Julien Chanut - HANGMAN'S CHAIR par STéPHANE - 5889 lectures
Dans la série groupe français qui mériterait franchement de percer à plus grande échelle, les parisiens d'HANGMAN'S CHAIR se posent là! Les maîtres du Sludge hexagonal ont déjà sorti deux albums exceptionnels, et ils reviennent aujourd'hui avec un nouveau disque, « Hope///Dope///Rope », qui fleure toujours ce Doom si personnel. Entretien avec Julien Chanut (guitare).

Nouvel album qui est d'ailleurs en écoute intégrale





Que s'est-il passé pour HANGMAN'S CHAIR depuis la sortie de « Leaving Paris » (2010)?
Tout d'abord, on est passé à quatre membres. On a fait quelques concerts à une gratte mais on s'est vite rendu compte qu'il manquait quelque chose et comme on ne voulait pas reprendre une cinquième personne, Cédric, le chanteur, a repris la seconde guitare.
Sinon après la sortie de « Leaving Paris », on n'a pas vraiment cherché à tourner. On a fait quelques concerts, mais on s'arrange toujours pour faire de belles premières parties ainsi que des dates à l'étranger comme en Pologne, en Russie…
Ca nous a laissé du temps pour répéter et bien préparer le nouvel album.


Depuis votre précédent album vous évoluez désormais à quatre, Adrien (deuxième guitare) ne faisant plus partie du groupe. Son départ est-il pour des raisons musicales ou personnelles?
Dans un groupe, c'est dur d'avoir plusieurs têtes pensantes ou trop de membres à fort caractère. Je pense que cela doit se résumer à une ou deux personnes qui décident, sinon on tombe dans un fourre-tout. Je déteste l'idée de devoir faire des concessions, soit tout le monde est d'accord, soit ça ne marche pas.
Et Adrien n'était pas d'accord sur certains choix, des choix de mix ou de pochette sur « Leaving Paris » par exemple. Ce que je peux comprendre, il a son avis, mais dans ce cas qu'il fasse son propre groupe, et c'est ce qu'il a fait par la suite.
Maintenant, on s'est quitté en bon terme, on se revoit de temps en temps.


Vous avez effectué des premières parties prestigieuses sur Paris ces dernières années (EYEHATEGOD, CHURCH OF MISERY, THE SWORD, THE DEVIL'S BLOOD, CROWBAR). Comment se sont passées ces dates et que vous ont-elles apporté?
Franchement, pour la plupart de ces groupes, le contact reste très basique. Ils sont en tournée et toi t'es la première partie, basta. Après il n'y a rien d'hostile là-dedans, c'est un peu une ambiance taf pour eux. CROWBAR et EYEHATEGOD par exemple, ce sont des groupes qu'on apprécie mais on n'a pas forcément quelque chose à leur dire et comme on n'est pas trop en mode groupie…
Pour THE DEVIL'S BLOOD c'est différent, on se connait en dehors de la musique.
Maintenant, ces premières parties ça n'apporte rien de spécial, tu ne vas pas vendre deux fois plus de merchandising ou avoir deux fois plus d'écoutes sur le web juste parce que tu joues avec eux. En revanche rien que le fait de partager une scène avec un groupe que t'apprécies, jouer dans de meilleures conditions, une belle salle et plus de public, c'est déjà très bien.


Comment fonctionnez-vous au niveau de la composition de vos morceaux? Et aviez-vous une idée précise de la direction que vous vouliez prendre sur ce nouvel album « Hope///Dope///Rope »?
Généralement, si l'un d'entre nous a un morceau, il arrive avec le squelette entier de la chanson. Tout le monde se pose dessus en répète, ajoute sa touche et voilà. C'est assez rapide comme méthode et le morceau ne bouge quasiment pas, pour que l'idée originale reste la même qu'à la base. On n'est pas trop dans le jam ou dans la composition en répète, on a déjà essayé et ce n'est vraiment pas notre point fort. Les seules choses qu'on travaille tous ensemble, ce sont les ponts entre les morceaux.
Sinon, je pense qu'on avait à la base une idée précise de comment allait sonner l'album. D'une part parce que les morceaux étaient déjà composés bien avant, et d'autre part parce qu'on a décidé d'enregistrer différemment cet album et qu'on a pu composer en fonction de ça. En effet, pour une fois on n'a pas tout enregistré en live, tous en même temps dans la même pièce. On a procédé de la même manière que pour « El Dia De Los Muertos » avec ES LA GUERILLA, c'est à dire une guitare dans la même pièce que la batterie en même temps et le reste l'un après l'autre. Ca nous a laissé beaucoup plus de liberté pour le son de chaque instrument, les doublages guitares. Et Francis a eu plus de facilité à tout mixer et pour nous c'était moins de stress au moment des prises.
Pour « Leaving Paris », on était allé au bout de notre délire « live », pas de sur-production, un son light, cru, très répète, qu'on avait débuté avec « (a lament for…) The Addicts ».


« Hope///Dope///Rope » est votre album le plus foncièrement Doom. Est-ce Adrien qui amenait le côté Heavy Rock sudiste (avec notamment des harmonies à deux guitares) dans HANGMAN'S CHAIR?
Non, Adrien n'a jamais composé pour HANGMAN'S CHAIR.
De plus, si on écoute bien, il y a certes moins de solos mais beaucoup plus d'harmonies et doublages guitares dans le dernier album que dans n'importe quel autre.


Comme d'habitude, on retrouve le fidèle Francis Caste aux manettes (enregistrement, mix, mastering). Il vous produit depuis vos débuts, y compris à l'époque d'ES LA GUERILLA. On peut dire qu'il est presque comme le cinquième membre du groupe maintenant, non?
En fait, je pense que c'est par pure fainéantise qu'on retourne chez lui. On a déjà pensé à d'autres types mais à chaque fois on rappelle Francis. On se connait depuis plus de dix ans, on a enregistré cinq albums avec lui (deux pour ELG et trois pour HMC), il nous a vu évoluer et on l'a vu aussi grandir dans son studio. Il connait notre manière de fonctionner, il connait notre son, tout va plus vite ainsi. Si ça marche comme ça, pourquoi on irait voir ailleurs? Et puis on reste sur Paname, on est bien à Belleville.
De plus, on se voit de temps en temps en dehors des enregistrements, on fait un peu de musique ensemble.
Francis c'est quelqu'un qui s'investit énormément et c'est sûr qu'il nous aide beaucoup sur les finitions, les voix, les harmonies, il a toujours de bonnes idées et il ajoute forcément sa petite touche. Après, on ne peut pas vraiment parler de cinquième membre, il ne compose pas avec nous, il n'est pas là dans tout le processus créatif.


D'ailleurs, par rapport au son de ce nouvel album, pourquoi ce choix déconcertant d'avoir noyé la voix de Cédric dans le mix?
On n'a jamais été trop dans les voix sur-mixées, un peu pop, devant la musique. On perdrait toute notre puissance. Pour moi, elle est parfaite ainsi, pas du tout noyée dans le mix mais bien dans l'ambiance, on l'entend bien mais elle ne prédomine pas. Et puis, à mon avis, la voix ne peut pas être plus forte que le riff, c'est lui qui est le plus important.


Depuis le début, vos paroles traitent des vices et des excès. Quelque chose me dit (notamment le speech de Joe Coleman en intro du dernier morceau « Hope///Dope///Rope ») que ce nouvel album parle toujours autant d'auto-destruction (par l'alcool et la drogue), de dépression et de suicide, si je ne m'abuse?
Le discours de Joe Coleman résume parfaitement le concept d'HANGMAN'S CHAIR :
« Look around, the Hunter virus is waiting for you, Ebola and the Tropical Rainforest is cooking up all kinds of brews to make sure that the population is kept into control. All these things are necessary. Why is there an increase in sexual deviation right now? Because it goes against procreative sex. Mother Nature does not want more children. No. This is not a time of birth. It's not a time to give birth! It's a time to die. The Bible says all things under heaven, and that includes death as well as life. You out there, you comfortable ones, you point the finger. You say the junky's the problem, you say the sexual deviant is the problem, you say the serial killer is the problem, you say the racist is the problem. You say the man that hates his fellow man is the problem; but they ain't the problem. You're the problem! The sexual deviant, the murderer, the serial killer, the taker of human life is the cure! You're the problem! »


Vos pochettes sont toujours très réussies, en adéquation avec les thèmes développés dans vos chansons. Et celle du nouvel album est particulièrement remarquable. C'est Jüül qui s'occupait de vos précédents artworks, mais vous avez changé d'artiste pour « Hope///Dope///Rope ».
Jüül devait faire la pochette du nouvel album mais il nous a laissé tomber au dernier moment, ça nous a fait perdre pas mal de temps…
Du coup, ça a été un mal pour un bien, on en a profité pour enfin travailler avec Dave Decat. On le connait depuis un certain temps par le biais de la scène Hardcore et d'amis en commun. On a toujours été fan de ses œuvres, le côté vieux Paname crade et vicelard, ses apaches, ses titis parigots et ses tapins… C'est exactement l'ambiance qui nous venait à l'esprit quand on pensait à un visuel. Dès « (a lament for…) The Addicts » on voulait qu'il dessine la pochette, malheureusement ça n'avait pas pu se faire et on s'était tourné vers Jüül.
Là on a pu lui présenter le concept de « Hope///Dope///Rope », et ça lui a plu. Puis on s'est donné rendez-vous chez lui pour parler des idées et tout est allé très vite. On s'est inspiré des vieux journaux de faits divers, comme Détective, L'œil De La Police… Et en quelques jours la pochette était quasiment terminée.
Depuis, il nous a réalisé deux affiches qu'on devrait très prochainement sortir ainsi qu'une série de t-shirts avec les visuels de l'album. Il devrait aussi dessiner la pochette de notre prochain 45 tours.


Ce nouvel album vient de sortir. Comment envisagez-vous la suite dans les prochains mois? Allez-vous enfin pouvoir faire une vraie tournée en France? Car vous avez déjà pas mal tourné en Pologne, Allemagne, Belgique et Hollande, mais très peu en France.
Pour les concerts, on s'est toujours débrouillé tout seul et on a pas mal de contacts dans ces coins là. Belgique, Hollande, Allemagne, Pologne, on y va depuis des années. On a aussi eu la chance d'aller à St Petersburg en Russie.
Pour la France, c'est toujours plus compliqué, mais on a quand même fait quelques dates dans le sud avec DRAWERS l'année dernière.
En revanche, maintenant Enragé Prod va nous aider pour la France et Doomstar Agency pour l'Europe. On compte tourner à partir de l'automne.


D'ailleurs j'ai vu que vous jouerez dans un festival en Australie l'année prochaine!
Tout à fait, ça sera une tournée avec ELDER en Australie, dont un gros festival à Melbourne, et aussi un autre festival à Auckland en Nouvelle-Zélande. Et peut-être d'autres coins encore plus « exotiques », mais pour l'instant on travaille dessus.


Quel est votre avis sur la scène Heavy Rock / Stoner française (RESCUE RANGERS, ABRAHMA, BUKOWSKI, HEADCHARGER, GLOWSUN, MUDWEISER, etc)? Pensez-vous déjà qu'il existe vraiment une scène chez nous (en termes de qualité et de quantité)? Et est-il selon vous plus difficile de percer en France quand on fait du Rock que dans un autre pays?
On veut nous caser dans cette scène-là mais on ne se sent aucun lien avec ça. On a des racines Hardcore, Metal, Rock 70's, mais on écoute vraiment pas de Stoner.
Après, dans les groupes que tu cites, on a déjà joué avec BUKOWSKI et fait quelques dates avec les MUDWEISER, on s'entend bien avec eux, on passe toujours de bonnes troisièmes mi-temps.
En fait, on ne s'occupe pas trop des relations avec les groupes Stoner, Doom ou Sludge… Je peux te citer EIBON ou DRAWERS, pour les groupes qu'on apprécie humainement et musicalement, et c'est pour ça qu'on a réalisé des projets ensemble.
En ce qui concerne le Rock en France, c'est toujours le même débat : est-ce qu'on a une culture Rock en France ou non?… Cela ne m'intéresse pas, notre projet n'est pas de percer ou de devenir intermittents du spectacle mais de sortir des albums, et de pouvoir jouer et voyager un peu.


Merci beaucoup d’avoir répondu aux questions de VS. Voulez-vous rajouter quelque chose?
Notre nouvel album « Hope///Dope///Rope » vient tout juste de sortir, toujours chez Bones Brigade, et il ne sortira qu'en version LP + CD.
Le split 45T avec DRAWERS sorti chez Moodisorder est toujours d'actualité et on a un 45T en projet chez MusicFearSatan, ce sera deux nouveaux morceaux de la session de « Hope///Dope///Rope ».
Merci à toi pour l'interview.


[Photos de Tanguy Maes (groupe) et Julien Perez (live)]


Auteur
Commentaire
philoxera
Membre enregistré
Posté le: 10/09/2012 à 11h39 - (65)
"une idée précise de comment aller sonner l'album"

Iro
Membre enregistré
Posté le: 10/09/2012 à 12h03 - (66)
L'album est excellent et je trouve que les mecs sont vraiment bons en interview. Pas prise de tête, pas langue de bois. Pas de bisou dans les fesses de tout le monde et pas la grosse tête. Bref ils sont à l'image de leur musique!



Stéphane
Membre enregistré
Posté le: 10/09/2012 à 14h03 - (67)
Faute rectifiée cher philoxera. ;)

josh
IP:31.37.177.239
Invité
Posté le: 10/09/2012 à 19h23 - (68)
en effet c'est bon la sincerité et ca colle avec la zik... Superbe album!!!

djabtrash
Membre enregistré
Posté le: 11/09/2012 à 22h03 - (69)
Très bonne interview !

mks
IP:82.240.29.19
Invité
Posté le: 23/12/2012 à 11h47 - (346)
Croisé ces métalleux en Islande voici quelques jours... 2 dates qui me resteront en mémoire, je décolle plus des morceaux comme "I am the problem " et " A scar to remenber". J'ai écris ça à leur sujet :
Avec les sauteurs à la corde de HANGMAN’s CHAIR, on pénètre dans un univers aussi noir qu’intense, des plus jeunots entre sales et pénétrés qui font le son sous l’inspiration d’une turbine d’hélicoptère croisée avec la résonance d’une crypte remplie de bon gars du PSG… Oui, je narre après une soirée dominicale passée avec eux et d’autres mauvais bougres devant des écrans islandais diffusant les campagnes gagnantes du Barça et du PSG ! Mais revenons à nos mauvais rejetons : je n’avais jamais entendu parler d’eux et c’est donc l’esprit vierge de tout apriori ou sensation que j’abordais un premier set dans une sympathique sous pente du Port de Reykjavik. Et dès l’intro je sais que je suis sensible à l’énergie sombre des lascars. En peu de morceaux ils m’imposent un assaut de metal lyric qui me ramène des décennies en arrière lorsque fan de Deep Purple et autres Blue Oyster Cult, je m’assaisonnais les oreilles aux déchirements vocaux des Gillan, Coverdale ou Plant. Cédric déchire et Medhi portant un T shirt de Black Sabbath, je repense à Rat Salad… On taille au Nord et dans un cadre proche d’une villégiature bourgeoise de Méribel on remet ça…En ce second jour, second set hypnotisant et nouvel état second. Cette basse doit rendre fou, les guitares sans doutes aussi, mais ces exaltations de mauvais sentiments et les charges de mélancolie envoutante associées sont dignes de Seigneurs. On en veut pas comme voisins, écartons en spontanément les enfants, mais ces fumiers sont grands.

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