Sébastien Bismuth - ABRAHMA par STéPHANE - 5311 lectures
ABRAHMA a sorti cet été un premier album remarquable : "Through the dusty paths of our lives". Voilà encore un bel exemple de groupe de Stoner français de grande qualité, avec un vrai potentiel international. Ils s'apprêtent d'ailleurs à partir en tournée européenne pour défendre cet album.
Entretien avec Sébastien, leur chanteur-guitariste.



ABRAHMA s'est formé en 2010, sur les cendres d'ALCOHSONIC. Peux-tu nous en dire un peu plus sur ce changement de nom et de direction musicale?
Ca faisait un bout de temps qu'on voulait faire quelque chose plus dans notre trip et nos influences, à savoir Heavy Rock, Stoner et Psyché. Déjà au temps d'ALCOHSONIC, même si on a toujours voulu garder cette influence Blues. Malheureusement à l'époque tous les membres ne voulaient pas aller dans cette direction.
Quand Pierre, notre ancien guitariste, a quitté le groupe, nous nous sommes retrouvés avec Guillaume (basse) et Benjamin (batterie) en studio pour composer de nouveaux morceaux et voir où le vent nous poussait. On a sorti à cette époque un EP sous le nom d'ALCOHSONIC, que l'on avait donc enregistré à trois, avec d'ores et déjà les premières versions de « Vodun 1 » et « Honkin' water roof ». Il était clair que nous avions trouvé notre style et un son où l'on se retrouvait enfin tous. On a donc décidé de chercher un deuxième guitariste et de composer un album complet dans la veine de ce que l'on venait de réaliser.
Les morceaux qui en ont découlé n'étaient clairement plus du ALCOHSONIC. On a mis du temps avant de se décider à changer le nom du groupe, mais au final on s'est vite rendu compte que la décision devenait de plus en plus nécessaire afin que tout le monde s'y retrouve. Et nous avons donc opté pour le nom d'ABRAHMA.


Vous avez donc changé de style musical. Et est-ce que le changement de guitariste a aussi modifié votre manière de composer?
Dans un sens oui, car notre ancien guitariste sonnait très Classic Rock. De plus, je ne prenais plus la guitare sur scène et le son s'en trouvait assez changé.
Quand nous nous sommes retrouvés à trois, avant l'arrivée de Nico, le son avait déjà vraiment changé. Plus sauvage on va dire. Et Nicolas a amplifié ce changement de direction. Avec lui nous n'avons plus trop à nous poser de questions pour composer. Il aime les mêmes choses que nous et surtout il veut la même chose. Donc oui, l'arrivée de Nicolas a changé notre manière de composer. Surtout dans le coté psychédélique de nos compos, chose que notre ancien guitariste ne portait pas forcément dans son coeur.


« Through the dusty paths of our lives » est un album consistant, de 15 morceaux. J'imagine que cela a dû vous demander de longs mois de composition et d'enregistrement? D'ailleurs est-ce qu'il s'agit d'un concept album?
Bizarrement l'album s'est fait assez vite. Certaines compos ont même été écrites durant l'enregistrement de l'album. Bien entendu on avait déjà tous des idées qui dataient d'avant l'enregistrement, mais rien de vraiment finalisé. Au final l'album s'est fait en trois, quatre semaines.
Et il n'y a pas vraiment de concept, bien que nous voulions une sorte de continuité dans les morceaux. Tu remarqueras que nous avons d'ailleurs inséré des interludes pour justement faire que l'album ne soit pas qu'un amas de titres qui se suivent.
Ce n'est donc pas réellement un concept album mais plutôt un voyage au travers des "dusty paths of our lives".


L'album est très riche au niveau styles. C'est globalement Heavy Rock / Stoner, mais on y trouve aussi des éléments Psyché, Blues, Rock 70's, Grunge... C'était votre démarche initiale, d'essayer de proposer un panel assez large, qui ne se borne pas qu'au pur Stoner?
Exact! Nous écoutons tous beaucoup de styles différents, et moi-même ça m'emmerde très vite quand un album va dans la même direction de A à Z.
On a donc réuni toutes nos influences et essayé de faire quelque chose où l'on ne s'ennuit pas. Ca a donné un résultat avec certes beaucoup d'influences mais qui va tout de même dans la même direction.


Vous aviez fait un premier mix de l'album, aux Etats-Unis, par Jason Groves. Pourquoi l'avoir fait remixer par un autre studio américain ensuite?
Quand Small Stone nous a contacté, ils voulaient revoir le mix et le mastering pour faire quelque chose de plus roots au niveau de la batterie. Le test nous a paru concluant, et on a donc dit oui.


Comment s'est faite cette signature avec Small Stone Records (qui est un peu un label de rêve pour vous)?
Assez simplement en fait. On avait prévu avec Mathieu, notre manager, plusieurs envois aux labels. Un premier totalement numérique par l'intermédiaire d'une jolie newsletter avec un code pour accéder au téléchargement de l'album puis, si cela ne donnait rien, un envoi physique. Le premier envoi de newsletter se limitait à Small Stone, Neurot, Relapse et Napalm il me semble. On a eu une réponse de Small Stone quasiment le lendemain. Enfin au début par le biais de Alexander Von Wieding (l'illustrateur de la pochette), qui m'a envoyé un petit message pour me dire que Scott (le patron de SSR) était intéressé par notre groupe. S'en est suivi pas mal d'échanges de mails par rapport au nouveau mix, le tout dans une ambiance très cool.
Je t'avoue qu'on a mis longtemps à réaliser que notre album porterait le logo de Small Stone. Je suis toutes les sorties de ce label depuis un sacré bout de temps.


C'est grâce à Small Stone d'ailleurs que vous avez pu entrer en contact avec Alexander von Wieding, qui s'est occupé de votre pochette?
En fait pas vraiment. J'aimais beaucoup le boulot d'Alex pour KARMA TO BURN, MONSTER MAGNET... Et je vois que nos potes d'ÖfÖ AM passent par lui pour la pochette de leur nouvel album, que je trouvais méga classe. J'ai donc juste demandé à Kryïss le contact d'Alex et ça s'est fait tout seul. D'ailleurs à l'époque Alex avait bossé sur la pochette de notre EP "Honkin' water roof" encore sous le nom d'ALCOHSONIC.


Vous avez un invité prestigieux sur ce premier album, en la personne d'Ed Mundell (ex-guitariste de MONSTER MAGNET)! On se demande évidemment comment vous l'avez déniché?
Encore une fois, histoire toute bête. Je suis un énorme fan d'Ed Mundell. Ce mec fait partie, avec Rory Gallagher, de mes plus grosses influences. Quand on a commencé à bosser sur l'album, je me disais que ce serait vachement cool d'avoir un petit guest d'Ed. Je l'ai donc simplement contacté par mail. Au début pas de réponse. Et l'enregistrement de l'album commençait à toucher à sa fin, je n'y croyais donc plus trop. Puis un jour comme ça, réponse par e-mail d'Ed, qui me dit qu'il serait ravi de participer à l'album… On était tous comme des gamins de huit ans devant leurs nouveaux jouets! On lui a donc envoyé les masters du morceau sur lequel on voulait son solo, et il nous a renvoyé ça une semaine plus tard. Et le résultat est plutôt réussi!


« Through the dusty paths of our lives » est sorti cet été (seulement en import en France). Etes-vous satisfaits de l'accueil pour l'instant?
Carrément. Les chroniques sont très bonnes dans l'ensemble et elles proviennent d'un peu partout, ce qui est un vrai plus car c'est souvent dur pour un groupe français de toucher les Etats-Unis ou le Royaume-Uni.


Vous allez très bientôt partir en tournée européenne. Peux-tu nous en parler, et j'imagine que ce doit être très compliqué de monter une tournée (quelle qu'elle soit) quand on est un groupe de Rock en France?
C'est exact, nous allons partir pour 19 dates à travers l'Angleterre, l'Allemagne, l'Autriche, l'Italie, la France et la Hollande, dès mercredi prochain (24/10). On sera accompagné du groupe MOTHER OF GOD, eux aussi signés sur Small Stone Records.
Et je te confirme que cette tournée a été dure à booker. Entre les annulations de dernière minute et les promesses dans le vent, il faut de la patience et des nerfs d'acier. Mais au final je pense qu'on va réussir à faire une tournée assez cool. On a eu la chance de tomber sur des gens vachement sérieux et prêts à nous aider comme les assos CaughtbyTheFuzz (FR), Anticorpos (NL), When Planets Collide (UK). Et grâce à eux la tournée va pouvoir se dérouler dans de bonnes conditions.
Tu sais, nous ne sommes pas très connus du public, donc intéresser les salles est encore un challenge pour nous. Mais le but de cette tournée est justement d'essayer de faire connaître ABRAHMA là où nous ne sommes encore jamais allés.


A propos, quels sont vos sentiments par rapport à la « scène » Heavy Rock / Stoner française qui a émergé ces dernières années?
Il y a beaucoup de bonnes choses qui sont apparues. Prends un groupe comme RESCUE RANGERS par exemple. Tellement sous-estimé, et pourtant leur dernier album vaut largement certains albums américains.
Des groupes comme ÖfÖ AM, LOS DISIDENTES DEL SUCIO MOTEL, WHEELFALL ou THE SOCKS ont eux aussi leur carte à jouer sur la scène internationale. Ainsi que des groupes comme BLAAK HEAT SHUJAA ou MARS RED SKY qui, eux, ont déjà complètement fait leurs preuves; et on risque de voir leur nom à l'affiche de nombreux fests l'année prochaine.
Après, certains groupes jouent peut-être trop dans la cour du « cliché Stoner ». Je veux dire le riff KYUSS qui tourne en boucle, la chemise à carreaux, les cactus, la bière... Ca peut être cool quand un groupe sait le faire avec un second degré assumé et une musique un peu différente du Stoner de base. C'est d'ailleurs ce que font LDDSM, et ça leur va à ravir. Mais quand tu réutilises les codes et les riffs sans second degré, ça peut vite devenir chiant. Ca serait peut-être mon seul reproche, d'avoir trop de groupes « clones » du Stoner californien des 90's.
Il ne faut pas oublier que le Stoner est tiré à la base du mouvement 70's psychédélique, et aussi du Grunge... Certes il y a KYUSS, mais il y a aussi MONSTER MAGNET, FU MANCHU, SASQUATCH, GRAND MAGUS, LOWRIDER, SLEEP... Et crois-moi, je n'ai jamais vu JB de GRAND MAGUS porter une chemise à carreaux et une paire de Ray-Ban à l'époque de leur premier album.


Et à part cette tournée européenne, quels seront les projets d'ABRAHMA dans les prochains mois?
On planche sur le booking de 2013 avec une tournée prévue avec WO FAT, puis d'autres mini-tournées. Et bien entendu on prévoit de commencer à travailler sur le prochain album.


Merci beaucoup Sébastien d’avoir répondu aux questions de VS. Veux-tu rajouter quelque chose?
Merci à tous ceux qui nous soutiennent depuis le début et tous ceux qui nous donnent envie chaque jour d'en donner plus.
Merci à tous les promoteurs et assos qui nous permettent de faire de cette tournée à venir un projet devenu réalité. Et merci à toi Stéphane pour ces questions.
KEEP IT RAWK!


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