CELESTE, groupe atypique et pour le moins chaotique originaire de Lyon, a bien voulu répondre à nos questions pour un peu nous éclaircir sur l'aspect textuel dans lequel le groupe nous immerge.

Merci à Bras Cassé pour le coup de main donné !

Bonjour Johan, est-ce qu’avant de chanter dans Celeste, tu écrivais déjà des textes ou histoires ? Ou est-ce que c'est apparu avec la création du groupe (parce qu'il fallait quelqu'un pour s'en occuper par exemple...)
Johan (Chant) : J'avais déjà un groupe avant, Mihai Edrisch, j'avais donc déjà écrit pas mal de chansons. J'ai toujours été attiré par le chant, donc je ne me suis pas mis à écrire par défaut, Par contre, il est vrai qu'avant de faire de la musique, je ne ressentais pas le besoin d'écrire.

Chez Céleste, les paroles sont-elles créées avant, en même temps ou après la musique ? Ou tout simplement, cela se produit durant ces 3 phases ?
Toujours à la fin, ça permet d'essayer de faire quelque chose de cohérent. Le revers de la médaille, c'est que ça peut retarder la finalisation d'un disque.

Ecris-tu lorsque l’envie t’en prend ou lorsque l’obligation d’apporter des textes à Celeste se fait sentir ?
Du fait du processus choisi, il y a une forme d'obligation, c'est certain. Je dirais cependant qu'avec le temps, malheureusement ça ressemble de plus en plus à une contrainte, alors que par le passé, je pouvais y prendre du plaisir.

En combien de temps généralement les paroles d'un titre sont-elles écrites ? Certains ont besoin de 2 heures, une nuit, plusieurs jours... vous vous situez dans quelle tranche ?
C'est extrêmement variable, j'ai dû écrire certains titres en quelques minutes, parce-que j'étais inspiré, et parce que c'était simple à caler sur l'instrumentation. Pour d'autres, ça a pu prendre plusieurs mois.

Ça m'arrive assez souvent d'écrire une chanson, de la laisser de côté et de reprendre certaines choses que je ne trouve pas abouties; parfois un petit truc qui me chagrine va me faire changer totalement une chanson car changer un simple détail va finalement me faire partir sur une autre piste plus pertinente.

La vie en France est de moins en moins rose. T’inspires-tu de ton quotidien, de faits divers ou de ton imaginaire pour écrire?
Des trois. Comme tu le dis, il suffit de lever les yeux pour trouver de l'inspiration crasseuse. Après, ce n'est pas parce qu'une chose te touche que ça fera une chanson intéressante. Et puis le public en a peut-être rien à branler de ta vie aussi, donc autant essayer de faire quelque chose qui puisse se transposer à d'autres personnes.

Céleste propose uniquement des textes en français ; est-ce un choix naturel ? La simplicité ? le besoin de s’exprimer dans sa langue maternelle, ou finalement c'est ce qui colle le mieux à votre musique ?
Je n'ai vraiment pas hésité. Je ne comprends, même pas vraiment les personnes qui font le choix de chanter en anglais car c'est la norme. Ça donne d'ailleurs parfois lieu à des résultats assez cocasses, entre les accents foireux et le vocabulaire approximatif, je ne suis pas certain que le choix de l'anglais pour un non natif soit pertinent.

Bon je blâmerais peut-être moins les Allemands, d'une part parce qu'ils parlent souvent parfaitement anglais, et puis bon... l'allemand c'est moche.
Plus sérieusement, je pense qu'il est important de maîtriser sur le bout des doigts le vocabulaire que tu utilises, ce qui me paraît quasi impossible en utilisant une langue qui n'est pas la tienne

Si on entre un peu en détails dans les sujets traités, on ne peut pas dire que ce soit des thèmes très positifs/joyeux ; est-ce que tu peux un peu détailler les sujets abordés par Céleste, notamment pour quelqu'un qui ne vous connaîtrait pas ?
En effet, ce n'est pas très rose, mais cela va de soi, vu la couleur des riffs qu'on compose. Niveau thématique, n'étant pas trop sur l'introspection avec CELESTE, je parle de thèmes généraux comme la religion, les déviances sexuelles, familiales, sociétales.... guerres, pédophilie, viol, inceste, violences physiques, morales... plein de trucs sympas.

- La majorité des noms de vos morceaux sont des phrases, parfois d'interrogations ou d'exclamations ; Je trouve qu'elles attirent l'attention et vous démarquent un peu des autres groupes. En fait, on a envie d'en savoir un peu plus sur Céleste ; est-ce un peu l'effet que vous recherchez ?

J'ai fait le choix, à partir de "Nihiliste(s)", de choisir comme titre, des citations de chacune des chansons. Ça donne en effet, des titres à rallonge. Je trouve ça original, à coup de titres en un ou deux mots, j'ai l'impression que tous les groupes tournent en rond. Un mot profond, le nom d'une illustre divinité, ou un titre en latin, ça a tendance à me fatiguer, ça manque d'identité.
Est-ce que ça intrigue ou interpelle, je l'espère, j'ai aussi conscience, que ça en fait rire beaucoup; mais ça ne me dérange pas. L'originalité ou le parti pris a tendance à déranger.

Une particularité du groupe est également le choix des titres de vos productions; ils nous donnent déjà sans même avoir écouté une note, un aperçu du 'concept' du groupe. Comment sont choisis ces titres ? Sont-ils des 'condensés' des paroles de l'album ?
Tout à fait, j'essaye en un mot, de résumer la teneur du disque. C'est la seule fois où je fais court. Ce n'est pas évident, mais rétrospectivement, je trouve que les titres dépeignent bien le contenu des disques.

Johan, as-tu un autre défouloir pour t’exprimer (sport, fumette, voyage…) ou mets-tu tout dans tes écrits ?
Non non, je ne mets pas tout dans mes écrits. Je ne pense notamment pas être à l'image de ceux-ci. Je suis quelqu'un de jovial, fêtard, j'ai une vie sociale accomplie... J'ai d'autres défouloirs. Si on reste dans la musique, les performances live, quand elles sont bonnes, en sont un bon. Tout simplement passer du bon temps à n'alcooliser avec mes amis, c'est peut-être ce qui me sied le mieux.

Puisque Mihai Edrisch n’existe plus (2002-2006), puis-je te demander si le travail de composition est le même que quand tu avais à 20 ans?
Au risque de décevoir certains "fans", avec le temps je pense que je me détache pas mal de ce que j'écris. Là ça va être le 7ème album que je compose, donc j'ai le sentiment d'avoir à peu près fait le tour des sujets qui m'intéressent. Autant, je pouvais ressentir une forme de passion, d'envie, lors de l'écriture de chacun des textes de mes premiers albums, autant je parlerais plus de travail d'écriture aujourd'hui. Trouver un sujet, travailler la cohérence générale...

Le tout c'est de ne pas pondre un truc de blasé. Même si c'est parfois difficile, je m'attelle à proposer quelque chose d'honnête et intéressant pour les personnes qui s'intéressent à ce que je peux écrire.
Cette évolution joue donc bien entendu sur le processus d'écriture. J'ai de plus en plus besoin de stimuli ou de concentration alors qu'avant ça venait un peu tout seul, un lendemain de cuite.

Geezer écrivait les textes d’Ozzy dans Black Sabbath, cela te choquerait-t-il qu’un autre puisse écrire tes paroles?
C'est parfaitement inconcevable. Je me contredirai peut-être un jour, mais à partir du moment où mon écriture deviendra trop compliquée ou de piètre de qualité, je passerai tout simplement à autre chose. Même si je ne crois pas à tout ce que je raconte, je n'ai nullement envie de débiter les paroles d'un autre, le chant a quelque chose d'intime. Je crois que c'est aussi en adéquation avec le fait que je n'ai jamais voulu m'inspirer de qui que ce soit dans mon travail

Merci Johan pour tes réponses. Dernière question, écris-tu actuellement pour un nouvel album de Celeste ou un autre projet ?
Oui, je suis en pleine finalisation de notre nouvel album, il me reste quelques titres à composer, et comme je le disais plus haut, ça a pour le coup tendance à fortement retarder la sortie de ce disque. Je n'ai pas d'autres projets à côté.

Merci à toi, en espérant te croiser à un de nos concerts.