Excellente interview, Timo semble être adorable !



J.N.
Membre enregistré
Posté le: 11/03/2013 à 14h19 - (529)
Excellent dernier album, bien supérieur au precedent !

metalsymph
Membre enregistré
Posté le: 13/03/2013 à 21h58 - (531)
Super interview, merci !
Et excellent ce Nemesis, vivement le concert à paris le 31/3 !



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